Notre histoire commence sur la côte ouest de l’Angleterre, loin des paysages londoniens connus de tous. 139 700 habitants composent cette ville côtière, attraction de beaucoup d’Anglais l’été par sa station balnéaire, sa Pleasure Beach et sa Tour de Blackpool inspirée de la Tour Eiffel, ancien lieu fort de la firme TVR et d’un club de football qui reprend tout juste des couleurs. Le Blackpool Football Club était alors d’un orange bien pâle depuis leur relégation de Premier League en 2011. Une chute jusqu’en League Two en 2017, ironie d’un club ayant joué dans toutes les divisions professionnelles anglaises, phénomène rare, avant de remonter petit à petit pour retrouver le Championship.
Blackpool signifie pour beaucoup en France les « lower-leagues », mais c’est en Angleterre l’un des bastions du football dans le Lancashire aux côtés de Preston, Blackburn et Burnley, trois rivaux historiques, depuis 134 ans. Blackpool, c’est aussi des périodes de gloires, venant toujours après des périodes de grandes difficultés. Jimmy Armfield, Jimmy Hampson, Stanley Matthews, Stan Mortensen, quatre noms glorieux associés au panthéon des « Tangerines », auquel on peut ajouter Alan Suddick, Charlie Adam, Alan Brown, George Farm ou encore Harry Bedford.
Genèse
Le club naît le 26 juillet 1887 dans un comté où la pratique du football se diffuse énormément. Cinq membres dissidents du St John’s FC créent un club qui devait incarner la ville de Blackpool. Le BFC est né. Même si le club commence à se faire un nom en remportant une Flyde Cup, une Lancashire Junior Cup et une Lancashire League en 1894, son évolution dans la Football League, qu’elle rejoint en 1896, est plus poussive, évoluant toujours dans le ventre mou du championnat jusqu’à ne plus pouvoir y participer pendant un temps. En 1900, en raison de difficultés financières, Blackpool fusionne avec South Shore FC, et en récupère les joueurs et le stade : Bloomfield Road.
Au début du XXe siècle, bis repetita, Blackpool reste dans le ventre mou, mais atteint le 4e tour de FA Cup pour la première fois de son histoire après avoir battu Crystal Palace et Sheffield United, le club dominant de l’époque. La guerre permettra, dans des compétitions uniquement régionales, de réenclencher une dynamique positive.
Les premiers succès de l’entre-deux guerres
Fort d’une politique militariste à la suite de la guerre, le football devient une pratique sérieuse pour développer le physique des joueurs. Bill Norman arrive à Blackpool avec cette ambition en 1919 et donne au club une chance de jouer la montée à plusieurs reprises au début des années 1920. Parallèlement, le club adopte les couleurs tangerine. Harry Bedford devient la première icône de Blackpool en se manifestant comme un serial buteur. Il remporte d’ailleurs la Victoria Hospital Cup en 1925. L’arrivée d’ Harry Evans comme coach permet au club de terminer champions de Division Two en 1930, grâce à Jimmy Hampson et ses 45 buts (sur une dynamique de 100 buts en 97 matches). Il reste à ce jour le recordman de buts marqués avec 252 buts.
Le club gagne en popularité mais ne reste pas longtemps en First Division en raison d’une défense friable. La relégation en 1932 donne une opportunité de reconstruire le club. En 1934, une nouvelle victoire en Victoria Hospital Cup redonne un élan. Joe Smith devient manager de l’équipe, lui qui reste à ce jour l’entraîneur avec la plus grande longévité (23 ans). Il redonne la montée à Blackpool en 1937 et fait progresser le club à la première place jusqu’à l’entrée en guerre. Pendant la Seconde guerre mondiale, la participation en War Cup avec des joueurs invités fait révéler des joueurs de talent : Sam Mortensen et Stanley Matthews.
Popularité croissante, résultats déclinants
En 1947, le club atteint la finale de FA Cup contre Manchester United et devient un club très populaire, malgré des résultats en championnat moyens. Un projet de formation se construit petit à petit, Bloomfield Road s’agrandit et Blackpool réalise une nouvelle finale de FA Cup en 1951, une 3e place au championnat et une victoire en FA Cup en 1953 contre Bolton dans un match renversant (1-3 à 20 minutes de la fin pour finir à 4-3). À la fin des années 1950 émerge un nouveau jeune talent : Jimmy Armfield.
Mais le départ de Joe Smith en 1958 entraine un essoufflement du club jusqu’à une relégation en 1967 et malgré l’arrivée de Mortensen fraîchement retraité en tant que coach pendant deux ans, le club ne progresse pas. La victoire en Coupe Anglo-italienne en 1971 éclaircit le tableau mais en 1978, le club descend en Division Three pour la première fois en 91 ans d’histoire. Pendant 29 ans, les coachs vont s’enchaîner sans progression du club, malgré l’arrivée d’anciennes gloires Alan Ball puis Allan Brown .
Les années Owen Oyston
En 1981, le club est relégué en Fourth Division et une partie de la sphère dirigeante décide de prendre les choses en main. On souhaite initier un projet long-terme plus stable sportivement et financièrement. L’arrivée de Sam Ellis , jeune coach anglais pousse à l’optimisme : il reconstruit l’effectif en s’appuyant sur la formation et les joueurs libres et fait remonter le club en Third Division en 1985. Mais malgré l’arrivée d’un nouvel investisseur Owen Oyston (ci-contre), le club est relégué en Fourth Division. Il remontera via les playoffs en 1992.
De retour en Second Division , la nouvelle D3 anglaise après la formation de la Premier League, le club reprend des couleurs avec Sam Allardyce , qui vit alors sa troisième expérience en tant que manager. Mais le procès pour violence sur mineurs d’Owen Oyston entache le tableau. Son fils Karl reprend le flambeau, et son mandat sera plus positif. Au début des années 2000, après un court passage en D4, Blackpool remporte la Football League Trophy en 2004 et accueille un investisseur letton Valerijs Belokons . Son arrivée sera un succès : en 2007, le club remporte les playoffs de la désormais nommée League One sous Simon Grayson , rejoint les 1/16e de finale de League Cup en 2008 et remporte les playoffs de Championship en 2010 grâce à Ian Holloway. Cette saison fantasque ne permettra pas en revanche le maintien en Premier League, à cause d’une défaite contre Manchester United lors de la dernière journée, puis le destin que l’on connaît.
De nos jours
Blackpool se reconstruit aujourd’hui avec un pari payant. Le départ forcé de la famille Oyston pour cause de détournement de fonds contre Blackpool et Belokons entraîne un nouveau projet avec la nomination de Neil Critchley . Ce pari donne une réussite frappante : après deux 13e places et une 10e place, le club finit 3e de League One et monte via les playoffs en Championship , une performance honorable pour un coach ayant vécu sa première saison en tant que coach d’une équipe première. Par-là, le club devient recordman du nombre de victoires en playoffs (6 en 8 participations).