OĂč va Fleetwood ?

15 septembre 2023

Stuart Pierce
Pour de nombreux observateurs, Fleetwood Ă©tait jusquâil y a peu un modĂšle de stabilitĂ© et de bonne gestion parmi les clubs des basses divisions anglaises, et ce, depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000. Mais depuis le mois de mai, les Cods sont secouĂ©s par une crise importante, une de plus dans la longue histoire de cette formation du Lancashire. Aujourdâhui, se pose la question de lâavenir du club.

Une reprĂ©sentation de lâAngleterre
Câest simplement sous le nom de Fleetwood que le club est fondĂ© en 1908. Les Cods Ă©voluent alors dans la ligue locale de lâĂ©poque, la Lancashire Combination. Mais une vingtaine dâannĂ©e plus tard, la structure meurt, marquĂ©e par de trop grandes difficultĂ©s financiĂšres. Dans la foulĂ©e, le club connait une seconde incarnation, initialement sous le nom de Fleetwood Windsor Villa FC, avant de reprendre celui de Fleetwood FC. Fondateurs de la Northern Premier League, les Cods connaissent quelques succĂšs grĂące Ă des joueurs comme Percy Ronson. Mais une fois de plus, le club connait de graves problĂšmes financiers. Le travail nâest pas florissant dans la rĂ©gion et cela se ressent Ă tout niveau. En 1975, Fleetwood disparait.
Moins de deux ans plus tard, Fleetwood renait de ses cendres sous lâappellation Fleetwood Town FC, de nouveau dans les divisions locales. Si les Fischermen connaissent quelques rĂ©ussites sportives, atteignant notamment une fois la finale de la FA Vase, lors de la saison 1984-1985, les finances restent une fois de plus le talon dâAchille de la formation qui se voit contrainte de cesser une nouvelle fois ses activitĂ©s en 1996.
Une quatriĂšme renaissance pour un Ăąge dâor
En 1997, la quatriĂšme incarnation du club est lancĂ© sous le nom de Fleetwood Wanderers FC avant de prendre celui de Fleetwood Freeport Ă la suite dâun accord de sponsoring. Il faut cependant attendre 2003 pour que la formation reprennent son nom de Fleetwood Town FC. Deux ans plus tard, Andy Pilley, homme dâaffaire local, investit dans le club et en prend la prĂ©sidence. GrĂące Ă son apport financier consĂ©quent, Fleetwood se restructure, investit pour amĂ©liorer lâĂ©quipe premiĂšre, et enchainent les bonnes saisons.
Lâexercice 2011-2012 marque un tournant dans lâhistoire du club. PortĂ© notamment par son buteur, Jamie Vardy, auteur de 31 rĂ©alisations en 36 matchs, Fleetwood connait un bon parcours en coupe mais surtout domine allĂšgrement le championnat et obtient son ticket dâaccession Ă la League Two pour la premiĂšre fois de son histoire. MalgrĂ© une concurrence accrue, il ne faut que deux saisons aux Fischermen pour atteindre la League One. Si lâoptimisme rĂšgne dans les tribunes et que les supporters rĂȘvent de la Championship, Andy Pilley met rapidement un frein aux ambitions du club en dĂ©cidant Ă lâĂ©tĂ© 2015 de rĂ©duire ses apports financiers, voulant que Fleetwood oriente sa politique sportive vers le dĂ©veloppement de jeunes joueurs, et plus sur la recrutement de profils plus confirmĂ©s. NĂ©anmoins, cela nâempĂȘchent pas les Cods de sâinstaller parmi les valeurs sĂ»res de League One, alternant entre saisons plus compliquĂ©s et exercices oĂč lâĂ©quipe flirtent avec les barrages de promotion. En parallĂšle, le club continue de se structurer et dâinvestir dans ses infrastructures. En 2016 est notamment inaugurĂ© en prĂ©sence de Sir Ferguson le PoolFoot Farm, centre dâentrainement flambant neuf aux installations Ă la pointe.
Pour Andy Pilley, ce nâest cependant pas suffisant. Lâhomme dâaffaire lance alors le Fleetwood Football Group qui comprend une acadĂ©mie internationale et lâacquisition de deux clubs, le Fleetwood United FC qui Ă©volue aux Emirats arabes unies, et le Western Cape Fleetwood FC qui lui est basĂ© en Afrique du sud. Lâobjectif est de miser sur de trĂšs jeunes joueurs, de les former et de faire en sorte que les plus performants viennent garnir les rangs du club anglais. Dans la foulĂ©e, Pilley rachĂšte lâensemble des parts du club irlandais de Waterford, devenant au passage son prĂ©sident.
Une chute prévisible
Si sur ses terres, les discours dâAndy Pilley font office de parole dâĂ©vangile, ce nâest clairement pas le cas ailleurs. ParticuliĂšrement dĂ©criĂ© pour ses mĂ©thodes par les directions des autres formations de League One, le sulfureux prĂ©sident subit un premier contrecoup judiciaire en 2021 lorsquâil est inculpĂ© de plusieurs chefs dâaccusation de fraude par rapporte Ă sa gestion de BES Utilities (Ă©galement sponsor principal de Fleetwood Town) Ă la suite dâune enquĂȘte de cinq ans. Lâaffaire va au pĂ©nal et Ă lâissue dâun procĂšs de neuf mois, Pilley est reconnu coupable Ă lâunanimitĂ© des chefs dâinculpations. Le 26 mai 2023 marque un tourant dans lâhistoire du club puisque câest pas un laconique communiquĂ© publiĂ© sur le site internet du club que le conseil dâadministration annonce la dĂ©mission du prĂ©sident et son remplacement par son homme de confiance depuis toujours, Steve Curwood. Par ailleurs, il est annoncĂ© que le club est mis en vente, sous les conditions fixĂ©es par lâEFL. En juillet, Pilley est condamnĂ© Ă une peine de 13 ans de prison et les derniers espoirs que les supporters pouvaient avoir concernant un Ă©ventuel retour aux affaires de leur prĂ©sident iconique meurent pour de bon.
Le sportif en déclin
MĂȘme si le mot dâordre du cĂŽtĂ© de Fleetwood Town est de continuer Ă fonctionner le plus normalement possible, lâambiance se rĂ©vĂšle particuliĂšrement lourde. Le 3 septembre, Scott Brown qui sortait pourtant dâune saison plutĂŽt aboutie, est limogĂ© Ă la surprise gĂ©nĂ©rale. Si aucune raison nâa Ă©tĂ© avancĂ©e, il se murmure que des dĂ©saccords entre la direction et lâancienne lĂ©gende du Celtic auraient rendu la collaboration impossible. Pour le remplacer, Curwood mise alors sur lâexpĂ©rimentĂ© Lee Johnson, mis Ă la porte du club Ă©cossais dâHiberian quelques jours auparavant. Cependant, il sâavĂšre quâil ne sâagit que dâun intĂ©rim, une dĂ©cision surprenante pour les fans questionnĂ©s. En effet, Steve Curwood viserait un entraineur plus jeune, peut ĂȘtre moins difficile sur les profils Ă disposition.
A lâheure actuelle, la Cod Army sâinquiĂšte particuliĂšrement pour le club. Lâhistoire est un Ă©ternel recommencement parait il. Fleetwood qui a dĂ©jĂ connu quatre faillites pourrait-il en connaitre une cinquiĂšme?