:storyblue: :s5: 🇧đŸ‡Ș Tom Van Aert - Der Weg der Herrlichkeit :germany:

2021-11-02T00:00:00Z

D’ici quelques instants, nous allons pĂ©nĂ©trer dans un Red Bull Arena complĂštement comble. Nous sommes plutĂŽt confiant, contrairement Ă  nos adversaires. Une victoire nous assurerait la qualification pour la suite de la compĂ©tition, ce qui est loin d’ĂȘtre acquis pour les espagnols. Alors que je craignais d’ĂȘtre cantonnĂ© au banc, c’est finalement sur le prĂ© que je serai, bien aidĂ© par la petite gĂȘne Ă  la cuisse ressenti par mon rival lors de l’échauffement.

On nous fait signe d’avancer. Les cohortes de joueurs se mettent en marche. Je respire un grand coup et, suis mes coĂ©quipiers. Comme toujours Ă  la sortie du tunnel, je suis aveuglĂ© pendant quelques instants par les lumiĂšres. Tant mieux. Cela m’évite de voir tout ces gens, amassĂ©s dans les gradins. Pas que cela ne me fait pas plaisir non, mais c’est assez oppressant de voir plus de soixante milles personnes les yeux braquĂ©s sur toi Ă  chaque touche de balle.


2novembre21

DĂšs les premiĂšres minutes, la bataille tactique se met en branle. A l’instar de l’équipe de Guardiola, nous aimons avoir la possession du ballon. DĂšs lors, le jeu reste assez bien cantonnĂ© aux alentours du rond central tant il est compliquĂ© pour l’Atletico comme pour nous d’arriver Ă  ressortir le ballon suffisamment proprement que pour en faire quelque chose.

Vers la 25e minute de jeu, aprĂšs avoir reçu le cuir venant de ma droite, de Yussuf Poulsen, j’élimine un premier joueur espagnol, me dĂ©barrasse d’un second d’une petite feinte avant de servir Yorbe, mon meilleur ami, d’une pichenette. ContrĂŽle orientĂ©, il se met sur son pied droit et trompe Jan Oblak d’une frappe vicieuse car bourrĂ©e d’effet.

Nous lui sautons tous dessus. VĂ©ritablement, il rĂ©alise un excellent dĂ©but de saison. C’est bien pour ça qu’il est titulaire Ă  la place de Timo Werner.

Jusqu’à la pause, nous tentons d’alourdir le score, sans succĂšs. Les espagnols ferment bien le jeu derriĂšre et Ă©voluent dans un bloc compact au moment de la perte de balle qui nous empĂȘche de progresser suffisamment que pour nous montrer dangereux, autrement que par des frappes lointaines.

C’est au retour des vestiaires que tout s’accĂ©lĂšre. Nous connaissons deux situations de but que ni Forsberg ni moi ne parvenons Ă  conclure. Dans la foulĂ©e, les visiteurs connaissent un beau temps fort qui les voit Ă©galiser par l’intermĂ©diaire du joueur français, Thomas Lemar. Ce dernier, auteur d’un rush solitaire, se dĂ©barrasse de nos deux centraux avant de lober Peter Gulasci. Tout est Ă  refaire.

Moins de 10 minutes plus tard, Yussuf Poulsen intercepte une mauvaise passe de nos adversaires. Sans plus attendre, le danois accĂ©lĂšre brutalement, Ă©vite la charge d’un dĂ©fenseur et frappe en force. But. 2-1. Dans les tribunes, c’est la folie, comme toujours. Les chants s’enchaĂźnent, toujours plus fort, toujours plus encourageant. Mais, malgrĂ© le soutien des notres, nous ne parvenons pas Ă  nous mettre Ă  l’abri et c’est sur ce score que l’arbitre siffle la fin du match, aprĂšs quelques minutes de temps additionnel. Qu’importe, l’objectif est atteint. Nous sommes assurĂ©s d’ĂȘtre prĂ©sent au premier tour Ă  Ă©limination directe.

2021-11-06T00:00:00Z

Quatre jours aprĂšs la rencontre de Ligue des champions, nous prenons la route pour Berlin. Nous devons affronter le Hertha Berlin. En avant-match, je suis particuliĂšrement de bonne humeur, comme depuis plusieurs jours. Et la raison est simple : Je vais faire mon retour chez les diables rouges. AprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©cartĂ© pour la Coupe des confĂ©dĂ©rations en juin/juillet, blessĂ© pour les rassemblements de septembre et octobre, je vais enfin retrouver mes compatriotes. J’ai hĂąte. Leander Dendoncker sera aussi du voyage. MalgrĂ© qu’on se soit auparavant frĂ©quentĂ© en sĂ©lection, je ne le connais pas si bien. Partir avec lui peut ĂȘtre sympa.

6novembre2021

Comme nous nous attendions, les locaux mettent directement un gros impact physique, se montrant trĂšs agressifs Ă  la rĂ©cupĂ©ration du ballon. Nous Ă©prouvons de vives difficultĂ©s Ă  dĂ©velopper notre jeu de possession et pour contrer le pressing, nous nous lançons dans plusieurs offensives Ă  base de longs ballons, sans vraiment de succĂšs. Ce n’est pas notre fort je crois. CoincĂ© entre les deux centraux et leur milieu dĂ©fensif, j’ai bien du mal Ă  proposer quelque chose, surtout qu’il n’y a que trop peu de mouvement chez mes partenaires de l’attaque.

La seconde pĂ©riode commence comme la premiĂšre. Nous subissons le jeu costaud de nos adversaires et petit Ă  petit, nous reculons. Nous connaissons bien l’une ou l’autre situation chaude, mais nous ne parvenons pas Ă  les concrĂ©tiser.

Peu avant l’heure de jeu, je reçois le ballon assez bas, alors que je suis dans le rond central. Je me retourne, sert Yussuf Poulsen sur ma droite. Le danois Ă©tire le jeu en s’écartant vers la ligne de touche avant de le renverser par une longue transversale au profit de Bruma. L’ailier rĂ©cupĂšre le ballon grĂące Ă  un petit sprint avant de centrer en retrait, lĂ  oĂč je me suis avancĂ©, au dĂ©but du grand rectangle. Je saute afin de rĂ©cupĂ©rer le cuir de la tĂȘte. Un dĂ©fenseur berlinois fait de mĂȘme et me dĂ©gage d’un bon coup d’épaule. Je retombe mal sur mon pied gauche. Je sens mon genou faire un mouvement peu orthodoxe.

Immédiatement, les soigneurs arrivent. La bombe analgésique ne fait rien. Je me vois contraint de céder ma place. Je fulmine.
Fait chier putain ! me dis-je.
AppuyĂ©s sur un membre du staff, je retourne vers le cĂŽtĂ© du terrain. Philipp Lahm fait une petite moue en ma direction avant de se concentrer sur le jeu qui reprend. Pas question de rester, j’ai beaucoup trop de colĂšre en moi. Clopinant, je rentre au vestaire. Tant pis pour la fin du match. Je ne verrai pas Yussuf Poulsen inscrire un doublĂ©.

2021-11-07T00:00:00Z

7-11-21

7novembre21
2021-11-15T00:00:00Z

En rentrant de ma sĂ©ance de kinĂ©, je retrouve mon tĂ©lĂ©phone que j’avais oubliĂ© sur la table du salon. L’appareil indique que j’ai plusieurs messages non lus, tous de Lisa.

15novembre21

« DĂ©solĂ©e d’ĂȘtre partie si tĂŽt »
« Tu sais, le boulot  »
« J’ai bien vu ton mot. Pas de soucis »
« Mais merci pour cette nuit. C’était magique »
« Merci à toi Lisa »
« On remet ça quand tu veux  »
2021-11-27T00:00:00Z

Je ne devrais pas ĂȘtre de ce dĂ©placement. Schalke n’est que 9e, ce n’est pas une grosse Ă©quipe. Puis, je n’ai repris l’entrainement qu’il y a quelques jours. J’aime jouer, plus que tout au monde, je dĂ©teste ĂȘtre cantonnĂ© au banc, mais ici, limite je prĂ©fĂ©rerai. Je ne suis pas encore Ă  100% de mes capacitĂ©s, je le sens. Puis, au plus profond de moi, je sens que quelque chose va arriver. C’est ridicule de se dire ça avant mĂȘme le dĂ©but de l’échauffement, mais j’ai un mauvais pressentiment.

Mais comme me l’a dit le coach hier, nous faisons face Ă  une cascade de blessĂ©s, il a besoin de moi. Bruma, Emil Forsberg et Yussuf Poulsen sont blessĂ©s tandis qu’Hannes Wolf est suspendu. AprĂšs moi, il n’y a plus que le jeune Marcel BĂŒnger sur le banc pour supplĂ©er les postes de milieux offensifs.

27novembre21

17 minutes. 17 foutu minutes. 17 putains de minutes !

17 minutes, c’est le temps que j’aurai tenu sur le terrain. A peine le temps de faire tourner en bourrique quelques joueurs avec l’un ou l’autre petit geste technique, à peine le temps de servir de point d’appui et d’orienteur de jeu.

C’est sur la fin d’un sprint, au moment de disputer une passe en profondeur un peu trop appuyĂ© que la douleur se fait ressentir dans ma cuisse gauche.
Pas ça, pas encore.
Avant mĂȘme de voir un soigneur, je sais ce que c’est. Ce n’est pas comme si j’en avais eu plusieurs ces derniers mois.

Furieux, je sors du terrain, tape dans la main de Marcel BĂŒnger qui me remplace et file au vestiaire. Trop de pression, trop de colĂšre en moi. Et lĂ , dans le couloir, je craque. Je donne un violent coup de poing contre la porte. Mauvaise idĂ©e. Une vive douleur fait son apparition. Les membres du staff prĂ©sents avec moi essayent de me calmer en discutant. Le coup m’a fait du bien, ça m’a permit de relĂącher la pression.

Rapidement, un des mĂ©decins du club arrivent et m’ausculte. Comme je le craignais, c’est d’une Ă©longation que je souffre, encore une fois. Pour ma main, il pense que j’ai un doigt de cassĂ©. Pas difficile Ă  deviner vu sa belle couleur bleue. En attente d’examen complĂ©mentaire demain, je me retrouve avec un beau pansement pour maintenir mon majeur et mon annulaire gonflĂ© ensemble tandis qu’une poche de glace vient se coller Ă  ma cuisse.

8 « J'aime »

Ça sent la saison galùre aprùs celle plein de succùs .
Pas grave le RB Leipzig fonctionne bien quand mĂȘme :grin:

1 « J'aime »
RĂ©ponses aux lecteurs

Merci e ton commentaire @jbourne. Pour l’instant, c’est vrai que c’est compliquĂ© pour Tom. Mais le RBL s’en sort bien. On verra au niveau du temps de jeu en janvier :slight_smile:


2021-11-30T23:00:00Z

Il doit ĂȘtre prĂšs de 09h00 lorsque j’arrive au centre d’entrainement. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Ralf Rangnick, le directeur sportif du club. Vu sa voix au tĂ©lĂ©phone lundi, ce n’est pas pour me fĂ©liciter qu’il me convoque.

1

AprĂšs quelques minutes d’attentes, l’homme de 63 ans me fait rentrer. Son visage est fermĂ©, presque dur. C’est limite flippant.

Je m’installe sur un des confortable fauteuil en cuir vert qui trĂŽnent devant son bureau et pendant de longues minutes, je me fais reprendre en allemand, une langue douce et mĂ©lodieuse oĂč chaque mot ou presque sonne comme un coup de fusil. En vrac, il me reproche Ă©videmment mon comportement lors du dernier match, Ă  savoir le coup de poing dans une porte, mon investissement dans les exercices avec les kinĂ©s, visiblement eux aussi ne sont pas satisfait de moi, mon rendement lors des quelques rencontres que j’ai disputĂ© et enfin aborde le sujet de mon hygiĂšne de vie.

Pour cette partie, Ralf Rangnick passe au français, ce qui me surprend. Depuis le temps que je suis en Allemagne, je suis presque bilingue.

«C’est la pensĂ©e de Philipp Lahm et la mienne que je te rapporte. Nous sommes inquiets.»

Je le fixe sans sourciller, attendant la suite.

«D’un point de vue statistique, ton dĂ©but de saison est faible. Mais ce qui nous inquiĂšte, c’est ton investissement. Ton coach ne te reconnait plus Ă  l’entrainement.»

«Mais non »

Ralf Rangnick me coupe.

«Nos portes, Ă  Philipp et moi, sont toujours ouvertes. Pense Ă  les pousser lorsque c’est nĂ©cessaire.»

Le directeur sportif semble se radoucir. L’orage est passĂ©.

«J’ai discutĂ© avec le mĂ©decin hier. Tu ne seras pas prĂȘt pour les derniers matchs de la saison. Repose toi, rĂ©flĂ©chit Ă  ce dont tu as besoin pour t’épanouir en tant que footballeur. Et surtout, revient en forme. Tu le sais autant que moi que c’est nĂ©cessaire si tu veux atteindre tes objectifs.»

Dans le mille. Dans un peu moins d’un an, les Diables rouges vivront la formidable aventure qu’est la participation Ă  une Coupe du monde. AprĂšs l’Euro 2020 qui m’a permis de prendre littĂ©ralement mon envol, je n’ai aucune envie d’ĂȘtre privĂ© d’un possible nouveau trophĂ©e, de participer peut ĂȘtre Ă  l’histoire de mon pays. Je dois me rĂ©veiller, je dois me retrouver.

2021-12-04T23:00:00Z

5decembre21

2021-12-09T23:00:00Z

10decembre21

2021-12-18T23:00:00Z

19-12-21

2021-12-23T23:00:00Z

3

C’est NoĂ«l ! Et comme Ă  chaque fois aux fĂȘtes, je reviens en Belgique, profiter de la prĂ©sence des miens, de ma mĂšre, de mon frĂšre Frank et sa femme. Comme toujours, nous nous retrouvons dans le petit appartement familial de LiĂšge pour un repas gargantuesque. Lisa manque Ă  l’appel. Elle est retournĂ©e en Angleterre voir sa famille. Je n’ai plus de nouvelles depuis quelques jours. Mais ça ne m’inquiĂšte pas spĂ©cialement. Je n’ai pas besoin d’ĂȘtre collĂ© sans cesse Ă  la personne que je frĂ©quente.

Le repas est terminĂ©e, tout le monde cuve dans les diffĂ©rents fauteuils de la piĂšce, Ă©coutant les chants de NoĂ«l que ma mĂšre s’évertuent Ă  mettre en boucle. Plus clichĂ© tu meurs. Je suis sur le point de passer en mode sieste digestive quand mon tĂ©lĂ©phone sonne. C’est un message de Lisa.

« Je pensais que ce serait sympa de sortir avec quelqu’un de connu mais non. Tu es trop jeune pour moi, c’est une grave erreur que j’ai faite
 C’est mieux qu’on s’arrĂȘte ici. Nous deux, ça ne rime Ă  rien. On a passĂ© de beaux moments mais c’est tout. S’il te plait, n’essaye pas de m’apitoyer en m’harcelant de messages ou d’appels, je m’en fiche totalement. Au revoir Â»

Je sors prendre l’air. A cet instant, je me sens quand mĂȘme bien con. Et un peu seul en vrai. Je ne sais trop pourquoi, mais je n’ai pas vraiment parlĂ© d’elle avec les personnes avec qui je suis le plus proche, Ă  savoir Tom Krauß et Yorbe Vertessen.

Je m’éloigne de quelques dizaines de mĂštres de l’immeuble de ma mĂšre, en direction d’un petit square, vide. Alors que le froid se fait piquant, je plonge une main dans ma poche pour en sortir une cigarette d’un paquet lĂ©gĂšrement Ă©crasĂ©. Assis sur un banc, les bouffĂ©es qui emplissent mes poumons accompagnent le rythme de mes pensĂ©es.

6 « J'aime »

Toujours aussi fun.

Dommage ces blessures à répétition.

Bonne continuation
et le bonjour à Mme Lisa

1 « J'aime »

Lisa ,elle a juste eu envie du jeune mùle célÚbre :grin:

1 « J'aime »
RĂ©ponses aux lecteurs

Merci beaucoup @kevos. En effet, la succession de blessure est plutĂŽt emmerdante.
C’est la rançon de la gloire @jbourne :joy:


2022-01-04T23:00:00Z

Ce matin, je me lĂšve sans trop de difficultĂ©. Cela change des derniers jours Ă  se morfondre dans mon lit aprĂšs m’ĂȘtre fait plaquĂ©. Aujourd’hui, c’est un jour particulier. C’est la reprise de l’entrainement. De bonne humeur, je me douche, m’habille et rejoint la piĂšce de vie oĂč Tom Krauß et Yorbe Vertessen se trouvent dĂ©jĂ .

En me voyant arriver, ce dernier s’écrie :

«Oh ! Un revenant !»

Et voilĂ  que les deux Ă©clatent de rire.

«TrĂšs drĂŽle.» dis-je en grognant. «File moi un cafĂ© s’il te plait.»

Nous dĂ©jeunons en silence, Ă©coutant les informations donnĂ© par la radio. On peut avoir plein d’argent, au final, on vit de la mĂȘme maniĂšre qu’on vivait chez moi quand j’étais gosse. le matin, c’est la radio qu’on Ă©coute et puis c’est tout.

L’entrainement du jour consiste en un gros dĂ©crassage. Il faut bien Ă©liminer les excĂšs des fĂȘtes. Et vu l’essouflement de certains, c’est bien nĂ©cessaire.

Étonnamment, je ne suis pas trop mal, je pensais que je serai pas aussi en forme que ça. Nous faisons un exercice d’endurance oĂč nous devons faire le plus de tour de terrain. Si je ne finis pas avec les derniers, dans un groupe composĂ© de Yorbe, Yussuf Poulsen, Timo Werner et Lukas Klostermann, je m’arrĂȘte bien aprĂšs Willi Orban et Bruma, les deux mauvais Ă©lĂšves du jour.

A la fin, Yorbe me tape sur l’épaule.

«Bien joué mon gars. Continue comme ça.»

C’est tout con, un geste simple, une phrase basique, mais cela me fait un bien fou. Je n’avais pas remarquĂ© que ces derniers mois, je m’éloignais peu Ă  peu de mes amis. Mais les voir ici avec moi, toujours fidĂšles Ă  eux-mĂȘme, cela fait du bien, ça aide Ă  aller mieux.

2022-01-09T23:00:00Z

10janvier22

2022-01-12T23:00:00Z

13-01-22

MĂȘme si on s’est Ă©loignĂ© au fur et Ă  mesure du temps qui passe, ça me fait bizarre de voir Fabrice partir. Nous avons intĂ©grĂ© l’équipe premiĂšre sensiblement en mĂȘme temps. MĂȘme si ce n’est qu’un prĂȘt jusqu’à la fin de saison, il ne ferme pas la porte Ă  un dĂ©part dĂ©finitif du club Ă  l’intersaison, il me l’a confiĂ© quand je l’ai appelĂ© suite Ă  l’annonce du club.

2022-01-14T23:00:00Z

AprĂšs un gros mois et demi sans jouer un match, je retrouve enfin le bonheur du stade par la reprise aprĂšs la trĂȘve hivernale. Pour ce premier match, oĂč nous recevons Wolfsburg, actuel 4e de Bundesliga, le coach dĂ©cide de me titulariser Ă  mon poste prĂ©fĂ©rentiel.

Comme il m’en a parlĂ© hier, je ne devrais pas jouer la totalitĂ© du match, ce qui est plutĂŽt Ă©vident vu comme je manque de rythme. Il va falloir que je me dĂ©fonce pour prouver ce que je vaux. Parce que pendant mes absences, Hannes Wolf s’est montrĂ© bien solide et important.

15janvier22

AprĂšs quelques minutes de jeu, nous mettons rapidement la pression sur les visiteurs en multipliant les offensives. Les loups reculent de plus en plus et Ă  la 20e minute de jeu, craquent pour la premiĂšre fois. Pendant une longue session de possession du ballon, je dĂ©cale sur ma droite en direction de Marcel Sabitzer. L’ailier autrichien avance, Ă©carte le jeu et au dernier moment, remet d’une belle talonnade Ă  notre latĂ©ral. Josh Vagnoman centre depuis l’arriĂšre et Timo Werner surgit entre deux dĂ©fenseurs pour ouvrir le score d’une tĂȘte plongeante. Nous nous jetons sur notre buteur pour le fĂ©liciter. MalgrĂ© de bonnes statistiques, il ne vit clairement pas sa meilleure saison, ses buts Ă©tant un peu l’arbre qui cache la forĂȘt.

Fort de cette avance, nous poussons pour alourdir le score au plus vite. Mais c’est sans compter sur la dĂ©termination de l’équipe de JĂŒrgen Klinsmann qui se bat encore et encore pour ne pas sombrer dĂ©fensivement.

Lors de la seconde pĂ©riode, si nous levons un peu le pied Ă  la reprise, trĂšs vite, nous reprenons notre rythme et notre domination, enchaĂźnant quelques situations intĂ©ressantes que nous parvenons pas Ă  concrĂ©tiser. MalgrĂ© beaucoup d’envie et de mouvement, je ne suis pas en rĂ©ussite. Je rate une passe toute faite, manque de quelques centimĂštres le cadre sur un tir Ă  mi-hauteur et la joue trop personnel dans une situation de deux contre un.

A l’heure de jeu, je cĂšde ma place Ă  Yussuf Poulsen qui vient reprendre le flanc droit tandis que l’autrichien reprend mon poste. Le jeu reprend. J’observe mes coĂ©quipiers dont la pression sur la surface adverse augmente encore et encore depuis le banc. Et cela devait arriver. A 20 minutes de la fin, Yussuf Poulsen trompe le portier des visiteurs d’un tir croisĂ© du plus bel effet. 2-0, une trĂšs bonne chose face au 4e du championnat. Si nos adversaires parviennent Ă  inscrire un but Ă  la suite d’un cafouillage dĂ©fensif, Cela n’influence pas la fin de la rencontre que nous emportons, pour le bonheur de nos supporters, massĂ©s dans les gradins.

2022-01-18T23:00:00Z

19janvier22

2022-01-28T23:00:00Z

Nous sommes dans le tunnel, Ă  quelques instants de fouler la pelouse. Nos adversaires se trouvent Ă  cĂŽtĂ© de nous, tout aussi concentrĂ© que nous le sommes. Le match de ce soir a une importance capitale dans la course au titre. En effet, alors que nous sommes sur un dynamique positive, enchaĂźnant les victoires, quatre sur nos cinq derniers matchs de Bundesliga, le Bayern est plutĂŽt en difficultĂ©. Et alors qu’ils avaient une belle avance de 9pts en novembre, nous sommes dĂ©sormais Ă  Ă©galitĂ©, Ă  47pts. C’est le moment oĂč jamais de reprendre la main ans la course au titre.

Je respire. Une boule d’angoisse se dĂ©veloppe dans mon ventre, comme depuis des mois et des mois. TerminĂ© le temps oĂč je montais sur le terrain parfaitement dĂ©tendu, prenant tout cela pour un jeu. Aujourd’hui plus que jamais, j’ai conscience de tout ce qui pĂšse sur nos rĂ©sultats. Il faut faire avec, c’est comme ça. Il faut vivre avec cette peur au ventre.

On nous fait signe d’avancer. Le mouvement de mes coĂ©quipiers me sort de ma torpeur et tel un robot, je suis le mouvement. A cet instant prĂ©sent, je n’ai conscience de rien, ni du grondement sourd Ă©manant des tribunes au-dessus de nous, ni du bruit des crampons sur le sol. Mon corps, mon Ăąme et ma conscience ne sont focalisĂ© que sur une chose, le match qui va bientĂŽt commencer.

29janvier22

Comme nous nous y attendions, nous souffrons trĂšs vite dans cette rencontre, dĂšs les premiĂšres minutes Ă  vrai dire. Les bavarois mettent immĂ©diatement une sacrĂ© pression sur notre camp, nous obligeant Ă  occuper une position basse plutĂŽt inhabituelle. Pour autant, nous ne renions pas notre football et minutes aprĂšs minutes, nous nous battons comme de beaux diables pour rĂ©cupĂ©rer la possession du cuir et arrĂȘter de subir.

NĂ©anmoins, les amateurs du jeu ouvert peuvent exprimer leur dĂ©ception. Car Ă  la pause, seulement deux tirs, un de chaque cĂŽtĂ©, ont Ă©tĂ© effectuĂ©. Ce n’est pas un match plaisant offensivement parlant, ni agrĂ©able pour les autres attaquants et moi de jouer. Je joue inhabituellement bas, juste devant la paire Maier-Krauß, pas le choix si je veux toucher le ballon et dĂ©sĂ©quilibrer notre adversaire en renversant le jeu d’un cĂŽtĂ© oĂč l’autre.

C’est sur une de mes rares incursions jusque dans la surface que j’obtiens un penalty. Alors que je viens de passer la ligne du grand rectangle, je me fais faucher sans sommation par le grand Niklas SĂŒle. L’arbitre n’hĂ©site mĂȘme pas une demi-seconde. Il siffle et dĂ©signe le point de penalty. Comme prĂ©vu dans les consignes du coach, je tends le ballon Ă  Timo Werner, notre tireur dĂ©signĂ©. Mais ce dernier le repousse dans mes mains.

«Ich vertraue dir.» (« Je te fais confiance Â») me dit-il dans l’oreille.

Puis, il recule, rejoignant nos coĂ©quipiers. Je pose le ballon au sol, prend mon Ă©lan et au coup de sifflet, m’élance. Devant moi, le lĂ©gendaire Manuel Neuer, toujours aussi impĂ©rial malgrĂ© ses 35 ans. J’ouvre Ă  fond mon pied gauche. Le ballon fuse, touche deux ou trois fois le sol, par petit rebond et entre dans le goal Ă  seulement quelques centimĂštres du poteau. Le portier adverse est battu. Je me jette sur Timo pour le remercier de son geste.

Pendant le reste de la rencontre, nous insistons. Nous voulons vraiment nous mettre Ă  l’abri. Mais les munichois poussent Ă©galement pour revenir au score. Lorsque l’arbitre siffle la fin de la rencontre, je me laisse aller au sol. Je suis Ă©puisĂ©. Nous avons vraiment tout donnĂ©. Quelqu’un s’approche de moi. C’est Yorbe, qui a remplacĂ© Timo Werner pour les derniĂšres minutes.

«Allez. Debout champion.»

Je saisis sa main tendu. Nous rejoignons nos coĂ©quipiers pour saluer nos supporters qui font un boucan de tout les diables en tribune. Ce n’est qu’un match de championnat mais l’ambiance est folle, comme toujours ici, comme toujours en Allemagne devrais-je dire. AprĂšs quelques gestes, remerciements, nous rentrons uns Ă  uns. Avec Tom Krauß et Yorbe, nous le faisons bras dessus bras dessous, le sourire aux lĂšvres.

2022-01-30T23:00:00Z

La nuit est tombĂ©e, l’appartement est calme. Tout le monde dort. Tout le monde, sauf moi. AllongĂ© sur le dos, je fixe le plafond que je distingue vaguement dans l’obscuritĂ©. Je me tourne sur ma gauche. Le rĂ©veil indique 02:49. Je suis fatiguĂ© mais je n’arrive pas Ă  dormir. Trop de choses se bousculent dans ma tĂȘte, trop de questions. Je pense Ă  tout et Ă  rien en mĂȘme temps. Si ce genre de chose m’arrive de temps en temps, cela devient de plus en plus frĂ©quent.

Las, j’étend le bras, allume la lampe de chevet et me lĂšve. J’enfile un short qui traĂźne au pied du lit, un t-shirt et un sweat Ă  capuche et sort doucement, je ne voudrai pas rĂ©veiller Tom ou Yorbe.

SitĂŽt dehors, je prends une grande inspiration. L’air glacial me cisaille les poumons. Vu la couche de givre sur les pare-brises aux alentours, il gĂšle bien. Mais je n’en ai conscience. Le froid n’a pour l’instant pas d’emprise sur moi. Seule Ăąme debout Ă  cette heure, je dĂ©ambule lentement, ne sachant trop oĂč aller. Mes pas me guide jusqu’au square Ă  proximitĂ© du penthouse. Je rentre dedans. Une lampe jaunĂątre Ă©claire le lieu. La lune est dissimulĂ©e derriĂšre un voile nuageux de passage.

Je m’installe sur les quelques marches qui se trouvent devant moi. Machinalement, j’extirpe une cigarette de la poche de mon pull, m’y reprend Ă  trois fois avant de rĂ©ussir Ă  l’allumer puis, tire enfin une longue et profonde bouffĂ©e.

Je ne sais comment, je ne sais pourquoi, mais de grosses larmes coulent sur mes joues. Je me sens si seul. Pourtant, je ne devrais pas. Je suis bien entourĂ©. J’ai la chance d’avoir des amis toujours lĂ  derriĂšre moi et une famille soutenante. Mais pourtant, je me sens seul au monde. Ce que je fais, ce que je vis ne semble plus avoir d’intĂ©rĂȘt pour moi, mais pourquoi ?

Je me laisse aller en arriĂšre, le dos posĂ© sur la froideur du sol. Les yeux clos, j’essaie d’imaginer ce que je voudrai lĂ  maintenant, ce qui me ferait en sorte que mes larmes ne coulent plus, que je me sente mieux avec moi mĂȘme. Mais la vĂ©ritĂ© c’est que rien ne vient.

5 « J'aime »

2022-02-03T23:00:00Z

AprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  obtenir quelques jours off en simulant une douleur au mollet, je me vois contraint de retourner Ă  l’entrainement. Je ne peux rester chez moi Ă  ne rien faire.

Si physiquement tout roule, c’est dans la tĂȘte que ça ne va pas. Tout au long de la sĂ©ance, j’ai la dĂ©sagrĂ©able sensation de ne rien faire de correct. L’envie de jouer n’est pour l’instant plus lĂ , et c’est peut ĂȘtre le pire pour moi, ce qui me cause le plus de difficultĂ©.

2022-02-05T23:00:00Z

AprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©cartĂ© du groupe Ă  cause de mes fausses douleurs pour la rencontre de DFB-Pokal, match que mes coĂ©quipiers ont perdu face au Bayern Munich, je rĂ©intĂšgre l’équipe pour un dĂ©placement Ă  Augsburg. Pour autant, c’est sur le banc que je prends place. C’est peut ĂȘtre mieux comme ça. Je ne me sens pas au top.

6fevrier22

Rapidement, nous prenons le contrĂŽle des opĂ©rations. Emil Forsberg envoie une ou deux pralines, Timo Werner rend fou les dĂ©fenseurs par ses mouvements permanents mais il faut attendre la 17e minute de jeu pour que Sabitzer ouvre le score d’une volĂ©e du gauche. AprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ© le ballon sur une mauvaise transmission des locaux, il remet Ă  Hannes Wolf qui lance Timo entre deux joueurs. Ce dernier hĂ©site au moment d’entrer dans la zone de vĂ©ritĂ© et remet en arriĂšre pour l’autrichien.

Mais aprĂšs cela, l’équipe retombe dans ses travers. Pas assez travailleurs, nous laissons nos adversaires profiter des espaces dans notre dos et Ă  plusieurs reprises, ils crĂ©ent des situations dangereuses pour nous. Philipp Lahm fulmine. Il fait les cent pas devant le banc. Je sens que ça va barder Ă  la pause.

Au retour des vestiaires, nous montrons un meilleur visage. Enfin, c’est un peu mieux. Mes coĂ©quipiers gardent plus le contrĂŽle de la situation. C’est en entrant dans les 20 derniĂšres minutes de jeu que Timo Werner, qui se faisait un peu oubliĂ© ces derniĂšres minutes, surgit entre les deux centraux d’Augsburg et plonge en avant pour dĂ©vier du crĂąne un centre de Josh Vagnoman. But et 0-2.

Quelques minutes plus tard, je fais enfin mon entrĂ©e en jeu, remplaçant pour pour poste Hannes Wolf. J’aimerai me montrer Ă  mon avantage, mais je suis bien trop fĂ©brile pour rĂ©ussir quoi que ce soit.

AprĂšs deux tentatives avortĂ©es de lancement d’offensives, j’adopte un jeu plus simple Ă  coup de passe latĂ©rale ou vers l’arriĂšre. Je suis pas dans mon match, et ça se voit. Le coup de sifflet de l’arbitre met fin Ă  mon calvaire.

2022-02-11T23:00:00Z

Six jours aprĂšs mon entrĂ©e en jeu face Ă  Augsburg, Philipp Lahm dĂ©cide de me titulariser pour la rĂ©ception d’Hamburg, une bonne maniĂšre de me remettre en confiance.

12fevrier22

Contrairement Ă  nos habitudes, nous subissons dĂšs le dĂ©but de la rencontre. Nos adversaires se montrent Ă©tonnamment entreprenant, nous prenant littĂ©ralement Ă  la gorge d’entrĂ©e de jeu. Si nous avons un peu de mal, n’étant pas vraiment habituĂ© Ă  ce genre de situation, nous prenons au fur et Ă  mesure des minutes s’écoulant de l’assurance dans la sortie de balle et progressivement, les visiteurs reculent.

Mais c’est lors de la seconde pĂ©riode que tout s’accĂ©lĂšrent. Sous l’impulsion d’Emil Forsberg, nous mettons bien plus d’intensitĂ© et de vitesse dans nos transmissions, et cela paye. Puisqu’à la 56e minute, Tom Krauß ouvre le score d’une frappe puissante du droit, sur une passe en retrait du suĂ©dois.

Nos adversaires voient leur moral baisser, et le notre augmenter. Nous mettons la pression sur leur surface en enchaĂźnant quelques situations intĂ©ressantes pour nous. J’ouvre le bal par une frappe puissante un peu trop croisĂ©e, Yorbe voit sa tĂȘte ĂȘtre repoussĂ© et Yussuf Poulsen tire par deux fois sur le poteau. Ce n’est qu’à la 74e minute de jeu que nous parvenons enfin Ă  aggraver le score. AprĂšs avoir reçu le ballon de Kevin Kampl, je me retourne, Ă©limine un premier adversaire, glisse le ballon Ă  Emil Forsberg qui me le remet peu aprĂšs. Je lance alors entre deux adversaires notre buteur, Yorbe, qui ne se fait pas prier pour tromper le portier adverse d’une frappe Ă  mi-hauteur.

Les minutes suivants, le coach procÚde à plusieurs changements. Nos adversaires semblent au bout. Pour autant, nous préférons jouer la montre. Rien ne sert de se cramer face à eux alors que des rencontres importantes arrivent.

2022-02-14T23:00:00Z

Depuis quelques minutes, je suis au tĂ©lĂ©phone avec Sara Veldwijk concernant un contrat de publicitĂ© proposĂ© par une marque de je ne sais trop quoi. Je dois bien reconnaĂźtre que je n’écoute qu’à moitiĂ©. A un moment, la jeune femme le remarque.

«Il y a quelque chose qui ne va pas Tom? Vous semblez ailleurs.»

Sur ces mots, je craque et fond en larme. On dirait un gosse. Entre deux sanglots, je lui explique que depuis quelque temps, quelque chose semble cassĂ© en moi. Sara Ă©coute en silence. Lorsque j’ai terminĂ©, elle me dit de ne pas m’inquiĂ©ter, qu’elle va m’arranger quelque chose.

Quelques dizaines de minutes plus tard, je reçois un message de Sara pour me prĂ©venir qu’elle m’avait trouvĂ© un rendez-vous chez un mĂ©decin. Je n’ai pas spĂ©cialement envie d’y aller mais bon. D’ici le 24, j’ai le temps.

2022-02-19T23:00:00Z

AprĂšs un dĂ©placement au Portugal pour affronter le FC Porto, match auquel j’ai assistĂ© en son intĂ©gralitĂ© depuis le banc de touche, nous affronter Mainz sur leur terrain. Le club de Sandro Schwarz est plus en difficultĂ© en championnat cette saison, la faute surement Ă  un parcours europĂ©en rĂ©ussi puisqu’ils ont fini second de leur groupe en Ligue Europa.

20fevrier22

Le match commence de la pire des maniĂšres, et pour moi et pour l’équipe. SI nous menons le jeu lors du premier quart d’heure, nous sommes puni par la vitesse d’exĂ©cution d’un contre rondement menĂ© et conclu par un ancien de la maison, Matheus Cunha. Ça fait mal. A croire que les anciens joueurs de Leipzig aiment marquer contre nous. Quelques minutes aprĂšs, alors que nous venons de jouer un corner par une combinaison entre Forsberg et moi, nous perdons le ballon. Sans rĂ©flĂ©chir, je me lance Ă  la poursuite du fuyard et essaye de lui subtiliser le ballon. Mauvaise idĂ©e. Mon tacle se transforme plutĂŽt en dĂ©coupage en rĂšgle de l’adversaire. L’arbitre siffle immĂ©diatement et sort sans discuter la carte rouge. Je m’énerve. je veux le faire changer d’avis. Je fais de grands gestes.

«Allez quoi ! Putain !»

Rien n’y fait. L’arbitre pointe toujours l’extĂ©rieur du terrain. Mes coĂ©quipiers me tirent un peu. J’accepte de partir. Je marche jusqu’à la ligne de touche. Philipp Lahm fulmine. Je le vois Ă  son regard froid, plus tranchant qu’une lame de rasoir. Pas un geste vers moi, un mot, rien. Je retire mon maillot, le jette au sol et rentre au vestiaire.

Finalement, mes coĂ©quipiers remontent le score et l’emportent malgrĂ© l’infĂ©rioritĂ© numĂ©rique. Mais Ă  ce moment, je suis bien trop en colĂšre sur tout et tout le monde pour en avoir un quelconque intĂ©rĂȘt.

2022-02-23T23:00:00Z

AprĂšs avoir longuement hĂ©sitĂ©, je me dĂ©cide Ă  bien me prĂ©senter au rendez-vous pris par Sara. Il faut dire aussi que depuis mon craquage au tĂ©lĂ©phone, elle m’appelle trĂšs rĂ©guliĂšrement et me reparle systĂ©matiquement de ce mĂ©decin.

Comme ce n’est pas loin, je me rend Ă  pied Ă  son cabinet. J’arrive devant sa porte. A cĂŽtĂ© se trouve une plaque oĂč est inscrit Dr Patrick - Psychiater.

Un psychiatre. J’ai soudainement envie de fuir, de partir loin d’ici mais manque de chance, le praticien arrive Ă  ce moment-lĂ . Pas le choix, je le suis Ă  l’intĂ©rieur de son cabinet.

Nous discutons longuement, pendant plus d’une heure et demi. Le docteur me pose de nombreuses questions sur moi, sur ce que je fais, ce que je vis. Je n’aime pas y rĂ©pondre, je n’en ai pas envie. Mais il y a quelque chose en lui qui fait qu’il m’inspire confiance et cela m’aide Ă  me libĂ©rer.

A la fin de la sĂ©ance, il griffonne sur un papier et me le tend. Une ordonnance. Je dĂ©chiffre le mot « Deroxat Â».

«C’est un antidĂ©presseur ça je crois.» lui dis-je.

Il sourit.

«Prenez le. Cela va vous aider. Nous nous revoyons la semaine prochaine.»

Je le salue et sort. A quelques dizaines de mĂštre se trouve une pharmacie. J’hĂ©site pendant plusieurs minutes. Je comprends difficilement pourquoi il me donne cela. Finalement, j’y vais, pose le papier sur le comptoir et ressort quelques minutes plus tard muni d’une petite boite.

Arrivé chez moi, je gobe un cachet et me laisse aller sur mon lit.

9 « J'aime »

2022-03-03T23:00:00Z

Je ne devais pas disputer ce match dans la peau d’un titulaire. Je n’étais mĂȘme pas sĂ»r d’entrer en cours de jeu. Je crois que mon coup de sang face Ă  Mainz n’a pas plu au club. Mais la blessure d’Hannes Wolf Ă  l’échauffement, combinĂ© aux absences d’Emil Forsberg et de Timo Werner font que le coach se voit presque contraint de faire appel Ă  moi.

Philipp Lahm nous donne ses derniĂšres consignes avant d’entrer sur le terrain. Puis, nous quittons le vestiaire. Je suis le dernier. Alors que je m’apprĂȘte Ă  passer la porte, le coach me retient pas le bras.

«Je compte sur toi Tom.»

Aprùs m’avoir dit cette simple phrase, il me laisse suivre les autres.

4mars22

PrivĂ© de nos meilleurs joueurs, nous souffrons face Ă  l’équipe de ZinĂ©dine Zidane, et ce dĂšs les premiĂšres minutes. Leur jeu rapide nous pousse rapidement dans les cordes et fait que nous nous retrouvons rĂ©guliĂšrement prit dans le dos. Et cela paye. Puisqu’à la 12e minutes, les locaux ouvrent le score Ă  la suite d’une combinaison aux abords de notre surface.

Devant la difficultĂ©, nous reculons et jouons plus compact. je me vois contraint de redescendre assez bas, plus bas que le rond central pour toucher plus souvent le ballon et orienter le jeu. Si cela nous permet de rĂ©sister aux assauts de nos adversaires jusqu’à la fin de la premiĂšre mi-temps, nous ne nous montrons pas spĂ©cialement dangereux.

Au retour des vestiaires, nous essayons d’imposer notre jeu en monopolisant le cuir. Cela fonctionne et en quelques minutes, nous tirons pour la premiĂšre fois au but. Mais il faut attendre de passer l’heure de jeu pour que je rĂ©duise le score grĂące au premier tir cadrĂ© de la rencontre. AprĂšs avoir reçu le ballon de ma droite, je remet Ă  Yorbe Vertessen devant moi qui me remet la balle rapidement. Petit crochet pour me dĂ©barrasser d’un adversaire et ma frappe puissante vient tromper Predrag Rajkovic, le gardien du Bayer. Un but partout, les compteurs sont remit Ă  zĂ©ro.

Les minutes défilent. Nous nous dirigeons vers un partage sans saveur. Mais dans les derniers moments de la rencontre, nos adversaires récupÚrent le ballon juste devant notre surface, sur un cafouillage de nos défenseurs, et viennent tromper notre gardien.

C’est la dĂ©sillusion. Le coup de sifflet final met un terme Ă  notre premiĂšre place en Bundesliga. Nous voilĂ  dĂ©sormais second derriĂšre le Bayern Munich. Deux points ce n’est pas grand chose en soi mais le championnat est tellement serrĂ© cette saison qu’une simple dĂ©faite pourrait nous condamner Ă  rester sur la seconde marche du podium. Cruel.

2022-03-08T23:00:00Z

Aprùs avoir largement battu les portugais sur leurs terres, sur le score de 4-1, le match d’aujourd’hui ressemble à un piùge. Il ne faudrait pas se faire avoir par nos adversaires.
Toujours privĂ© de plusieurs joueurs devant, le coach continue de me faire confiance. A moi de lui rendre et de regagner ma place d’indiscutable.

9mars22

Si pendant les 20 premiÚres minutes, nous ronronnons, laissant venir à nous les portugais, nous mettons le pied sur le ballon sitÎt la premiÚre moitié de la premiÚre mi-temps passé.

Nos adversaires se retrouvent dĂ©passĂ©s. Ils ne touchent plus le ballon. InstallĂ©s dans le camp, nous multiplions les passes pour se jouer de leur dĂ©fense. Mais il faut attendre la 41e minutes de jeu pour que nos adversaires craquent une premiĂšre fois. Marcel Sabitzer s’envole du cĂŽtĂ© droit et centre en force au second poteau. Si Yorbe, titulaire en pointe est un peu juste, je me trouve juste derriĂšre et ne rate l’occasion de couper la trajectoire de la balle du plat du pied.

La seconde pĂ©riode se rĂ©vĂšle du mĂȘme acabit. Nous avons le pied sur le ballon et les visiteurs ne savent trop quoi faire avec lorsqu’ils arrivent Ă  nous dĂ©jouer. A la 70e minute de jeu, aprĂšs avoir lancĂ© Yorbe dans la profondeur, je reçois le ballon de ce dernier d’une balle talonnade. Je n’hĂ©site pas un instant. ContrĂŽle orientĂ©, crochet, et je frappe de l’extĂ©rieur de la surface. Le ballon dĂ©crit une belle parabole et termine sa course juste sous la transversale.

Quelques minutes aprĂšs, le coach me sort au profit d’Emil Forsberg qui a reprit l’entrainement il y a peu. J’ai bien besoin de me mĂ©nager pour les matchs suivants. Surtout que je me reprend Ă  espĂ©rer un retour en sĂ©lection. Je ne devrais pas m’emballer. Je viens d’enchaĂźner deux bons matchs, c’est tout. Mais c’est comme ça, j’ai un espoir fou qui gronde en moi.

2022-03-10T23:00:00Z

Je sors de notre dernier entrainement avant la prochaine rencontre, face au FC Köln. Je me dĂ©pĂȘche de me doucher, m’habiller et de rentrer. Si je suis si pressĂ©, c’est parce qu’aujourd’hui sont publiĂ©s la liste pour le prochain rassemblement.

SitĂŽt rentrĂ©, j’allume mon ordinateur et me rend sur le site de la fĂ©dĂ©ration. Cruel dĂ©sillusion. Je ne suis pas repris. Je pouvais honnĂȘtement espĂ©rer quelque chose avec le forfait de Leandro Trossard mais non. Le coach a prĂ©fĂ©rĂ© appeler Yorbe. Je sens une pointe de jalousie monter en moi. J’aurai aimĂ© y ĂȘtre, mĂȘme en temps que doublure. MĂȘme si je prĂ©fĂšre Ă©voluer dans l’axe, j’aurai pu ĂȘtre le remplaçant d’Hazard sur le cĂŽtĂ© gauche. Mais non. Si jamais ce dernier devait ĂȘtre sur le banc, ce serait vraisemblablement Dries Mertens qui Ă©voluerait Ă  sa place.

Je me laisse quelques minutes pour respirer, pour laisser passer ma déception ou plutÎt la masquer. Puis je sors. Yorbe est là, dans le salon, tout sourire.

«On est tout les deux sĂ©lectionnĂ©s !» me crie l’allemand, tout sourire.

Je reste interdit quelques instants puis les fĂ©licite. Je vois bien qu’ils veulent en parler mais lĂ , je ne peux pas. Je sens que la dĂ©ception est trop importante en moi, je risquerai d’ĂȘtre incorrect avec eux alors que s’il y a bien des personnes qui ne mĂ©ritent pas que je me comporte mal avec eux, ce sont bien ces deux-lĂ . Je les salue et file Ă  l’extĂ©rieur. J’ai rendez-vous avec mon psychiatre. J’espĂšre que cela me fera du bien.

2022-03-11T23:00:00Z

Dernier match avant la trĂȘve internationale. La sĂ©ance chez le psychologue m’a aidĂ© a relativiser par rapport avec mes amis et hier soir, nous en avons parlĂ© pendant une bonne heure.

Alors que je prends place sur la pelouse et que la rencontre va commencer dans quelques instants, je repense aux paroles du thérapeute.
Tom, la colĂšre peut ĂȘtre une force plutĂŽt qu’un frein. Pour cela, il faut en avoir conscience et envie.
J’ai envie. J’ai envie de prouver au sĂ©lectionneur que je peux, que je suis indispensable Ă  mon Ă©quipe, que ma place les prochains jours est avec l’équipe nationale et non pas chez moi.

Alors que l’arbitre porte le sifflet à sa bouche, je sens la colùre monter en moi.

12mars22

Et je dois dire que cela est efficace. Dùs ma premiùre touche de balle, je parviens à mettre Timo Werner en bonne position d’ouvrir le score, alors que cela fait à peine quelques minutes que nous jouons. Peu aprùs, nous ouvrons le score sur corner.

Contrairement Ă  d’habitude, nous jouons beaucoup plus rapidement, ce qui semble dĂ©stabiliser nos adversaires. Ceux-ci ne cessent de reculer devant nos assauts et ne parviennent Ă  sortir le ballon proprement.

AprĂšs 24 minutes de jeu, Kevin Kampl aggrave le score d’une frappe lointaine avant que Timo ne viennent inscrire le troisiĂšme de la tĂȘte, sur un centre venant de la gauche, de Marcel Halstenberg.

C’est Ă  partir de lĂ  que le festival Van Aert commence. Moins d’une minute aprĂšs le pion de notre numĂ©ro 9, je porte le score Ă  4-0 aprĂšs avoir dribblĂ© la moitiĂ© de la dĂ©fense adverse. Puis, je refais exactement la mĂȘme chose juste aprĂšs avoir donnĂ© le coup d’envoi de la seconde pĂ©riode.

Avec cinq buts d’avance et toujours aucun tir cadrĂ© pour nos adversaires d’un soir, nous levons un peu le pied mais continuons de monopoliser le cuir. Et c’est Ă  20 minutes de la fin du match que j’inscris mon troisiĂšme but Ă  l’issu d’un une-deux avec Timo Werner. 6-0, la messe est dite. Nous relĂąchons clairement la pression mais les visiteurs semblent bien incapable d’en profiter puisqu’ils ne tirent que trois fois au but, que des frappes lointaines et non cadrĂ©s.

2022-03-20T23:00:00Z

53601_02

Lorsque j’arrive dans la brasserie, aux alentours de 15h00, je suis le premier. Je m’installe Ă  une table au fond et attend. Cette aprĂšs-midi, je vois Sara, ma conseillĂšre. Il y a quelques jours, j’ai Ă©tĂ© surpris de recevoir un message de sa part me disant qu’elle serait Ă  Leipzig pour quelques jours et me proposant qu’on se voit. J’ai tout de suite acceptĂ©. Son soutien et ses conseils m’ont Ă©tĂ© vraiment utile. Puis, je ne l’ai jamais remerciĂ© de m’avoir poussĂ© Ă  aller voir quelqu’un.

Quelques minutes aprĂšs moi, la jeune femme arrive. Toujours aussi radieuse. Elle s’installe sur la chaise capitonnĂ©e de l’autre cĂŽtĂ© de la petite table en bois. Nous commandons des cafĂ©s et discutons de tout et de rien, surtout de boulot, mais aussi du docteur Patrick.

«Depuis que je vais voir ce type. Je me sens beaucoup mieux. Merci de m’avoir poussĂ© dans cette direction.»

Les minutes passent. Nous prenons un second café puis je me laisse tenter par une biÚre. La conversation devient plus personnelle. le vouvoiement habituel laisse place au tutoiement.

«Je ne voulais pas vous en parler avant que ce soit officiel mais j’aimerai venir m’installer Ă  Leipzig.»

«Ce n’est pas bien Bruxelles ?»

La jeune femme rigole. Son rire est doux et agréable.

«Ce n’est pas une question d’aimer ou pas la ville. C’est juste que je travailles avec toi, qui est ici. Ce serait plus facile pour moi.»

«Frank est bien Ă  Bruxelles depuis un moment. Et ça ne l’empĂȘche pas de me reprĂ©senter.»

Sara fait la moue.

«En fait, tu ne veux pas me voir.»

Aie, je l’ai peut-ĂȘtre vexĂ©. Mais tout de suite, elle s’esclaffe. Je lui avoue que je serai content de sa prĂ©sence en Allemagne comme je m’entends bien avec elle. Un silence s’installe pendant quelques instants. Pas ces silences gĂȘnants oĂč personne ne sait trop quoi dire mais un de ces silences oĂč les deux personnes profitent juste d’ĂȘtre ensemble Ă  ce moment prĂ©cis. Mais la magie ne dure qu’un temps. Nous changeons totalement de sujet puisque nous revenons au monde professionnel. Je crois qu’inconsciemment, nous nous rendons compte que nous glissons dans quelque chose que nous ne contrĂŽlons pas, qui nous dĂ©passe. Mieux vaut l’éviter.

2022-03-26T23:00:00Z

27mars22

Comme face au FC Köln, nous mettons dĂšs le dĂ©but de la rencontre pas mal d’intensitĂ©. Mais contrairement Ă  notre dernier match Ă  domicile, les berlinois se montrent plus solide et mĂȘme s’ils jouent repliĂ©s devant leur surface, ils ne craquent pas. Et ce, malgrĂ© quelques belles tentatives, une frappe repoussĂ©e de Werner ou encore un tir de ma part qui s’écrase sur la transversale.

Alors qu’il ne reste plus qu’une minute Ă  jouer en cette premiĂšre mi-temps, hors arrĂȘt de jeu, je profite d’un cafouillage dans la dĂ©fense adverse pour glisser le ballon Ă  Timo. L’avant centre ne se fait pas prier et trompe le portier d’une frappe croisĂ©e.

La seconde mi-temps dĂ©bute sur les chapeaux de roues. AprĂšs quelques minutes, Yussuf Poulsen alourdit le score d’une frappe surpuissante avant que Werner inscrit son second but de la tĂȘte.

Sur un corner obtenu sur la premiĂšre contre attaque de cette seconde mi-temps, les locaux inscrivent un but, dĂ©clenchant la folie dans leur stade, plein Ă  craquer comme toujours. Mais seulement deux minutes plus tard, Emil Forsberg se joue de deux joueurs Ă  la suite pour aller tromper le gardien d’une frappe de l’extĂ©rieur droit.

AprĂšs 80 minutes de jeu, je sors pour Hannes Wolf. revenu de blessure, l’autrichien a besoin de fouler le terrain. J’enfile un survĂȘtement et m’installe Ă  cĂŽtĂ© de Yorbe. Nous regardons nos coĂ©quipiers inscrire deux buts, d’abord, Zinho Vanheusden, d’une tĂȘte sur corner puis Timo Werner pour le compte de trois, dans les derniĂšres secondes du temps additionnel. 6-1, victoire parfaite ou presque. Depuis que Philipp Lahm a dĂ©cidĂ© que nous devions mettre plus de rythme dans nos rencontres, nous nous montrons plus dangereux devant, ce qui n’est pas plus mal. On soigne bien les statistiques des buteurs comme ça.

7 « J'aime »

Toujours agréable à lire .
Je me doutais que la communication intéressait Tom. :grin:

1 « J'aime »

Il y a une multitude de formes de communication
 :sac:

2 « J'aime »

@gwendil35 c’est fin, c’est trùs fin, ça se mange sans fin :sac:

3 « J'aime »

Félicitations pour ce superbe récit trÚs immersif !

Je rattrape mon retard petit Ă  petit !

2 « J'aime »
RĂ©ponses aux lecteurs

@jbourne : Merci. La communication intéresse chaque homme non ? :joy:

@gwendil35 @LindexV : Bien d’accord avec vous

@Heisen : Merci. Bienvenue ici :slight_smile:



2022-04-06T00:00:00Z

AprĂšs avoir Ă©tĂ© mis au repos pour la rĂ©ception de l’Hertha Berlin, je suis bien titulaire pour ce quart de finale aller face Ă  Liverpool. Comme Ă  chaque rencontre ou presque, le stade est plein comme un Ɠuf. Nos supporters font un bruit pas possible. C’est quand mĂȘme le tenant du titre que nous allons affronter, l’équipe qui a sorti le Bayern le tour prĂ©cĂ©dant.

6avril22

Comme nous pouvions nous attendre, nous nous retrouvons au cƓur d’un match compliquĂ©. Chaque ballon est Ăąprement disputĂ© par les deux Ă©quipes. Pour autant, c’est nous qui ouvrons le score Ă  la 26e minute. En bon renard, Timo Werner rĂ©cupĂšre un ballon repoussĂ© par le gardien des Reds. Seul au point de penalty, il n’a plus qu’à pousser le cuir au fond.

MotivĂ© par cette ouverture du score, nous poussons pour prendre au plus vite le large. Ainsi, nous connaissons un vrai temps fort pendant une petite dizaine de minutes. Nous enchainons quelques situations. AprĂšs avoir Ă©liminĂ© son vis-Ă -vis, Forsberg manque le cadre de peu, je vois deux de mes frappes ĂȘtre arrĂȘtĂ©es tandis que Werner manque son face Ă  face.

C’est sur une accĂ©lĂ©ration suite Ă  un petit dribble sur Van Dijk que je ressent une gĂȘne Ă  l’arriĂšre de ma cuisse gauche.
Fait chier.
Pour autant, je ne m’arrĂȘte pas. Je veux continuer Ă  jouer.

N’ayant pas rĂ©ussi Ă  prendre le large, nous commençons Ă  rentrer dans le rang alors que tout doucement approche la mi-temps. A ce moment, ce sont les anglais qui prennent l’ascendant. Nous essayons de rĂ©sister Ă  leur force offensive afin de mieux repartir en seconde pĂ©riode mais peine perdu. Alors que nous sommes dans le temps additionnel, Sadio ManĂ© vient nous punir d’une frappe puissante. Tout est Ă  refaire.

A la pause, le staff s’inquiĂšte de l’état de ma cuisse. Douloureux mais gĂ©rable. J’ai envie de continuer. Mais rien Ă  faire. Ils ne veulent pas prendre de risque avec moi. Et c’est Bruma qui entre en jeu, Emil Forsberg passant dans l’axe.

Evidemment, je suis déçu. Mais je dĂ©cide de ne pas faire de vague. Et c’est sur le banc, Ă  cĂŽtĂ© de Yorbe que je prends place pour assister Ă  la seconde pĂ©riode. MalgrĂ© le pressing de Liverpool, mes coĂ©quipiers arrivent Ă  piquer par deux fois, d’abord Yussuf Poulsen d’un run incroyable de 60m et de nouveau Timo qui, aprĂšs avoir combinĂ© avec Emil Forsberg, se retourne et lobe Alisson.

2022-04-16T00:00:00Z

16avril22
2022-04-23T00:00:00Z

C’est pour un dĂ©placement Ă  Frankfurt que je fais mon retour dans l’équipe. Aujourd’hui, le onze est largement remaniĂ©. Dans quelques jours, nous rencontrerons Leverkusen dans le cadre des demi-finales de la Ligue des champions.

23avril22

Je remarque rapidement que l’équipe est assez bien remaniĂ©. Puisque le premier quart d’heure se rĂ©vĂšle assez compliquĂ©. Nous Ă©prouvons quelques difficultĂ©s Ă  nous trouver sur le terrain, malgrĂ© les nombreuses consignes donnĂ©es par le coach depuis le bord du terrain.

Devant le pressing adverse, nous souffrons fortement Ă  la sortie de balle. Les locaux savent oĂč appuyer pour nous faire mal. Pour autant, ils ne peuvent profiter des situations intĂ©ressantes pour eux tant notre dĂ©fense se montre irrĂ©prochable.

Lorsque nous revenons sur la pelouse, c’est avec d’autres intentions, de meilleures intentions. TrĂšs rapidement, nous ouvrons le score. Sur un centre de Marcel Halstenberg, Timo Werner s’élĂšve plus haut que l’arriĂšre garde de Frankfurt et vient dĂ©vier la course de la balle d’un coup de tĂȘte rageur.

Alors que l’heure de jeu est dĂ©passĂ© depuis peu, je rĂ©cupĂšre le ballon d’Arne Maier. Je me retourne, Ă©limine un premier joueur, dribble un second avant de me mettre sur mon pied gauche. Et lĂ , de l’extĂ©rieur de la surface, je frappe avec force de l’extĂ©rieur du pied le cuir. Le ballon dĂ©crit une parabole et termine sa course en pleine lucarne. Tout le monde me saute dessus. Cela fait du bien. Quelques minutes aprĂšs, je sors pour Yorbe Vertessen. Une accolade avec le coach plus tard, et je m’installe sur le banc pour assister Ă  la fin de la rencontre.

2022-04-26T00:00:00Z

Le silence rĂšgne dans le vestiaire. Seul la voix de Philipp Lahm se fait entendre. Nous ne sommes qu’à quelques instants de monter sur la pelouse pour disputer cette premiĂšre demi-finale de Ligue des champions, qui plus est face Ă  un de nos concurrents pour le trĂŽne en championnat. Je lĂšve les yeux quelques instants. Je sens la peur transpirer dans toute la piĂšce. Tous sans exceptions, sommes presque paralysĂ©s par l’enjeu. Quelqu’un entre et nous fait signe. Il va ĂȘtre temps de se placer dans le tunnel. Je respire un grand coup et emboĂźte le pas de mes coĂ©quipiers.

26avril22

L’équipe de ZinĂ©dine Zidane nous connait bien. Car dĂšs les premiers instants, ses hommes appuient lĂ  oĂč il faut pour perturber notre jeu. Un pressing important a lieu, plus particuliĂšrement sur Arne Maier qui est notre plaque tournante, notre liant entre dĂ©fense et attaque. RĂ©sultat, nous peinons Ă  sortir proprement le ballon et Ă  nous montrer dangereux. Nos adversaires, galvanisĂ©s par leurs supporters, poussent encore et encore et finnissent par ouvrir le score Ă  la 34e minute. Sur un centre venant de notre droite, un de leur joueur se dĂ©fait du marquage de Dayot Upamecano et vient couper la trajectoire du ballon du plat du pied, au niveau du second poteau. Notre portier est trop court.

Pas question de se laisser abattre. Je gueule, je frappe dans mes mains pour encourager les miens. Je veux qu’on se batte, qu’on avance, qu’on reprenne le dessus. Je rĂȘve de ce trophĂ©e et je suis convaincu que nous avons les capacitĂ©s pour aller le chercher.

Petit Ă  petit, nous reprenons des couleurs, d’abord dĂ©fensivement. Notre pressing se veut plus prĂ©cis et efficace, ce qui soulage notre arriĂšre garde et nous permet d’avancer. Mais c’est Ă  l’heure de jeu que nous parvenons Ă  revenir au score. AprĂšs avoir interceptĂ© une mauvaise transmission adverse, Yussuf Poulsen s’élance sur son cĂŽtĂ© droit mais trĂšs vite se retrouve bloquĂ© par deux locaux. Je m’avance pour proposer une solution. Sa passe arrive pile dans mes pieds. Je me retourne et court vers l’axe. J’élimine un dĂ©fenseur d’une roulette bien sentie avant de pousser le ballon sur ma gauche de l’extĂ©rieur. Du coin de l’oeil, j’avais vu Tom Krauß avancer. Mon ami ne contrĂŽle mĂȘme pas et tire en force en premiĂšre intention. La balle fuse et termine sa course au fond des filets. ImmĂ©diatement, nous nous sautons dessus. La joie est palpable.

Jusqu’à la fin de la rencontre, nous poussons pour prendre l’avantage mais rien n’y fait. les locaux posent le bus et jusqu’au bout, nous nous cassons les dents sur leur dĂ©fense. Un partage pour ce match aller. Nous aurions pu espĂ©rer mieux mais ce but Ă  l’extĂ©rieur nous place malgrĂ© tout dans une relative meilleure position que nos adversaires. A nous d’en profiter dans notre stade, devant les nĂŽtres.

6 « J'aime »

Ah ,une ligue des champions avant le PSG pour Tom :
Pitié ,pas ça :grin:

2 « J'aime »
RĂ©ponses aux lecteurs

Ce ne sont que des rumeurs pour l’instant @jbourne . Si Leipzig gagnait la C1, est ce que Tom aurait vraiment intĂ©rĂȘt de rejoindre un club de looser ? (dĂ©solĂ© amis parisiens) :sac:




2022-05-03T22:00:00Z


Le mois de mai commence par une rĂ©ception vraiment importante : celle du Bayer leverkusen. Si c’est un adversaire que nous connaissons bien, avec qui nous luttons pour le titre en Bundesliga depuis un moment, l’enjeu est tout autre aujourd’hui.

Dans le vestiaire, la pression est à son paroxysme. Car si nous gagnons, nous connaßtrons notre premiÚre finale de Ligue des champions. AprÚs avoir emporté la Ligue Europa il y a quelques années, mais sans moi, ce serait merveilleux.


4mai22

Le Match dĂ©bute sur les chapeaux de roues, et c’est peu de le dire. Car dĂšs la premiĂšre minute, nous menons au score grace Ă  une frappe de Timo Werner, dĂ©viĂ©e par un des hommes de Zidane. Mais l’euphorie n’est que de courte durĂ©e. Puisque seulement deux minutes aprĂšs, les visiteurs Ă©galisent d’une frappe puissante de Fernandes. Nous nous regardons Tom Krauß et moi. Tout est Ă  refaire.

Petit Ă  petit, nous grignotons du terrain et au fil du temps qui passe, nous nous montrons de plus en plus dangereux. De peu, Timo manque le cadre de peu, je rate un coup franc que je botte pourtant d’une place tout Ă  fait intĂ©ressante ou encore Marcel Sabitzer voit sa tĂȘte toucher la transversale avant d’ĂȘtre captĂ©e par le portier adverse, dĂ©cidĂ©ment en feu, Ă  l’instar de son arriĂšre garde.

La mi-temps est l’occasion de reprendre nos esprits un bref instant. Le coach donne quelques consignes et encouragements et voilĂ  que nous repartons dĂ©jĂ  sur le terrain. Je jette un coup d’Ɠil rapide sur mes coĂ©quipiers alors que nous prenons place. Tout le monde semble plus concentrĂ© et dĂ©terminĂ© que jamais.

DĂšs la reprise du jeu, nous attaquons comme des morts de faim. Avec Timo, nous multiplions les courses et les appels, mettant ainsi le feu dans la dĂ©fense de Leverkusen. Et c’est sur une de ces incursions que notre numĂ©ro 9 obtient un penalty pour un tacle maĂźtrisĂ©e Ă  l’entrĂ©e dela surface. Sans sourciller, Timo recule de quelques pas, ferme un Ɠil comme pour mieux viser et au coup de sifflet, s’élance vers le cuir. Sa frappe puissante fait mouche et vient prendre Ă  contre pied le portier adverse. De nouveau, nous menons au score. Il va falloir se motiver encore plus pour aller chercher au moins un but supplĂ©mentaire.

Le moral est au plus haut. Inlassablement, nous attaquons, mettant de plus en plus de rythme dans la rencontre. Pour autant, nos adversaires suivent le mouvement et la rencontre se rĂ©vĂšle toujours aussi emballĂ©e. C’est Ă  la 70e minute de jeu que nous parvenons enfin Ă  notre but. A la suite d’une belle incursion d’Emil Forsberg sur le cĂŽtĂ© gauche, je rĂ©cupĂšre le ballon, me dĂ©barrasse d’un dĂ©fenseur adverse avant de lancer Sabitzer dans la profondeur. L’autrichien ne tremble pas et trompe sans soucis le gardien.

Pour autant, Leverkusen ne baisse pas les bras, que du contraire. Et c’est sur une Ă©niĂšme offensive que leur buteur, Kevin Volland, vient crucifier notre portier d’une frappe lĂ©tale. Pour Ă©viter de se faire de nouveau avoir, nous fermons la boutique. Marcel Sabitzer sort pour un milieu supplĂ©mentaire, Diego Demme, tandis que je reprends sa place sur l’aile droite.

Le coup de sifflet de l’arbitre rĂ©sonne comme un soulagement. Pour la premiĂšre fois de son histoire, le RB Leipzig est en finale de la Ligue des champions.

2022-05-06T22:00:00Z

Avant dernier match de championnat. Et nous sommes toujours au coude à coude avec le Bayern pour le titre. En effet, nous sommes premier mais avec un seul petit point d’avance. Autant dire que cette fin de saison est stressante.

7mai22

La rencontre commence trÚs fort avec une possession importante dans le camp des locaux. Ces derniers peinent à exister et à supporter notre pressing. A la 11e minute, ils craquent pour la premiÚre fois. Sur un centre de Lukas Klostermann repoussé par le gardien adverse, Emil Forsberg récupÚre le cuir et se joue du portier.

Quelques minutes aprĂšs, alors que nous rĂ©cupĂ©rons le ballon au milieu du terrain, sur la premiĂšre tentative offensive de Darmstadt, Arne Maier glisse un long ballon vers l’avant. Je feinte et le laisse passer entre mes jambes car derriĂšre moi se trouve notre buteur. Timo contrĂŽle, se retourne et crucifie le portier d’une frappe puissante qui termine sa course juste sous la transversale.

Moins d’une minute plus tard, je porte le score Ă  0-3 Ă  l’issu d’un vĂ©ritable festival au coeur de la dĂ©fense locale. AprĂšs avoir dribblĂ© la moitiĂ© de leur arriĂšre garde, je me prĂ©sente devant le gardien, et une petite roulette plus tard, me retrouve totalement seul devant le but. Je n’ai plus qu’à gentiment pousser le ballon du plat du pied. Quelques minutes aprĂšs, j’alourdit de nouveau le score, mais cette fois-ci de la tĂȘte, sur un centre millimĂ©trĂ© de notre ailier suĂ©dois.

Si Ă  la demi-heure de jeu, Emil Forsberg y va de son second pion grĂące Ă  une frappe enroulĂ©e, nous encaissons peu aprĂšs un but sur le premier vrai contre de nos adversaires. C’est quand mĂȘme fou, un tir, un but. Belle rĂ©ussite. Mais ce n’est pas assez pour enrayer la machine. 4 minutes aprĂšs, j’obtiens un penalty aprĂšs une poussette dans le dos Ă  l’entrĂ©e de la surface. Je tend le ballon Ă  Timo. C’est lui le tireur officiel de l’équipe. Mais ce dernier me le repousse dans les mains.

«Met-là au fond.» me dit-il en souriant.

Je hoche la tĂȘte, prend le ballon, le pose sur le point de penalty et prend quelques pas d’élan. Au coup de sifflet de l’arbitre, je m’élance et frappe en force, plein axe. Le gardien se couche sur sa droite, trop tard pour esquisser le moindre geste.

La seconde pĂ©riode se rĂ©vĂšle plus tranquille. Avec notre avance, nous n’avons qu’à jouer la montre. Puis, il faut bien dire que nos adversaires ne profitent Ă  aucun moment du relĂąchement que nous avons.

Alors que nous venons de passer la 70e minute de jeu, je reçois le ballon de derriĂšre moi. Je feinte et le rĂ©cupĂšre un peu plus loin. Devant moi se dresse un dĂ©fenseur, le dernier. Je le feinte, petit crochet et me retrouve face au but. Sans hĂ©siter, je tire en force. La balle tournoie dans les airs avant de finir sa course dans la lucarne, le gardien toujours plantĂ© sur ses appuis. J’aimerai fĂȘter ce quatriĂšme pion de la soirĂ©e, mais je ne peux pas. Une vive douleur a Ă©clatĂ© dans ma cuisse gauche au moment oĂč j’ai frappĂ© le ballon. Sans aucune hĂ©sitation, Philipp Lahm dĂ©cide de me faire sortir.

J’ai la haine. J’ai peur. J’espùre que ce n’est pas trop grave.


2022-05-07T22:00:00Z


8-05-22


2022-05-11T22:00:00Z


Comme chaque semaine ou presque, je pousse en ce dĂ©but de soirĂ©e la porte du cabinet du Dr Patrick. Si ces derniers mois, tout allait pour le mieux dans le meilleur du monde, ce n’est plus vraiment le cas ces deux derniĂšres semaines. Tout va peut ĂȘtre bien sur le terrain, mais dans ma tĂȘte ce n’est pas ça.

«Bonjour Tom. Rentre.» me dit-il en me serrant vivement la main.

Je le suis dans son cabinet et m’installe dans le fauteuil qu’il me prĂ©sente de la main. C’est fou comme Ă  chaque fois, il rĂ©alise le mĂȘme geste alors qu’avec le temps, je sais tout Ă  fait oĂč je dois m’asseoir.

«Comment ça va aujourd’hui ?»

Je soupire.

«Pas fort.»

Et je lui explique alors que depuis qu’il m’a demandĂ© de stopper mon traitement, je ne me sens pas bien, dĂ©primĂ©, vide de tout. Je fais les choses mĂ©caniquement, et non pas par plaisir.

Nous parlons longuement. Je lui explique mes doutes, mes peurs, mes angoisses mĂȘme. Avec le temps, une relation de confiance se noue entre nous et je sais que je peux parler librement avec lui.

«Il y a tellement de pression. Je ne pensais pas Ă  tout cela quand j’ai commencĂ© Ă  jouer. Aujourd’hui, il faut rĂ©pondre Ă  des tas de demande. Le club veut des choses, les supporters aussi, les sponsors aussi. Il faut arriver Ă  contenter tout le monde et ça, c’est vraiment usant.»

Le psychiatre m’écoute religieusement, hochant la tĂȘte de temps Ă  autre et griffonnant sur son calepin. Je continue Ă  lui parler de moi et de mon rapport au sport. A la fin de la sĂ©ance, il me remet une ordonnance. « Deroxat » peut-on lire dessus. Je lui serre la main, le remercie et sort. DĂšs que je suis sur le pas de sa porte, je prends la direction de la pharmacie la plus proche. Depuis le temps, je connais le chemin. Une fois en possession de la sainte boite, je n’attend pas d’ĂȘtre chez moi, je l’ouvre en pleine rue et immĂ©diatement, gobe un cachet.


2022-05-27T22:00:00Z


Le match va bientĂŽt commencer. Nous sommes assis dans le vestiaire, Ă©coutant les paroles du coach. Enfin, je ne sais pas si quelqu’un l’écoute vraiment. Parce que tout les regards sont tournĂ©s vers le bas. La plupart de mes coĂ©quipiers me semblent livide. Il faut dire que la pression est forte. Nous sommes peut-ĂȘtre Ă  90 minutes d’inscrire notre nom Ă  jamais dans l’histoire du club et de la compĂ©tition la plus prestigieuse du monde, du moins pour les clubs.


28mai22

L’arbitre lance la rencontre. Ce sont nos adversaires qui donnent le coup d’envoi. Arsenal joue un peu Ă  domicile ce soir. Certes, nous sommes dans le stade de leur grand rival mancunien, mais au regard du nombre de supporters qui chantent leurs louanges dans les travĂ©es, cela ne gĂȘne personne.

TrĂšs rapidement, l’intensitĂ© de la rencontre grimpe d’un cran. Les deux camps tentent tant bien que mal de se frayer un chemin jusqu’à la surface adverse. A ce niveau, la moindre erreur, la moindre saute de concentration est immĂ©diatement punie par une offensive adverse. Pour autant, c’est nous qui ouvrons le score.

AprĂšs une perte de balle au milieu du terrain, Arne Maier me glisse le ballon. ImmĂ©diatement, je dĂ©cale sur Yussuf Poulsen qui transperce de part en part les londoniens avant de glisser le ballon Ă  Timo Werner. LĂ©tal, il contrĂŽle le cuir tout en se retournant avant de fusiller le portier adverse d’un tir imparable Ă  mi-hauteur. Nous sautons tous sur le buteur. C’est la folie pour nous.

La rencontre continue mais le jeu est toujours plus fermé. Il est de plus en plus difficile de sortir de la zone centrale tant le pressing est important dans un camp comme dans un autre. Pour soutenir mon milieu, je redescend un peu, jouant un rÎle de plaque tournante. Je porte peu le ballon, le distribuant presque systématiquement en une touche de balle.

Il faut attendre la seconde pĂ©riode pour que l’intensitĂ© de la rencontre monte encore d’un cran. Sous les chants de leurs supporters et les gestes du coach, Jorge Jesus, les londoniens tentent le tout pour le tout afin d’égaliser. Mais c’est tout le contraire qui se produit. A l’heure de jeu, Timo Werner cĂšde sa place Ă  mon ami, mon meilleur ami, Yorbe, Ă  cause d’une blessure.

A la 68e minute de jeu, aprĂšs avoir interceptĂ© une mauvaise transmission des anglais, je m’élance vers leur cage. AprĂšs avoir dribblĂ© un joueur, je glisse le ballon en profondeur Ă  Yorbe. Ce dernier s’élance en avant, se dĂ©barrasse d’un joueur mais se retrouve bloquĂ©. D’une talonnade puissante, il me remet le cuir. Je le vois rouler en ma direction. Je lĂšve la tĂȘte. Il y a un trou, pas trĂšs grand mais il existe entre le goal et moi. Le temps semble s’ĂȘtre arrĂȘtĂ©. Plus rien n’existe autour de moi si ce n’est cette balle qui arrive Ă  moi. Je n’hĂ©site pas et frappe de toutes mes forces dedans. AprĂšs avoir dĂ©crit une sorte de parabole, elle termine sa course en pleine lucarne, loin des mains de Bernd Leno. Je tombe Ă  genou. Une marĂ©e de coĂ©quipier me saute dessus. Mon cƓur bat la chamade.

A la reprise du jeu et fort de deux pions Ă  zĂ©ro, nous fermons la boutique. Pas question de se laisser avoir. Si les londoniens parviennent Ă  inscrire un superbe but sur coup franc Ă  la 87e, ce n’est pas suffisant. Le coup de sifflet final de l’arbitre vient mettre un terme Ă  la rencontre. Arsenal en est Ă  sa seconde finale perdue. Et nous, nous mettons la main sur un trophĂ©e convoitĂ©, le plus convoitĂ© avec la Coupe du monde.

C’est la folie sur la pelouse d’Old Trafford. La musique rĂ©sonne, nous nous prenons tous dans les bras. Philipp Lahm est portĂ© par nous tous. C’est aussi grĂące Ă  lui cette victoire aujourd’hui.

On nous amĂšne le trophĂ©e. Je suis le troisiĂšme Ă  le soulever. Quel moment ! Quel fiertĂ© ! Je pense aux gens que j’aime, aux gens qui m’aime, Ă  ceux qui ne sont plus lĂ . J’espĂšre qu’ils sont fiers de moi.

12 « J'aime »

Waouh , la LDC pour Leipzig ! bravo !

Le doublé avec la bundesliga ?

1 « J'aime »
RĂ©ponses aux lecteurs

C’est exact @jbourne. Avec 1pts d’avance sur le bayern



2022-06-06T00:00:00Z


6-6-22

2022-06-10T00:00:00Z

Que ça fait du bien d’ĂȘtre avec les Diables rouges !

C’est ce que je me dis plusieurs fois d’affilĂ©e lorsque nous montons sur le terrain de l’Allianz Stadium, magnifique arĂšne du champion italien. Lors de l’hymne national belge, l’émotion m’envahit. Dans quelques instants, ce sera la premiĂšre fois depuis un an complet que je porte ce maillot national. Autant dire que ça remonte.


10juin21

Pour autant, je ne connais le stress. DĂšs les premiers instants, j’imprime un gros rythme, Ă  l’instar de mes coĂ©quipiers afin de faire rapidement plier nos adversaires. Et peu aprĂšs le premier quart d’heure de jeu, j’ouvre le score d’une reprise de volĂ©e puissante, sur une passe d’Eden Hazard, encore une fois en feu.

A la 39e minute, c’est l’innĂ©vitable Lukaku, toujours meilleur buteur de la sĂ©lection, qui se charge de crucifier les italiens d’une frappe limpide qui cloue sur place le portier adverse. Mais les locaux n’abdiquent pas pour la cause, que du contraire.

C’est d’abord Pietro Pellegri qui rĂ©duit le score aprĂšs un gros cafouillage dans notre surface de rĂ©paration, Ă  la suite d’un corner rapidement jouĂ©. Une dizaine de minutes plus tard, il alourdit le score d’une tĂȘte bien placĂ©e. Nous voilĂ  au coude Ă  coude.

GrĂące Ă  Kevin De Bruyne, nous reprenons la main aprĂšs un beau travail de notre numĂ©ro 10. Puis, quelques minutes plus tard, je rĂ©cupĂšre le ballon du milieu de Manchester City, me dĂ©barrasse de deux adversaires avant de resservir De Bruyne, sur ma gauche. ContrĂŽle, crochet, et c’est grĂące Ă  une frappe puissante qu’il l’a met au fond.

Juste aprĂšs cela, le coach me fait sortir pour Dries Mertens. Je boude. Si je serre la main de Wesley Sonck, je m’assoie immĂ©diatement sur le banc, avec la tĂȘte des mauvais jours. Je comprends pas pourquoi il me met dehors. Je faisais un bon match pourtant. C’est juste incomprĂ©hensible.


2022-06-14T00:00:00Z


14-6-22

2022-06-15T00:00:00Z


AprĂšs une annĂ©e compliquĂ©e, marquĂ©e par les blessures, les mauvaises performances, les mauvais choix, j’éprouve un grand besoin de souffler, dĂ©connecter. Partir quoi. DĂšs la fin du rassemblement, je ne repasse mĂȘme pas par Leipzig mais part directement pour la Sicile, lĂ  oĂč il y a quelques annĂ©es, j’avais dĂ©jĂ  Ă©tĂ© me ressourcer. Une grande villa, une piscine, tout ça pour moi tout seul, loin de tout, loin de tous.

Les journées passent, je me sens bien. Pour preuve, je ne prends plus mon traitement. Je profite juste de ma solitude pour enfin vivre pour moi. Je me lÚve quand je veux, je mange ce que je veux, je fais du sport quand je veux. bref, je vis ma meilleure vie.

Pourtant, c’est avec tristesse que je pense dĂ©jĂ  Ă  mon retour en Allemagne. Est ce que j’aime vraiment ma vie ? Est ce que ça vaut vraiment la peine de faire tout ces sacrifices ? Qu’est ce qu’on en retire finalement si ce n’est de la souffrance et des privations ?


2022-06-20T00:00:00Z


20-6-22

2022-06-25T00:00:00Z


25juin22
9 « J'aime »

Bien sûr que ça vaut le coup :grin:.

1 « J'aime »


2022-06-30T22:00:00Z


1-7-22




Quelques jours aprĂšs la reprise de l’entrainement, nous recevons les anglais de Crystal Palace pour notre premiĂšre rencontre amicale de la saison, ma cinquiĂšme en Allemagne. Pour cette premiĂšre, je suis titulaire, mĂȘme si je sais que je ne disputerai pas toute la rencontre.

1juillet22

Comme nous pouvions nous y attendre, les premiers instants de ce match se font Ă  petit trot. Les jambes sont lourde et l’équipe largement remaniĂ©, cela se remarque par le manque de spontanĂ©itĂ© qui caractĂ©rises nos Ă©changes. Mais c’est lorsque nous imprimons un peu de rythme que nous faisons mal Ă  l’adversaire.

AprĂšs avoir reçu le ballon de Leander Dendoncker, je me retourne, glisse le ballon sur ma droite, le rĂ©cupĂšre avant de lancer en profondeur Werner. Sa frappe s’écrase avec un bruit sourd sur la transversale. Dommage.

Mais ce n’est que partie remise. Plusieurs minutes aprĂšs, j’intercepte une passe tĂ©lĂ©phonĂ©e des visiteurs, en dribble deux Ă  la suite, feinte le portier qui s’élance sur sa gauche tandis que je pousse du plat du pied le ballon Ă  l’opposĂ©.

Pour autant, nous conservons ce rythme tranquille, ce rythme de sĂ©nateur que nous imposons depuis le dĂ©but de la partie. Rien ne sert de courir, nous dominons facilement les dĂ©bats, mĂȘme s’il est vrai que nous pĂȘchons dans le dernier geste, en tĂ©moigne nos cinq Ă©checs consĂ©cutifs Ă  Timo et moi entre mon but et la fin de la premiĂšre partie.

Lorsque nous revenons sur le terrain pour la seconde mi-temps, je cĂšde ma place Ă  un jeune du centre de formation, un que je ne connais pas. AprĂšs avoir enfilĂ© un training, je m’installe confortablement sur le banc pour suivre la suite de la rencontre, Ă  l’instar de sept coĂ©quipiers Ă  avoir commencĂ© le match.

Mais la seconde mi-temps se rĂ©vĂšle du mĂȘme acabit que la premiĂšre. Si Timo inscrit assez rapidement un second but, de la tĂȘte, sa sortie coĂŻncide avec la fin de nos vellĂ©itĂ©s offensives. Qu’importe, l’objectif n’est pas lĂ .


2022-07-03T22:00:00Z


4-7-22


2022-07-13T22:00:00Z


AprĂšs avoir assistĂ© aux deux prĂ©cĂ©dents amicaux depuis les tribunes Ă  cause de ma gĂȘne au mollet gauche, je retrouve enfin les terrains en ce 14 juillet, pour une rencontre de gala face Ă  l’Atletico Madrid de Jorge Jesus, arrivĂ© cet Ă©tĂ© Ă  la suite de sa finale perdue avec Arsenal.

14juillet22

Il y a plus de joueurs de l’équipe A sur la pelouse, et nous avons tous dĂ©jĂ  plus de rythme. Cela se voit Ă  l’intensitĂ© que nous mettons dĂšs les premiers instants de cette rencontre.

Le combat est acharnĂ© et Ăąpre pour monopoliser le ballon, il nous est difficile de dĂ©passer la zone centrale et c’est la mĂȘme chose pour les espagnols tant nous fermons tout espace. Pour aider mon milieu, je redescend afin de faire basculer le jeu d’un cĂŽtĂ© Ă  l’autre. Le long de la touche, Philipp Lahm gesticule. Il veut nous voir Ă©voluer plus haut, mettre vĂ©ritablement le pied sur le ballon.

C’est Ă  la 11e minute que nous ouvrons le score par l’intermĂ©diaire d’Emil Forsberg qui se joue de son vis-Ă -vis pour repiquer dans l’axe, me glisser le ballon que je lui remet en une touche pour qu’il crucifie le portier adverse d’une frappe puissante mais bien placĂ©e.

DĂšs les premiers instants, de la seconde pĂ©riode, nous remettons cela, sur le mĂȘme schĂ©ma ou presque. Forsberg repique, dribble un premier joueur, feinte le second en me glissant le ballon. Mais cette fois-ci, j’oriente vers Yorbe Vertessen devant moi qui se charge de remettre le cuir au suĂ©dois pour la conclusion de cette belle action collective qui mystifie l’arriĂšre garde madrilĂšne.

Nous continuons Ă  mettre la pression sur la surface adverse en Ă©voluant un cran plus haut comme l’a demandĂ© le coach. Pour autant, nos adversaires rĂ©sistent plus que bien mais ne se montrent dangereux devant. Et c’est Ă  quelques instants de la fin du match que je porte le score Ă  trois buts Ă  zĂ©ro grĂące Ă  une tĂȘte plongeante sur un centre tendue de Lukas Klostermann venant de la droite.


2022-07-16T22:00:00Z


Quelques jours aprĂšs l’Atletico, c’est un autre grand d’Espagne que nous rencontrons, le FC Barcelona du vieillissant Messi. Mais c’est sur le banc que je dĂ©bute la rencontre, supplĂ©Ă© par Hannes Wolf.

17juillet22

Je dois bien avouer que la premiĂšre pĂ©riode est loin des attentes que l’on peut avoir d’un match entre le champion allemand et le second de Liga. Le jeu est hachĂ©, peu enthousiasmant, pauvre techniquement, bref, une belle purge. Depuis le banc, j’assiste aux cent pas du coach, qui donne sans cesse des consignes pour que mes coĂ©quipiers se bougent un peu plus, sans succĂšs.

AprÚs une bonne soufflante dans le vestiaire lors de la mi-temps, nous reprenons le jeu avec un changement, la sortie de Wolf pour moi. Je suis déterminé à montrer que je suis bien en jambe.

DÚs le début, nous mettons plus de rythme, et cela transforme la physionomie du match. Les catalans reculent, plient mais ne rompent pas malgré plusieurs situations chaudes comme un gros cafouillage dans leur surface, consécutive à un corner joué rapidement ou encore une de mes frappes repoussés par le gardien, que Timo Werner ne parvient pas à mettre au fond.

C’est Ă  la 77e minute qu’un filet tremble pour la premiĂšre fois. AprĂšs un petit numĂ©ro au milieu de l’arriĂšre garde espagnole, je sers Tom Krauß d’une talonnade bien sentie et me jette sur ma droite. Je fais bien car le milieu allemand ne contrĂŽle mĂȘme pas et frappe en force du pied gauche. La balle dĂ©crit une belle parabole avant de finir sa course sous la transversale du goal adverse.

Si ce pion redonne du courage aux locaux qui essayent de nouveau de se montrer plus dangereux, ils ne parviennent Ă  aucun moment Ă  revenir au score.


2022-07-20T22:00:00Z


21-7-22

2022-07-23T22:00:00Z


Nous sommes Ă  quelques instants de monter sur la pelouse pour disputer la seconde DFL-Supercup de notre histoire, aprĂšs celle perdue face Ă  Leverkusen il y a maintenant deux ans. MĂȘme si les dirigeants ne nous mettent pas la pression, nous voulons gagner, nous vous l’emporter aujourd’hui. Ce serait une belle maniĂšre de lancer notre saison.

24juillet22

MalgrĂ© nos bonnes intentions, tout commence mal, trĂšs mal. DĂšs la 5e minute de jeu, nous encaissons un but largement Ă©vitable selon moi, sur une percĂ©e de l’ailier allemand, Leroy SanĂ©. Philipp Lahm est furieux. Je le vois tempĂȘter le long de la ligne de touche.

Pour autant, nous ne nous dĂ©courageons pas et commençons Ă  mettre le pied sur le ballon. Étonnement, les locaux, bien soutenu par leur public, nous laisse faire. Ils se replient et forment un bloc bien compact.

Mais cela ne nous pose pas de soucis. AprĂšs un bon travail de notre milieu de terrain, je rĂ©cupĂšre le cuir, alors dos au but. Il y a quelqu’un derriĂšre moi, je sens sa prĂ©sence. Je temporise l’espace d’un instant avant de me jouer de lui et de le laisser littĂ©ralement sur le cul. Je lĂšve la tĂȘte. Timo est isolĂ© entre les deux centraux, juste devant moi. Il y a un peu d’espace. Je n’hĂ©site pas une seconde et le lance en profondeur d’une passe Ă  ras de terre. L’attaquant allemand se retourne tranquillement et crucifie le portier adverse.

Quelques minutes plus tard, c’est un penalty qu’il obtient aprĂšs une nouvelle percĂ©e qui met le feu dans la dĂ©fense bavaroise. Et sans trembler, Timo le transforme pour notre plus grand plaisir. 2-1, nous reprenons la main.

AprĂšs la pause, c’est Ă  nous donner le coup d’envoi. Je reçois le ballon de Timo. Seul, j’en profite pour avancer. Mais je ne vois pas Leon Goretzka qui me fonce dessus. Son tacle me fait tomber au sol. J’ai les larmes aux yeux. Une douleur vive s’est faite sentir au niveau de ma cheville. Je vois le staff mĂ©dical galoper Ă  moi. Je jette un coup d’Ɠil et voit du sang perler Ă  travers ma chaussette.
Et merde me dis-je.

Je ne veux pas, mais je n’ai pas le choix : je dois cĂ©der ma place Ă  un coĂ©quipier. C’est Elias Abouchabaka qui me remplace. Tout en clopinant pour sortir, je lui tape dans les mains. Puis, aprĂšs un rapide coup d’Ɠil du mĂ©decin, on m’embarque. La plaie nĂ©cessite des points. La galĂšre.

Je ne verrai pas la fin du match. Je ne verrai pas ce mĂȘme Goretzka, seulement averti, Ă©galiser dans les arrĂȘts de jeu. Et je ne verrai pas Arne Maier rater son penalty. Tout est Ă  refaire.


2022-07-27T22:00:00Z


28-7-22


On annonçait le dĂ©but d’un nouveau cycle Ă  Leipzig. Le dĂ©part de Tyler Adams aprĂšs des prĂȘts peu concluants, celui de Bruma qui Ă©tait dĂ©jĂ  au club Ă  mon arrivĂ©e, allaient dans ce sens. Mais je ne m’attendais pas du tout Ă  ce que Willi Orban, mon capitaine, notre capitaine quitte le navire. Cette nouvelle me laisse pantois.

Avec Yorbe, nous discutons de cela le soir mĂȘme, autour d’une biĂšre.

«Vraiment, je comprends pas pourquoi il part. Surtout qu’il n’avait rien dit.»

Yorbe boit une gorgée puis me dit.

«Disons que je le savais dĂ©jĂ  plus ou moins. Je m’en doutais quoi. Rappelle toi, plusieurs fois la saison passĂ©e, il a dit qu’il aimerait voir autre chose lorsqu’il serait allĂ© au bout ici.»

«Ça me fait bizarre. Il Ă©tait dĂ©jĂ  capitaine quand je suis arrivĂ© en 2018. Je jouais encore avec les U19 Ă  ce moment-lĂ .»

Yorbe se tourne alors vers moi.

«Tu penses rester ici jusqu’à la fin ? »

«Je sais pas. Je n’y ai pas vraiment rĂ©flĂ©chi.» lui dis-je. «J’ai pensĂ© Ă  plein de plan de carriĂšre mais la vĂ©ritĂ© c’est que j’en sais foutrement rien. Tout ce que je peux dire c’est que pour l’instant, je suis bien, parce que vous ĂȘtes lĂ , Tom et toi.»

«Pour lui je ne sais pas. Mais pour moi, je ne vais pas rester indĂ©finiment ici. J’ai envie de grandeur, de club de lĂ©gende. Faut ĂȘtre honnĂȘte, c’est pas le cas de Leipzig. SI j’ai une offre d’un club historique comme le Real ou Liverpool, je crois que je dis oui sans hĂ©siter.»

Je reste silencieux. Je n’ai jamais pensĂ© au fait qu’un jour, nous pourrions prendre des chemins diffĂ©rents, Tom Krauß, Yorbe et moi. Nous n’avons pas toujours Ă©tĂ© ensemble, au final, notre amitiĂ© est mĂȘme relativement jeune. Mais les liens que nous avons tissĂ© sont si spĂ©ciaux pour moi.

Tout ça me laisse dans un Ă©tat de mal-ĂȘtre. Mais comme toujours, je ne dis rien. Je termine ma biĂšre, et rentre dans ma chambre. Mon lit m’accueille ainsi tout habillĂ©, pour une de ces nuits oĂč le sommeil te fuit, oĂč tes pensĂ©es sont plus prĂ©sentes, plus oppressantes que jamais.

8 « J'aime »

2022-08-09T22:00:00Z


AprĂšs notre dĂ©faite face au Bayern, nous disputons notre premier match de Bundesliga, rencontre auquel je ne participe pas Ă  cause de mon entaille, avant de devoir affronter Tottenham dans le cadre de la Supercoupe d’Europe. C’est sur le banc que je dĂ©marre la rencontre, une fois de plus remplacĂ© par Hannes Wolf.


10aout22


DĂšs les premiers instants, le rythme imposĂ© par mes coĂ©quipiers met Ă  mal l’arriĂšre garde londonienne qui ploie gentiment sous les offensives qui se multiplient Ă  vitesse grand V. Ça dĂ©boule sur la droite par une percĂ©e de Poulsen, ça percute plein axe par Wolf, ou encore ça tricote au milieu d’une dĂ©fense aux abois grĂące aux combinaisons entre Forsberg et Werner.

C’est notre ailier danois qui va ouvrir le score Ă  la suite d’un long run presque en solitaire, avec juste l’appui de Timo pour une dĂ©viation magnifique qui permet Ă  Yussuf Poulsen de fusiller le portier adverse. Comme un seul homme, tout le banc se lĂšve. Nous applaudissons les nĂŽtres qui sont sur le prĂ©.

Si le rythme se calme aprĂšs ce premier but, tout repart rapidement dĂšs le dĂ©but de la seconde pĂ©riode oĂč il ne faut que quelques minutes Ă  Poulsen pour doubler la marque d’une tĂȘte plongeante sur corner. Un trĂšs beau geste assurĂ©ment. Mais qui a des consĂ©quences. Car sur son plongeon, il se blesse.

Philipp Lahm m’envoie le remplacer. Il me souffle quelques consignes Ă  l’oreille que me voilĂ  dĂ©jĂ  sur la pelouse. Je reprends ma place prĂ©fĂ©rentielle derriĂšre Werner tandis que mon supplĂ©ant se positionne sur le cĂŽtĂ© droit. Puis, le jeu reprend. Nous maintenons l’intensitĂ© afin de nous mettre Ă  l’abri. TrĂšs rapidement, sur mon troisiĂšme ou quatriĂšme ballon touchĂ©, je tente une frappe, Ă©tant en bonne position. Mais celle-ci est dĂ©viĂ©e par le genou d’un des dĂ©fenseurs anglais. La poisse.

Quelques minutes aprĂšs, je recupĂšre le cuir venant de ma gauche. J’évite la charge d’un adversaire, dribble un second avant de servir Timo dans l’espace. L’attaquant allemand, s’élance, contrĂŽle en pleine course de la pointe du pied avant de tirer en force. L’instant d’aprĂšs, le gardien est au sol et contemple le ballon au fond de son goal, impuissant.

Avec trois pions d’avance, nous pouvons voir venir. Nous contrĂŽlons le jeu. Cela ne nous empĂȘche pas d’inscrire un quatriĂšme Ă  la 81e minute de jeu, sur phase arrĂȘtĂ© grĂące Ă  une belle reprise de volĂ©e de Werner, avant que le meneur de jeu danois de Tottenham, Christian Eriksen ne sauve l’honneur quelques minutes plus tard, d’une frappe flottante qui finit sa course juste sous la transversale.

Qu’importe. Au terme de la rencontre, c’est bien nous qui soulevons le trophĂ©e, le premier de la saison, et pas le dernier j’espĂšre !


2022-08-12T22:00:00Z


A la fin du mois de juillet, Sara Veldwijk a emmĂ©nagĂ© Ă  Leipzig. Mais avec tout ce qu’elle devait faire, nous n’avons pas eu l’occasion de nous voir plus que quelques minutes. Mais aujourd’hui, c’est diffĂ©rent. j’ai invitĂ© la jeune femme Ă  venir souper avec moi dans un nouveau restaurant concept prĂšs de chez moi. Pour mon plus grand plaisir, elle a dit oui.

Etant le premier arrivĂ©, je descends les escaliers, attendre au niveau du bar du restaurant. Moins de deux minutes plus tard, Sara son entrĂ©e. Elle est belle Ă  couper le souffle. Je me sens bĂȘte d’ĂȘtre plantĂ© lĂ  sans savoir quoi faire ou dire.

La jeune femme s’approche de moi, et comme dans un rĂȘve, je sens ses lĂšvres entrer doucement en contact avec ma joue. Conduit par le maĂźtre d’hĂŽtel, nous nous installons dans une petite alcĂŽve tranquille, qui nous isole plutĂŽt bien du reste du restaurant.

Le repas se passe comme dans un rĂȘve, du moins pour moi. Je suis sur un petit nuage, tout me semble irrĂ©el. Pour tout dire, j’ai l’impression d’entre enveloppĂ© d’un doux coton qui aussi agrĂ©able qu’il soit, m’empĂȘche de me mouvoir comme je le souhaite, de rĂ©flĂ©chir correctement.

Du coup, j’écoute. J’écoute la jeune femme me parler de sa satisfaction d’ĂȘtre ici, de son enthousiasme de dĂ©couvrir un autre pays, une autre culture que la notre, je suis lĂ , j’hoche la tĂȘte, je bois ses paroles.

«Et toi ? Comment ça se passe ? Tu continues d’aller voir le mĂ©decin ?»

«Ça va. Oui, j’y vais toujours. J’ai un traitement. »

Sara attrape ma main qui Ă©tait sur la table et la serre doucement.

«Je sais que ce n’est pas ce qu’il y a de plus Ă©vident Ă  vaincre mais je suis lĂ .»

Je vais dire quelque chose. Enfin, je voudrai quelque chose. Quoi ? Je ne sais pas. Bon sang, j’aurai pas du prendre ces Deroxat supplĂ©mentaires, ça me met vraiment dans le gaz.

L’arrivĂ©e du serveur avec nos desserts casse ce moment entre nous. Nous mangeons dans un relatif silence. Seul le bruit des cuillĂšres sur les assiettes et quelques commentaires de Sara ne brisent le silence.

AprĂšs ce bon repas, je ramĂšne la jeune femme chez elle en voiture. Sur le trajet, nous parlons un peu plus. ArrivĂ© devant son immeuble, je sors rapidement pour lui ouvrir la portiĂšre, ce qu’il la fait rire. Nous nous retrouvons tout deux devant la grande porte vitrĂ©e. Un silence un peu gĂȘnant s’installe. Mon esprit ne dĂ©sire qu’une chose : qu’elle me propose de monter chez elle. Rien que pour prolonger ce moment de bonheur que je vis.

Mais je ne sais ce que la jeune femme veut. Et aprĂšs quelques instants, elle finit par me dire :

«Bon ben je vais y aller. Merci pour le repas, c’était succulent.»

Une nouvelle fois, je sens ses lÚvres douces se poser sur ma joue puis tel un ange, Sara disparaßt prestement tandis que je reste planté là comme un con.


2022-08-16T22:00:00Z


Sept jours aprĂšs notre victoire en Supercoupe d’Europe, je retrouve les terrains Ă  l’occasion du second match de Bundesliga de la saison, un dĂ©placement Ă  Frankfurt. Et enfin, je suis titulaire.

17aout22

Les locaux ne peuvent que constater notre supĂ©rioritĂ©. DĂšs la troisiĂšme minute, j’envoie une mine, difficilement repoussĂ© par le portier adverse. Timo Werner rĂ©cupĂšre le ballon et d’une talonnade, sert Emil Forsberg qui crucifie le gardien d’une frappe puissante.

Le moral est bas de l’autre cĂŽtĂ© du terrain. Nous en profitons pour nous installer dans leur camp et faire tourner encore et encore le cuir afin d’attendre l’ouverture. Si Werner rate deux fois de suite l’occasion d’aggraver le score, c’est Yussuf Poulsen, juste avant la demi-heure de jeu, qui de la tĂȘte vient alourdir la marque. Et dix minutes aprĂšs, il y va de son second pion aprĂšs une grosse sĂ©quence de possession de plusieurs minutes consĂ©cutives.

A la pause, nos adversaires n’ont toujours pas tirĂ© une seule fois au but, pas mĂȘme une frappe non cadrĂ©e. Avec nos 70% de possession, notre maĂźtrise de la rencontre est totale.

DĂšs le dĂ©but de la seconde mi-temps, je m’empare du ballon, dribble deux joueurs avant de servir en profondeur Poulsen qui dĂ©visse sa frappe. Mais ce n’est que partie remise. Car quelques minutes aprĂšs seulement, le danois inscrit son troisiĂšme but d’une reprise de volĂ©e bien sentie, sur un centre en retrait de Forsberg.

Et c’est Ă  l’heure de jeu que nous inscrivons notre 5e et dernier but. AprĂšs avoir rĂ©ceptionnĂ© une longue passe de Leander Dendoncker, je me retourne, Ă©limine un premier joueur d’un petit pont, un second d’une roulette qui dĂ©clenche des applaudissements du public avant de servir Timo Werner, juste devant moi. L’allemand laisse filer le ballon, contrĂŽle du bout du pied gauche avant de frapper en force du droit. Le portier local est battu. La manita est pour nous.

Face Ă  l’absence de vellĂ©itĂ©s offensives de nos adversaires, nous ralentissons le rythme et jusqu’au coup de sifflet final, il ne se passera plus grand chose. C’est vrai que ce n’est pas ce qu’il y a de plus sympa pour les gens dans les tribunes ou devant leur TV, mais ce n’est pas nĂ©cessaire de se blesser. Mieux vaut assurer le coup.


2022-08-26T22:00:00Z

Dernier match avant le rassemblement international. Pour mon plus grand bonheur, je serai de la partie, à l’instar de Zinho Vanheusden et de Leander Dendoncker. Dommage que Yorbe n’en sera pas. C’est ce qui m’emmerde le plus.


27out22

AprĂšs quelques minutes de flottement, nous mettons enfin du mouvement et du rythme. Et aprĂšs deux ou trois essais infructueux, nous ouvrons le score sur corner, grĂące Ă  une tĂȘte de Timo Werner qui touche la transversale avant de rentrer dans le but. Mais contrairement Ă  Frankfurt, Hamburg ne se laisse pas faire. Et moins de deux minutes plus tard, nos adversaires Ă©galisent sur un contre assassin. Tout est Ă  refaire.

MotivĂ© par le fait d’ĂȘtre revenu au score, les visiteurs se montrent plus solide et difficile Ă  bouger. Jusqu’à la fin de la premiĂšre mi-temps, nous n’arrivons pas Ă  les mettre en difficultĂ©.

Mais nos adversaires d’un soir ne parviennent Ă  maintenir ce niveau de performance. Et progressivement, au fil des minutes qui dĂ©filent, les petites erreurs s’enchaĂźnent. Et Ă  l’heure de jeu, nous reprenons enfin la main. Sur un centre en retrait d’Abouchabaka, venant de remplacer Forsberg, je frappe le cuir d’une puissance reprise de volĂ©e en Ă©quilibre prĂ©caire. Le ballon fuse et termine sa course en pleine lucarne.

Une dizaine de minutes plus tard, aprĂšs avoir interceptĂ© une mauvaise passe juste Ă  l’entrĂ©e de la surface des visiteurs, je glisse le ballon Ă  mon ami, Tom Krauß, juste derriĂšre moi. L’allemand contrĂŽle, feinte et tire en force. But. Nous lui sautons dessus pour le fĂ©liciter. Puis, je prends la direction du banc. Le coach a dĂ©cidĂ© de me faire sortir. Je tape dans les mains de Yorbe qui prend ma place, boit une longue rasade d’eau avant de me poser sur le banc au milieu de mes coĂ©quipiers pour assister Ă  la fin de la rencontre.

5 « J'aime »