@Nehoc Je ne pense pas qu’il ait compris la leçon mais vois par toi-même, la réponse est juste en-dessous.
@Sythax @Groot La prison est un châtiment bien trop doux, je lui prévois un avenir bien plus sombre.
@Lincoln6echo Si je faisais un début de partie au NEC, ça pouvait être un bon scenario mais là :
@Pikouse Merci, la suite arrive de suite.
Mais avant, on va causer de la ville d’Arnhem qui est le cœur de l’histoire. On parle donc d’une ville de 165 000 habitants située à l’est des Pays-Bas, pas très loin de la frontière allemande et qui est capitale de la province de Gueldre. Ce n’est d’ailleurs pas la plus grande ville de la province, ni la deuxième mais la troisième. Elle est devancée de peu par Nimègue (Nijmegen en néerlandais) et Apeldoorn dans ce petit concours de qui a la plus grosse (population).
Vous connaissez peut-être cette ville si vous êtes féru d’histoire (ou si vous avez un kink pour le Vitesse). En effet, elle est surtout connue pour son pont sur le Rhin qui a été le lieu d’une bataille homérique lors de la seconde guerre mondiale. On est alors en 1944, les Allemands sont repoussés de toute part par les Alliés qui marchent sur leurs talons depuis la Normandie. Ces derniers envisagent de reprendre les Pays-Bas pour ouvrir une ligne de ravitaillement plus proche de l’Allemagne que les côtes normandes et menacer la Ruhr, le poumon économique et industriel hitlérien.
L’opération Market Garden est lancée le 17 septembre 1944. Elle consiste à prendre les principaux ponts par parachutage à Eindhoven, Nijmegen et donc Arnhem pour s’emparer des Pays-Bas. Le pont d’Arnhem est essentiel car il ouvre la voie vers la Ruhr et c’est la 1ère division aéroportée britannique qui y est parachutée. Le plan prévoyait que les Allemands n’opposeraient pas de résistance sauf que ça n’a pas été le cas. Les Britanniques s’emparent du pont dès le 1er jour mais leurs radios ne fonctionnent pas et la riposte allemande est terrible. Les bataillons parachutés le lendemain sont décimés, les zones de largage du ravitaillement allié sont prises par les armées SS et le pont rebascule chez les Allemands en quatre jours. Près de 8 000 alliés sont tués, blessés ou faits prisonniers à Arnhem et cette partie de l’opération est un échec stratégique et humain qui fera perdre beaucoup de mois aux alliés.
Si vous êtes un fin connaisseur de cinéma, cette histoire a été porté sur grand écran dans « Un pont trop loin ». Mais avant de devenir un titre de film, cette phrase est devenue une expression, « een brug te ver » en néerlandais pour parler de choses inaccessibles.
Le pont a été reconstruit à l’identique car complètement détruit à la fin de la guerre. Il a été renommé pont John Frost en hommage au commandant qui s’est emparé du pont pendant Market Garden.
Aujourd’hui, Arnhem rend encore hommage au sacrifice de la 1ère Aéroportée. Dans la semaine du 17 au 25 septembre, le Vitesse organise un match en l’honneur des vétérans britanniques et revêt à cette occasion un maillot bleu et violet aux couleurs de la division britannique.
Bière, vodka, whisky, gin, … Fernando fit le tour des bars d’Arnhem pour se bourrer la gueule. Au départ, il avait besoin d’un petit remontant pour se redonner du courage. Mais, verre après verre, il s’avérait qu’il avait besoin de se mettre une grosse mine pour se faire mal. Pour s’autodétruire, comme lui avait dit le flic l’autre jour.
Et il se fit du mal. Pourtant habitué à boire, il battit un record en matière de beuverie. A tel point qu’en fin de soirée, tous les barmen auxquels il commandait des verres finirent par les lui refuser. Il rentra alors au centre d’entraînement, marchant de travers, renversant les poubelles sur son chemin et gueulant après les quelques passants qu’il croisa à cette heure tardive. Il fouilla ses placards pour finir les fonds de bouteilles qui traînaient dans sa chambre. Malgré l’interdiction de consommer de l’alcool dans le centre d’entraînement, interdit dont il s’était toujours moqué, il avait caché une belle petite réserve d’alcool fort.
Ivre de mauvais alcool, maudissant le club, les flics, les barmen, l’orphelinat et ses parents qu’il n’avait pas connu, il continua cependant à ingurgiter de l’éthanol. Remonté comme jamais après avoir engloutit la dernière goutte de rhum, il détruisit méthodiquement sa chambre, cassant les bouteilles contre les portes, éventra les oreillers, les matelas et les couvertures, inonda la pièce en démontant la plomberie à coups de pied et quitta sa chambre quand il fut satisfait de la désolation qu’il y laissait pour s’attaquer au reste du centre.
Étrangement, personne ne l’entendait semer la destruction dans les couloirs, vider les extincteurs, boucher les toilettes avec du PQ et casser les vitres. Comme s’il était seul à Papendal. De toute façon, dans l’état de rage et d’alcoolisation dans lequel il était, il n’en avait rien à faire de se faire choper. Qu’est-ce qu’il risquait maintenant qu’il avait tout perdu ?
Sortant à l’extérieur, à la recherche de nouveaux méfaits, Fernando prit le temps de regarder autour de lui. Allait-il s’attaquer aux terrains, aux vestiaires, à la salle de musculation ? Il venait de trouver des bidons de solvant dans un placard à balais et se demandait ce qu’il allait brûler avec. Et il vit la cage d’Hertog.
Dans la symbolique du Vitesse et d’Arnhem, l’aigle bicéphale était un emblème majeur qui figurait sur les armoiries de la ville et du club. Et comme on ne trouvait pas souvent d’aigle bicéphale dans la nature, le Vitesse avait adopté un pygargue à tête blanche, dénommé Hertog (Duc en français), pour faire le show pendant les avants matchs au Gelredome. En dehors de ces quelques minutes occasionnelles de gloire, le volatile était logé dans une grande volière au sein du centre d’entraînement. Et ce fut sur cette dernière que Fernando jeta son dévolu…
Car quoi de plus symbolique que de piétiner le symbole du club qui venait de le rejeter ? Quoi de plus beau que d’immoler cet emblème comme on brûle de vieux souvenirs douloureux pour ne plus les avoir sous le nez ?
Fernando regroupa méthodiquement tout ce qui pouvait attiser un feu au pied de la volière : poubelles, matelas, cartons, … Tout ce qui pouvait cramer fut entassé et imbibé de solvant. Une boite d’allumettes fut trouvée, le souffre craqué et le petit morceau de bois incandescent jeté dans les immondices. Le feu prit instantanément.
Fernando regarda les flammes monter le long de la volière, indifférent aux cris d’effroi que poussaient Hertog, paniqué par la montée en température, intoxiqué par les fumées et ne pouvant pas s’enfuir. Le pygargue battait violemment des ailes, ruant dans les barreaux de sa volière pour essayer désespérément de s’échapper. Se faisant, il gaspillait ses réserves d’air, accélérant une agonie pourtant longue à se concrétiser. L’oiseau finit par tomber, épuisé, essayant de reprendre son souffle. Il n’avait plus la force de se battre, c’était la fin et il le savait. Fernando ne fit rien pour stopper cette folie. S’il ne prit aucun plaisir à tuer Hertog, il regarda sa mise à mort jusqu’au bout, figé sur place et intérieurement par l’horreur qu’il venait d’accomplir, conscient qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible.
« STOP ! »
Fernando, jusque-là immobile, se retourna et chercha qui était la personne qui venait de crier. Mais il n’y avait personne. Il se rendit alors compte que tout s’était arrêté autour de lui, comme si on avait mis le temps sur pause. C’était étrange de voir un feu qui ne s’agitait pas pour dévorer l’air qui l’alimentait. C’était étrange de voir les cendres suspendues et ne pas retomber. C’était étrange de voir ces papiers qui voletaient il y a un instant être figés.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Fernando.
-Il a échoué, hein ? Demanda une voix rigolarde.
-Oh que oui ! RĂ©pondit une autre en Ă©cho.
-Qui parle ? Montrez-vous, tas de cons ! hurla Fernando. »
Personne ne répondit. Et soudain, tout ce qui entourait Fernando s’évanouit. Tout devint sombre autour de lui et il fut entouré de brume.