J’ai découvert le concept du moneyball il y a maintenant plus de 3 ans. C’était sur une vidéo de Jérome Naka (Univers de l’Entraîneur), Youtubeur reconnu de la communauté FM française et qui a été l’une de mes sources d’inspiration (avec @AlienInRussia) quand je me suis lancé moi-même dans la production de contenus vidéos liés à Football Manager. À l’époque, il avait traduit en français le travail d’un bloggeur anglais, Alex Stewart, qui avait synthétisé ce concept propre au base-ball américain en dix règles applicables sur Football Manager.
Après avoir visionné cette vidéo, je me suis pris de passion pour ce sujet et n’ai cessé de me documenter pour en savoir toujours plus. La très grande majorité de mes parties jouées sur FM l’ont été en appliquant les principes du moneyball et je ne compte plus le nombre de fois que j’ai regardé l’excellent film Le Stratège, qui retrace l’histoire vraie de Billy Beane, ancien joueur pro de base-ball et premier GM de l’histoire à avoir utilisé ce concept pour chercher à construire une équipe compétitive à moindre coût.
Je vous propose aujourd’hui, à travers ce guide, ma vision du moneyball. Mais contrairement à Alex Stewart qui s’était appuyé sur deux ouvrages (Soccernomics et The Numbers Game) pour définir des règles applicables à Football Manager, j’ai décidé de développer ma réflexion à partir d’un exemple réel : celui du club de Brentford en Angleterre qui, depuis qu’il a choisi de miser sur cette approche en 2013, est monté en Championship et a terminé quatre fois sur quatre dans le top 10 de l’équivalent de la 2e division anglaise, alors qu’il dispose chaque saison d’un des plus faibles budgets du championnat. Historiquement, le moneyball est un concept qui a été utilisé pour la première fois au début des années 2000 par les Athletics d’Oakland () , franchise américaine de base-ball. L’objectif principal est de trouver des joueurs sous-évalués sur le plan financier à partir d’une approche statistique, la sabermétrie. À l’époque, les « A’s » disposaient d’un budget quasiment 3 fois inférieur à celui des gros mastodontes de la MLB et l’utilisation de cette stratégie leur a permis, dès la première année (2002), de se qualifier pour les playoffs en reportant le titre de leur division et de battre le record de victoires consécutives de la ligue (20).
Dans le football, Midtjylland ( ) et Brentford ( ) utilisent ce concept depuis plusieurs années. Deux clubs qui appartiennent à une seule et même personne, Matthew Benham, et qui ont obtenu des résultats depuis son arrivée : une montée en D2 anglaise et quatre top 10 pour le club anglais, un titre de champion (le premier de leur histoire) dès la première saison et un statut d’européen chaque année pour le club danois. Cet ancien parieur sportif professionnel qui avait monté sa propre boîte de « betting » a prouvé que les statistiques pouvaient jouer un rôle essentiel dans la bonne gestion d’un club de football, et que le moneyball était une approche tout à fait crédible pour des clubs ne disposant pas de moyens financiers équivalents à ceux des plus grosses écuries de leur championnat.
Ce guide va vous présenter toutes les composantes de la méthode Benham et leur application dans Football Manager. Ces composantes ne seront pas seulement limitées au recrutement et à l’aspect financier, elles couvriront également les domaines liés à la gestion quotidienne de votre équipe dans le jeu (entraînement, tactique).
Depuis son arrivée à la tête du club londonien, Benham s’est entouré de plusieurs personnes pour l’accompagner dans sa gestion, notamment Robert Rowan, responsable de la cellule de recrutement. Ce dernier s’est aperçu que les investissements consacrés à « l’academy » chaque année étaient trop importants au regard d’un système anglais trop inégalitaire dans lequel les plus gros clubs du pays versent des indemnités dérisoires pour acquérir des joueurs âgés de 17 ans ou moins (âge à partir duquel un contrat professionnel peut être signé en Angleterre).
N’ayant quasiment aucun retour sur investissement, Brentford a tout bonnement abandonné le développement de son « academy » au profit d’une « B-team ». L’idée est de constituer, tous les ans, une équipe réserve constituée de 22 joueurs âgés de 17 à 22-23 ans, qui signent, à leur arrivée au club, des contrats de 3 ans. Deux profils sont visés pour cette équipe :
- Les jeunes espoirs libérés chaque saison des centres de formation des gros clubs anglais
- Les joueurs étrangers, qui voient l’Angleterre comme un eldorado et les équipes de Championship ou de League One comme d’excellents tremplins pour jouer un jour en Premier League, avec l’exposition médiatique que l’on connaît.
Concernant ces joueurs étrangers, pour trouver ceux qui pourraient être sous-évalués et qui conviendraient en termes de niveau et de potentiel à l’effectif de l’équipe première, Brentford utilise un outil statistique spécifique (et secret) qui lui permet de comparer la qualité de tous les clubs européens et mondiaux. Il s’agit ni plus ni moins d’un classement d’un championnat où tous les clubs du monde entier s’affronteraient. Le club londonien fait ainsi son marché parmi les clubs dont le niveau est supérieur au sien et dont les joueurs visés ont une valeur abordable.
Pour minimiser les risques de « flops », les recruteurs fournissent au minimum 10 rapports pour chaque joueur visé. En plus d’en savoir plus sur ses capacités techniques et physiques, le club peut ainsi connaître au mieux la personnalité du joueur en question, et notamment sa capacité à s’adapter à un mode de vie différent de son pays natal.
Enfin, par rapport à l’aspect financier et plus particulièrement aux ventes de joueurs, Brentford n’a pas hésité à céder (au prix fort) des éléments importants de l’équipe lors du mercato d’hiver, dès lors que les chances de monter (ou les risques de descendre) étaient faibles. Le club voyait là, en plus, une bonne occasion d’incorporer des membres de la réserve à l’équipe première.
Vous l’aurez compris pour votre choix d’équipe, plus besoin de prendre en main la destinée d’un club ayant un bon centre de formation, comme vous le proposait Alex Stewart. En revanche, plusieurs paramètres sont, selon moi, indispensables à respecter :
- Aucun intérêt à prendre un club qui a de gros moyens financiers par rapport au reste de la division où il évolue. Privilégiez plutôt un club avec un budget global faible ou intermédiaire.
- Choisissez un club disposant d’infrastructures pour l’analyse de données quel que soit leur niveau (beaucoup de clubs dans FM, même au sein des élites des différents championnats, ne possèdent aucune infrastructure de ce type) et améliorez-les dès que possible (après une grosse rentrée d’argent comme une vente de joueur par exemple).
- Recrutez des analystes de données compétents (une note de 12 est un minimum pour l’ évaluation des données de joueurs et la présentation des données ).
- Renforcez votre cellule de recrutement en engageant les meilleurs scouts possibles (n’hésitez à faire des demandes régulières à vos dirigeants pour qu’ils augmentent le nombre de recruteurs de votre cellule).
- En début de partie, transférez une partie de votre budget transferts de manière à ce que la moitié de votre budget recherches couvre l’achat des forfaits Europe pour les joueurs seniors et les jeunes (si vous prenez en main un club modeste n’autorisant des supervisions qu’au niveau national, transférez l’intégralité de votre budget transferts vers le budget recherches et utilisez la moitié de ce budget pour acheter les meilleurs forfaits possibles).
Vos recruteurs verront leur planning divisé en deux parties chaque saison :
- En début de saison (jusqu’à novembre) , envoyez-les superviser le championnat des réserves (U23 en Angleterre, N2 en France …), le championnat des U18 et les cinq championnats étrangers classés juste devant vous en termes de réputation par rapport au vôtre (si votre championnat fait partie du top 5, supervisez plutôt les cinq équipes situées juste devant vous, toujours en termes de réputation). Au niveau des options d’affectations , indiquez un âge maximum de 23 ans et un potentiel minimum de 3 étoiles. Choisissez en plus, pour les championnats des réserves et U18, l’option « Fin du contrat » dans le type de transfert visé.
- Pour le reste de la saison , établissez une liste de 22 recrues potentielles (2 joueurs par poste), en fonction de vos besoins à court-moyen terme (départs actés, joueurs importants observés par d’autres clubs), qui seront observées au minimum 2 mois par l’un de vos recruteurs. Faites attention à ne pas y incorporer des joueurs étrangers qui pourraient rencontrer des problèmes d’adaptation.
NB :Au moment de la création de la partie, assurez-vous d’avoir sélectionné les pays et les divisions, disponibles dans le jeu, correspondant aux championnats supérieurs en termes de réputation par rapport au vôtre (selon les performances de votre PC, vous pouvez les mettre en « non jouable »)
Concernant cette « short-list », j’ai imaginé 5 profils tactiques qui vous permettront de mieux cibler vos attentes par rapport aux joueurs visés.
Selon vos besoins, vous pouvez rechercher un profil spécifique, comme un MC à vocation défensive par exemple et dans ce cas, le profil PROTECTEUR est tout indiqué. Mais, bien entendu, rien ne vous empêche de combiner plusieurs profils.
Par exemple, si vous cherchez à recruter un Box-to-Box, un profil PROTECTEUR/PERCUTEUR pourrait être une bonne option. Si vous souhaitez engager un Attaquant complet, vous pourriez privilégier un profil CRÉATEUR/PERCUTEUR/BUTEUR.
Vos analystes de données vous fourniront également des rapports statistiques sur ces futures recrues possibles, en vous présentant les résultats en deux catégories : points positifs et points négatifs.
Ce sera ensuite à vous de croiser ces rapports avec le profil du joueur que vous souhaitez recruter en vérifiant si ses statistiques individuelles correspondent bien aux attentes tactiques du profil en question. Pour vous aider dans ce processus, voici un tableau regroupant les statistiques importantes de chacun des cinq profils tactiques :
PROFIL TACTIQUE | Statistiques | Seuil minimum |
---|---|---|
GARDIEN | Clean Sheet | |
Arrêts bloqués | ||
Arrêts | ||
PROTECTEUR | Tacles décisifs | |
Interceptions effectuées | ||
Têtes remportées (%) | 70 % | |
Têtes clés | ||
CRÉATEUR | Passes décisives | |
Passes clés | ||
Occasions créées | ||
Passes réussies (%) | 80 % | |
PERCUTEUR | Dribbles | |
Centres réussis (%) | 20 % | |
Distance parcourue | ||
BUTEUR | Buts | |
Tirs cadrés (%) | 33 % | |
Taux de conversion (%) | 17 % |
À partir de ce tableau, vous pouvez recruter un joueur visé s’il remplit les 3 conditions suivantes :
- Au moins une des statistiques correspondant à son profil est située dans la colonne des points positifs du rapport d’analyse (si vous combinez plusieurs profils, il vous faut alors une statistique de chaque profil).
- Aucune des statistiques correspondant à son profil n’est située dans la colonne des points négatifs de ce même rapport d’analyse.
- Le ou les seuils minimum correspondant à son profil sont atteints (par exemple, pour le profil BUTEUR, le joueur doit avoir un pourcentage de tirs cadrés d’au moins 33% et un taux de conversion d’au moins 17%)
NB :Vous n’aurez pas accès aux statistiques détaillées des performances des joueurs évoluant dans les championnats U18 (mais paradoxalement, le rapport d’analyste vous donnera les points forts et les points faibles des statistiques correspondant aux performances en U18 …). Pour le calcul des seuils minimum, prenez alors en compte les statistiques de ces mêmes joueurs lors de leurs matchs disputés en équipe réserve (qui seront disponibles dans l’onglet « Rapports » et le sous-onglet « Stats »).
Au moment de la négociation avec le joueur, proposez-lui un contrat de 3 ans avec le statut « Grand espoir » ou « Remplaçant » . Si le joueur en question a déjà le niveau pour évoluer en équipe première, donnez-lui un statut et un salaire plus importants.
Pour terminer, concernant les ventes, si des joueurs importants de votre équipe sont observés par d’autres clubs à la mi-saison (période du mercato d’hiver), proposez-les à ces clubs si et seulement si vous estimez pouvoir atteindre les objectifs fixés par vos dirigeants en championnat (par exemple, si votre objectif pour la saison est de vous maintenir et que vous êtes bien calés en milieu de tableau avec 10 points d’avance à mi-parcours).
Dans tous les cas, quelle que soit la période, essayez toujours de vendre vos joueurs au prix fort. Entamez les négociations en demandant une indemnité équivalente à la formule suivante :
Par exemple, le joueur que vous souhaitez vendre a une valeur estimée par le jeu de 3M€, il lui reste 2 ans et demi de contrat, vous allez donc demander une indemnité de 7.5M€.
Si le club adverse propose une contre-offre inférieure, ajoutez des clauses (comme des indemnités mensuelles) de manière à atteindre la somme demandée (dans notre cas précédent, 4M€ cash + 3.5M€ sur 2 ans par exemple).
Je considère cette seconde partie comme optionnelle dans la mesure où le moneyball est avant tout une approche liée au domaine financier. Je ne peux pas vous imposer un style tactique et des programmes d’entraînement estampillés « moneyball ». Mais, si vous êtes, comme moi, un adepte des parties dans lesquelles l’objectif est de coller un maximum à la réalité, alors la fin de ce guide devrait vous intéresser.
Matthew Benham aime le football « léché ». Que ce soit Dean Smith, le coach d’Aston Villa ayant officié à Brentford pendant 3 ans, ou le danois Thomas Frank, présent sur le banc de touche du club londonien depuis le mois d’octobre, les entraîneurs adeptes du beau jeu, jouant la possession et exerçant un fort pressing sur leurs adversaires en phase défensive ont toujours eu les faveurs du propriétaire anglais.
Sur le thème de l’entraînement, il partage également l’avis de Rasmus Ankersen, président du FC Midtjylland (l’autre club appartenant à Benham) et co-directeur du football à Brentford, qui considère que les footballeurs professionnels devraient passer plus de temps à s’entraîner, arriver idéalement à 8h au centre d’entraînement et ne pas repartir avant 17h, comme un employé de bureau en somme !
Une journée-type permettrait à chaque joueur de travailler sur les domaines technique, tactique et physique.
Ankersen est aussi obsédé par certaines inefficiences dans le football, tout particulièrement les coups de pied arrêtés, qui ne sont, selon lui, pas assez travaillés. Ils représentent pourtant aujourd’hui une part importante des buts inscrits dans le football moderne (30% pour le danois) alors qu’il estime à simplement 5% la part consacrée à ces situations spécifiques à l’entraînement dans une majorité de clubs. Pour mettre en lumière ce constat, il a donné, dans une interview, l’exemple d’une entreprise imaginaire qui n’utiliserait que 5% de ses ressources dans un secteur qui lui rapporte 30% de ses profits. Une situation ubuesque qui est cependant monnaie courante dans le monde du football. Ce n’est pas le cas pour les deux clubs de Benham qui voient en les CPA un moyen extrêmement sous-évalué de marquer des buts : lors de la saison du titre, quasiment la moitié des buts inscrits par Midtjylland l’ont été sur phases arrêtées.
Statistiquement, plus vous êtes proches du but, plus vous avez de chances de marquer, mais ce constat vaut aussi pour vos adversaires !
Tactiquement, l’objectif va être, par conséquent, de placer un maximum de joueurs dans la surface de réparation adverse et de les alimenter, soit par des centres , soit par une construction plus posée (tout dépend du profil de vos joueurs offensifs), de jouer haut (pour éloigner l’adversaire de la zone de vérité), d’adopter un style de possession (pour priver l’adversaire de ballons) et d’exercer un gros pressing lors des phases de transition (pour récupérer le ballon le plus rapidement possible). N’oubliez pas également de cocher la consigne « Trouvez des CPA » pour tirer profit de ces situations très rémunératrices en buts, comme évoqué plus haut.
Du côté des entraînements, vous devez partager équitablement le temps de travail hebdomadaire sur les domaines tactique , technique et physique , tout en incorporant les séances spécifiques sur les coups de pied arrêtés … et c’est loin d’être évident !
Pour vous aider, j’ai donc créé deux programmes (un pour les semaines à 1 match, et un autres pour les semaines à 2 matchs) qui me semblent équilibrés et qui devraient vous permettre d’ éviter de trop nombreuses blessures .
Concernant le staff, la priorité étant de construire une « B-team » au détriment de vos U18, engagez les meilleurs préparateurs possibles pour votre équipe réserve . Mais comme vous recruterez de jeunes joueurs, ciblez ceux ayant une note d’ au minimum 12 dans l’attribut « Entraînement des jeunes » .