RĂ©ponse aux lecteurs
@Sythax ouais jâaime bien
@CaptainAmericka Franchement, les structures, pour avoir regardĂ© sur le net, câest vraiment un truc de dingue!
Merci Ă tous de suivre cette story!
Hier, les joueurs sont arrivĂ©s. Mais ils ne sont pas venus seul mais⊠accompagnĂ©s de leurs familles: femmes, parents, gosses, mĂȘme une tata pour lâun dâentre eux. Jâai voulu mettre tout le monde dehors mais impossible. Au lieu dâĂȘtre 23 personnes dans ce lieu, nous sommes 75!!! Certains ont 4 gosses!!! Il nây a que mon staff pour ĂȘtre sĂ©rieuxâŠ
Et vous savez quoi? Ils ont mĂȘme prĂ©vu une nounou pour faire garder les gosses⊠Je suis dĂ©sespĂ©ré⊠Alors, certes, les familles ne logent pas au mĂȘme Ă©tage que nous, mais quand mĂȘmeâŠ
Ce matin, je rĂ©unis les joueurs pour leur parler de la compĂ©tition. Mais rien ne se passe comme prĂ©vu⊠Au lieu de parler de la compĂ©tition, il rĂ©cupĂšre ma chambre pour⊠Passer des moments intimes avec leurs femmes⊠Ils vont mĂȘme mettre un planning sur la porte pour ne pas tomber sur quelquâun dâautre dans la chambre. Du coup, je me retrouve Ă faire lit commun avec mon adjoint. Heureusement que câest un lit doubleâŠ
LâaprĂšs-midi, on sâentraĂźne sous les hurlements des familles en tribunes. Jâai du mal Ă passer les consignes. Sans compter quâen plein footing, mes joueurs vont embrasser les leurs. Je sens que ça va ĂȘtre longâŠ
Ce matin, entraĂźnement! Jâimagine dĂ©jĂ mes joueurs transpirant de motivation, prĂȘts Ă Ă©craser la compĂ©tition. Mais⊠personne ! Pas un joueur, pas un maillot, mĂȘme pas une bouteille dâeau oubliĂ©e.
Je sors mon tĂ©lĂ©phone et appelle notre capitaine, Joe Bell, qui dĂ©croche en plein Ă©clat de rire. Avant que jâaie le temps de dire un mot, il lance : « Coach ! Oh lĂ lĂ , il faut que vous veniez, je suis au parc avec les gars ! On est en train de battre notre record de lancer de frisbee ! »
Jâenfourche un vĂ©lo et fonce vers le parc. LĂ , je les retrouve : mes joueurs en train de jouer au frisbee. Lâun dâeux se tient sur un skateboard, un autre mange une glace. Quand ils me voient, ils se contentent de faire de grands signes et mâinvitent Ă les rejoindre.
« Euh, les gars, vous savez quâon a un entraĂźnement, hein ? »
Le capitaine hausse les Ă©paules et sourit : « On est les meilleurs, coach ! Qui pourrait nous battre ? Les Fidji ? Les Samoa ? Franchement, regardez-nous. On est dĂ©jĂ prĂȘts ! »
Je passe une main sur mon front, incrĂ©dule. Mais Ă peine ai-je le temps de leur dire dâenfiler leurs crampons quâun autre joueur mâenvoie un message. Lui et trois autres sont⊠au cinĂ©ma. Oui, ils regardent une comĂ©die romantique, bien installĂ©s avec des popcorns. Mon tĂ©lĂ©phone vibre Ă nouveau : trois autres joueurs sont au lac, faisant la course en pĂ©dalo avec leurs enfants. Et lĂ , la panique commence Ă me gagner.
Jâappelle Ă tour de bras, jâessaie de ramener tout le monde au terrain. Et mes joueurs ? Impassibles. Lâun dâeux me rĂ©pond mĂȘme : « Coach, on vous a dit quâon est dĂ©jĂ les plus forts. Câest la Coupe dâOcĂ©anie, pas la Coupe du Monde ! DĂ©tendez-vous. On sait ce quâon fait. »
« Câest pour la cohĂ©sion dâĂ©quipe » me dira Jack Boyd⊠DĂ©sespĂ©rĂ©, je retourne au centre dâentraĂźnement oĂč les joueurs reviennent Ă leur rythme, certains mĂȘme arrivent Ă 23h. On ne sâest pas entraĂźné⊠Ăa ne peut pas durer comme ça. Demain, il y a match. Je me mets Ă tremblerâŠ
Ce matin, je nâai pas vu les familles. Elles sont toutes partie vers Wellington pour assister au match du jour, contre les Iles Salomon.
Mes joueurs prennent leur petit-dĂ©jeuner et Ă©coutent attentivement ma causerie. Jâai enfin lâimpression dâĂȘtre (re)devenu un vrai sĂ©lectionneur. Il Ă©tait tempsâŠ
On prend le bus direction le Sky Stadium. Le stade est plein. Nous sommes accueilli comme des stars. Le pays du rugby sâĂ©veille au football.
Pendant lâĂ©chauffement, on voit nos familles en tribunes. Ma femme et mon fils sont lĂ . Sally est en tribunes aussi ainsi que plusieurs membres de mon Ă©quipe dâEastern Suburbs. Quelle joie de se sentir soutenu!
Les supporters font du bruit. Les White Noise, le groupe des supporters de la sélection, sont venus nombreux.
Avant-match, je sens tout le monde concentrĂ©. Mais jâinsiste sur un fait: « Vous avez bien fait les cons, hier. Maintenant il faut assurer! Et ne rien lĂącher! » Un bruit de pet se fait entendre au mĂȘme moment. Câest Mark Smith qui en est lâauteur et me dit « ha ben perso je viens dâen lĂącher une! » Tout le vestiaire rigole, et de mon cĂŽtĂ©, je soupire.
On rentre sur la pelouse, les hymnes sont joués et le match débute.
On domine rapidement la partie, poussĂ© par un public surmotivĂ©. Mais on manque cruellement dâautomatismes et de rĂ©alismes. On ne cadre quasiment rien.
On a un nombre incalculable de coups de pied arrĂȘtĂ©s mais ça ne donne pas grand chose.
A la 41e minute, le virevoltant RaphaĂ«l Leaâi part en contre, dribble deux de mes dĂ©fenseurs et tire sur le poteau. On nâest pas passĂ© loin de la catastrophe.
Lâarbitre siffle la mi-temps sur un score nul et vierge (0-0).
« PUTAIN! VOUS FAITES QUOI? DEVANT CâEST ZĂRO! DERRIĂRE ON SE DĂCONCENTRE! LEAâI EST DANGEREUX, JE VOUS AI DIT DE LE TENIR! MARQUAGE SUR LUI! PUTAIN! MARQUAGE! »
Personne ne bronche.
"QUAND JâENTENDS DE SUPERIORITE HIER⊠(petite pause) ELLE EST OU? LA, JE NE VOIS RIEN! JE VOIS DES MECS QUI NE VEULENT PAS GAGNER! PAS UNE FRAPPE CADRĂE BORDEL! PAS UNE!"
Je vais vers le tableau de bord et je tape dessus:
« TOUT CA NE SERT A RIEN SI VOUS NâAVEZ PAS LA MOTIVATION NĂCESSAIRE! VOUS ĂTES FAVORIS! VOUS ĂTES A DOMICILE! MAIS SURTOUT, VOUS ĂTES DĂCEVANTS! »
Le capitaine, Joe Bell prend la parole: « Les mecs, le coach a raison. Si on ne montre pas plus, ça ne sert à rien de parler de victoire finale! »
Je monte encore en colĂšre: « VICTOIRE FINALE? MON CUL! PENSEZ DĂJĂ A GAGNER AUJOURDâHUI! »
Et plus calmement: « Je ne change rien tactiquement pour lâinstant. Mais si ça ne va pas, ce sont les hommes qui vont changer! Montrez-moi autre chose bordel! » Et tout le monde se tape dans les mains.
Le discours a payĂ©. A peine le coup dâenvoi sifflĂ©, le ballon arrive dans les pieds de Bell qui tire de loin et trouve la lucarne. En bon capitaine, il a appliquĂ© les consignes (1-0).
On ne relĂąche pas lâĂ©treinte et sur une percĂ©e de Searle, le joueur de lâUnion Berlin est fauchĂ©. Penalty!
Clarke sâĂ©lance mais Maerasia, le gardien adverse, repousse le tir. Toujours 1-0âŠ
MalgrĂ© tout, on se fait rarement peur. On domine largement mais nous avons toujours du mal Ă cadrer. Notre seul frayeur est un nouveau contre menĂ© par Leaâi. Mais cette fois-ci, Paulsen repousse le tir.
Les Iles Salomon ont beau tenter le tout pour le tout en fin de match, notre dĂ©fense ne laisse rien passer et le coup de sifflet final sonne comme une dĂ©livrance. On sâimpose mais dans la douleurâŠ
On va remercier les supporters et on rentre au vestiaire oĂč je prends la parole: « Bon⊠On a gagnĂ© mais je suis en droit dâattendre plus. Alors, demain⊠On ne dĂ©conne pas et on va Ă lâentraĂźnement. Sinon, on va sâen mordre les doigts Ă un moment ou Ă un autre. »
On rentre tous au centre dâentraĂźnement oĂč chacun peut passer une excellente nuit.
De mon cĂŽtĂ©, je regarde en diffĂ©rĂ© le match entre Tahiti et la Nouvelle-CalĂ©donie. Ce sont ces derniers qui sâimposent 1-0. Mais les deux Ă©quipes ont montrĂ© une belle soliditĂ©. Il faudra que lâon monte de plusieurs crans pour sâimposer!