:storyblue: :s5: 🇧🇪 Tom Van Aert - Der Weg der Herrlichkeit :germany:

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Der Weg der Herrlichkeit


« Il suffit parfois d’une minuscule secousse pour qu’un destin soit totalement bouleversé. »

C’est exactement le genre de phrase qui me vient en tête alors que je contemple les plaines allemandes à travers un hublot de l’avion. II y a seulement deux semaines, j’avais probablement foutu en l’air mon rêve de devenir un jour professionnel et aujourd’hui, me voilà en route pour rejoindre mes nouveaux coéquipiers, au sein d’un club qui croit en mes capacités. Mais revenons au commencement de tout ceci.

Je m’appelle Tom Van Aert, je suis né à Liège, un 9 février 2002, un cadeau pour le premier anniversaire de mariage de mes parents. Très jeune, j’étais attiré par le ballon rond. Entre mon père qui était un ultra du Standard de Liège et mon frère ainé Frank, qui jouait au club du quartier, j’étais bien entouré pour moi aussi attraper le virus. C’est à cinq ans que j’ai tout naturellement intégré les poussins du club du coin. Chaque match était un moment magique pour moi. J’en parlais chaque jour, j’en rêvais chaque nuit, n’attendant qu’une chose, pouvoir fouler le terrain encore et encore. Et j’étais exigeant avec moi. Si je ne marquais pas au moins un but, j’étais en colère, frustré, et je pouvais le ressasser pendant plusieurs jours.

Le décès de mon père en 2014 a bouleversé ma progression linéaire. Quelques semaines avant cette perte soudaine, je venais d’intégrer l’académie du Standard de Liège, une fierté pour la famille et surtout pour mon géniteur. À la suite de ce bouleversement, j’ai été beaucoup moins régulier dans mes performances. Entre le niveau considérablement plus élevé, et mon manque de travail, ce n’était pas la joie. Trop souvent à mon goût, je me retrouvais au mieux sur le banc, à rentrer dans le dernier quart d’heure au mieux. Quand j’étais sur le terrain, je donnais tout, courant, pressant, mais ce n’était pas suffisant pour convaincre mon coach de me faire jouer plus souvent.

Lors de la saison 2017-2018, alors que la fin de la saison régulière approchait, j’ai eu le privilège avec quelques coéquipiers d’intégrer l’équipe première pour faire le nombre lors des entrainements, à cause de nombreuses blessures. Mais rien ne se passa comme prévu. Lors d’un entrainement, la tension monta entre Luis Pedro Cavanda et moi, à cause d’un excès d’engagement de ma part. Exclu du terrain, j’exprimais ma frustration en donnant un coup de poing dans le mur. Mauvaise idée. Quand j’entendis le craquement sonore, je comprenis que quelque chose ne va pas. Résultat, fracture du poignet, 6 semaines d’arrêt et un beau sermon d’Ingrid Vanherle, responsable de la formation.

Par la suite, les événements enchaînèrent. Par une belle soirée de mai, je parti faire la fête, passant de bar en bar, tout au long de la nuit, évidemment sans l’accord de ma mère qui décida de prévenir la police. Vers 3h du matin, je suis interpellé devant tout le monde et l’esprit bien embrumé par l’alcool, je refusai d’obtempérer et je me rebelle, repoussant violemment un des agents, ce qui me vallu un petit séjour en cellule.

Ma saison cauchemardesque prit fin sur une bagarre avec un de mes coéquipiers à la fin d’un match encore passé sur le banc. Nous avions mal joué, vraiment mal, cette après-midi-là. Des recruteurs de plusieurs grands clubs étaient venu nous observer et le spectacle proposé avait juste été affligeant, entre enchainements de mauvaises passes, de centres ratés et de tirs aux pigeons. À la fin de la rencontre, alors que tout le monde revenait vers le banc pour prendre une bonne soufflante du coach, Anthony m’avait lancé son maillot en me lâchant une pique et je ne l’avais pas supporté. Je m’étais levé d’un bon et je l’avais cogné de toutes mes forces, sous le regard médusé des gens encore présent au bord du terrain. Rapidement séparés, nous avions tout deux aller nous faire recoudre à l’hôpital.

Las de mes frasques, le club décida de me faire partir. J’en fus informé par un de mes éducateurs du centre de formation. À ce moment-là, j’étais désemparé. Je pensais avoir foutu en l’air mon rêve de passer pro.

Juillet se passa tranquillement. J’avais un peu tout laissé tomber, bien que mon frère s’étant autoproclamé agent, me cherchait une porte de sortie. Mon quotidien se limitait à sortie, skate et bières.

Début août, alors que je rentrais d’une petite virée à Amsterdam, j’ai eu la surprise de voir une berline allemande flambant neuve garée dans l’allée de la maison. Dans la cuisine, deux hommes étaient attablés en face de Frank et de ma mère. En me voyant, cette dernière se lève d’un coup et me prend dans ses bras.

« Oh mon chéri c’est merveilleux. Je suis si contente pour toi ! ».

Avant que je n’aie pu dire la moindre chose, les deux hommes, costumes noirs, l’air sérieux, s’étaient levé et étaient en face de moi, mains tendus.

« Frieder Schrof, Ralf Rangnick. Nous représentons le RB Leipzig. Nous aimerions beaucoup vous voir intégrer notre club. ».

« c’est un club assez récent mais les infrastructures sont tops. » dit alors Frank, toujours attablé. « Puis, tu sais qui est le nouveau coach ? Philipp Lahm. C’est un putain d’ancien grand joueur ! ».

Je me suis assis, un peu sous le choc. Jusque-là, je pensais avoir gâché ma chance d’un jour devenir pro et là, c’est un club jouant l’Europe qui vient me chercher. Un vrai bonheur.

« Je veux venir à Leipzig. » dit je d’un coup.

Et c’est comme ça que je m’envolais au côté de mon frère pour venir m’installer en Allemagne. Depuis notre entrevue, tout était passé très vite. Le club nous avait trouvé un logement et organisé le transport de nos affaires. Ma mère préférait rester sur Liège, Frank aurait la responsabilité d’avoir ma garde.

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Tandis que l’avion amorce sa descente, je souris bêtement. Je sais qu’aujourd’hui, je suis à un tourment de ma carrière. À moi de tout faire pour ne pas tout gâcher.


22aout18

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Tu as bien fait de quitter Liège :sac:

Blague à part, très bon début je suivrai ça :slight_smile:

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2018-08-22T22:00:00Z

23aout18


2018-08-23T22:00:00Z

Après l’officialisation de mon arrivée, le club m’a laissé deux jours afin que je m’installe et que je prenne mes marques dans un environnement si différent de ce que j’avais connu jusque-là. Ralf Rangnick ne nous avait pas menti lorsqu’il avait dit que le club ferait tout pour nous faciliter la tâche. Ils m’avaient trouvé un superbe appartement dans un quartier tranquille, à quelques centaines de mètre du centre d’entrainement, un vrai bonheur.

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Le 24 août, c’est le grand jour. Pour la première fois, je prends la direction du Leipziger Cottaweg. Je sens un peu de stress monter en moi, mais rien d’anormal. Lorsque j’arrive, je reste à l’arrêt quelques instants. Le bâtiment est moderne et chaleureux. Des photos des matchs ornent les murs, ainsi que divers maillots mis sous cadre.
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Un membre du staff s’approche de moi et me fait visiter le centre. Il me montre les salles des kinés, la salle de musculation, la salle de briefing, les terrains intérieurs et enfin le vestiaire. Celui-ci est vide quand je rentre. Une tenue sous plastique m’attend sur la partie du banc qui m’est dévolu.
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Je me change rapidement et je rejoins mon guide à l’extérieur. Celui-ci m’entraine rapidement vers une partie plus austère du bâtiment. Nous arrivons devant une porte, il frappe trois fois puis s’en va. J’entends du bruit à travers le panneau de bois. Sur le dessus, une étiquette flambant neuve trône. Philipp Lahm - coach peut-on lire. D’un coup, la porte s’ouvre et je suis nez à nez avec l’ancien international allemand, tout sourire.

Nous entrons dans la pièce et nous installons de part et d’autre du bureau dans un silence que je trouve apaisant.

« Alors c’est toi Tom » dit-il dans un anglais teinté d’un petit accent germanique. « J’ai beaucoup entendu parler de toi. » « Sais-tu qui t’a recommandé ? »

Je fais un petit non de la tête. Je suis bien trop impressionné d’être installé en face d’une des légendes de la Mannschaft que j’ai tant regardé durant mon enfance et le début de mon adolescence.

« Daniel Van Buyten. Tu sais que je le connais bien. Nous avons joué une paire d’année ensemble. »

Puis, il attrape une farde posée devant lui, l’ouvre et parcourt des yeux la première feuille.

« Je vois que tu es complètement en méforme physique. Les médecins te trouvent trop gros. Il va falloir sacrément bosser. »

« C’est vrai que je suis pas dans un état optimal » dis-je alors.

Philipp Lahm pose les documents, me regarde quelques instants puis dit :

« Nous t’avons concocté un programme de remise en forme express. Je compte sur toi pour le suivre à la lettre. En parallèle, tu participeras aux entrainements avec les A. »

Il doit voir mon air niais que je fais à cette nouvelle car il enchaine immédiatement.

« Mais n’espère pas disputer de rencontre avec eux pour l’instant. Tu es encore trop jeune pour les règlements. En attendant, tu joueras avec les U19. Je compte sur toi pour avoir un comportement exemplaire. »

« Oui coach »

Lahm se lève alors et va ouvrir la porte.

« File maintenant, tu vas être en retard pour ta première séance. »

Je me lève et sort rapidement du bureau, le sourire aux lèvres. La vie est belle.


2018-08-30T22:00:00Z

Comme chaque soir depuis une semaine, je m’écroule littéralement dans le canapé, sitôt rentré chez moi. Je suis épuisé, et le mot est faible. Depuis sept jours, j’enchaîne les séances de remises en forme pour me mettre en condition le plus rapidement possible. Je découvre un monde complètement différent. Tout va plus vite ici, tout est plus difficile, exigeant. Et personne ne me fait de cadeau.

Ce matin, je dispute mon premier entrainement collectif avec l’équipe première, dédié à des exercices techniques, sous la houlette de l’adjoint du coach, le légendaire Marco Van Basten. Après une série d’échauffements, nous nous séparons en deux groupes pour le parcours où nous devons nous faire différentes passes à divers endroits. C’est assez compliqué à comprendre, surtout avec mes bases d’anglais.
Je sens une main sur mon épaule. Je me retourne. C’est Amadou Haidara, un joueur arrivé cet été qui se tient derrière moi.

«Ca va aller, te tracasse pas. Suis le mouvement et tout ira bien.»

J’acquiesce en silence. Je ne le connais pas vraiment, comme à peu près l’ensemble de l’équipe. Avec le programme de remise en forme, je ne fréquente pas beaucoup les autres. Jusqu’à présent, j’en ai croisé quelques uns mais jamais longtemps.

Nous commençons l’exercice. Ça va vite, très vite, rapidement trop vite pour moi. J’ai du mal à suivre le mouvement, je commence à accumuler les mauvais contrôle et perte de balles. Au bout d’une dizaine de minutes, je n’en peux plus. Chaque touche de balle est un massacre. Je n’attends qu’une chose, que ça s’arrête.
Quelques minutes plus tard, mon vœu est entendu. Un coup de sifflet retenti et tout le monde forme un cercle autour des membres du staff présent. Van Basten prend la parole et se met en colère. Il parle vite, avec un accent à couper au couteau. Je ne comprends pas grand chose. Soudain tout s’arrête. Les autres me regardent, en silence. Je ne sais pas ce qu’ils me veulent, je n’ai même pas compris ce qui a été dit.
Après quelques secondes d’un silence pesant, je dis d’une voix tremblante :

«I do not understand.»

Haidara se tourne vers moi et me répond que ce qui a été dit, c’est que ce que nous faisons est mauvais, et que je dois particulièrement m’appliquer. Je fais oui de la tête. Alors que le cercle se défait pour reprendre l’exercice, un des préparateurs s’approche de moi.

«Accroche toi petit. Concentre toi et ça va aller.»

Je rejoins ma file et nous reprenons l’exercice. Le reste de la séance est une torture. Si je me débrouille mieux pour les exercices, je dois me concentrer comme jamais pour comprendre ce que je dois faire et pour être assez concentré. J’évolue à un niveau que je n’ai jamais connu, et c’est bien ça le plus difficile.

A la fin de la séance, après m’être douché et changé, je décide de ne pas faire de vieux os ici et de rentrer directement. Je dois encore préparer mes affaires pour la rentrée à l’école. Dans le couloir, un membre du staff, reconnaissable à son polo rouge frappé de l’emblème du club, m’attrape le bras.

«Tom ? Je suis Alexander Blessin, le coach des U19.» dit-il dans un français hésitant

«Oui ?»

«Demain, il y a match de championnat. Je sais que tu n’es pas en super condition, mais il y a beaucoup d’absents. Sois ici à 09h00.»

Je reste interdit quelques secondes alors que je le vois s’éloigner. Tout s’est passé trop vite. Quoi ? Demain je vais peut-être jouer ?
Sur le chemin du retour, je ne peux que penser Ă  cela. MĂŞme hors-forme, je pourrai avoir ma chance. Faut que je montre ce que je vaux.

Comme à chaque fin de journée, je m’écroule dans le canapé. Ce soir, je suis seul. Frank est retourné en Belgique pour son travail. Même s’il peut bosser d’ici, il doit quand même retourner de temps en temps pour diverses choses. D’où je suis, je contemple les meubles vides. Tout est trop impersonnel. Une vague de solitude m’envahit. Je prends mon téléphone et après avoir griffonné sur une feuille quelques phrases d’allemand traduite sur internet, je commande une pizza. Rien de tel qu’un peu de gras pour soigner sa déprime.

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Ouah t’as pas chaumé dis donc ! C’est très bien écrit et c’est prenant

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2018-08-31T22:00:00Z

Une sonnerie stridente me fait ouvrir les yeux. Je me sens fatigué, patraque, je reste quelques allongés sur le ventre. Mon corps tout entier est douloureux, et mon ventre, c’est pire que tout. Tout en sortant doucement des brumes du sommeil, je comprends que c’est sur le parquet que je suis allongé.

«Qu’est ce que j’ai encore foutu ?»

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Tout en m’asseyant, je regarde autour de moi. Des pizzas à moitié mangées traînent au sol, avec quelques canettes de Sprite. Les connexions commencent à se faire dans ma tête. La veille au soir, j’étais seul et triste. J’avais alors commandé à manger encore et encore pour me sentir mieux. Quelle idée à la con. J’ai rendez-vous dans une heure à l’académie, mon ventre me fait mal et j’ai l’esprit encore embrumé.
L’heure qui suit, je range tout le bazar que j’ai fait dans le salon. puis, une douche plus tard, je prends la direction du centre d’entrainement. Mon ventre me fait toujours souffrir. Foutu pizza.
Arrivé au centre, je retrouve déjà l’équipe au complet, je suis le dernier. Pourtant, je suis à l’heure. Je suis vraiment dans un autre monde qu’en Belgique. Nous commençons par un briefing, en allemand, ce qui fait que je ne comprends rien. Heureusement, le coach me garde quelques instants après pour m’expliquer ce qu’il a dit dans un mélange entre français et anglais.
Après cela, nous faisons quelques exercices en salle, puis direction le vestiaire pour se changer. Je m’installe dans un coin, en silence. Tout le monde discute ensemble, mais moi je ne les connais pas. Je ne me suis jamais entraîné avec eux, à part les croiser de temps en temps, nous ne nous sommes pas encore vraiment vu. Je déballe mon maillot, floqué du numéro 35. J’enfile ma tenue en essayant d’oublier mon ventre toujours douloureux, puis j’enfile mon survêtement par dessus.
Nous montons sur le terrain pour l’échauffement. Je respire un grand coup. Malgré mon état lamentable, je suis content d’être là, de bientôt vivre mon premier match avec les U19.

Un match décevant, conclu par une défaite. Depuis le banc, je vois un des français de l’équipe, Nicolas je crois, nous permettre de revenir au score grâce à un beau coup franc. Alors que la fin de la rencontre approche et que nous sommes de nouveau mené au score, notre attaquant se blesse sur un tacle d’un adversaire particulièrement dur sur l’homme. Le coach se retourne vers le banc, nous regarde en silence puis dit :

«Tom, tu rentres.»

Je ne réagis pas tout de suite. D’un côté, c’est inespéré de retrouver le terrain alors que j’ai repris l’entrainement la semaine passée mais de l’autre, mon ventre me fait toujours souffrir et j’aspire plutôt à retrouver mon lit.

«Toujours pas en place? Active toi un peu !» dit-il alors d’une voix forte, me faisant ainsi sortir de ma torpeur.

Je me lève, enlève mon survêtement et me dirige vers le bord du terrain. Pas le temps de s’échauffer, tant pis. De toute façon, il ne reste qu’une poignée de minutes. L’arbitre me fait rentrer et je vais directement m’installer à la pointe de l’attaque.
Trois minutes top chrono plus tard, l’arbitre siffle la fin de la rencontre. J’aurai eu le temps de signer une jolie déviation pour Nicolas de l’extérieur du pied et un duel un peu musclé avec l’arrière garde berlinoise. Mais rien de plus.



2018-09-03T22:00:00Z

Il est midi trente quand je sors de l’école. Deuxième jour seulement et je suis déjà fatigué. J’ai la chance d’être dans une école privée, pour la première fois de ma vie, avec uniquement des francophones. Si j’ai peu de cours, uniquement le matin puis entrainement l’après midi, le rythme est déjà costaud entre les cours, les rattrapages d’Allemand, et le sport.
J’arrive enfin au centre d’entrainement, et après m’être changé, je rejoins les A qui sont sur le terrain. Je suis en retard, comme la veille. Mais personne ne jette le moindre regard sur moi. Ils ont l’habitude des jeunes qui arrivent plus tard à cause de l’école.
Après l’échauffement, je rejoins mes coéquipiers pour des exercices offensifs.

Quelques minutes après avoir commencé, je ressens soudainement une violente douleur au mollet gauche, comme un coup de poignard. Je me laisse tomber sur le côté du terrain, emmené par le staff médical. Le résultat est sans appel : Déchirure musculaire. Je vais être out quelques temps. Je suis dégoûté.



2018-09-21T22:00:00Z

Cela fait longtemps que je ne m’étais pas réveillé de si bonne humeur. Aujourd’hui, je reprends la compétition. Mon mollet est encore un peu raide mais j’ai le feu vert du médecin et surtout, l’équipe est dépeuplée à cause des blessures et des suspensions. Le coach a besoin de moi, même si je commencerai sur le banc.

Quel match. Nous menons assez vite grâce à Noah jean Holm, notre attaquant. Puis, le match diminue en intensité de manière assez régulière. Nous sommes à la 80e minute lorsque je rentre sur le terrain, sur le côté droit du trident offensif. Première fois que je suis aligné à ce poste de MOD. Quelques minutes par après, je reçois la balle d’un long dégagement de notre gardien. Petit crochet et j’élimine l’adversaire le plus proche avant de passer la balle à Nicolas Fontaine qui me l’a rend en une touche. J’élimine un second adversaire d’un petit pont et je me retrouve aux abords de la surface, un peu désaxé. Que faire ? je suis seul devant. Je décide de tenter ma chance. Crochet sur la gauche et je tire en puissance. Le temps se ralenti et alors que je retombe sur mes appuis, je vois la balle atteindre l’équerre gauche. But. Je suis comme dans un rêve, dans ma bulle. Mes coéquipiers viennent me taper dans la main et nous nous replaçons.
Malgré quelques situations chaude, nous n’aggravons pas le score.



2018-09-28T22:00:00Z

Première titularisation avec les U19, et sur le côté droit. Je me sens bien en jambe aujourd’hui, surtout que Frank et ma mère sont dans le public. Lors de la première mi-temps, je montre à mon coach, Alexander Blessin, qu’il a eu raison de me faire confiance en me montrant intraitable malgré quelques déchets. En plus, j’inscris à la 17e un but de la tête sur notre premier corner. Je suis si fier de marquer devant ma famille. Lorsque le sifflet marque la fin de la première période, je vais directement voir le coach lui dire que je ressens de nouveau une gêne au mollet gauche. Pour ne prendre aucun risque, je suis remplacé par Nicolas Fontaine et c’est depuis le banc que j’assiste à la seconde partie de la rencontre avec la sensation d’avoir fait mon devoir.

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Les résultats commencent a venir ! Toujours aussi passionnant !

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Très bonne histoire !

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2018-10-05T22:00:00Z

Une semaine après, Blessin décide de me titulariser de nouveau sur l’aile droite pour la réception des U19 de Hambourg. Dès le début de la rencontre, nous nous montrons déchaînés. Grosse possession, nombreuses combinaisons avec mes compères de devant, Jean Holm et Fontaine mais pas de but. Nous nous montrons vraiment maladroit, surtout moi. A deux reprises, je manque l’immanquable, me lançant dans le petit grigri de trop. Malgré l’ouverture du score par notre pointe, je vois du coin de l’œil que le coach fulmine.
A la mi-temps, je me prends un savon du coach.

«Joue avec les autres ! Tu n’es pas seul sur le terrain.»

Je baisse la tête, piteusement. Je déteste être épinglé comme ça.

Nous remontons sur le terrain, plein de bonnes intentions. Mais cela ne se passe pas comme prévu. Pile à la 50e, je suis remplacé par Oliver Bias, mon rival numéro 1, sans avoir rien montré de mieux. Si la victoire est au bout pour nous, elle a un goût amer.
Dès la fin de la rencontre, je prends ma douche et je pars. Les autres traînent souvent ensemble après les matchs mais pas moi. Si je fais des progrès inimaginable en allemand et que je commence à comprendre de mieux en mieux ce qui est dit, je ne parle jamais aux autres. Et eux ne me calculent pas, excepté Noah Jean Holm. Je sais que certains n’apprécient pas que je puisse m’entraîner avec les A et pas eux. La solitude est là, et elle fait mal.

En passant la porte de l’appartement, je jette mon sac. Frank est là, tout sourire.

«La gloire arrive Tom !» dit-il en ouvrant une bière.

Je ne suis pas d’humeur à ses blagues. Depuis ma sortie du terrain, je rumine sur ma prestation décevante. Mon frère me regarde d’un air interrogatif tout en me tendant un verre. De la Guinness, ma bière préférée. Ça va faire du bien au moral ça.

«Tom, tu es convoqué pour le rassemblement des espoirs. C’est fantastique !»

Je suis sur le cul. Je m’attendais à tout sauf à ça. Je me laisse tomber dans le fauteuil. Ma mauvaise prestation est oublié. Je ne pense qu’aux diablotins. Si j’avais disputé un match chez les U19, je ne pensais pas que la porte me serait si vite ouverte chez les espoirs.



2018-10-10T22:00:00Z

J’ai rejoins la Belgique le 9 octobre. Quel bonheur de retrouver son pays. C’est con, le climat est le même, la grisaille est la même, les gens se ressemblent mais pour moi c’est différent. Nous avons directement pris l’avion pour la Slovaquie. Lors du vol, j’ai retrouvé Yorbe Vertessen avec qui j’avais évolué chez les U19. J’avais oublié à quel point il est sympa. Tout le long du vol et des transferts, nous avons discuté de notre expérience de l’étranger, lui étant au PSV, au Pays-Bas.

Il n’était pas prévu que je joue. Le coach, Johan Walem m’avait prit pour faire le nombre. Mais plusieurs blessures lui font changer ses plans.
Lors de l’échauffement, Charly Musonda se blesse. Claquage. Après avoir discuté avec son staff, le coach se tourne vers moi, et me fait signe de me mettre en tenue pour jouer pendant qu’il nous donne les dernières consignes.
Le match commence sur les chapeaux de roue. Je suis positionné sur l’aile droite d’un 4-3-3. Et dire qu’avant je ne jouais qu’en pointe ou en soutien de l’attaquant. Les slovaques mettent directement la pression, se montrant durs sur l’homme. Malgré mon mètre 82, j’éprouve beaucoup de difficulté à exister face au défi physique imposé par l’arrière garde.
Peu de temps avant la mi-temps, la situation est encore plus délicate puisqu’ils ouvrent le score. La véritable tuile. Je suis lessivé. Lorsque l’arbitre siffle la fin de la première partie, je me laisse tomber au sol. Il fait sacrément lourd aujourd’hui et j’en souffre. C’est Yorbe qui vient m’aider à me relever.

«Baisse pas les bras mon pote.»

Mon pote. Première fois depuis des semaines, des mois, que quelqu’un m’appelle comme ça. Un sourire se dessine sur mon visage et j’attrape sa main tout en poussant sur mes pieds.
Dans le vestiaire, le coach se montre compatissant avec nous. Il nous encourage à tout donner. Une place pour l’Euro est en jeu.
Nous remontons sur le terrain avec de meilleures intentions et dès la reprise, nous prenons le jeu à notre compte. A la 60e, Yorbe rentre en lieu et place d’Azzaoui. Presque vingt minutes plus tard, je récupère la balle au milieu de terrain et le lance dans la profondeur. Arrivant à toute vitesse plein axe, il m’offre la balle du but d’une superbe talonnade. Comme au ralenti, je vois la balle rouler vers moi. Je ne réfléchis pas une seule seconde et tire en puissance, sans aucun contrôle. But. Je me jette sur Yorbe. Il aurait pu la mettre au fond mais avait préféré assurer le coup.

C’est sur ce score de 1-1 que nous terminons la rencontre. Mais quel match pour moi. Un but pour ma première sélection espoir. Je suis aux anges.

11octobre18



2018-10-14T22:00:00Z

Entre les deux rencontres des diablotins, on a resserré nos liens avec Yorbe. Pendant nos temps libres, on traînait ensemble, discutant de tout et de rien. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été proche comme ça avec quelqu’un. Ça fait du bien.

Profitant des états de forme compliqués des attaquants de l’équipe, je brigue une seconde titularisation consécutive sur le flanc droit, bien aidé par ma bonne prestation.
Dès les premières minutes, je sens que ce ne va pas aller. Mon mollet gauche me tire de nouveau. Tant pis. Je vais rien dire et faire de mon mieux pour aider l’équipe. Mais c’est compliqué. Chaque accélération me fait grimacer. Je suis absent des débats, toujours hors-temps. Heureusement, Dimata assure un peu plus dans le marasme de notre prestation.
La mi-temps est un soulagement. A peine assis dans le vestiaire, Johan Walem, notre coach prend la parole.

«Julien, va t’échauffer. Tom, tu sors.»

Pas un regard, un geste, rien du tout. Je suis assis en silence et je vois Julien NGoy sortir se préparer à prendre part à la seconde mi-temps. J’enfile un survêtement et je vais directement rejoindre Yorbe sur le banc. D’un côté, je suis frustré d’être écarté, mais de l’autre, ça me fait du bien de ne plus bouger. Quel mollet de merde…



2018-10-14T22:00:00Z

Lorsque le réveil sonne à 08h00, je ne rêve que d’une chose : le lancer le plus loin possible et continuer de dormir. Mais je ne peux pas, j’ai un avion à prendre pour rentrer en Allemagne. J’aurai aimé retourner sur Liège, revoir mes amis, mais je ne peux pas. J’ai déjà trop de retard sur mon travail scolaire. Puis, ces gens que j’appelle mes amis, ils ne m’ont pas envoyé un seul message depuis mon départ chez nos voisins. Je crois qu’on est pas si pote que ça au final.
Entre deux phases de déprime, je remarque un point positif : mon mollet ne me tire presque plus aujourd’hui. Parfait. J’ai entrainement avec les U19 cette après midi et je veux faire bonne impression pour être reprit pour la prochaine rencontre.

La séance de l’après midi se passe bien. Mon mollet me laisse en paix, le coach se montre satisfait de moi et je ne ressens aucun coup de mou pendant comme j’avais pu avoir auparavant. Mais le retour chez moi me rappelle que je suis seul. Personne ne m’attend à l’appartement. Frank est en vacances avec sa nouvelle copine, ma mère est à Liège et mes coéquipiers traînent dans leur coin.
Tout en regardant la télévision, je me demande si j’ai bien fait de venir en Allemagne. Pour la première fois, je me questionne véritablement sur ce que je fais. Pourquoi être venu ? Est-ce que je vais pouvoir faire quelque chose ? Pourquoi je ne profite pas de la chance que j’ai ? C’est sur ces questions que je m’endors péniblement, tardivement, seul devant cet écran allumé.



2018-10-19T22:00:00Z

Premier déplacement pour moi avec les U19. A 07h00, nous prenons la route en car pour Havelse, à presque 300km de Leipzig. Je profite du trajet pour travailler un peu sur mes cours. Du coin de l’œil, je regarde mes coéquipiers. Certains étudient comme moi, d’autres dorment et d’autres discutent entre eux. J’aimerai parfois être avec eux mais ce n’est pas le cas. C’est surement de ma faute, je ne suis pas vraiment sociable mais parfois je le regrette. Heureusement, Yorbe Vertessen est là, malgré la distance. Depuis la fin du rassemblement, on parle souvent par SMS.

Quel match solide ! Dès le début, nous lançons les hostilités en mettant le pied sur le ballon. Le trio que je forme avec Nicolas Fontaine et Noah Jean Holm semble de plus en plus performant. Nous commençons à avoir l’habitude de jouer ensemble et c’est simple de combiner ensemble. Très vite, le français sort sur blessure et c’est Oliver Bias qui le remplace. L’allemand se montre intraitable sur le côté gauche, délivrant une passe décisive et inscrit même le troisième but. Pour ma part, pas de but, mais 90 minutes de jeu sans douleur et deux passes décisives à mon compteur sur le premier et le dernier but. D’abord d’un centre à l’issu d’un long débordement et ensuite sur une passe en profondeur.



2018-10-26T22:00:00Z

Après le 2e tour de la Coupe junior disputé et remporté mercredi face à l’Eintracht Frankfurt, match auquel j’ai assisté depuis les tribunes, nous revoilà en route pour Osnabrück avec l’objectif de faire un grand match pour nous rapprocher de la 1ere place au classement.

Comme pour les rencontres précédentes, je débute sur le flanc droit. Je commence à m’y faire à ce poste. Je pensais juste là qu’il n’y a que l’axe qui me plaisait mais non. En partant de plus loin, je me sens plus libre de jouer comme bon me semble.
Après quelques minutes de jeu, il est clair que seule la victoire est envisageable. Nos adversaires semblent dépassés techniquement et tactiquement. Très vite, c’est par l’impact physique qu’ils essaient de nous arrêter. Vers la 20e minute de jeu, mon vis-à-vis me tacle assez sévèrement, les deux pieds bien décollés. Directement, l’arbitre lui donne un avertissement. Quelques minutes après, il récidive, dans la même position. La colère monte en moi. Je me relève d’un coup et le repousse assez violemment. Très vite, nous sommes entourés de nos coéquipiers respectifs qui nous séparent. Cette fois-ci, l’arbitre sévit et sort son carton jaune, pour lui et pour moi.

«Reste calme Tom. Laisse tomber, ils font pas le poids.» me dit alors Nicolas Fontaine

Nous reprenons place, déterminé à marquer au plus vite. Mais nous butons à plusieurs reprises sur leur gardien qui est dans une forme olympique. Finalement, c’est Jean Holm qui ouvre le score d’une superbe tête sur corner.
Lors de la seconde période, il récidive, d’abord sur penalty puis deux buts coup sur coup. Et je suis de la dernière passe pour ces deux pions, à chaque fois sur des combinaisons rapides en une touche. Après le 4e but, je suis sorti par le coach pour Oliver Bias.

«Bien joué Tom.»

C’est une simple phrase, mais elle fait plaisir. Donner satisfaction à son entraîneur, ça n’a pas de prix lorsqu’on veut prouver ce qu’on vaut. J’enfile mon survêtement et je m’installe sur le banc pour assister aux dix dernières minutes de la rencontre.

Peu de temps après m’être assis, mon voisin me tapote l’épaule. C’est Tom Krauß, un milieu central qui lui aussi s’entraîne avec les A, même s’il joue principalement avec nous.

«Ce soir, on va à la soirée de Molly. Tu veux venir avec nous ?» me dit-il.

Je suis surpris. C’est la première fois je pense qu’il m’adresse la parole en dehors du terrain ou d’un entrainement.

«C’est qui Molly ? Et qui vient ?»

«Une pote à moi. On y va avec Fabrice et Erik» me répond-il en applaudissant une action ratée de nos coéquipiers toujours sur le terrain. «Je peux compter sur toi Tom ?»

J’acquiesce d’un hochement de tête. Fabrice Hartmann et Erik Majetschak sont comme nous, des jeunes qui s’entraînent avec les A mais jouent avec les U19. Même si j’ai peu parlé avec eux, ils ont l’air sympa.



2018-10-27T22:00:00Z

Le soleil est déjà haut quand je me réveille. Sans avoir ouvert les yeux, je sais que quelque chose n’est pas normal. Le lit est si dur, il y a comme des pointes. J’ouvre les yeux péniblement. Tout tangue et devient plus ou moins flou autour de moi. Je m’assieds lentement et contemple le massacre. C’est sur du gravier que j’ai dormi, à la belle étoile malgré la fraîcheur de nos nuits d’automne. Des cadavres de bières sont tout autour de moi. Ainsi qu’une épée en plastique. et c’est dans une cape, nouée autour de mon cou, que je me suis emballé pour me reposer. Qu’ais-je fais ?
Au moins, je sais que je ne suis pas partout Dieu sait où. La salle où avait lieu la fête est à quelques dizaines de mètres sur ma droite. J’essaie de rassembler mes souvenirs. Je me rappelle avoir retrouvé mes coéquipiers devant chez moi. C’est Erik qui nous conduisait. Arrivé sur place, j’étais plutôt stressé de ne connaitre personne. Alors j’avais bu au rhum. Un verre, rapidement suivi d’un deuxième, d’un troisième puis d’un quatrième. Peut-être deux heures après notre arrivée, j’étais complètement dans un autre monde.
Ça y est je me souviens maintenant. Complètement déchainé à cause de l’alcool, j’avais décroché du mur une parfaite panoplie du petit chevalier et je l’avais enfilé pour faire rire les filles qui traînaient avec nous. Je ne suis pas convaincu que ce fut une grande réussite. Puis après, trou noir, plus rien. J’ai du encore boire comme un trou pour être aussi loin.
Je me lève et retourne dans la salle. Erik, Tom et Fabrice sont déjà debout, veste sur le dos.

«Ah ben le voilà.» dit ce dernier.

Puis, en se tournant vers moi, il dit alors :

«Ça va si on y va maintenant Tom ? Ou tu es trop mal pour la voiture ?»

Ça va, j’assure. Ça tangue toujours mais c’est gérable. Je m’installe à l’arrière et c’est en silence que nous rentrons. Nous sommes tous crevé de la nuit de folie qui vient de se passer. Devant chez moi, j’échange mon numéro de GSM avec les trois autres. Puis je sors lentement. Je hume l’air ambiant. Il fait froid aujourd’hui, bien plus qu’hier. Mais une belle journée s’annonce. Le soleil est radieux et il n’y a aucun nuage à l’horizon. Mais pour moi, la journée sera dans mon lit ou mon canapé, et nul part ailleurs.

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2018-11-02T23:00:00Z

Ce samedi, nous jouons à domicile face à l’actuel troisième du championnat. Philipp Lahm, le coach des A est en tribune. Si je le vois presque quotidiennement à l’entrainement, il vient aujourd’hui pour voir ce que nous valons sur le terrain. Il n’est pas question de se louper.

Et quel match. Du début à la fin, nous nous montrons généreux dans l’effort, solidaire et plutôt bon je trouve, en témoigne ce score de 6-1. Si je ne marque pas cette fois-ci, je délivre deux passes décisives. La première sur un coup franc que j’ai provoqué. Positionné quelques mètres devant le coin du terrain, je délivre un centre puissant et bien enroulé que Nicolas Fontaine vient couper de la tête au second poteau. Puis la seconde pour Joshua Wosz sur une passe en profondeur qui passe entre les jambes d’un des défenseurs adverses.
Vers la 70e, mon coach me sort pour Oliver Bias. Je suis littéralement épuisé. J’éprouve toujours des difficultés à tenir toute la rencontre, à mon plus grand déplaisir mais bon. J’ai au moins montré de belles choses avant ça. Après avoir remis survêtement et veste, je viens m’asseoir sur le banc, à côté de Tom Krauß. Depuis notre sortie d’il y a quelques jours, nous restons régulièrement ensemble à l’entrainement.
Après le match, nous allons faire un tour ensemble. Après une petite frite, nous passons quelques heures à faire du skate sur les rampes derrière chez moi. Nous y passons l’après midi. Lorsque la nuit commence à tomber, nous décidons d’essayer une dernière figure avant de rentrer.

Après mon ami, c’est à mon tour de m’élancer. Une pression ferme au sol et me voilà avançant vers la rampe. Sous les derniers rayons du soleil, j’entame ma descente et me lance dans un kickflip pour atterrir sur le muret adjacent. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Je retombe mal sur la planche et chute du muret. Sans que je ne puisse faire la moindre chose, je tombe de tout mon poids sur le coin du muret, mon poignet en seul tampon. Allongé au sol, je sais que quelque chose ne va pas. Je ne peux plus bouger la main sans avoir vraiment mal. Mon avant bras gonfle et bleui.
Tom appelle une ambulance et prévient mon frère. Aux urgences, le verdict est cependant rassurant. Ce n’est qu’une entorse du poignet. Je m’en sors avec des anti-inflammatoires et une attelle pour les trois prochaines semaines. Dieu merci, je peux continuer à jouer. Frank arrive au moment où je sors de la salle d’examen. Nous montons dans sa voiture en silence pour rentrer. Après quelques minutes, mon frère prend la parole :

«Qu’est ce que tu fous. Entre la sortie de la semaine passée, ton poignet maintenant. Faut que tu sois raisonnable.»

Je reste silencieux et me tourne un peu plus vers la vitre de mon côté. Je regarde les immeubles défilés. Je n’ai aucune envie de parler.

«Je sais pas si tu te rends compte.» renchérit-il. «On t’a donné une seconde chance. Ne gâche pas tout !»

Devant mon mutisme, Frank se renfrogne et c’est en silence qu’on termine le trajet. Sitôt arrivé, je vais dans ma chambre et je n’en sors plus jusqu’au lendemain.



2018-11-09T23:00:00Z

malgré mon entorse, le coach me convoque et me titularise pour la réception du FC Magdeburg, toujours sur l’aile droite. Nous réalisons une bonne performance avec mes coéquipiers, en menant au score dès la 6e minute de jeu grâce à une superbe action de nos milieux. Juste avant la pause, c’est à mon tour de briller. Je récupère le cuir au niveau du rond central grâce à un tacle bien viril de Tom Krauß et me lance à l’assault des buts, seul ou presque. Au moment où le gardien sort sur moi, je feinte de le crocheter et lorsqu’il se couche sur sa droite, je le lobe. Sur le moment, je prends peur car mon geste n’est pas correctement ajusté et le ballon s’envole haut, trop haut. Mais plus de peur que de mal. Le ballon frappe la transversale et passe la ligne. But. Je suis aux anges.
A la moitié de la seconde période, le coach me sort pour mon coéquipiers français.

«Bon match Tom.» me dit-il au moment où je lui tape dans la main.

La première chose que je fais en rentrant au vestiaire, c’est de regarder mon téléphone. C’est aujourd’hui qu’on reçoit la convocation pour le rassemblement espoir. Les deux matchs qui arrivent sont capitaux pour la participation à l’Euro U21 et je rêve d’y prendre part. Je me saisis de mon GSM et rien. Pas de messages, de mail ou quoi que ce soit d’autre. Sur le trajet, je me pose une multitude de questions. Et je doute, encore et encore. Je suis le plus jeune chez les espoirs. Puis beaucoup jouent déjà avec les seniors et moi c’est pas mon cas.
Une dizaine de minute avant la publication des différentes listes sur le site internet, je reçois le message tant attendu ! Ma présence est attendu à Bruxelles le 14 novembre à 10h00 précise. Je suis aux anges, littéralement ! J’appelle ma mère pour lui annoncer la nouvelle. Elle viendra me voir à Bruxelles. Ça fait longtemps.



2018-11-14T23:00:00Z

Dès notre arrivée, hier, nous avons repris l’entrainement avec tout le monde. Yorbe est aussi de la partie. D’ailleurs nous faisons chambre commune, pour notre plus grand plaisir. A la fin de la journée, nous retournons dans nos chambres, plus tôt que la plupart des autres joueurs. Pas que nous nous entendons pas avec eux mais on est fatigué de la journée.

Cela fait plusieurs dizaines de minutes que la lumière est éteinte. Le silence est total. Soundain, mon colocataire se racle la gorge et dit :

«J’ai demandé à mon club pour partir cet hiver.»

Je suis surpris. Il est au Pays-bas depuis plusieurs années et me disait apprécier le club.

«Mais pourquoi tu veux partir ?»

Je distingue Yorbe se redresser dans son lit et regarder en ma direction.

«Il ne me laisse pas ma chance Tom. Pourquoi je ne m’entraîne pas avec les pro ? Le club a pas confiance en moi. Ma décision est prise et elle ne changera pas.»

Le silence se réinstalle peu à peu alors que mon ami se renfonce dans son lit. Après quelques instants, Yorbe lâche une bombe.

«Garde le pour toi. Mais il y a des négociations en cours avec Leipzig.»

Quoi ? Yorbe Vertessen à Leipzig ? Ce serait génial. Je serai vraiment heureux de me retrouver au quotidien avec lui. Puis, ça correspond à la politique de transfert du club ? J’espère sincèrement que ça se fera.



2018-11-15T23:00:00Z

Nous voilà déjà à l’aube de cette double confrontation capitale pour notre participation au prochain euro espoir. Je démarre le match sur le flan droit, motivé à tout donner pour faire gagner l’équipe.
Malgré toutes nos bonnes intentions, ce match reste pendant longtemps une véritable purge. Imprécisions techniques, mauvais placements, jeu haché, bref, rien de plaisant.
A une vingtaine de minutes de la fin, la rencontre s’emballe enfin. Mais nous encaissons le premier but à la suite d’un énorme cafouillage de la défense. Yorbe rentre sur le terrain juste après. Malgré le coup reçu, nous faisons tout pour égaliser au plus vite. Quelques minutes plus tard, une contre attaque est initiée depuis un corner gallois. Le ballon s’envole bien haut et redescend au niveau de notre second poteau. Un joueur, je ne sais de quel camp s’envole et donne un violent coup de casque. La balle s’élève encore et encore. Je suis à la réception. Contrôle poitrine et passe en profondeur pour Yorbe. L’attaquant s’élance vers le but gallois, faisant parler toute sa vitesse. Arrivant devant le portier, talonnade arrière. Comme dans un rêve, je reprends le ballon en force, sans contrôle et celui-ci se loge violemment à mi-hauteur, à seulement quelques centimètres du poteau gauche. Quelle égalisation !
Nous nous replaçons vite afin de pousser pour marquer une seconde fois. Et l’occasion se présente bien plus vite que prévu. Sur un coup franc botté en force, je m’élance plus haut que les autres et reprend du front. Je tombe à genou et mes coéquipiers me submergent. Quel bonheur de marquer un doublé dans un match si important. Je suis au paradis.
La fin de la rencontre se déroule tranquillement, trop même. le rythme retombe d’un coup et plus grand chose se passe jusqu’à la fin. Nous n’aurons pas bien joué, c’était même souvent très moche mais l’essentiel est ailleurs. A la 90e, c’est nous qui avons la main pour le retour à Cardiff.



2018-11-18T23:00:00Z

Triste soirée au Pays de Galles. Sous une pluie battante, effroyablement glacée, les 22 acteurs sur le terrain peinent à se bouger, moi y compris. Je crois que personne n’a envie de trop se donner alors que des seaux d’eau nous tombent littéralement dessus et que le terrain est dans un état pitoyable.
En fin de première période, nous ouvrons le score sur un corner un peu cafouillis. La balle arrive assez haut, retombe dans le paquet de joueurs massés dans le petit rectangle, ressort et c’est un de nos défenseurs qui reprends la balle de toute ses forces.
Ce sera le seul but de cette rencontre que je disputerai pendant une septantaine de minute sans jamais vraiment briller.
J’enfile ma doudoune et je m’enfonce dans un siège sur le banc alors que la pluie tombe de plus belle.
Je suis si fatigué et alors qu’une chanson de Pete Doherty me résonne en tête, je sens mon corps s’affaisser de plus en plus.



2018-11-23T23:00:00Z

La semaine est passée beaucoup trop vite. Entre les cours, les divers rattrapages à cause de la semaine internationale et les entraînements, je n’ai plus beaucoup de temps pour moi.
Je suis littéralement sur les genou. Pour me laisser récupérer un peu, le coach décide de me laisser sur le banc pour la prochaine rencontre de championnat.
Comme à mon habitude, je me lève une petite heure avant l’heure du rassemblement au centre d’entrainement. Alors que je regardais les dessins animés, un bol de céréales en main et en caleçon dans mon canapé, Frank rentre dans la pièce.

«Mais qu’est ce que tu fous encore là ? Tu dois y être dans 15 minutes !»

Oh putain, je vais être en retard. Je n’ai pas vu le temps passer. J’enfile un survêtement en quelques secondes, attrape mon sac et part en courant.
Il est dix heures et une minute quand j’arrive complètement essoufflé. Sous le regard noir de mon entraîneur, je file dans le vestiaire me préparer.

Comme prévu, je débute la rencontre sur le banc, bien calé dans ma doudoune fermé jusqu’en haut. Dès le début, nous éprouvons beaucoup de difficulté face au 1er du championnat. Pourtant, nous ouvrons assez chanceusement le score grâce à une action un peu bizarre, partant d’une perte de balle à l’entrée de la surface du Werder. Mais un quart d’heure après, nous prenons le bouillon au point de concéder un penalty. Je vois le coach faire les cent pas, le regard noir et les mains enfoncées au fond de ses poches.
Après ce but, le rythme retombe d’un seul coup. Je baille une première fois, puis une seconde fois quelques instants après. Ce match m’ennuie au plus haut point.
La seconde période est sur la même base que la première, avec un rythme lent au possible. Vers l’heure de jeu, le coach se tourne vers moi et dit :

«Tom, prépares toi. Tu rentres.»

Je me lève d’un coup, un peu hébété. Si j’avais les yeux ouverts, je n’étais pas tout à fait conscient. Je me lance alors dans l’échauffement habituel, courant sur le côté du terrain, agitant les bras, remontant les jambes, bref les classiques.
Nous obtenons une sortie, sur le côté gauche du terrain, à hauteur du rond central. Je rentre en lieu et place de Nicolas Fontaine, sur la gauche du trident offensif. C’est la première fois pour moi que je joue de ce côté. Ma consigne principale est de déborder et centrer.
Ma première touche de balle a lieu sur cette action. Je récupère la balle, tente une sorte de roulette bancale pour me retourner et sprint balle au pied le long de la touche. Je n’ai pas fais cinq mètres que je me fais violemment tacler. J’ai mal au mollet gauche, celui qui m’a tant posé de soucis ces derniers temps. Alors que je suis au sol et que j’essaie de récupérer un minimum, entouré de mes coéquipiers, de l’arbitre et d’un membre du staff, je vois un bel hématome se former sur ma jambe. Je veux continuer, je m’en sens tout à fait capable mais le staff n’est pas de cet avis et décide de me faire sortir. Tout en claudiquant vers le bord, je lance un regard noir en direction de mon entraîneur. J’ai littéralement la haine de sortir quelques instants après être rentré.
Je n’attends même pas la fin de la rencontre et rentre immédiatement au vestiaire me changer avant de partir me faire ausculter. Foutue journée.



2018-11-24T23:00:00Z

L’après midi est déjà bien entamé quand je prends mon skate sous le bras et rejoint Tom Krauß et quelques amis à lui au skatepark du coin. Lorsque j’arrive, il est assis sur un banc juste à côté, entouré de deux blondes fort peu couverte pour la saison.
Lorsqu’il me voit, il se lève et me tape dans la main comme habituellement pour se dire bonjour. Il a dû remarquer que je boite légèrement puisqu’il me demande immédiatement comment ça va.

«Ce n’est qu’un hématome, je reprends mercredi. Vraiment, on m’a fait chier pour rien.»

Mon ami acquiesce d’un hochement de tête avant de se pencher et d’attraper une bière qui est dans le sac noir sous le bois du banc.

Je bois tranquille ma petite Desperados tout en écoutant les deux filles raconter des débilitées sans noms. Un type que je connais vaguement vient se joindre à nous, prend une bière puis finit par rouler un joint plutôt costaud. Très vite, la batte tourne entre les personnes présentes, je suis le seul à ne pas y avoir touché. Lorsqu’on me le tend, je n’hésite pas une seule fois et le porte à mes lèvres. Tom me regarde tirer à quelques reprises en rigolant :

«Je ne te savais pas comme ça !»

Je rigole aussi en pensant à ce que dirait le coach s’il nous voyait comme ça. Puis, je me dis qu’en fait c’est mieux qu’il ne nous voit pas. Je n’ai aucune envie de me faire jeter une fois de plus.
Après une petite heure à boire, fumer, et quand même un peu rouler, je reprends le chemin de l’appartement. Frank est absent une fois de plus. C’est fou. En arrivant ici en août, je pensais que mon frère serait là chaque jour avec moi, pour moi. Mais ce n’est pas le cas. J’ai très vite déchanté quand j’ai enchaîné les journées seules pendant qu’il est à droite et à gauche pour son boulot principal.
Sitôt rentré, j’allume la télévision, prend le téléphone et commande une pizza qui arrive quelques vingt minutes plus tard. Affalé dans le canapé, une part de quatre fromages dans la main droite et une canette de bière dans la gauche, j’ai l’impression de vivre le même rituel weekend après weekend.

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2018-11-30T23:00:00Z

Après avoir recommencé l’entrainement au milieu de semaine, je suis reprit dans le groupe pour un déplacement à Berlin. Pour une fois, j’arrive même en avance de quelques minutes. Nous montons dans le car, en silence. Tout le monde est encore prit dans les brumes du sommeil.
Je m’installe à ma place, enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et me laisse aller au sommeil.

Alors que je devais commencer la rencontre comme titulaire, le coach décide au dernier moment de me remplacer par Nicolas Fontaine, ce qui me vaut un sourire narquois du français juste avant le coup d’envoi. Qu’est ce que j’aimerai l’encastrer ce type.
Depuis le banc, j’assiste à une rencontre peu enthousiasmante. La pluie qui tombe depuis notre arrivée à Berlin pèse clairement sur le niveau du match.
Malgré le but de l’inévitable norvégien, le rythme reste toujours aussi plat. J’enrage littéralement devant l’absence de prise de risque de l’équipe. Le seul à mettre le pied sur le ballon est mon remplaçant mais ce serait bien qu’il le lâche. La deuxième mi-temps est du même acabit. Las du spectacle, j’enfonce ma tête plus profondément dans le col de ma veste pour un petit somme. Tout d’un coup, une voix forte me sort de ma torpeur :

«Échauffe toi Tom.»

Je me lève d’un bon, l’œil hagard. Je me lance dans la traditionnelle série d’exercices d’échauffement. J’ai dû vraiment dormir parce que même si le score est toujours identique, le tableau électronique indique que nous sommes déjà à la 80e minute.
Finalement, c’est à la 86e, que je fais mon entrée sur le terrain, en lieu et place du buteur du jour. Je déteste ça, ne disputer que quelques minutes de jeu. Surtout que depuis peu, la pluie a redoublé d’intensité, ce qui fait que le rythme est vraiment tombé au plus bas.
Je crois que tout le monde en a marre de cette rencontre car l’arbitre siffle la fin de la partie directement à la 90e minute. Je n’aurai touché la balle qu’une fois. Ça me dégoûte ce genre de moment. Il n’y a pas d’entrée de jeu plus inutile pour moi.



2018-12-07T23:00:00Z

La semaine a été longue, trop longue. J’ai commencé mes examens à l’école. Entre les différentes épreuves, en allemand donc bien compliqué pour moi, et les entraînements, je suis lessivé. Malgré cela, je me donne à fond à chaque moment pour reprendre ma place de titulaire pour la prochaine rencontre.
Comme le samedi précédent, je me lève une petite heure avant le moment du rendez-vous au centre d’entrainement. Je suis prêt depuis quelques instants quand on sonne à la porte. C’est Tom Krauß. Nous partons à pied en direction du lieu de rendez-vous en gardant le silence. L’un comme l’autre, nous sommes encore dans les brumes du sommeil.
Aujourd’hui, je suis bien aligné au coup d’envoi, tandis que Nicolas Fontaine reste sur le banc, pour mon plus grand plaisir. A l’issu de l’échauffement, je vais me placer le long de la ligne de touche, du côté de notre banc. Au moment du premier coup de sifflet, je fais un petit clin d’œil narquois au français qui semble être passablement énervé de mon geste.

La rencontre débute doucement, à un rythme plutôt lent, même si nous mettons rapidement le pied sur le ballon. Avec Oliver Bias, nous n’arrêtons pas de permuter, rendant fous les latéraux berlinois qui commencent à commettre de plus en plus de fautes et d’erreurs. C’est à la suite de l’une d’entre elle que j’ouvre le score. Alors que nous venions une fois de plus d’échanger nos positions, lui à droite et moi à gauche, Oliver déborde et centre en force sans se poser de question. Je me jette alors en avant pour couper la trajectoire au niveau du deuxième poteau et touche la balle du bout du front. Celle-ci retombe mollement derrière la ligne.
Quelques minutes plus tard, nos adversaires égalise à la suite d’un cafouillage lors d’un corner. Le ballon retombe au milieu d’un paquet de joueur, ressort avant d’être repris par un des berlinois.
Après cette égalisation, nous poussons de plus en plus pour reprendre la main, sans y parvenir avant la pause. De retour sur le terrain, ce n’est plus trop ça. Noah Jean Holm a laissé sa place à Nicolas Fontaine et depuis, il n’y a plus beaucoup de combinaisons devant au grand dam du coach qui s’agite en tout sens sur le bord du terrain.
A la 58e minute, nous reprenons enfin la main grâce à un corner joué rapidement. Puis plus rien. Si je reste sur le terrain jusqu’au bout, nous contrôlons la rencontre sans nous montrer vraiment dangereux devant les buts. Nos adversaires reculent tous pour défendre et ne repasse plus le rond central.



2018-12-13T23:00:00Z

Il est déjà 18h00 lorsque je sors enfin du vestiaire. La journée a été longue, trop longue. Après un long examen de math toute la matinée, j’ai eu entrainement fin de journée. Demain, nous avons notre dernière rencontre de championnat avant la trêve et j’ai très envie de la marquer de mon empreinte.

«Hey Tom ! Tu viens ?»

Je me retourne et voit Fabrice Hartmann à côté de sa voiture. Tom Krauß et Erik Majetschak sont à côté de lui. Je les rejoins en trottinant et nous montons tous dans la golf déglingué. Ce soir, nous fêtons la fin des examens chez une amie de Fabrice qui est seule chez elle pour quelques jours.
La maison est déjà pleine d’adolescents en tout sens. Je ne connais personne. Avec Tom, Erik et Fabrice, nous nous servons une première vodka dans la cuisine. La musique qui vient du salon est si forte que les murs en tremblent.
Rapidement, nous nous séparons à droite à gauche. Avec Fabrice, nous allons jouer au Beer Pong avec deux superbes blondes déjà bien entamés. Après une heure, mon acolyte disparaît à l’étage avec les deux filles. Je me balade à travers les pièces, une bière en main. Je vois Erik dans le salon, dansant au milieu de plusieurs filles et Tom, à une table de la salle à manger, en pleine partie de poker.
Je me sers un grand rhum, respire un grand coup et me rend sur la piste de dance.

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2018-12-14T23:00:00Z

Lorsque mon réveil sonne, je ne désire qu’une chose, le fracasser violemment au sol. Je me relève l’œil hagard. Je suis dans mon lit, c’est une bonne chose. Mais ma tête est douloureuse comme jamais. Je crois que j’ai vraiment trop bu.
Je me lève, me douche, un petit vomi et c’est parti. J’arrive en retard au centre d’entrainement, comme Tom, Fabrice et Erik. Il suffit d’un regard pour comprendre qu’on est tout les quatre dans le même état.
Je me prépare en silence et me rend sur le terrain pour l’échauffement. Le fait de me remuer m’aide grandement à avoir moins mal au crâne.

Je débute la rencontre sur le flan droit, en compagne de Noah Jean Holm et de Fabrice Hartmann. Dès le début, nous mettons le pied sur le ballon, jouant fort haut. Rapidement, Noah ouvre le score grâce à moi. Je dribble un joueur avant de le servir d’un petit centre des abords de la surface.
Dès la reprise du jeu, nous continuons à mettre la pression sur le but adverse, multipliant les offensives. Mais ce n’est qu’à la 32e minute que nous aggravons le score avec encore Noah à la finition et moi à la dernière passe. Cette fois-ci, je déborde mon vis-à-vis avant de centrer vers le rond central.
La confiance devient totale et je commence à prendre plus de risques. J’enchaîne les petits gestes techniques, ce qui semble énerver nos adversaires qui commettent plus de fautes.
Peu avant la fin de la première période, je récupère le ballon dans le camp adverse. Deux adversaires me font face. Je dribble le premier, puis le deuxième et me lance à l’assaut du but. Soudainement, je sens une vive douleur au mollet gauche et je m’écroule sur le joueur qui m’a taclé par derrière. Je me dégage péniblement et me tourne sur le dos. Tom Krauß m’attrape par la main pour m’aider à me relever mais je sais immédiatement que je ne saurai continuer le match, la douleur étant trop vive.
Sans attendre la fin de la rencontre, je part, passer des examens pour déterminer ma blessure et la durée de mon indisponibilité. Comme je l’avais craint, c’est bien une nouvelle déchirure. Mais heureusement, elle n’est pas trop grave. Je suis éloigné des terrains jusque Noël seulement, ce qui me fait rater le quart de finale de la Coupe junior. Je suis dégoûté.



2018-12-23T23:00:00Z

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Avec Frank et sa copine Marie, nous sommes de retour à Liège pour passer Noël avec notre mère. C’est la première fois que je reviens en Belgique en dehors des rassemblements avec l’équipe nationale. Ça me fait bizarre. surtout que pour une fois, la ville est recouverte d’un manteau blanc. Depuis notre arrivée hier, je ne suis pas sorti de chez moi. J’ai bien envoyé un message à plusieurs amis mais personne n’y a répondu. Aussi vite parti, aussi vite oublié.
Nous vivons un réveillon tranquille en famille. Après un repas traditionnel, à base de dinde et de marrons, nous nous échangeons nos cadeaux. Un parfum pour ma mère, une chemise pour mon frère et un livre pour sa moitié. Quant à moi, je reçois des vêtements.
Peu avant minuit, alors que nous sommes installés devant la télévision, mon téléphone vibre à plusieurs reprises. Je me décide à la cinquième vibration de regarder ce que c’est. Cinq messages de mes coéquipiers de l’équipe première me souhaitant un joyeux Noël. Je ne m’attendais pas à cela. Si nous nous entraînons ensemble au quotidien, je ne suis pas du tout proche d’eux. Je leur répond puis je vais me coucher.

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2019-01-03T23:00:00Z

La trêve est passé à une vitesse folle. Je suis resté sur Liège tout le long, pas que je me sois vraiment amusé mais bien pour faire plaisir à ma mère. Hier soir, peu avant minuit, j’ai repris l’avion pour Leipzig. Retrouver l’appartement m’a fait bizarre. J’avais oublié à quel point il est impersonnel.
Malgré le manque de sommeil, je n’ai pas eu de mal à me lever ce matin et rejoindre mes coéquipiers. Devant le bâtiment, je retrouve Tom Krauß.

«Salut ! Tu as l’air cuit.» dit-il en rigolant

Je le tape à l’épaule en riant avec lui. C’est vrai que je suis cuit. Mais j’ai envie de dépasser ma fatigue et de montrer au coach ce que je veux. Plusieurs joueurs de l’équipe première sont blessés et ne participeront pas aux deux matchs amicaux prévus. C’est le moment de me mettre en avant.

L’ambiance est détendue aujourd’hui. Tout le monde semble content de se retrouver. Les accolades et les plaisanteries fusent.
Nous commençons par un décrassage bienvenu. Pendant quarante minutes, nous enchaînons les exercices de course. Le public présent dans les travées du terrain applaudissent le moindre de nos gestes, même les plus insignifiants. Cette ferveur fait chaud au cœur. Le club compte de plus en plus de fans qui nous suivent assidûment, pour le plus grand bonheur de tous.
Pendant la séance, je suis surpris que plusieurs joueurs viennent parler avec moi, Timo Werner et Amadou Haidara notamment. Ils me demandent comment ce sont passés mes vacances et si je me sens prêt pour la reprise.

A la fin de la séance, je rentre directement chez moi. L’appartement est toujours aussi vide. Frank est resté quelques jours de plus en Belgique pour son boulot et je suis seul, comme souvent.

Sitôt rentré, je m’installe dans ce salon toujours aussi aseptisé, me boit une petite bière tout en regardant quelques épisodes de ma série, ou plutôt en sommeillant devant. Un bip sonore retentit et me sort de ma torpeur. J’attrape mon ordinateur qui trône au sol. Un message ou plutôt des messages de Yorbe.

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La machine toujours sur les genoux, je me redresse d’un coup et relit ce qui est marqué à l’écran. Non, je ne rêve pas. Mon ami, peut-être l’un de mes plus proches amis, arrive ici à Leipzig. C’est juste super ! Je répond à Yorbe que je suis impatient de le retrouver. Puis pour fêter ça, je me ressert une petite bière.



2019-01-04T23:00:00Z

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2019-01-06T23:00:00Z

Ce matin, c’est le bruit de la sonnette qui me réveille. Dans un demi-sommeil, j’entends des pas venant du couloir qui se dirigent vers la porte. Frank est revenu hier de Liège. Je me retourne et me blottit sous la couette. Soudain, la porte de ma chambre s’ouvre d’un coup.
«Lève toi Tom ! Tu vas être en retard.» me dit mon frère depuis le seuil.

«Putain ! Je suis trop con ! »

Sur ces mots, je me lève d’un coup. J’enfile en quatrième vitesse un survêtement, attrape mon sac et me précipite dans le couloir. Je m’arrête d’un coup. Yorbe s’y trouve, appuyé au mur. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre. On ne s’est plus vu depuis le rassemblement espoir de novembre. Après cette accolade, nous prenons ensemble la direction du centre d’entrainement.
Sur le trajet, mon ami m’explique les derniers jours mouvementés qu’il a vécu. Après la signature de son contrat, l’installation dans un nouvel appartement et le début des démarches administratives.

Après quelques échauffements, nous réalisons des exercices techniques en petits groupes. Nous en formons un avec Yorbe, Tom Krauß, Fabrice Hartmann et Erik Majetschak. Les autres se montrent ravis de faire connaissance avec mon compatriote. Sous l’œil attentif de Philipp Lahm, posté aux abords du terrain, nous enchaînons divers ateliers de combinaisons offensives.
A la fin de la séance, le groupe retourne au vestiaire. Je reste sur le terrain, seul. Je prends un filet rempli de ballons et les positionne aux abords de la surface pour m’entraîner à botter des coups francs. Quand j’ai expédié la dizaine de ballons, je vois du coin de l’œil que le coach est toujours là, assis sur la barrière.

«Beau travail Tom.»

Je me retourne sur cette phrase et je vois mon entraîneur s’approcher de moi. Je ne prononce le moindre mot, je suis comme figé.

«Continue à te donner ainsi et tu auras ta chance chez les A.»

Je reste bouche bée. Est-ce que je rêve ? J’ambitionne de vivre ces moments, d’intégrer à temps plein l’équipe première. Ces quelques mots ne font qu’exacerber ma motivation. J’ai un rêve et j’irai jusqu’au bout.



2019-01-09T23:00:00Z

La pluie tombe sur le Regenboogstadion. Je jette un regard vers le ciel chargé de nuages noirs, tout en frissonnant sous mon k-way. Je me remet à trottiner pour m’insérer dans l’exercice de frappe. Dans quelques instants, je vais vivre mon premier match avec les seniors. Ce n’est peut être qu’une rencontre amicale, mais cela compte pour moi. L’avalanche de petites blessures que l’équipe a subi ses derniers temps a libéré des places aux avants postes, ce qui a fait qu’au lieu de trainer sur les bancs de l’école, je me suis envolé hier pour la Belgique pour rencontrer le Zulte Waregem. Si je commence sur le banc, je nourri beaucoup d’espoir de rentrer en cours de jeu.

La rencontre commence doucement, comme si les joueurs des deux camps évoluaient sur la pointe des pieds. Assis sur le banc, au côté d’Erik et de Yorbe, j’observe le rythme s’emballer au fur et à mesure de l’avancement de la partie. Mais malgré cela, le score reste toujours vierge de but. Il faut attendre le retour des vestiaires pour que nous débloquions la rencontre par un coup de tête sur un coup franc. Première levée du banc. Nous vivons cela comme un but en finale de la Ligue des champions. C’est beau l’insouciance. Une dizaine de minutes plus tard, c’est Timo Werner qui aggrave le score sur une ouverture prodigieuse de Bruma. Après ce pion, nous allons nous échauffer avec Tom Krauß avant de rentrer vers la 70e. Alors que Fabrice Hartmann s’approche de la touche pour que je le remplace, je souris bêtement. Je suis si content d’enfin disputer mes premières minutes. Nous nous tapons dans les mains et je m’élance en trottinant vers le côté opposé. Le match reprend sur un faux rythme, la pluie a augmenté en intensité et je sens que plus grand monde ne veut se donner à fond, quel que soit le côté.
Ces vingt dernières minutes de jeu me frustrent. je ne parviens pas à créer de bonnes occasions et cela m’énerve. J’ai envie de montrer au coach ce que je vaux mais je n’y arrive pas. Dans le temps additionnel, Tom Krauß inscrit un dernier but en s’interposant dans une transmission adverse et en tirant sans contrôler le ballon. Nous nous précipitons tous pour féliciter le buteur providentiel qui semble heureux comme tout. Je suis content pour lui, même si au fond de moi, je l’envie un peu. J’aurai aimé marquer.



2019-01-13T23:00:00Z

Quatre jours après ce premier match avec les A, je rempile pour une seconde rencontre amicale, mais cette fois dans la peau d’un titulaire. Aujourd’hui, nous affrontons une équipe française, à savoir Valenciennes FC, avec un onze largement remanié où je devrais former un trident offensif avec Bruma et Yussuf Poulsen

Dès le début, nous démarrons en force, en monopolisant le ballon et en faisant reculer plus que de raison nos adversaires qui peinent à se mettre dans le rythme dès les premiers instants. Et sans tarder, nous les punissons d’un premier but de notre avant centre danois, sur un débordement notre latéral droit. Une dizaine de minutes plus tard, c’est la récidive. Sur une phase tout à fait semblable, à savoir Bruma avec qui j’ai permuté qui rentre dans le cœur du jeu et derrière lui, Lukas Klostermann qui réalise un superbe appel avant de centrer en force de l’extrême coin du terrain.
Mené 2 - 0 après moins de vingt minutes, les français se replient dans leur moitié du terrain et n’en sortent plus. Il nous est plus difficile de s’infiltrer et nous monopolisons le ballon. A la 39e minute, je reçois la balle d’une superbe diagonale. A l’instinct, je pivote sur moi-même, un crochet et j’arme ma frappe de l’extérieur de la surface. Le tir est puissant et précis. Tout en retombant sur mes appuis, je vois le ballon filer droit et atteindre la lucarne sans que le gardien français ne puisse rien faire. But. Mon premier but avec les A. Je me laisse tomber à genou. Mes coéquipiers se précipitent sur moi pour me féliciter. C’est le bonheur absolu.
Après la pause, nous maintenons la pression sur le but adverse. Nous monopolisons le ballon encore et encore. Finalement, nous inscrivons un 4e et dernier but sur penalty après une faute dans la surface concédée lors d’un corner. Quelques instants après, le coach me fait sortir, ce qui me frustre un peu, bien que je sois déjà fatigué. Mais au moment de lui taper dans la main, la grimace fait place à un sourire radieux. Je sais que j’ai réalisé un bon match, et rien ne peut me faire plus plaisir.
Après avoir enfilé ma veste, je viens m’installer sur le banc pour regarder la fin du match. Avec plusieurs coéquipiers, nous commentons la rencontre. Je n’y avais pas fait attention jusqu’à présent mais c’est fou comme mon niveau d’allemand s’est grandement amélioré depuis mon arrivée. Je souris de plus belle.



2019-01-14T23:00:00Z

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2019-01-24T23:00:00Z

Après une matinée de cours bien trop longue, je sors enfin de cet enfer qu’on appelle école. Sitôt sorti, je hume l’air froid et givré de l’hiver et part en direction du centre d’entrainement. Dernière séance avant le match de demain, mais je sais que je ne jouerai pas. Depuis la reprise, je ne suis plus mis à disposition des U19, à l’instar d’Erik Majetschak et de Fabrice Hartmann. Mais pour autant, je ne joue pas. J’ai uniquement le plaisir d’assister aux matchs depuis les tribunes.
Lorsque j’arrive, le public est déjà là. Plusieurs de mes coéquipiers signent des autographes, et notamment le dernier arrivé, Thomas Vermaelen.

Avant que la séance ne commence, nous nous plions à l’exercice des photos avec des fans venus en nombre pour nous débutons la séance du jour par l’échauffement, suivi d’exercices basés sur la transition et la reconversion offensive. Philipp Lahm est présent, au bord du terrain. Je le vois marcher de droite à gauche, prendre quelques notes. C’est vrai qu’il ne dirige pas souvent les séances, laissant plutôt cette responsabilité au staff. Par contre, il est toujours présent aux abords. Je sais qu’il nous regarde. Peut-être est-il en train de faire son choix pour la prochaine rencontre ?
Faut que j’arrête de rêver moi et que je me concentre plutôt sur ce que je fais. Il n’y a que comme ça que j’y arriverai, enfin, je l’espère.

A l’issu de la séance, je prends en vitesse ma douche et rentre chez moi. Je compte souper avec Frank et sa copine, puis avec Tom Krauß et Fabrice Hartmann, nous sortons. La fille qui organisait la première soirée où j’avais accompagné le petit groupe en refait une et nous sommes invités. Je sais que ce n’est pas sérieux. Même si je ne joue pas, je devrais avoir un rythme de vie plus stable. Mais depuis le début de la trêve, je ne suis pas sorti et malgré que j’ai eu la possibilité à plusieurs reprises au cours du moi, Yorbe, bien plus casanier que moi, m’a toujours convaincu de rester calme. Mais là, j’en ai marre. J’ai besoin de sortir, de bouger et de boire un coup.
Le repas vite avalé, je file dans ma chambre me changer. J’enfile un jeans et un polo. Ça me fait bizarre, j’ai plutôt l’habitude d’être jour après jour en survêtement. J’enfile une veste et c’est parti. Je sors rejoindre mes amis qui attendent en voiture, en bas de l’immeuble.
Fabrice est au volant, avec Tom à ses côtés. Je m’installe à l’arrière. Un pack de canettes se trouve sur le siège à mes côtés. Le trajet dure quelques temps. La fête a lieu en banlieue, dans un coin tranquille. Tout en roulant, nous descendons quelques bières pour nous mettre dans l’ambiance.
Après une vingtaine de minutes, nous arrivons à l’adresse donnée. Quelques fréquences graves se font entendre, tel un murmure dans la nuit. Nous passons la porte et suivons la musique qui nous fait descendre dans une sorte d’immense cave tout de brique.

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La salle est pleine à craquer de jeunes tous plus bizarre les uns que les autres qui dansent ou plutôt sautent sur place dans une odeur de cannabis, de vomi et de sueur. Nous nous frayons un trajet à travers la foule pour atteindre les tables du fond, nous servir quelques tequilas avant de nous mélanger à la foule de danseur.
Si nous sommes très vite séparés, cela ne représente plus un problème, l’alcool faisant effet. Je me met à parler avec de parfaits inconnus, à partager des verres avec eux et même à danser.
Plus tard dans la soirée, un type encapuchonné avec qui je trinquais depuis quelques minutes s’approche de moi.

«Hey mec. Ça te dit un buvard?»

En prononçant ces mots, il sort un minuscule morceau de carton coloré. Je reste interdit quelques instants. Est ce que ce gars me propose du LSD ? C’est une blague qu’il me fait ? Je ne sais pas quoi faire. En quelques millièmes de secondes, tout se bouscule dans ma tête. Et comme trop souvent, je déconnecte et agit comme un robot, uniquement dans une optique d’assouvir mes pulsions. Sans réfléchir, j’acquiesce et attrape le morceau que je mets directement en bouche à l’instar de mon interlocuteur.
Rapidement, nous sommes pris de fou rire. Je ne sais pas pourquoi mais je me sens bien, si bien. Un quelque chose que je ne maîtrise pas me fait me sentir heureux. Je m’enfonce au milieu de la foule de danseurs, un verre de bière à la main. Tout tourne autour de moi et je commence à voir des flashs lumineux et des couleurs danser devant mes yeux.
Lorsque les effets commencent à se dissiper, je titube jusqu’à la table, attrape une bouteille de rhum, et me traîne vers l’extérieur. Je me laisse tomber au milieu des escaliers. Entre quelques gorgés, je mate les filles qui passent. A un moment, une blonde trop maquillée s’écroule à moitié sur moi.

«Je peux?» me dit-elle en prenant la bouteille de rhum et en la portant à sa bouche.

Tout en buvant, elle se blottit contre moi. Nous restons en silence plusieurs minutes. Je ne sais pas qui c’est, je ne connais pas son nom, je ne pense même pas l’avoir déjà vu.

«Au fait, moi c’est Cassie.»

«Tom.»

Cassie farfouille dans la poche de son pefecto et en sort un paquet de Lucky Strike. Elle en fait sortir une cigarette qu’elle allume négligemment. Elle tire quelques fois dessus avant de l’attraper du bout des doigts et de me la mettre au bord des lèvres.
Je regarde la clope se consumer petit à petit. Je suis si bien là, que j’en ferme les yeux.



2019-01-25T23:00:00Z

C’est en me faisant marcher dessus que je me réveille en sursaut. Je suis toujours dans l’escalier de béton, seul. Je me relève péniblement, je suis cassé de partout. Doucement, je m’approche de la sortie du bâtiment. Tom Krauß dort encore dans le hall. Je le secoue et nous franchissons la porte pour retrouver la voiture contre laquelle Fabrice est appuyé, une fille dans ses bras.
En silence, nous montons à son bord et nous reprenons le chemin du retour. Je me sens nauséeux comme tout, heureusement que nous ne sommes aucun de nous trois convoqué pour la rencontre du jour. Je laisse aller ma tête contre la vitre et ferme quelques instants les yeux.
Quand je les rĂ©-ouvre, nous sommes dans mon quartier. Je prends congĂ© de mes amis et je me dirige tranquillement vers l’entrĂ©e de mon immeuble. La recherche de mes clĂ©s me permet de faire l’inventaire de ce que j’ai en poche. Je retrouve un paquet de cigarette, des Lucky Strike comme celles de la fille de cette nuit. Sur le paquet, un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone y est griffonnĂ© avec juste au dessus Ă©crit : « Call Me Â».
Je passe la porte de l’appartement et c’est dans mon lit que je m’écroule avant même d’avoir enlevé le moindre habit. Et en moins de deux, le sommeil me gagne.
Lorsque je me lève, j’ai un message de Yorbe. Il a joué en fin de matinée avec les U19 et ils ont gagné 4-0 grâce à un doublé de sa part. Pendant que lui bosse pour se donner toutes ses chances, moi je brûle inlassablement mes cartouches. Mais qu’est ce que je fais ?

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2019-02-03T23:00:00Z

Ça fait plusieurs jours que je parle par message avec Cassie, la fille rencontrée à la soirée. J’ai très vite osé composer son numéro, à mon grand étonnement, pour prendre contact avec. Je ne savais pas à quoi m’attendre à ce moment-là et aujourd’hui non plus d’ailleurs, tant cette fille est imprévisible. Mais c’est cela que j’aime chez elle. Nous parlons encore et encore sur divers sujets tout aussi éloignés les uns des autres. Elle est capable de se vanter de sa capacité à boire comme un trou sans jamais vomir et d’enchaîner dans la même phrase d’une ode à son chaton.
Après plusieurs jours de discussions intenses, nous décidons de nous voir. Après l’entrainement, je dois la rejoindre dans un café près de son école, à l’autre bout de la ville. Contrairement à mon habitude, je ne traîne pas aujourd’hui. Dès la sortie du terrain, je me douche en vitesse, enfile mon survêtement et fonce vers l’arrêt de bus le plus proche. Le trajet me fait bailler. Nous ne sommes que lundi mais je suis déjà fatigué. Quand je pense à la quantité de devoirs que je vais devoir encore faire en rentrant.

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Sitôt sortie du bus, je l’aperçois à travers la vitrine. Elle a le regard dans le vide, ses mains fines jouant avec une paille. C’est fou comme d’ici, elle a l’air normale. Je suis toujours planté devant l’échoppe, comme paralysé. C’est lorsqu’elle m’aperçoit que je vois son regard s’illuminer et que je me décide à entrer.



2019-02-08T23:00:00Z

Joyeux anniversaire Tom, joyeux anniversaire. Tu as 17 ans maintenant, tu es un homme, enfin presque.
C’est ce que je me dis au réveil, contemplant la photo de mon père et moi qui trône sur la table de chevet de ma chambre. Pas le temps pour la mélancolie, j’ai match aujourd’hui et il faut que je sois à l’heure, le car ne m’attendra pas. J’enfile mon survêtement, grignote une barre de céréales et fonce rejoindre Yorbe au pied de mon immeuble. Nous marchons en silence jusqu’au centre d’entrainement où le bus au couleur du club nous attend. Sitôt installé dans mon siège, j’enfonce mon casque sur mon crâne et lance une playlist au hasard. Je ne dois penser à rien, je ne veux penser à rien.
Dans le vestiaire avant la rencontre, mes coéquipiers chante joyeux anniversaire pour moi et Alexander Blessin, le coach, me félicite pour mon premier contrat professionnel. Je n’y avais pas pensé jusque-là mais c’est vrai que c’est aujourd’hui que ce document signé il y a déjà 7 mois prend effet.

Un match incroyable, il n’y a pour moi pas de meilleur moyen de le décrire. Titularisé sur le flanc droit, je profite dès le début de la rencontre des largesses défensives de nos adversaires pour réaliser plusieurs percées. La troisième sera la bonne. Sur un débordement, je centre en force. Le ballon est récupéré par Noah Jean Holm sur la gauche du terrain. Petit crochet et il le remet à Yorbe Vertessen qui, seul face au gardien, a le loisir de prendre le temps de le fixer pour le prendre à contre-pied. Deux minutes plus tard, nous aggravons le score. Mon coéquipier norvégien me lance dans la profondeur d’une superbe transversale. Accélération, dribble d’un premier défenseur venu à moi et je remet à Yorbe au moment où le second se jette dans mes jambes. 10 minutes de jeu et déjà 2-0.
Peu après, nous profitons d’une énième erreur de la défense de St Pauli pour transpercer le bloc. Je me retrouve seul devant le gardien que je lobe sans grandes difficultés avant de provoquer un penalty peu après, transformé par Noah.
Peu avant la fin de la première mi-temps, je marque mon second pion à la suite d’une chevauchée en solitaire, dribblant trois adversaires à la suite avant de tirer en force, le ballon touchant la transversale avant de passer la ligne.
Après la pause, St Pauli se montre enfin plus organisé derrière et je dois dire que nous levons gaiement le pied. Pourquoi pousser encore et encore lorsque nous gagnons par cinq buts d’écart ? Mieux vaut contrôler la rencontre.
A l’heure de jeu, je profite d’une permutation avec Yorbe qui me lance en profondeur vers la surface pour fixer le gardien avant de lui remettre le ballon d’une petite talonnade. Seul face au but, mon ami n’a plus qu’à pousser le cuir au fond des filets.
Peu après cela, le coach me fait sortir pour Nicolas Fontaine. Depuis l’arrivée de Yorbe, il ne bénéficie presque plus de temps de jeu, pour mon plus grand bonheur. Qu’est ce que je peux le détester lui et son air hautain. Sur le fin de la rencontre, le score sera de nouveau aggravé par l’intermédiaire de Noah et de Yorbe, portant le total à 8-0, une humiliation pour nos adversaires, sur le terrain qui plus est.



2019-02-16T23:00:00Z

Le grand jour est arrivé. Pour la première fois depuis mon arrivée en Allemagne, je suis convoqué pour une rencontre officielle avec l’équipe première, à l’instar de Yorbe. Nous profitons tout deux des blessures de plusieurs joueurs qui déforcent l’équipe aux avants postes. La sensation lorsque je m’installe dans le bus de l’équipe pour nous rendre à Stuttgart est indescriptible, un mélange de fierté et de bonheur. L’adjoint du coach l’a dit, il y a de grandes chances que je rentre en cours de partie, Marcel Sabitzer n’étant pas à 100%. Pour l’occasion, ma mère a prit un vol pour venir assister à la rencontre, tout comme Frank et sa copine Marie.

Ce premier match chez les A n’est pas aussi emballant que je le souhaiterai. La première mi-temps est même d’un ennui profond, les deux équipes multipliant les fautes et les erreurs techniques. Enfoncé dans mon siège, les mains dans les poches de mon blouson, je guette le coach du coin de l’œil, espérant entendre mon nom pour un remplacement.
Ce n’est qu’à la 70e minute de jeu que Marco Van Basten, l’adjoint, envoi plusieurs joueurs s’échauffer, dont Yorbe et moi. Tout en multipliant les longueurs, je prie à travers mes pensées pour que ce soit moi qui soit choisi, surtout que nous venons d’encaisser un but et que l’animation offensive est en berne depuis le début de la partie.

« Tom, prépare toi, tu rentres.» dit alors d’une voix forte le néerlandais.

Je me prépare au plus vite avant de rejoindre Philipp Lahm pour les habituelles consignes qu’il donne aux entrants. A la 81e, c’est enfin mon moment. Comme dans un rêve, je me vois taper dans les mains de Sabitzer, visiblement épuisé, et trottiner vers ma place, le long de la ligne de touche. Quelques minutes après, je suis rejoint par mon ami. Quel rêve de faire nos débuts professionnels ensemble. Je n’aurai jamais imaginer cela auparavant.
Jusqu’à la fin de la rencontre, je tente de faire la différence, sans succès. Je me sens légèrement dépassé par le rythme imposé par Stuttgart depuis le but de leur avant centre et je ne parviens pas à me mettre dans de bonnes conditions pour délivrer des ballons intéressants.
Lorsque le coup de sifflet final retentit, une foule d’émotions contradictoire m’assaille. Si je suis déçu de cette défaite et de mon manque d’efficacité, je suis heureux et fier d’avoir fait mes débuts.

Sur le chemin du retour, j’ouvre le site internet des fans francophones du club. Un article a déjà été publié pour annoncer les débuts de deux jeunes. Sitôt rentré chez moi, je l’imprime et le range dans une farde que j’ai acheté il y a peu pour y conserver mes souvenirs. Je contemple ce bout de papier quelques instants avant de glisser le tout sous mon lit.

17-02-19



2019-02-22T23:00:00Z

Après ma petite virée avec les A, il est temps de revenir sur terre. Ce samedi, je me rend à Hambourg avec les U19 pour une rencontre importante dans la lutte pour le titre. Il faut croire que mon ami à plus convaincu que moi la semaine passée puisqu’il est exemptée de match avec nous.

Pour cette rencontre, nos habitudes tactiques sont bousculé puisque le coach choisit au dernier moment de nous faire basculer en 4-4-1-1, me faisant évoluer en soutien de Jean Holm. Si au début je suis circonspect d’être dans une position axiale, je me prends vite au jeu et commence à user de nombreux décrochages qui perturbent nos adversaire du jour.
Nous ouvrons le score assez vite, par l’intermédiaire de notre buteur norvégien qui reprend du bout du front un centre venu de loin derrière. Le rythme s’emballe mais aucune des équipes ne parvient à faire la différence avant la fin des 45 minutes.
Lors de la seconde période, j’obtiens un penalty grâce à une poussette dans la surface d’un des défenseurs centraux, celui qui vient d’entrer. Noah ne tremble pas au moment de s’avancer et son tir, puissant et précis envoie le ballon en pleine lucarne. Après l’heure de jeu, je profite d’une combinaison entre lui et moi pour y aller de mon pion. Dos au but, je reçois le ballon de Noah grâce à un petit lob permettant au ballon d’éviter une intervention limite. Je me retourne pour faire face à la ligne défensive de Hambourg. Passement de jambe, crochet, je pénètre la ligne, arme mon tir et frappe de toutes mes forces dans le cuir qui passe entre les jambes du gardien, immobile sur sa ligne. Avec mes coéquipiers, nous laissons éclater notre joie en nous enlaçant pendant quelques instants avant de reprendre nos places et de défendre le score jusqu’au bout, sur consigne du coach.

De retour à Leipzig, nous allons fêter la victoire avec Tom Krauß en allant boire quelques bières dans un pub du quartier. S’il me propose de l’accompagner dans une soirée underground, je décline, voulant rentrer me reposer. L’appartement est vide, Frank est en Belgique, ça me fera du bien d’avoir un peu de calme.
Une fois la porte passée, je jette mon sac dans un coin du hall. Une lumière est allumé dans le salon. C’est curieux, je suis persuadé d’avoir tout éteint avant de partir. Alors que je m’avançais vers la pièce de vie, un bruit se fait entendre derrière moi. Cela vient de la salle de bain. J’ai le coeur qui bat à cent à l’heure mais je m’arme de mon courage et me dirige doucement vers la porte en bois. Je m’arrête devant et tend l’oreille pour entendre le moindre bruit. Après quelques instants de calme, une voix familière retenti :

«Alors quoi ? Est-ce que tu vas te décider à entrer ?»

J’ouvre doucement la porte, stupéfait. Non, ce n’est pas possible. Et pourtant si. Une blonde, visiblement dévêtue, barbote dans la baignoire qui trône au milieu de la pièce. Cassie. Mais qu’est ce qu’elle fait là ?

4

Je m’approche doucement d’elle. Un million de questions se bousculent dans ma tête.

«Arrête de glander et rejoint moi. Je me sens seule dans cette baignoire.» me dit-elle en se tournant vers moi.

Après un moment d’hésitation, mes vêtements rejoignent le tas des siens et je me glisse en face d’elle, dans l’eau chaude. Je voudrai lui demander comment elle a réussit le tour de force de rentrer ainsi chez moi sans avoir la clef mais avant que je puisse prononcer le moindre mot, elle s’approche et m’embrasse comme jamais je n’ai été embrassé.
La suite se révèle tout aussi magique, des minutes ou des heures, je serai incapable de le dire, de pur bonheur. Avec Cassie, nous expérimentons le fait de ne faire qu’un, d’être, l’espace d’un instant unit à travers un élan indivisible.



2019-02-23T23:00:00Z

Je ne sais pas quand ni comment je me suis retrouvé là, je ne me souviens plus de tout cela, mais c’est dans mon lit que j’ouvre les yeux sur le son d’une porte qui se ferme pourtant doucement. Je distingue à travers les tentures la grisaille du jour qui se lève. Il n’est pas plus de sept heure. Je me retourne sur le côté. Cassie n’est plus là. C’est elle que j’ai entendu partir. Elle n’a pas attendu que je me réveille pour enfiler ses vêtements et filer avant que la ville ne s’éveille vraiment. Un sentiment de solitude m’envahit. En y réfléchissant bien, je ne connais pas vraiment cette fille. Qu’est ce qui l’anime ? Comment voit-elle le monde qui l’entoure ? Comment dirige-t-elle sa vie ? Et pourtant, elle me manque. Son absence est un coup de poignard pour moi.

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2019-03-09T23:00:00Z

Il faut croire que mes prestations à l’entrainement ont convaincu Philipp Lahm, car en ce début de mois, je ne suis plus convoqué avec les U19. Mais je dois attendre le 10 pour avoir le bonheur de m’asseoir sur le banc, pour ma première rencontre à domicile, au Red Bull Stadium. Lorsque j’entends les premières clameurs en montant sur le terrain pour m’échauffer avec mes coéquipiers, un sourire se dessine sur mes lèvres.

Le match commence sur les chapeaux de roues. Dès les premiers instants, je vois notre équipe affluer vers le goal adverses en vagues continues. Nos adversaires reculent encore et encore et concèdent un but à la 5e minute de jeu sur une frappe tendue de notre milieu, Amadou Haidara. Les instants suivants, nous continuons de pousser pour rapidement inscrire un deuxième but mais lorsque la pluie commence à tomber, le rythme retombe instantanément.
Lorsque nous revenons du vestiaire, la pluie tombe drue. Le terrain est détrempée, j’ai l’impression de voir 22 joueurs patauger. Le rythme devient faible, très faible et l’ennui gagne le banc et les travées du stade. Les chants se font plus rares, tout comme les clameurs.
Vers la fin de la rencontre, je pars m’échauffer sous une pluie battante avec quelques coéquipiers. J’entends que ça grince des dents autour de moi, je crois que pas grand monde à envie de rentrer sur le terrain, surtout qu’il ne s’y passe plus rien depuis un moment. Finalement, c’est moi qui prends la place d’Emil Forsberg sur le flanc gauche à la 82e.
Je coure me placer et dès mon entrée, j’essaie de mettre un peu de vie dans cette rencontre sans saveur. A l’exception d’un tacle mal géré qui me vaut un carton jaune, je ne fais pas grand chose, l’absence de rythme me freine de trop. Lorsque le coup de sifflet retentit, nous sortons tous rapidement de cette pelouse détrempée. Une bonne douche bien chaude remplacera avec bonheur la pluie glacée.



2019-03-16T23:00:00Z

Je profite toujours des nombreuses absences devant pour intégrer les A pour un déplacement à Gelsenkirchen. Je suis remonté comme un pendule suisse, j’ai vraiment envie de montrer ce que je vaux.

Assis sur le banc aux côtés de Yorbe, je regarde le match plaisant qui se déroule sous mes yeux. Nous sommes en forme aujourd’hui et nous dominons les débats, monopolisant le ballon dans le camp adverse. C’est à la 22e que nous ouvrons le score, grâce à une tête puissance de Laimer. Nous maintenons la pression sur la cage adverse et ce qui devait arriver arriva. Sur une percée de Timo Werner, Fabrice reçoit le ballon aux abords de la surface et décroche une frappe puissante qui permet au ballon de se loger en pleine lucarne. Tout le banc se lève d’un bond pour le premier but chez les professionnels de Fabrice Hartmann qui en plus bat le record du plus jeune buteur du club.
A la 70e minute de jeu, j’entre à la place de mon ami. Nous nous enlaçons au moment où je rentre sur le terrain et Fabrice me murmure quelques mots à l’oreille que je ne comprends pas, tant je suis concentré. Tout en trottinant pour rejoindre la ligne de touche opposée, je me répète inlassablement : Je veux briller, je veux briller, je veux briller.
Je reçois rapidement mon premier ballon et je me lance dans un vrai festival, crochets, passements de jambe. La défense de Schalke semble dépassé à chaque accélération que je porte, sans qu’elles ne portent leur fruit.
Peu avant la fin du temps réglementaire, je lance en profondeur Werner qui dribble le gardien et pousse le ballon dans le but vide. Mais notre joie est de courte durée car le drapeau se lève pour un prétendu hors-jeu. Malgré nos protestations, l’arbitre annule le pion, pour mon plus grand déplaisir.



2019-03-20T23:00:00Z

Avec Yorbe, nous avons relié Bruxelles il y a quelques jours pour le rassemblement espoir. Nous n’avons que deux matchs amicaux au programme, rien de bien passionnant. Nous débutons par un déplacement à Amsterdam.

Après les entraînements du jour, nous retournons à l’hôtel pour le repas et un repos bien méritée avant la rencontre du lendemain. Avec plusieurs coéquipiers, nous faisons le mur pour déambuler dans le quartier rouge, endroit mythique de la ville. Sans trop savoir comment, je me retrouve seul. Je ne sais où les autres sont. Tout en cherchant après eux, je rencontre un groupe de jeunes parlant français. Nous discutons quelques instants et ceux-ci me proposent de les suivre dans un coffee shop un peu plus loin qui selon leurs dires, où on ne vérifie pas l’âge des consommateurs.

Nous nous attablons à l’intérieur et un des types roule un joint. Très vite, le pet tourne autour de la table. Si la première fois je passe mon tour, je me laisse tenter au second passage et rapidement, je me sens bien, très bien même.
Une petite heure plus tard, mon téléphone sonne. C’est un message de Yorbe qui me demande où je suis. Je prends alors conscience que j’ai match demain et que je suis en train de faire une grosse connerie. J’enfile ma veste et repart en courant jusqu’à l’hôtel, plusieurs kilomètres plus loin.

Patraque au réveil, le coach prend la décision de me faire débuter sur le banc. Les mains sur les cuisses, je vois Yorbe, titulaire en pointe, briller avec mes coéquipiers, et dominer les débats. C’est Vanheusden qui ouvre le score à la 29e. Sur un corner tiré rapidement, le défenseur du Standard, s’élève plus haut que les autres et reprend le cuir de la tête.
A la pause, le coach prend la décision de sortir mon ami à cause d’une gêne à la cuisse. Me sentant mieux, c’est moi qui reprend sa place à la pointe de l’attaque. Et dès la reprise des débats, je m’empare du ballon, avance de plusieurs mètres au sein d’une défense apathique et le passe à notre ailier droit qui tire en force pour le but du 2-0.
La suite de la rencontre est plus calme. Nous dominons les débats en monopolisant le ballon sans inscrire d’autres pions.



2019-03-24T23:00:00Z

Pour cette seconde rencontre amicale, à domicile cette fois, j’ai le plaisir de débuter sur le flan droit. Le onze est considérablement chamboulé, permettant à différents joueurs de disputer leurs premières minutes chez les espoirs. Et cela se voit rapidement. Nos automatismes sont proche du néant et chaque mouvement collectif que nous effectuons est une véritable purge. Rien n’est concordé, le pressing n’est pas accompagné, les transmissions sont poussives et les fautes se multiplient. En face, les jeunes serbes jouent crânement leur chance, sans parvenir à inscrire ce but tant attendu chez eux. Finalement, je sors à la mi-temps pour laisser du temps de jeu à un autre. J’ai bien tenté de secouer le cocotier mais rien y a fait. Mon individualisme m’a encore joué des tours. Finalement, le match se termine sur un score nul et vierge. Sitôt la fin sifflée, je fonce au vestiaire. Je déteste lorsque l’équipe ne gagne pas.



2019-03-29T23:00:00Z

Aujourd’hui est un grand jour ! Dès la première sonnerie de mon réveil, je me lève plein d’entrain. Pour la première fois de ma jeune carrière, je vais être titulaire avec les A, et à domicile pour ne rien gâcher.

Quel match catastrophique de ma part ! Dès le début de la rencontre, je suis sérieusement bousculé face à mon vis-à-vis. Alors qu’une fois de plus, nous monopolisons le ballon, je ne parviens pas à me dérober du marquage serré dont je bénéficie. Cela me frustre et avant la demi-heure de jeu, je reçois une carte jaune pour un geste d’humeur. Au moins, je ne suis pas seul. Bruma et Timo Werner avec qui je compose le trident offensif sont loin de briller, surtout ce dernier, ce qui me rassure un peu.
De retour au vestiaire lors de la mi-temps, le coach se fâche sur nous. Joueur après joueur, il pointe les erreurs que chacun a fait et comment il aimerait qu’on évolue.

«Lâches le ballon Tom. Ca ne ressemble à rien ce que tu fais.» me dit-il en se tournant vers moi.

Je fais mine de protester mais à peine j’ai la bouche ouverte que Philipp Lahm réagit tout de suite.

«Pas de discussion ! Tu lâches ce foutu ballon et c’est tout !»

Je baisse la tête et garde le silence jusque le retour sur le terrain. Malgré le discours du coach, nous jouons toujours aussi mal. D’ailleurs, je sors à l’heure de jeu pour Fabrice Hartmann. La tête basse et la mine renfrognée, je viens m’installer près du siège de Yorbe, à l’échauffement. Mais je n’aurai pas la possibilité de lui parler car il rentre peu après ma sortie à la place de Werner.
Comme un symbole, le seul but de la partie, inscrit à la 86e minute est une oeuvre de Vertessen, sur une passe en profondeur de Fabrice. Tout le monde se lève et applaudit sauf moi. D’un côté, je suis ravi pour mon ami et de l’autre je suis jaloux de sa réussite.
Le match terminé, je fonce dans le vestiaire me doucher, reprendre mes affaires et partir. Je veux voir personne. Je ramène mes affaires à l’appartement et repart aussitôt. Frank est là mais ce dont j’ai envie, c’est de calme et de tranquillité. Je pars en direction du centre, les mains en poche sous une fine pluie. La météo est aussi triste que moi.



2019-03-30T23:00:00Z

«Debout là-dedans !»

Je me réveille en sursaut au son de cette voie puissance. Une lumière blanche, crue m’agresse les yeux et me brouille la vue. Tout en essayant de me relever, je découvre petit à petit ce qui m’entoure.

Je suis sur un banc en bois avec en guise de couverture et de coussin mon blouson. Les murs et le sol sont composé du même carrelage blanc cassé et au bout de ce couloir qui m’a servit de chambre, une porte, des barreaux. Mais qu’est ce que je fous-là ?
Un homme se tient derrière, debout. Il porte un uniforme sur lequel je lis Polizei*. Et merde, je suis au commissariat. Mais qu’est ce qui se passe ? Je ne sais rien, je ne me souviens de rien, je ne comprends rien.
Le policier ouvre la porte et me fait signe de le suivre. Dans le hall, je retrouve mon frère, une lettre en main.

«Tu es libre jeune homme. Tu seras bientôt convoqué par le tribunal. En attendant, tiens-toi tranquille.» me dit l’homme d’une voix ferme.

Je suis Frank à l’extérieur en silence. Sa voiture est garée devant la porte. Sitôt dedans, mon frère explose.

«Mais putain ! Qu’est ce que tu avais en tête ! » hurle-il avant de démarrer.

Devant sa colère, je reste silencieux. Il enchaîne alors.

«Qu’on te retrouve complètement bourré, d’accord je peux l’accepter. Mais que tu frappes un flic, c’est du délire !»

Frapper un policier ? Mais qu’est ce que j’ai fait ? Je me prends la tête entre les mains et reste muet. Frank bouillonne, je vois du coin de l’œil la veine de son cou battre la chamade, mais il ne dit plus rien. Il n’y a rien à dire de toute façon. J’ai merdé, une fois de plus.

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2019-03-31T22:00:00Z

Suite à ma bêtise du week-end, je suis convoqué dans le bureau de Ralf Rangnick, le directeur sportif du club. Un mail a été envoyé à Frank précisant que j’étais dispensé de séance jusqu’à nouvel ordre et que je devais le rencontrer dans l’après midi. Lorsque je quitte l’école et que je prends la direction du centre, j’ai la boule au ventre qui grandit de façon exponentielle. Qu’est ce qui va m’arriver ? Ils ne vont quand même pas me faire partir pour ça ? Après un bon quart d’heure de marche, j’arrive au coin du bâtiment, les mains moites et des questions pleine la tête.

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Sitôt arrivé dans le couloir de son bureau, je toque à la porte. Celle-ci s’ouvre rapidement. Ralf Rangnick me fait entrer et me montre un des fauteuils en cuir devant son bureau. Je m’y installe. Le second est occupé par Frieder Schrof, le responsable de la formation. Je n’en mène vraiment pas large. Ça doit se voir vu comme je me tasse dans le siège.
Un silence pesant s’installe quelques instants. C’est le directeur sportif qui se racle la gorge et lance les hostilités.

«Je suppose que tu te doutes de la raison de ta convocation ici.»

J’acquiesce d’un hochement de tête. Je me sens mal, vraiment mal. Ralf Rangnick, l’air fermée, enchaîne.

«Un tel comportement est inacceptable. Nous ne pouvons tolérer qu’un joueur, peu importe son âge ou son importance se comporte de la sorte. Nous défendons certaines valeurs ici au club et la violence n’en fait clairement pas parti.»

La peur ne fait que de monter en moi. J’ai la sensation que je vais être au mieux envoyé ailleurs, au pire licencié. Je veux parler mais aucun son ne sort. Je manque d’air. Je voudrai dire à quel point je suis désolé, à quel point je m’en veux mais je n’y arrive pas. Je reste juste silencieux, comme toujours.
Frieder Schrof, muet depuis le début, se tourne alors vers moi et dit :

«Ecoute Tom. Le club va t’aider à éviter les ennuis. Nous savons que si tu présentes tes excuses au policier que tu as frappée, ils passeront l’éponge. Mais pour nous tu dois être sanctionné.»

Le directeur sportif prend la suite de son collègue.

«Pour commencer, tu seras totalement rétrogradé en U19, jusqu’à la fin de la saison. Fini les entraînements avec les A. Ensuite, nous voulons que tu ailles voir une psychologue. Nous avons prit rendez-vous pour toi.»

Je souffle enfin. Je m’attendais à bien pire. Présenter mes excuses, voir une psy et jouer avec les U19, il y a pire comme sanction.

«Demain, tu as rendez-vous avec Madame Schröder. Tu verras avec elle pour les excuses. Voici l’adresse.» me dit encore Ralf Rangnick en me tendant un papier. «En attendant, rentre te reposer. Tu reprendras les séances collectives à partir de mercredi.»

Je me lève et me dirige rapidement vers la porte. Je l’ouvre et au moment de quitter le bureau, je me retourne et dit d’une voix encore un peu chevrotante :

«Merci. Je ne vous décevrai plus.»



2019-04-01T22:00:00Z

Après les cours, je traîne un peu avec quelques personnes de ma classe avant de me rendre chez la psychologue. Son cabinet se trouve au 3e étage d’un immeuble plutôt vieillot, à quelques rues de chez moi. Je m’installe dans une salle d’attente vide, assez austère. A l’heure tapante, une porte sur le côté s’ouvre et une femme en tailleur apparaît.

«Tom Van Aert ? Vous pouvez rentrer.»

Tout en me présentant un fauteuil en cuir brun, la psychologue s’installe sur le siège en face. Je la détaille du regard. Elle correspond plutôt bien à l’image que j’imaginais d’elle, une femme d’une quarantaine d’année, brune, portant des tailleurs plutôt stricts et avare de sourire.
Le début de l’entrevue est hésitant. Je parle peu, très peu, répondant le strict minimum à ses questions. Puis après une bonne demi-heure, je me laisse aller et m’ouvre un peu plus.
Lorsque je repars de là, une heure et trente après mon arrivée, je tiens du bout des doigts une lettre d’excuse pour le policier que j’ai frappé que Madame Schröder m’a aidé à rédiger.
Je ne vois pas trop l’intérêt de voir un psychologue mais c’est le souhait du club. Et rien n’est plus important que mon envie d’être reprit au sein du groupe professionnel au plus vite.



2019-04-19T22:00:00Z

Malgré mon retour rapide aux entraînements collectifs, je suis privé des deux premiers matchs du mois. Pas de séjour sur le banc, je suis purement et simplement oublié des listes du coach. Ça me rend dingue, j’ai juste envie de jouer mais je ne dis rien, je dois faire profil bas. Ce n’est que le 20 avril que j’ai la chance de retrouver l’ambiance d’une rencontre de championnat U19, en débutant la rencontre sur le banc.

La fin de saison approche et les rencontres sont capitales pour espérer participer à la finale du championnat junior. La rencontre est difficile, le jeu est haché. Nous peinons à mettre le pied sur le ballon tant l’impact physique de Hanovre est important. Au fur et à mesure de l’avancement du match, nous reculons et ce sont nos adversaires qui nous dominent comme rarement l’équipe ne l’a été. Assis sur le banc, je vois Alexander Blessin, le coach s’exciter le long de la ligne de touche. On joue si mal.
A la 86e minutes, je fais enfin mon entrée sur le terrain. Je respire un grand coup et touche du bout des doigts le gazon. Tout en m’installant sur le côté droit, je m’encourage mentalement. Nous devons gagner et je veux aider l’équipe.
Toujours acculé dans notre camp, je peine à faire sortir le ballon, à l’instar de mes coéquipiers. Le temps réglementaire se termine et nous disputons les quelques minutes supplémentaires de jeu. Sur un énième corner de nos adversaires, je récupère le ballon aux abords de notre surface. D’un râteau bien senti, j’élimine un premier adversaire et lève la tête. Mads Bidstrup se trouve entre le rond central et la surface adverse, seul. J’arme mon pied gauche et réalise une transversale puissance qui atterrit précisément dans ses pieds. Encore seul, notre milieu a le temps de contrôler le cuir, de se retourner et de décrocher une frappe sur le côté droit, prenant le gardien à contre-pied. Le match se termine sur cette superbe action. Si la victoire est moche et étriquée, elle n’en reste pas moins essentielle.



2019-04-26T22:00:00Z

Pour l’avant dernière journée de la phase régulière, je suis enfin titularisé par le coach. Yorbe Vertessen qui joue plus souvent avec les A est lui aussi sur le terrain avec nous, titulaire à la pointe de l’attaque tandis que j’occupe le flanc droit. Devant un public plutôt conséquent pour une rencontre de jeunes, nous mettons le pied sur le ballon dès le coup d’envoi et nous faisons pression sur la cage des visiteurs. A la 6e minute, nous inscrivons notre premier but sur un coup franc joliment tiré.
Malgré l’égalisation de Dresden, nous reprenons la main grâce à une tête de Yorbe sur corner, puis c’est à moi d’inscrire mon nom au tableau d’affichage grâce à un tir puissant entre les jambes du gardien.
A l’heure de jeu, je récidive, cette fois-ci d’une reprise de volée qui le cloue sur place. Peu après, je ressens une gêne au mollet et fait signe au coach que j’aurai besoin de sortir. Remplacé par Oliver Bias, je viens prendre place sur le banc pour assister à la fin du match. Au repos, mon mollet va mieux, mais chaque mouvement m’arrache une petite douleur aiguë qui, bien que fort ténue, est irritante au possible.

A la fin du match, nous partons, Tom Krauß, Yorbe et moi rejoindre des amis du premier au bowling. Sur place, nous retrouvons Fabrice Hartmann, avec dans les bras une jolie asiatique et à côté, Cassie.
Depuis notre nuit de février, je ne l’ai pas revu. Elle n’a jamais répondu au moindre de mes appels ou messages. Mais cela ne semble pas lui poser de problème de conscience vu la manière dont elle m’étreint.

Nous restons plusieurs heures là-bas, à enchaîner les parties. Puis, nous nous rendons à quelques centaines de mètre de là, chez une amie de Tom. Nous nous installons dans la cuisine pour une partie de poker. Quelques verres plus tard, je reprends le chemin de l’appartement avec Cassie au bras. C’est fou comme malgré les semaines qui passent, rien ne change et tout semble aussi naturel, comme si c’était hier que nous nous étions vu pour la dernière fois.

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2019-05-03T22:00:00Z

Dernier match de la saison pour nous. Quoi qu’il se passe, nous finirons la phase régulière sur la troisième marche du podium. Alors autant se faire plaisir, surtout que c’est à domicile.
Pour l’occasion, Alexander Blessin décide de faire largement tourner l’effectif pour rendre un peu de temps de jeu à ceux qui jouent moins en cette fin de saison, comme Oliver Bias. Pour l’occasion, je suis titulaire à la pointe du trident offensif.

Comme à notre habitude, nous mettons le pied sur le ballon dès les premiers instants de jeu. Pas question de leurs laisser la moindre miette. En face, nos adversaires peinent à dépasser le rond central. Je crois bien que leur attaquant ne touche pas une seule fois le ballon de la première mi-temps.
Par deux fois, Mad Bidstrup fait trembler les filets, d’une reprise de volée et d’un tir puissant de l’extérieur de la surface. A chaque fois, je suis à la dernière passe. Nous rentrons au vestiaire avec le sentiment du devoir accompli. Avec deux buts d’avance et des adversaires inoffensifs, nous sommes tranquille pour la suite.
De retour sur le terrain, Bias fait parler la poudre à plusieurs reprises, sans parvenir à inscrire ce troisième pion. Et pourtant, il a plusieurs fois l’occasion, sans parvenir à concrétiser, en témoigne son tir au dessus des cages vides vers la 50e minute de jeu. Quelques minutes plus tard, il met enfin le cuir au fond à la suite d’un une-deux de folie avec Nicolas Fontaine. Les deux traversent une bonne partie du terrain ainsi et c’est l’allemand qui conclut d’une frappe bien placée.
Le festival Leipzig se met définitivement en branle. J’inscris un but de la tête quelques minutes après, imité par Bidstrup puis par Bias. Nicolas Fontaine cède ensuite sa place pour Fabrice Hartmann à la 75e minute. Mon ami, très en jambe, se montre intenable dès son entrée et c’est d’ailleurs sur un de ses centres que j’inscris mon deuxième but, de nouveau de la tête. Juste après cela, je sors et c’est du banc que je peux assister au dernier but de la partie, inscrit par l’inévitable Oliver. 8-0, merci, il n’y a rien à dire de plus.



2019-05-12T22:00:00Z

A l’instar de mes camarades de classe, tous en sport-étude comme moi, c’est aujourd’hui que commence la session d’examen. Grâce ou à cause des différentes compétitions sportives qui se passent en juin, nous avons la chance de pouvoir les passer avant. Quel enfer quand même. Heureusement, mon niveau d’allemand s’est encore amélioré et je pense que je parle et écris presque couramment. Pour moi, c’est assez fou. Dire qu’il y a un an d’ici, je ne pouvais pas imaginer que je devrai apprendre la langue, moi qui déteste ça de base. Mais voilà, si tout n’est pas facile ici, j’ai la chance d’être beaucoup aidé.

Honnêtement, j’aimerai bien laisser tomber l’école et me consacrer à 100% au football. Mais ma mère m’a fait promettre d’avoir l’équivalant du bac. Puis, le club s’est engagé à ce que je termine ma scolarité. Courage, il ne me restera plus qu’un an à tirer.



2019-05-17T22:00:00Z

18-05-19

Lorsque je vois ce tweet passer, je ressens une pointe de jalousie. C’est con, c’est une distinction pas spécialement prestigieuse mais j’aurai apprécier la recevoir. Mais bon, je dois bien reconnaître que mon coéquipiers la mérite.



2019-05-27T22:00:00Z

28-05-19



2019-05-28T22:00:00Z

Il est presque 20h00 quand je sonne à la porte de chez Fabrice Hartmann. Aujourd’hui, les A affrontent Arsenal en finale de la Ligue Europa pour essayer de décrocher le premier trophée européen de l’histoire du club.
Fabrice m’ouvre la porte. C’est assez drôle de le voir tout préparé, avec un petit pantalon en toile, des mocassins, une chemise ajustée mais des pénis dessinés au rouge à lèvre sur les joues.

«J’ai cru que tu ne viendrais jamais !» s’exclame-t-il. «Allez viens, tout le monde est déjà là.»

Je le suis à l’intérieur, lui donne mon pack de bière pour qu’il le mette au frais et rentre dans le salon. Dans le divan, Tom Krauß, Yorbe Vertessen, Cassie et deux autres filles que je ne connais que de vue, sont un verre à la main, le regard captivé par l’écran.

«Tu n’as rien raté.» me dit Yorbe en me tapant dans la main. «Ils n’ont fait que démonter le club pendant l’avant match. Comme quoi c’est une équipe de mercenaires, dans un club en mousse.»

Ce genre de remarques, c’est un peu le lot quotidien d’un joueur du RB Leipzig. Ça ne m’émeut plus. Je m’installe au sol, assis sur la moquette, le dos posé contre les jambes de Cassie, me sert un verre et le match commence.
La rencontre commence sur les chapeaux de roue puisque dès la 4e minute de jeu, Marcel Sabitzer ouvre le score, d’une frappe puissante de l’entrée de la surface. Dans le salon, nous exultons tous. Quel pied.
En face, Arsenal sort le grand jeu. L’équipe d’Unai Emery met le pied sur le ballon et parvient à nous mettre en difficulté à quelques reprises sans parvenir à mettre le cuir au fond. Devant l’écran, nous crions, encourageons les notres, buvons, chantons. Il y a limite plus d’ambiance dans ce petit salon que dans ce stade qui sonne désespérément vide.
Avant l’heure de jeu, ce qui devait arriver arrive enfin. Arsenal réduit le score grâce à un allemand, Shkodran Mustafi, sur un corner, que j’avoue, nous défendons très mal.
L’entrée de notre meilleur buteur, Timo Werner, à la 75e débloque la rencontre. Dès sa première touche de balle, il s’élance vers l’avant, remise sur la droite du terrain à un Sabitzer dans une forme olympique qui déborde et centre pour notre numéro 11 qui se lance la tête en avant au milieu d’une mêlée de joueur. But. 2-1. Le score ne bougera plus jusqu’à la fin.
Nous nous précipitons à l’extérieur. Leipzig a gagné la C3, c’est juste magnifique. Nous nous entassons tous dans la voiture de Fabrice et nous sillonnons les rues pendant plusieurs dizaines de minutes, criant, chantant et klaxonnant pour partager notre joie et amener un peu de vie dans une ville bien triste ce soir. En effet, pas d’effusion de supporter en folie dans le centre, juste devant le centre d’entrainement où le club avait installé un écran géant sur le parking pour que tous puissent suivre la rencontre.
Nous reprenons alors le chemin de la maison de Fabrice pour une nuit de folie. Musiques, alcools, filles, le meilleur des mélanges. Nous restons beaucoup ensemble Cassie et moi pour ce que j’appelle en rigolant, notre rencard mensuel.
Pendant la nuit, nous nous retrouvons pendant quelques instants seuls avec Yorbe. Tout deux éméchés, nous tombons dans les bras l’un de l’autre.

«La saison prochaine, ce sera notre saison.» lui dis-je.

Mon ami hoche la tête puis se dégage de on étreinte de type saoul pour nous servir deux bières. Nous les cognons, se regardant dans les yeux pendant qu’il dit :

«A l’avenir du duo belge ! Santé !»

Toujours yeux dans les yeux, nous nous lançons dans un affond représentatif du reste de notre soirée.



2019-05-29T22:00:00Z

30-05-19

30-05-19(1)

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Ton récit est passionnant. Celui que je lis immédiatement lorsque sortent les nouveaux posts.
Étonné qu’il y ait si peu de réaction !
Bravo pour ton boulot et très belle saison !

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Ton récit est génial en effet. C’est bien écrit, ça semble réaliste… C’est immersif et on y croit. J’attends la suite avec impatience

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Passionnant comme toujours, ça la fout mal de répondre cela à chaque post, même si c’est plus que mérité, c’est moi qui passerait pour le redondant :joy:

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Merci beaucoup @madzou, @LeDenoueix_du_pauvre et @xTeh :slight_smile:
Je fais pas mal de recherche pour que ce soit un minimum réaliste mais surtout je prends beaucoup de plaisir à l’écrire.
Je ne répond pas forcément sur chaque story que je lis, je comprends qu’on ne le fasse pas sur celui-ci, surtout que la forme ne s’y prête pas forcément. A bientôt pour le mois de juin

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2019-06-05T22:00:00Z

Aujourd’hui est un jour doublement spécial. Tout d’abord, je reçois les résultats de mes examens. Malgré mon aversion à l’école, j’ai vraiment bien bossé et j’espère que mes notes seront à la hauteur de mes espérances. Ensuite, et encore plus important, c’est aujourd’hui à 15h00 que la liste des sélectionnés pour l’Euro Espoirs est publié. Après que j’ai ramassé mes documents à l’école, il est prévu que nous nous retrouvions, Yorbe et moi, à l’appartement pour découvrir cela ensemble.
J’enfile un bas de survêtement, un t-shirt et je fonce, je cours littéralement chercher mon bulletin. Petit passage au secrétariat pour la signature habituelle et moins de cinq minutes plus tard, je suis dehors. Je m’assieds sur un banc et l’ouvre. Pour la première fois depuis bien longtemps, que du vert ! Soit je suis devenu un bon élève en une année soit les allemands sont très fort ! En prenant la route du retour, j’appelle ma mère pour lui annoncer mes résultats. Cette dernière est aux anges.
Lorsque j’arrive, Yorbe est déjà là, assis contre la porte en verre de l’immeuble. J’ouvre la porte et nous montons en 4e vitesse. La liste va bientôt être en ligne.
Juste le temps d’allumer l’ordinateur que 15h00 sonne au clocher voisin. Je me précipite sur le site de la fédération et clique sur le bandeau rouge vif qui figure sur la page d’accueil. Je me mets alors à dévorer du regard les 23 noms choisit par le staff pour être du voyage en Italie.
Je vois des noms connus défiler comme Vanheusden, Mangala, Verstraete ou encore Svilar et le mien en dernier mais pas de Vertessen. Je repasse en revue la totalité de la liste pensant avoir sauté une ligne mais non. Yorbe est recroquevillé à côté de moi, lui il a déjà compris qu’il ne sera pas du voyage.

«C’est quoi cette merde ?» lâche-t-il d’une voix légèrement chevrotante. «Il aurait pu me prévenir que je ne serai pas sélectionné.»

Je me retrouve alors dans une position délicate. D’un côté, je suis super heureux d’être reprit, pensant de base que ce serait compromis à cause de mon temps de jeu en baisse. Mais de l’autre, je n’aime pas, mais alors pas du tout voir un ami désemparer ainsi. Et je n’ai pas envie de laisser éclater ma joie devant lui.
Yorbe reste encore une bonne heure à l’appartement. Pour lui changer les idées, nous jouons un peu à la console et parlons de tout et de rien. Je sais qu’il en a gros sur la patate, je le vois à son visage fermée et ses gestes mécaniques mais je ne peux rien y faire. Ce n’est pas moi qui fait les listes après tout.



2019-06-11T22:00:00Z

Avant de disputer la phase de groupe face à l’Ukraine, la Turquie et surtout l’Allemagne, nous rencontrons les Pays-Bas en amical chez nous en Belgique. Je débute la rencontre sur le banc, tout comme Zinho Vanheusden avec qui je partage la chambre. Nous jouons vraiment mal aujourd’hui, encore plus que d’habitude. Est-ce parce que les esprits sont déjà tourné vers l’Euro ? Je n’en sais rien. Tout ce que je constate, c’est que nous sommes menés dès la 11e minute de jeu, sur un but assez chanceux de la cuisse à la suite d’un cafouillage ridicule dans notre petit rectangle. Par la suite, les néerlandais ferment la porte et à aucun moment nous ne réussissons à les faire bouger. Est-ce que nous le voulons vraiment ? Je n’en suis pas sûr. L’attitude désinvolte de certains de mes coéquipiers sur le terrain me laisse penser tout le contraire.
A la 88e minute, j’ai enfin le plaisir de fouler le terrain. Mais je m’y sens bien seul. A deux reprises, je récupère le ballon au niveau de la ligne médiane. J’accélère immédiatement, débordant facilement la défense néerlandaise mais pour quel résultat ? Je suis seul devant, personne ne suit l’action. La première et la seconde fois, je tente malgré tout, seul, pour un échec bien prévisible.
Mais à la troisième fois, et alors qu’il ne reste plus que quelques secondes, j’en ai marre. Et au lieu de m’empaler une nouvelle fois sur l’arrière garde orange, je décide de botter en touche.
Dès le coup de sifflet, je quitte le terrain. Heureusement que personne ne m’adresse la parole, j’aurai été fort désagréable avec, voir pire.



2019-06-12T22:00:00Z

Lorsque je me lève, mon premier réflexe est d’aller sur mon smartphone et de faire le tour des différents sites et pages qui parlent de football pour voir ce qui est dit à propos de notre prestation de la veille. Sans surprise, les rumeurs de tensions enflent.

13-06-19

Quelle galère. Mais après tout, ils ont bien raison. Est-ce parce que Yorbe n’est pas là mais ce rassemblement-ci ne me plait pas. Je trouve qu’une ambiance bizarre,tendue règne en permanence.

Après le petit déjeuner, nous sommes tous convié dans une salle de briefing pour une réunion spéciale. Lorsque nous arrivons, Johan Walem, le sélectionneur, est déjà présent, attablé, entouré de tout son staff et de deux personnes d’un certain âge que je comprends être de la fédération.
Pendant une grosse demi-heure, nous en prenons pour notre grade. Personne n’est épargné par les reproches du staff ou des deux pontes. Je ne sais pas quel objectif ils avaient en tête lorsqu’ils ont imaginer ce moment, mais j’en ressors encore plus en colère. Dans le couloir, je jette un coup d’œil sur les autres. Les visages sont fermés, les sourires absents. L’Euro me fait peur…



2019-06-17T22:00:00Z

Quel match de merde ! Vraiment ! Pour cette première rencontre, je suis titularisé sur l’aile gauche. Le match commence lentement, sur un faux rythme qui ne nous sied pas vraiment puisque nous enchaînons les erreurs techniques.
Après seulement 22 minutes de jeu, je suis contraint de sortir. Un défenseur ukrainien me tacle par derrière alors que je m’élançais vers leur but. Carte rouge pour lui mais un mollet enflé et douloureux pour moi qui me contraint à céder ma place, l’enfer.
Malgré notre supériorité numérique, la rencontre reste toujours aussi plate et ce sont finalement nos adversaires qui ouvrent le score sur un des rares temps forts qu’ils connaissent.
Première rencontre et nous nous mettons déjà en difficulté.



2019-06-20T22:00:00Z

Mon mollet étant toujours douloureux, le staff décide de me laisser en tribune pour la seconde rencontre, face à la Turquie. Le groupe est toujours autant en froid et cela se voit. Lors de l’échauffement, tout le monde est sérieux, trop sérieux et pendant la rencontre, il est difficile de discerner un collectif. C’est encore plus flagrant en s’éloignant du bord du terrain. Cela me permet de voir plus facilement que les mêmes circuits de passe sont utilisés et que de nombreux mouvements offensifs potentiels sont tués avant même d’être lancé.
Alors que seul la victoire était envisageable, nous ne parvenons qu’à obtenir un nul, 1-1, nous condamnant à l’exploit face à l’Allemagne, grande favorite du tournoi, et à prier pour que le résultat d’Ukraine-Turquie nous soit favorable.



2019-06-23T22:00:00Z

Le matin même de la rencontre, je n’étais pas sûr de la disputer, la faute à un mollet gauche toujours douloureux. Mais les tensions exacerbés au sein du groupe font que le coach n’a pas beaucoup de choix.
Après concertation avec son staff, il décide de me titulariser sur l’aile droite pour cette rencontre capitale. Je compte bien lui rendre sa confiance.

L’entame de la rencontre se révèle difficile, très difficile. Comme nous nous y attendions, les allemands mettent le pied sur le ballon et se montrent intenable, exerçant un pressing constant sur notre goal. Très vite, ils obtiennent un penalty sur faute de main, transformé par le latéral droit de Dortmund.
Lors de la mi-temps, Johan Walem essaye tant bien que mal de nous remonter le moral et de nous faire prendre conscience que nous sommes capable de renverser la situation. Je me sens porté par son discours, j’y crois vraiment, mais cela ne semble pas vraiment être le cas de tout mes coéquipiers. Ils sont trop nombreux à ne pas intéresser à ce qui ce dit.
Dès le lancement de la seconde période, je m’empare du ballon et me lance dans un numéro en solitaire, dribblant trois adversaires avant de décrocher une frappe puissante qui vient se loger en pleine lucarne. 1-1, le rêve est permit.
Malheureusement, nous ne parvenons pas à mettre suffisamment de rythme dans nos sorties de balles et nous sommes punis une seconde fois à la 77e. Je me prends la tête entre les mains en voyant le fol espoir que j’avais de nous qualifier s’éloigner au fur et à mesure des minutes passant.
Rien ni fait, ni les changements, ni la volonté des joueurs, les allemands sont trop forts, trop cliniques. Je ne parviens à réduire le score que lors du temps additionnel, à la suite d’une petite combinaison chanceuse pleine axe.
Le coup de sifflet retentit, je me laisse tomber sur la pelouse, les mains sur les tempes. Nous voilà éliminé, sans gloire, ni panache.



2019-06-25T22:00:00Z

Deux jours après la fin prématurée de notre Euro espoir, je suis de retour à Leipzig pour passer une dizaine de jours tranquille, des vacances, enfin, avant de reprendre l’entrainement. Sans surprise, Johan Walem a annoncé sa démission. C’est dommage, je l’aimais bien, même si nos prestations étaient clairement mauvaise par rapport au potentiel de l’équipe. Mais bon, il faut apprendre de ses erreurs. J’espère que cette compétition calamiteuse fera réfléchir certains.



2019-06-27T22:00:00Z

Cette après midi, j’ai rendez-vous avec Madame Schröder, ma psychologue, pour la première fois du mois. Ça me fait bizarre de la retrouver. Sitôt installé dans son bureau, elle me dit, le sourire aux lèvres :

«J’ai une bonne nouvelle pour toi. Le policier a accepté ton mot d’excuse et à retirer sa plainte.»

J’avais complètement oublié cela. Enfin, c’est une bonne chose de faite, ce que je lui dit,ce qui ne manque pas de la faire sourire.

«Sinon, comment te sens tu aujourd’hui ?» me demande-t-elle.

Je lui parle alors pendant un peu moins d’une heure du dernier rassemblement, de comment je me suis senti. C’est peut être la première fois que je me livre ainsi à quelqu’un. C’est une sensation bizarre, pas désagréable mais étrange, perturbant je dirai.

En sortant de la consultation, je fonce au skatepark profiter du beau temps. Ça fait un moment que j’ai plus trop fait de skate, je sais que le club n’est pas vraiment fan.

Malgré le beau temps, l’endroit est désertique. J’y reste seul, à enchainer des figures pendant plus d’une heure. Longtemps après mon arrivée, je me rends compte qu’une personne, une fille, une blonde est assise sur un rebord en béton. C’est Cassie.

«Ça fait longtemps que tu es là ?»

Un silence envahit le lieu. La jeune fille ne me répond pas, elle se lève juste et s’approche de moi, près, fort près même. Fixant son visage pâle, je sens ses doigts fins se glisser dans mes cheveux, sa main s’agripper à mon crâne et tirer ma tête à elle. Ses lèvres sur les miennes finnissent de m’achever et nous partons, sans un mot.
Je ne saurai trop expliquer le pourquoi du comment, mais cette fille exerce un pouvoir attirant sur moi. Elle a beau me laisser en plan, jouer avec moi je dirai même, je me laisse malgré tout approcher et toucher par elle. Le mystère de l’être humain.

Et voilĂ  la fin de la saison 1 de Tom Van Aert en Allemagne. A bientĂ´t pour la saison 2 :soccer:

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