:storyblue: :s5: 🇧đŸ‡Ș Tom Van Aert - Der Weg der Herrlichkeit :germany:

2020-01-31T23:00:00Z

1fevrier20
FĂ©vrier commence en fanfare par un dĂ©placement Ă  Augsburg. MalgrĂ© ma bonne prestation de la semaine passĂ©e, je dĂ©bute la rencontre sur le banc, remplacĂ© dans le onze par l’autrichien Marcel Sabitzer.

DĂšs le coup de sifflet inaugural, nos adversaires se replient dans leur camp, dans un bloc compact et solide. La pluie tombe drue sur la pelouse et tandis qu’un frisson me parcourt la colonne vertĂ©brale, je vois mes coĂ©quipiers, sans solution, essayer de passer plein axe encore et encore, ce qui provoque la colĂšre du coach qui fait les cent pas devant le banc.

Peu avant la mi-temps, Kevin Kampl rĂ©cupĂšre le le ballon au niveau du rond central, lance en profondeur Timo Werner qui se dĂ©fait du marquage de son chien de garde, et juste devant le portier adversaire se dĂ©fait du cuir d’une subtile talonnade pour Sabitzer qui reprend plein axe. 1-0 juste avant la pause, le moment idĂ©al pour semer le doute chez nos adversaires.

Pourtant, lorsque les vingt-deux acteurs reviennent sur la pelouse gorgĂ©e d’eau, rien ne change au niveau de la physionomie de la rencontre. Augsburg reste repliĂ© dans son camp malgrĂ© qu’ils soient menĂ©s au score et mes coĂ©quipiers peinent toujours autant Ă  s’approcher du but averse. Ce statut quo Ă©nerve plusieurs d’entre nous et certains gestes d’humeurs font leur apparition sur le terrain. Bruma rĂ©colte notamment un carton jaune pour avoir dĂ©gagĂ© la balle aprĂšs qu’une faute soit sifflĂ© en faveur de nos adversaires.

Vers la 75e minute, je rentre en jeu, en lieu et place de l’ailier portugais, sur l’aile gauche, pour une des premiùres fois de la saison. Avant de monter sur la pelouse, Philipp Lahm me donne quelques consignes.

«Reste bien le long de la touche. Déborde et centre dans la surface. Bonne chance !»

AprĂšs avoir tapĂ© dans la main de mon coĂ©quipier sortant, je trottine pour rejoindre ma position. Le jeu reprend doucement, le rythme est bien plus faible. Je crois que le manque de solution et le temps affreux dĂ©courage un peu tout le monde de faire l’effort de faire de la diffĂ©rence. J’essaie tant bien que mal de mettre un peu de rythme dans ces derniĂšres minutes, sans succĂšs. Je rĂ©ussis bien quelques dĂ©bordements suivi de centres mais cela se voit que je n’évolue pas dans un rĂŽle habituel pour moi puisque je suis loin de me montrer prĂ©cis.

Le coup de sifflet final arrive comme une dĂ©livrance pour tous. Tout le monde se prĂ©cipite dans les vestiaires pour se mettre Ă  l’abri de la pluie. Si le score reste dĂ©cevant, une victoire reste une victoire et dans le cadre de la course au titre, ce genre de rencontre reste capitale.

2020-02-03T23:00:00Z

6fevrier20
Quelques jours aprĂšs le dĂ©placement Ă  Augsburg en championnat, nous nous rendons Ă  Hoffenheim pour le compte de la Coupe d’Allemagne. Comme Ă  son habitude en coupe, le coach fait largement tourner l’effectif, avec pas moins de huit changements.

La premiĂšre mi-temps est poussive, et c’est peu de le dire. Pendant 45 minutes, nous enchaĂźnons les tentatives avortĂ©es, les mauvaises dĂ©cisions et les imprĂ©cisions tactiques. Je ne suis pas en reste tant moi aussi, je fais preuve d’imprĂ©cisions. MalgrĂ© un discours se voulant motivant de la part du coach, nous ne jouons pas mieux lors de la seconde pĂ©riode.

A l’heure de jeu, je suis remplacĂ© par Fabrice Hartmann. Le coach n’a rien Ă  dire, je vois bien Ă  son visage fermĂ© qu’il est plutĂŽt déçu de ma prestation. Et ce n’est pas le seul, moi aussi je suis déçu. J’enfile un survĂȘtement, une veste que je ferme jusqu’au cou et m’installe sur le banc, le visage fermĂ©, pour assister Ă  la fin de la rencontre.

Avec un score nul et vierge, nous nous voyons contraint de nous en sortir aux penaltys. Tout le monde retient son souffle, debout pour assister Ă  la sĂ©ance. Bien que la DFB Pokal ne soit pas un objectif prioritaire des dirigeants, surtout Ă  la vue de la belle forme en championnat, ce serait dommage d’ĂȘtre Ă©liminĂ© si tĂŽt dans la compĂ©tition. Finalement, c’est nous qui poussons un soupir de soulagement, lorsque nos adversaires manquent leur quatriĂšme et derniĂšre tentative. Tout le monde se jette sur Yorbe Vertessen, auteur de notre dernier tir pour le fĂ©liciter. Il le mĂ©rite bien, il a Ă©tĂ© un des meilleurs de l’équipe lors de cette rencontre.

2020-02-07T23:00:00Z

Quatre jours aprĂšs notre victoire aux penaltys, nous recevons Frankfurt pour le compte du championnat. Nos adversaires du jour ont perdu plusieurs de leurs Ă©lĂ©ments de la saison passĂ©e et ne sont plus dans la mĂȘme dynamique. Pour autant, ils ne sont pas Ă  sous-estimer comme nous le rĂ©pĂšte le coach pendant son briefing d’avant match.

Au moment de monter sur la pelouse, je respire un bon coup. Je ne devais pas ĂȘtre titulaire aujourd’hui, surement Ă  cause de ma derniĂšre prestation, mais une nouvelle gĂȘne Ă  la cuisse de Marcel Sabitzer a convaincu le coach de ne prendre aucun risque et de m’installer sur la droite du trident offensif. A moi de prouver qu’il a bien raison de faire ce choix.

8fevrier20
La rencontre commence sur des chapeaux de roues. Nous sommes tous motivĂ© Ă  nous mettre Ă  l’abri le plus vite possible et cela se remarque dĂšs l’entame du match puisque nous nous lançons Ă  l’abordage de la surface adverse. Je touche mon premier ballon en rĂ©cupĂ©rant une dĂ©viation de la tĂȘte de Tom Krauß.

Quelques minutes plus tard, Tyler Adams rĂ©cupĂšre le ballon plein axe d’un joli tacle glissĂ©. Le milieu amĂ©ricain lĂšve la tĂȘte, voit l’appel d’Emil Forsberg le long de la ligne de touche et lui transmet la balle d’une louche prĂ©cise. Directement, je me lance en avant, repiquant dans l’axe. Ce mouvement sans ballon semble perturber mon vis-Ă -vis qui visiblement, ne sait pas s’il doit me suivre puisque je le vois hĂ©siter trop longtemps avant de lancer son effort. Mais c’est trop tard. Je court sur la diagonale du terrain, et en quelques instants me retrouve au niveau de mon coĂ©quipier suĂ©dois qui me remet le cuir de l’extĂ©rieur du pied droit. Je contrĂŽle, me retourne, dribble un dĂ©fenseur adverse et tire de mon pied droit. La balle fuse, frappe le montant opposĂ© avant de faire trembler le filet. Trop facile pense-je.

Une dizaine de minutes plus tard, je rĂ©cupĂšre le ballon Ă  la suite d’un geste dĂ©fensif d’un de nos milieux de terrain mais au lieu de me lancer vers l’avant, je l’envoie immĂ©diatement de l’autre cĂŽtĂ© d’une transversale puissante. Ce geste surprend, surtout que Kevin Kampl s’était avancĂ© vers moi pour que je le lui remise mais de l’autre cĂŽtĂ©, Marcel Hoppe, notre latĂ©ral gauche avait levĂ© le bras. Le dĂ©fenseur allemand contrĂŽle facilement le cuir, s’avance rapidement et centre en force. Timo Werner se lance en avant et coupe la trajectoire du front. 2-0, que demander de plus ?

Le jeu reprend plus tranquillement. Nous contrĂŽlons les dĂ©bats et nos adversaires ne se montrent pas particuliĂšrement dangereux pour l’occasion. A la mi-temps, le coach se montre satisfait de ce que nous montrons, dans une surface comme dans l’autre.

De retour sur la pelouse, nous reprenons sur le rythme tranquille que nous initions à la fin de la premiÚre mi-temps. Le ballon étant confisqué, nos adversaires ne semblent pas savoir quoi faire et pressent de maniÚre désordonnée.

Vers la 53e minute, notre dĂ©fense rĂ©cupĂšre le ballon sur une des rares incursions de Frankfurt. Tyler Adams reçoit le ballon, un petit crochet pour Ă©viter la charge d’un adversaire et remet sur Marcel Hoppe, sur sa gauche. Le latĂ©ral, dĂ©cidĂ©ment en jambe, accĂ©lĂšre brusquement pour rĂ©cupĂ©rer le cuir, passe un joueur et centre en profondeur. J’avais vu et anticipĂ© son geste. C’est pour cela que pendant qu’il avançait, je m’avançais aux abords de la surface. Lorsque le ballon arrive vers moi, je suis un peu trop avancĂ© pour le reprendre sereinement. Je lance alors mon corps en l’air dans une sorte de reprise de volĂ©e un poil bizarre. Mais cela fait son effet. Le ballon propulsĂ© par mon coup puissant s’envole vers la lucarne gauche. Le portier est battu, il n’aura pas esquissĂ© le moindre geste.

Quelques minutes plus tard, je suis fauchĂ© par un de nos adversaires, juste devant leur surface. Ma cheville droite me fait mal. Je suis alors remplacĂ© par mon ami, Fabrice. Claudiquant, je lui tape dans la main avant de rejoindre notre banc, le visage fermĂ©. Demain c’est mon anniversaire, mes dix-huit ans. Ça aurait Ă©tĂ© un beau cadeau d’inscrire un triplĂ©. Tant pis, ce sera pour l’annĂ©e prochaine.

2020-02-08T23:00:00Z

AprĂšs le match, j’ai du passer une radio pour vĂ©rifier l’état de ma cheville. Heureusement, elle n’est pas cassĂ©, il y a juste un hĂ©matome sur l’os, bĂ©nin mais douloureux. Et voilĂ  que je me retrouve Ă  l’arrĂȘt pour au moins quatre jours. Ça va, ça aurait pu ĂȘtre pire.

Oui, mais aujourd’hui, ce n’est pas un jour comme un autre, et je ne devrais pas ĂȘtre en colĂšre, parce qu’aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Dix-huit ans, enfin majeur. Frank m’emmĂšne dĂźner avec Marie et Cassie au Falco, un lieu chic offrant une vue imprenable sur la ville.

AprĂšs le repas, nous rentrons Ă  l’appartement. Cassie a envie de sortir, de faire la fĂȘte, mais tout ce qui m’interresse, c’est de me reposer. Je veux ĂȘtre le plus vite sur pied et j’ai en moi la douce utopie que si je mĂšne un mode de vie sain, d’un coup tout va se rĂ©parer en un rien de temps.

2020-02-14T23:00:00Z

MalgrĂ© que je n’ai fait mon retour Ă  l’entrainement que le 12 fĂ©vrier, le coach fait appel Ă  moi pour animer le cĂŽtĂ© droit lors du dĂ©placement Ă  Stuttgart. Sabitzer est en phase de reprise, Fabrice est malade, ne reste plus que moi pour ce cĂŽtĂ©. D’ailleurs, je suis alignĂ© pour la premiĂšre fois de la saison au cĂŽtĂ© de Yorbe qui Ă©trenne sa premiĂšre titularisation en championnat, un signal fort de qui devient le numĂ©ro deux au poste de 9, au dĂ©triment de Yussuf Poulsen, trĂšs loin de son meilleur niveau cette saison.

15fevrier20
Ds le dĂ©but de la rencontre, les locaux mettent la pression sur le porteur du ballon et essayent de perturber au mieux notre jeu. Je dois bien avouer que cela fonctionne plutĂŽt bien. Le premier quart d’heure de jeu, nous sommes littĂ©ralement submergĂ©s. Nous n’arrivons pas Ă  poser le rythme, remettre le pied sur le ballon et Ă  les faire tourner en bourrique, c’est plutĂŽt l’inverse mĂȘme. Mais, passĂ© cette premiĂšre partie, l’intensitĂ© de leurs courses baissent et nous nous mettons enfin en avant.

Juste avant la demi-heure de jeu, c’est Tom Krauß qui a le plaisir d’ouvrir le score. Sur un corner bottĂ© par Forsberg, le milieu vient au milieu de la mĂȘlĂ©e, saute plus haut que tout le monde et reprend le cuir du front. Une grosse dizaine de minute plus tard, Yorbe aggrave le score en reprenant lui aussi de la tĂȘte le ballon sur un centre tendu de Marcel Hoppe, nous laissant Ă  la mi-temps avec une confortable avance au tableau d’affichage.

De retour sur la pelouse, les locaux se montrent dĂ©terminĂ© Ă  rĂ©duire le score. Mais trop tard, leur chance est passĂ©e. Nous avons le pied sur le ballon et mĂȘme si nous avons plus de mal Ă  avancer Ă  cause de leur pressing agressif, ils ne montrent Ă  aucun moment dangereux devant notre cage.

A la 78e minute, nous inscrivons un troisiĂšme but, en vĂ©ritable remake du prĂ©cĂ©dent. Tom Krauß rĂ©cupĂšre le ballon, lance Marcel Hoppe le long de la ligne de touche. Le latĂ©ral dĂ©borde son vis-Ă -vis et centre en force pour Yorbe qui place sa tĂȘte au bon endroit au bon moment pour prendre Ă  contre pied le portier adverse. Quel match pour mon coĂ©quipier, mon ami.

Quelques minutes plus tard, Stuttgart lance une grande offensive, la premiÚre réellement dangereuse de la seconde mi-temps qui se conclu par un tir non cadré. Notre gardien relance rapidement vers Nordi Mukiele qui avance avant de me lancer en profondeur, le ballon roulant le long de la ligne de touche. Je récupÚre le cuir, évite la charge du latéral, pivote et avance vers la surface adverse. AprÚs avoir facilement dribblé un de leurs centraux, je tire en force. Le ballon frappe le poteau et fait trembler les filets. 4-0, la messe est dite.

Forts de notre confortable avance, nous ralentissons encore le rythme et maĂźtrisons la partie, ce qui semble Ă©nerver nos adversaires qui se montre plus agressif encore. Alors que nous entrons dans le temps additionnel, je reçois un ballon relativement loin du but adverse. Mon contrĂŽle est interrompu lorsque je sens une semelle appuyer contre ma jambe et un corps me basculer dessus. Je tombe avec l’autre joueur sur moi. L’arbitre siffle immĂ©diatement et sort la carte jaune, pas cher payĂ© pour un tacle par derriĂšre. Je grimace de douleur, ma cheville droite me fait mal et gonfle Ă  vue d’Ɠil. Pas le choix, je sors pour me faire soigner.

A l’issu de la rencontre, je pars passer quelques examens. Le bilan est sans appel : Entorse et deux semaines d’arrĂȘt minimum. Je suis Ă©videmment super déçu. Nous allons rencontrer l’AtlĂ©tico Madrid en Ligue des champions, et j’aurai aimĂ© en faire partie.

2020-02-24T23:00:00Z

Cela fait maintenant dix jours que je traĂźne mon spleen loin des terrains d’entraĂźnements. De mon canapĂ©, j’ai assistĂ© Ă  la dĂ©faite cinglante sur le score de 3-0 en Ligue des champions et la mauvaise prestation de mon « concurrent Â», Marcel Sabitzer. Le pauvre, pas encore au top et propulsĂ© dans un mach Ă  enjeu, pas vraiment un cadeau.

Pour passer le temps, je joue encore et encore Ă  la console. Cela m’occupe quand les autres sont au travail ou juste occupĂ©. Pendant une partie de GTA, alors que je suis tranquillement occupĂ© Ă  Ă©craser la totalitĂ© des piĂ©tons que je croise, mon tĂ©lĂ©phone sonne. Je n’ai pas vraiment envie de parler Ă  quelqu’un mais bon c’est tellement rare, il faut bien que je rĂ©ponde quand ça arrive. Je met le jeu sur pause et dĂ©croche prestement.

«Bonjour Tom, c’est Mary Schröder. Je ne te dĂ©range pas ?»

Je suis surpris qu’elle m’appelle. Habituellement, je reçois juste un message pour me confirmer la date du rendez-vous suivant, prit à la fin de la consultation.

«Je t’appelle car j’ai une mauvaise nouvelle. Une canalisation a Ă©clatĂ© et inondĂ© mon cabinet. Pour la durĂ©e des travaux, je vais faire mes consultations chez moi. Ça ne te dĂ©range pas ?»

«Non du tout. EnvoyĂ©e moi l’adresse et je viendrais.» dis-je.

A la fin de la communication, je reçois un SMS avec la confirmation de notre prochain rendez-vous : Lundi 2 mars à 19h00. Tandis que je note cela sur le calendrier qui trîne dans ma cuisine, j’attrape de l’autre main une biùre dans le frigo. Le professionnalisme attendra, aujourd’hui, j’ai soif.

8 « J'aime »

Super rĂ©cit comme d’habitude ! :slight_smile:
J’ai une question : as tu un club qui est intĂ©ressĂ© par toi ?

2 « J'aime »

Oui c’est vrai, quelles Ă©quipes te tournent autour ?

1 « J'aime »

Ton recit est magnifique et trĂšs prenant!

1 « J'aime »

RĂ©ponses aux lecteurs

Merci beaucoup @Steven18. Pour l’instant, plusieurs clubs semblent intĂ©ressĂ© : Dortmund, Napoli, Tottenham, Arsenal. Mais aucune offre concrĂšte.
Merci beaucoup @CoachLudo, cela fait toujours plaisir :slight_smile:

1 « J'aime »

2020-03-01T23:00:00Z

Comme prĂ©vu, il est 19h00 pile quand je sonne au domicile de ma psychologue pour cette premiĂšre consultation Ă  son domicile. Rapidement, elle m’ouvre et m’invite Ă  la suivre dans son bureau, au rez-de-chaussĂ©e d’une maison de mĂštre discrĂšte d’une petite rue tranquille. Nous nous installons et dĂ©marrons la consultation par la sĂ©rie de questions habituelle. Comment je me sens ? Qu’y-a-t-il de diffĂ©rent de la derniĂšre fois ? Est-ce que la tentation de l’alcool revient souvent ? Et ainsi de suite.

Mais trĂšs vite, la discussion dĂ©rape sur d’autres sujets, moins de l’ordre professionnel. Ainsi, j’apprends que Mary vient d’obtenir l’officialisation du divorce, ce qui la soulage grandement d’aprĂšs elle. Puis, elle commence Ă  m’interroger de maniĂšre plus ou moins subtile sur mes goĂ»ts en matiĂšre de femmes. C’est une conversation Ă  la fois perturbante et intrigante. HonnĂȘtement, elle pourrait ĂȘtre ma mĂšre, du moins par rapport Ă  son Ăąge, mais en mĂȘme temps, je trouve qu’elle est d’une certaine maniĂšre, entreprenante avec moi. Et je n’ai toujours pas su dĂ©terminer si ce petit jeu de sĂ©duction me plait ou m’ennuie.

2020-03-06T23:00:00Z

Pour la premiĂšre rencontre du mois de mars, nous recevons Dortmund. Si la nomination d’Antonio Conte a permit aux jaunes et noirs de remonter au classement, ce n’est pas encore le rouleau compresseur de la saison passĂ©e. D’ailleurs, les pronostiqueurs nous voient l’emporter aujourd’hui. Aujourd’hui, je prends place sur le banc, remplacĂ© par Fabrice Hartmann.

7mars20
Le match commence doucement, sur un faux rythme qui nous permet de nous montrer les plus dangereux les vingt premiÚres minutes, sans parvenir à conclure. Avec une défense à trois bien solide, les visiteurs bloquent et font tourner en bourrique nos attaquants.

La pemiĂše pĂ©riode en entiĂšre peut ĂȘtre rĂ©sumĂ© en une phase de jeu. Mes coĂ©quipiers rĂ©cupĂšrent le ballon, avancent un peu mais se cassent les dents sur l’arriĂšre garde de Dortmund qui relance rapidement vers l’avant oĂč Reus monopolise le ballon. Heureusement pour nous, ils ne se montrent pas plus prĂ©cis devant notre goal puis il faut bien reconnaĂźtre que notre ligne dĂ©fensive est bien en place.

La seconde mi-temps part sur les mĂȘmes bases que la prĂ©cĂ©dente mais passĂ© l’heure de jeu, deux erreurs Ă  cinq minutes d’intervalles font basculer la rencontre. A la 66e minute, Marco Reus se dĂ©fait du marquage de notre dĂ©fenseur centra français, Ibrahima KonatĂ© et place une frappe dans le coin droit de notre cage qui trompe totalement notre gardien avant de rĂ©cidiver peu aprĂšs en rĂ©cupĂ©rant le cuir sur une mauvaise transmission de KonatĂ© et de prendre Peter Gulasci Ă  contre-pied.

AprĂšs cela, Philipp Lahm procĂšde Ă  deux changements consĂ©cutifs et me fait entrer en jeu, Ă  la place de Fabrice, transparent ce soir. Mais c’est trop tard, Dortmund a jouĂ© son coup Ă  fond et maintenant se retrouve repliĂ© dans son camp pour dĂ©fendre corps et Ăąme le score.

2020-03-10T23:00:00Z

AprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂšchement battu par trois buts Ă  zĂ©ro au match aller, nous recevons les espagnols avec la dĂ©licate mission de remonter ce score pour nous qualifier. Enfin, c’est ce que je souhaiterais. Dans les faits, notre prĂ©sident, OLiver Mintzlaff, est plutĂŽt venu dans le vestiaire avant match pour nous fĂ©liciter d’ĂȘtre arrivĂ© si loin dans cette compĂ©tition et de profiter du match d’aujourd’hui pour faire plaisir aux supporters, pas totalement la mĂȘme idĂ©e. Puis, il faut rester rĂ©aliste. Bien que nous nous battions pour la tĂȘte de la Bundesliga, nous sommes clairement plus faible que l’AtlĂ©tico. Ils ont pour eux plus de talent, d’expĂ©rience, et l’ont bien prouvĂ© au match aller. Bref, ce sera compliquĂ©.

11mars20
Ce soir, je dĂ©bute la rencontre sur le cĂŽtĂ© droit du classique 4-3-3 du coach. DĂšs les premiers instants, nous monopolisons le ballon avec une possession moyenne de 80% le premier quart d’heure. Mais que faire de la balle ? Simeone fait du Simeone. Son Ă©quipe reste repliĂ© dans son camp, bien solide et procĂšde en contre.

Pendant la premiĂšre mi-temps, je me montre particulĂšrement remuant Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre prĂ©cis. A chaque touche de balle, je tente une nouvelle approche pour m’avancer vers la surface adverse. Mais la plupart du temps, je me retrouve face Ă  Thomas Lemar et Ă  Benjamin Mendy qui annihilent tout dĂ©bordement. Lorsque je tente dans l’axe, je me retrouve confrontĂ© Ă  un pressing agressif et bien coordonnĂ© de l’ailier français et du milieu de terrain, Saul.

Dans le vestiaire, le coach essaye de toucher notre ego, notre fierté et nous donne ses consignes pour bouger ce bloc si bien en place.

«Jouez plus vite, en une touche ou deux maximum. Écartez le jeu aussi. On doit distendre le bloc pour le faire vaciller.»

Philipp Lahm a confiance en nous. Cela se voit qu’il nous croit capable de faire quelque chose de ce match, à minima bien y figurer.

Nous revenons sur la pelouse avec de meilleures intentions. Et dĂšs le coup d’envoi, nous mettons du rythme, de la vitesse, mais nos adversaires n’en flanchent pas pour la cause. Ils restent bien solide et profitent des espaces que nous crĂ©ons par nos dĂ©placements pour lancer quelques contres bien saignant. Heureusement, notre arriĂšre garde rĂ©pond prĂ©sent et ne vacille Ă  aucun moment.

A la fin du match, je me laisse glisser au sol. Je suis Ă©puisĂ©. Je n’ai pas su gĂ©rer mon Ă©nergie et j’ai littĂ©ralement Ă©tĂ© sur les rotules pour les dix derniĂšres minutes. Je suis déçu de ma prestation, j’aurai vraiment aimĂ© faire la diffĂ©rence. Devant moi, une main apparaĂźt tendu. Je l’attrape, c’est Yorbe. Il m’aide Ă  me relever. Nous nous faisons une accolade.

«Tu n’a pas de regret Ă  avoir, tu as fait de ton mieux.» me dit-il.

Puis, il me tire par le bras pour rejoindre le reste de l’équipe qui se dirige vers les tribunes pour saluer nos supporters qui applaudissent et scandent nos noms.

2020-03-13T23:00:00Z

AprĂšs notre dĂ©faite face Ă  Dortmund et notre partage en Ligue des champions, nous voulons reprendre notre marche en avant face Ă  l’Union Berlin, en position de relĂ©gable. MalgrĂ© que Marcel Sabitzer soit apte Ă  jouer, le coach dĂ©cide de me titulariser sur l’aile droite. A ma charge de lui montrer qu’il a raison de me faire confiance.

14mars20
DĂšs l’entame du match, nous nous retrouvons confrontĂ© Ă  un mur. Les berlinois ont du bien regarder notre match d’il y a trois jours car ils appliquent la mĂȘme tactique que l’AtlĂ©tico, Ă  savoir bĂ©tonner derriĂšre et lancer quelques contres soniques.

En vĂ©ritable remake de la rĂ©ception des madrilĂšnes, nous procĂ©dons exactement de la mĂȘme maniĂšre et nous faisons donc les mĂȘmes erreurs. A croire que nous n’en tirons pas de conclusion. Nos adversaires, agressifs au pressing et Ă  la rĂ©cupĂ©ration, se montrent bien heureusement peu adroits au moment de passer notre arriĂšre garde, ce qui fait que nous revenons toujours au mĂȘme point.

L’énervement commence Ă  monter chez tout le monde. Peu avant la mi-temps, je reçois mĂȘme une carte jaune pour protestation. Je n’étais pas d’accord avec la dĂ©cision de l’arbitre de ne pas nous accorder un coup franc et je lui ai fait savoir de maniĂšre un poil vĂ©hĂ©mente. Bien Ă©videmment, le coach a sa tĂȘte des mauvais jours, je peux comprendre pourquoi. S’il ne se met pas en colĂšre Ă  la pause, nous donnant plutĂŽt toute une sĂ©rie de consigne pour se dĂ©faire de nos adversaires, il ne s’en montre pas moins fermĂ© aux protestations de Konrad Laimer qui lui montre sa cuisse labourĂ©e de traces de crampons.

La seconde mi-temps reste du mĂȘme acabit. Pas de mouvement intĂ©ressant permettant de faire chavirer le bloc Ă©quipe que nous avons en face de nous, pas de jeu rapide, dĂ©stabilisant. Et je ne suis pas en reste. Je dois bien avouer qu’à l’instar de mes coĂ©quipiers, je ne me montre pas sous mon meilleur jour.

D’ailleurs, je suis remplacĂ© par Fabrice Ă  la 70e minute seulement. Je vais m’asseoir penaud sur le banc, me prend le visage entre mes doigts et regarde la fin de la rencontre, le visage fermĂ©. Et dire que j’avais une chance de montrer que je pouvais ĂȘtre le numĂ©ro 1 Ă  ce poste.

2020-03-15T23:00:00Z

Je suis en train de faire une sieste lorsque quelqu’un tambourine à ma porte. C’est Frank. Dans un demi-sommeil, je l’entends crier à travers la porte sans comprendre de quoi il parle, je suis trop dans le gaze.

Je me redresse, attrape mon GSM qui vibre. 12 appels manquĂ©s, 26 SMS. Woaw, il se passe quelque chose. Je me connecte Ă  internet et la premiĂšre chose qui apparaĂźt est la liste des convoquĂ©s au prochain rassemblement des diables rouges, le dernier avant l’Euro 2020.

Poste Nom Prénom Age Club Sélections Buts
GB Courtois Thibaut 27 ans Real Madrid :ceuta_and_melilla: 82 SĂ©l. 0 B.
GB Casteels Koen 27 ans Wolfsburg :germany: 1 SĂ©l. 0 B.
GB Jackers Nordin 22 ans KRC Genk :belgium: 1 SĂ©l. 0 B.
DD Meunier Thomas 28 ans Tottenham :england: 45 SĂ©l. B.
DD Castagne Timothy 24 ans FC Barcelona :ceuta_and_melilla: 7 SĂ©l. 1 B.
DC Alderweireld Toby 31 ans Tottenham :england: 100 SĂ©l. 4 B.
DC Denayer Jason 24 ans Olympique Lyonnais :france: 12 SĂ©l. 0 B.
DC/G Vertonghen Jan 33 ans Tottenham :england: 124 SĂ©l. 10 B.
DC Engels Bjorn 25 ans Wolfsburg :germany: 3 SĂ©l. 0 B.
DG Cobbaut Elias 22 ans Anderlecht :belgium: 14 SĂ©l. 1 B.
DG Lukaku Jordan 25 ans Torino :italy: 12 SĂ©l. 0 B.
MDC/MC Witsel Axel 31 ans Borussia Dortmund :germany: 112 SĂ©l. 10 B.
MDC/MC Dendoncker Leander 25 ans Wolverhampton :england: 10 SĂ©l. 0 B.
MC Tielemans Youri 23 ans AS Monaco :france: 30 SĂ©l. 1 B.
MC Rits Mats 26 ans Club Brugge :belgium: 3 SĂ©l. 0 B.
MC De Bruyne Kevin 28 ans Manchester City :england: 80 SĂ©l. 17 B.
MC Praet Dennis 26 ans Sampdoria :italy: 6 SĂ©l. 0 B.
MOD/G Januzaj Adnan 25 ans Chelsea :england: 27 SĂ©l. 13 B.
MOD/G Van Aert Tom 18 ans RB Leipzig :germany: 0 SĂ©l. 0 B.
MOD/G Hazard Eden 29 ans Manchester City :england: 105 SĂ©l. 31 B.
MOD/G/BT Mertens Dries 33 ans Napoli :italy: 86 SĂ©l. 15 B.
BT Lukaku Romelu 27 ans Manchester United :england: 87 SĂ©l. 50 B.
BT Origi Divock 25 ans Paris Saint-Germain :france: 29 SĂ©l. 4 B.

Je reste sur le cul, littĂ©ralement. Je suis juste totalement abasourdi par ce que je viens de lire. Moi ? En sĂ©lection nationale ? J’ai bien envie de me questionner sur le pourquoi du comment mais je ne peux pas, je dois juste profiter de ce moment qui restera graver Ă  jamais dans mes pensĂ©es. Une convocation pour dĂ©fendre les couleurs de mon pays, il n’y pas meilleur rĂ©veil.

2020-03-17T23:00:00Z

18-03-20

Une bonne nouvelle en entraünant une autre, nous tombons d’accord avec le club pour une prolongation d’un an de mon contrat et une belle revalorisation salariale, passant de 450 000€ à 1 412 000€ par an, une belle somme pour un petit gars de dix huit ans comme moi.

Enfin, je dis nous, mais c’est plutĂŽt Frank et Ralf Rangnick qui ont gĂ©rĂ© ça. Mon frĂšre est juste venu me parler au dĂ©but de mois de son idĂ©e de tĂąter le terrain pour une augmentation, j’ai acceptĂ© et je l’ai laissĂ© faire. C’est mon frĂšre, j’ai une totale confiance en lui. Je sais qu’il a bien conscience que je suis heureux d’ĂȘtre ici et que je n’ai pas envie pour l’instant de partir.

2020-03-23T23:00:00Z

L’équipe nationale, les diables rouges, jouer avec les idoles de mon adolescente, Hazard, De Bruyne et surtout Axel Witsel, un vĂ©ritable modĂšle pour tout les jeunes liĂ©geois comme moi qui ont toujours rĂȘvĂ© de devenir pro. Ironie de l’histoire, je remplace poste pour poste un Hazard, Thorgan, blessĂ© au genou. Et dire que c’est avec lui que j’avais parlĂ© de la sĂ©lection, en novembre, lorsque nous Ă©tions tout deux en tribune. Le temps passe vite.

Le dĂ©but du rassemblement a vĂ©ritablement Ă©tĂ© aussi magique que perturbant. MĂȘme si je connais le systĂšme, de mon expĂ©rience chez les espoirs, je rentre vĂ©ritablement dans un autre monde, la cour des grands. Ici, tout est plus exigeant, plus intense. Il y a bien sĂ»r les entraĂźnements, les briefings, mais Ă©galement les obligations vis-Ă -vis des sponsors ou de la presse. Je profite de l’expĂ©rience Ă  fond, je ne sais pas si elle se reproduira bientĂŽt alors je ne veux avoir aucun regret.

En prĂ©vision de l’Euro 2020, nous avons au programme deux matchs amicaux. Le premier, Ă  domicile, face Ă  la Suisse, et le second en France. Comme prĂ©vu, le premier se passe sans moi, spectateur depuis le banc. MalgrĂ© une prestation moyenne, nous l’emportons sur le plus petit des scores.

Mais face Ă  la France, Wesley Sonck, le sĂ©lectionneur, fait le choix de me titulariser sur l’aile droite pour complĂ©ter le trio offensif Eden Hazard, Romelu Lukaku. Pour l’occasion, ma mĂšre et Frank sont venu assister Ă  la rencontre, invitĂ© par la fĂ©dĂ©ration. J’aurai aimĂ© que Cassie soit lĂ , mais le football l’horripile de plus en plus.

24mars20
le match commence doucement, cela se voit que les vingt deux acteurs sur le terrain se jaugent les premiĂšres minutes. Puis rapidement, nous devons faire face aux offensives fulgurantes françaises. Contrairement Ă  nous qui avons fait tourner, nos rivaux se prĂ©sentent avec l’équipe type des qualifications pour l’Euro. MbappĂ© sur l’aile droite fait parler de sa vitesse et s’en donne Ă  cƓur joie.

Si mon vis Ă  vis, Lucas Hernandez se rĂ©vĂšle ĂȘtre un vĂ©ritable chien de garde, je dĂ©zonne rĂ©guliĂšrement pour combiner plein axe avec mes partenaires d’attaque. Avant la fin de la premiĂšre mi-temps, nous connaissons notre premiĂšre occasion franche, un tir placĂ© et prĂ©cis d’Hazard qui est miraculeusement dĂ©viĂ© du bout des doigts par le portier adverse.

De retour de la pause, nous commençons Ă  montrer plus de limites. Nos adversaires utilisent la vitesse de leurs ailiers pour appuyer lĂ  oĂč ça fait mal et cela nous oblige Ă  quelques gestes dĂ©fensifs de dernier recours pour nous en sortir. A l’heure de jeu, Axel Witsel est expulsĂ© pour une faute plutĂŽt minime, ce qui provoque la colĂšre de l’équipe et du staff technique. Mais l’homme en noir ne veut rien entendre de nos rĂ©criminations et tandis que le stade raille la sortie du milieu de Dortmund, l’arbitre relance le jeu. Peu aprĂšs, nous encaissons le premier et seul but de la rencontre. Sur une incursion de MbappĂ©, Antoine Griezmann rĂ©cupĂšre le ballon, se joue de notre dĂ©fense et allume notre portier, Nordin Jackers.

Quelques minutes avant la fin de la rencontre, je cĂšde ma place Ă  Dries Mertens. J’enfile mon survĂȘtement et me pose sur le banc pour vivre les derniers moments de la rencontre. Au coup de sifflet final, je retourne sur le terrain fĂ©liciter mes coĂ©quipiers en club, Nordi Mukiele et Dayot Upamecano. J’échange mĂȘme mon maillot avec ce dernier. Puis, je rentre au vestiaire avec les miens.

Je suis déçu d’avoir perdu pour ma premiĂšre sĂ©lection mais bon, ce genre de match doit nous faire grandir, nous faire apprendre de nos erreurs, pour progresser. L’important, c’est que l’équipe triomphe Ă  l’Euro, avec ou sans moi. MĂȘme si je reconnais que je prĂ©fĂ©rerais bien que ce soit avec moi.

24mars20

2020-03-27T23:00:00Z

AprĂšs la parenthĂšse enchantĂ©e de la sĂ©lection, il est temps de revenir Ă  la rĂ©alitĂ© du quotidien. Quatre jours aprĂšs notre affrontement au Stade de France, Dayot,Nordi et moi-mĂȘme nous retrouvons sur le terrain du FC St Pauli pour un match essentiel dans la course au titre. En effet, aprĂšs notre sĂ©rie de mauvaises performances, seule la victoire est envisageable.

28mars20
DĂšs les premiers instants, nous mettons le pied sur le ballon et imprimons notre rythme. Les locaux se montrent trĂšs vite dĂ©passĂ© par le jeu et rapidement, nous ouvrons le compteur par l’intermĂ©diaire de Diego Demme. Sur une passe en retrait de son acolyte slovĂšne, Kampl, le vice-capitaine tire en force et trompe le portier adverse.

une dizaine de minutes plus tard, je reçois la balle du premier buteur. Je me retourne, crochete un premier joueur et dĂ©croche une frappe qui vient s’écraser sur le montant gauche.

«N’oublie pas les autres.» me dit Timo Werner, tout sourire.

C’est vrai qu’il Ă©tait dĂ©marquĂ©, si j’avais un peu plus pensĂ© collectif, j’aurai dĂ©cidĂ© de lui passer le ballon, la meilleure des dĂ©cisions.

Peu aprĂšs, je rĂ©cupĂšre le ballon au niveau de la ligne mĂ©diane par un tacle glissĂ© plutĂŽt rĂ©ussi. SitĂŽt debout, j’avance plein axe avant de servir en profondeur notre attaquant. Ce dernier dribble un joueur et remise sur sa gauche Ă  Marcel Halstenberg, auteur d’une course Ă©norme, qui centre en retrait en ma direction. Mais je suis dĂ©jĂ  trop avancĂ©, le ballon va arriver juste derriĂšre moi. En pleine course, je me tord d’un coup, me retourne et fait basculer mon corps comme un levier actionnant une catapulte qui n’est autre que mon pied. Le ballon fuse, touche la transversale et passe la ligne de but. Goal, tout mes coĂ©quipiers se prĂ©cipitent sur moi.

3

Avec deux buts d’avance, le coach dĂ©cide de nous faire ralentir un peu le rythme, de poser le jeu afin de nous Ă©conomiser. Les locaux en profitent alors pour se montrer un peu plus offensifs sans vĂ©ritablement parvenir Ă  nous inquiĂ©ter.

Mais, dĂšs la reprise du jeu en seconde mi-temps, nous faisons n’importe quoi. Nos adversaires attaquent et tirent de loin et cette frappe est dĂ©viĂ©e, corner. Sur cette phase arrĂȘtĂ©e, nous connaissons un vĂ©ritable moment de cafouillage oĂč le ballon rebondit au milieu de plusieurs joueurs avant d’atterrir au fond des filets sans trop savoir comment. C’est d’ailleurs le VAR qui attribut le goal Ă  un Gonçalo PaciĂȘncia plutĂŽt surpris d’inscrire le 4e but en championnat de sa saison.

Juste avant l’heure de jeu, nous reprenons le large, au moment oĂč Diego Demme rend la pareille Ă  Kevin Kampl, d’une passe en retrait qui permet au milieu slovĂšne d’ajuster sa frappe et de prendre Ă  contre-pied le gardien adverse. et une dizaine de minutes plus tard, j’obtiens un penalty que Timo se charge de mettre au fond. En pleine incursion dans la surface des locaux, je suis pris en sandwichs entre les deux centraux qui me font perdre l’équilibre.

Peu aprĂšs, je sors en claudiquant. Je ressens une lĂ©gĂšre douleur au mollet gauche et mon coach ne veut prendre aucun risque. La journĂ©e est terminĂ©e pour moi et c’est Marcel Sabitzer qui prend le relais pour les derniĂšres vingt minutes.

Sur le chemin du retour, je me dispute au tĂ©lĂ©phone avec Cassie. Cette derniĂšre me reproche de plus en plus souvent la dominance du football dans ma vie. Que croit-elle ? Que c’est un loisir que je fais Ă  l’occasion ? Non, c’est peut-ĂȘtre ma passion mais c’est avant tout mon mĂ©tier. Les entraĂźnements, les briefings, les dĂ©placements, les matchs, tout ça prend du temps. Et je ne parle mĂȘme pas des obligations vis-Ă -vis des sponsors ou de divers Ă©vĂ©nements. Pourtant, elle ne semble pas le comprendre. Et cela a le don de me rendre triste. Je ne sais pas oĂč nous allons, mais je pense que c’est droit dans le mur.

ArrivĂ© Ă  Leipzig, je craque, je dĂ©cide de sortir me mettre une bonne cuite. Tant pis pour les consĂ©quences. J’ai pas le moral et c’est comme ça. Seul, je me dirige vers le centre, dans le quartier de la nuit.

2020-03-28T23:00:00Z

La nuit n’est qu’une gigantesque fĂȘte. Je passe de bar en bar, dilapidant mon argent dans toujours pus d’alcool. Il doit ĂȘtre 03h00 lorsque je quitte, complĂštement dĂ©chirĂ©, mes amis de guindaille. Je dis mes amis, mais en vĂ©ritĂ©, ce ne sont que des gens que j’ai rencontrĂ© ici, cette nuit, et quand sans doute je ne reverrai plus jamais. Il y a de grandes chances que je ne me rappellerai mĂȘme pas de leurs avoir parler.

Dans la rue, je manque de me cogner dans un groupe de personnes sortant d’une boite Ă  cĂŽtĂ©. Je m’excuse, les laisse passer et continue mon chemin mais m’arrĂȘte aussitĂŽt. En effet, mon regard est attirĂ© par la derniĂšre sortie, un peu en retrait donc visiblement pas avec le premier groupe. Je m’approche, je la connais.

3

C’est Mary Schröder.

«Mais c’est Mary !» dis-je d’une voie forte.

Elle se retourne, sourit et s’approche de moi. Mon regard ne peut se dĂ©tacher de sa poitrine. Je crois qu’elle le remarque car elle sourit de plus belle mais ne dit rien. Nous discutons quelques instants, mais je suis clairement trop arrachĂ© pour avoir un discours cohĂ©rent. A ce moment, elle me propose que nous partagions un taxi pour rentrer ensemble, ce que j’accepte.

Nous avançons dans la rue rejoindre la petite place Ă  son extrĂ©mitĂ© oĂč sont toujours garĂ© plusieurs vĂ©hicules quand, sans trop rĂ©flĂ©chir, je lui attrape doucement le bras pour la faire pivoter vers moi et l’embrasse doucement. A la fin de notre Ă©treinte, nous nous regardons dans les yeux, en silence. Il n’y a nul besoin de parler pour comprendre ce qui va se passer. Nous reprenons notre marche, montons dans le premier taxi que nous voyons et retournons chez elle. A peine arrivĂ©e, nous rejoignons sa chambre. Je m’installe dans le lit et attend qu’elle ait finit de se prĂ©parer dans la salle de bain avoisinante. A ce moment, je ne pense plus Ă  Cassie, au football, Ă  ce que dirait mes amis ou ma mĂšre de cette situation, tout mes sens sont concentrĂ© Ă  un seul objectif : Passer un moment de folie avec cette milf.

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Dis-donc, ça va bien MOSSIEUR Van Aert le gérontophile ?

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Bah oui dis-donc, une cuite qui finit en tromperie ! C’est pas joli-joli hein !
CĂŽtĂ© foot, une premiĂšre sĂ©lection qui en appelle bcp d’autres ! C’est toi qui est en charge de la sĂ©lection oĂč c’est l’IA qui l’a gĂšre ?

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Super récit.

J’avoue ne pas ĂȘtre fan (d’habitude) de ces rĂ©cits ou l’on incarne un joueur mais lĂ  je dois dire que c’est de toute beauté 

RĂ©ponses aux lecteurs

@LindexV, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures :wink:

C’est pas faux @madzou. Pour la sĂ©lection, j’ai la (mauvaise) habitude de toujours diriger les diables rouges, mon cĂŽtĂ© chauvin. Du coup, je n’ai pas fait exception pour cette partie. Mais pour que ce ne soit pas n’importe quoi, que je prenne mon joueur juste parce que c’est mon joueur, je me fie Ă©normĂ©ment aux avis de mon adjoint et/ou de l’entraĂźneur U21.
Ici, j’ai sĂ©lectionnĂ© Van Aert parce qu’il est sur une bonne dynamique, que l’adjoint estime que c’est le bon moment de le lancer et parce qu’à droite, c’est un peu le dĂ©sert. Blessure de Thorgan Hazard, Adnan Januzaj qui joue peu, Dries Mertens pas Ă  l’aise de ce cĂŽtĂ©, etc

Merci beaucoup @kevos ! Un compliment venant de quelqu’un dont j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment les rĂ©cits, ça n’a pas de prix :slight_smile:


2020-03-31T22:00:00Z

9

Pour une fois, je suis le premier Ă  arriver au Cottaweg. Je m’installe directement dans la salle de briefing, au fond comme Ă  mon habitude. Quelques minutes aprĂšs, Marco Van Basten arrive, me salue et note des choses aux tableaux auquel je ne prĂȘte pas vraiment attention. Le coach nous a convoquĂ© pour un briefing exceptionnel, peut ĂȘtre a-t-il envisagĂ© un changement de la tactique principale.

Pendant que je suis dans mes pensĂ©es, mes coĂ©quipiers arrivent et s’installent sur les chaises plastiques au goutte Ă  goutte.

«Bonjour à tous.» clame Philipp Lahm.

Je sursaute, je ne l’avais pas entendu.

«Merci d’ĂȘtre venu. Aujourd’hui, nous allons vous prĂ©senter l’évolution tactique gĂ©nĂ©rale que nous avons rĂ©flĂ©chis.» dit-il. «Comme vous avez remarquĂ©, nous avons eu un peu de mal les derniers matchs et en analysant les donnĂ©es, nous avons mis en Ă©vidence certaines choses.»

Sur ces mots, Marco Van Basten dévoile le tableau sur lequel est dessiné un 4-2-3-1. Le coach reprend la parole.

«Comme vous le voyez, nous allons jouer avec un milieu en moins pour placer un joueur en soutien de l’attaquant. Marco va vous expliquer le plan de jeu.»

Un joueur en soutien de l’attaquant ? Mais c’est un rĂŽle pour moi ça. Il est vrai que cela fait vantard de dire mais ça mais il est vrai que dans l’effectif actuel, il y a peu de joueurs qui sont Ă  l’aise d’évoluer dans cette position de milieu offensif central.

2020-04-03T22:00:00Z

PremiÚre rencontre dans ce nouveau plan de jeu que le coach veut installer, à domicile et cerise sur le gùteau, je suis titulaire dans ce rÎle si particulier de neuf et demi, entouré de Timo Werner, Emil Forsberg et de Marcel Sabitzer.

4avril20
SitĂŽt le coup d’envoi donnĂ©, nous nous lançons Ă  l’assaut du but de nos adversaires pour leurs mettre la pression. L’idĂ©e est de se montrer plus dangereux devant qu’habituellement. Rapidement, je me sens Ă  l’aise dans ce nouveau rĂŽle. Cela me rappelle un peu les expĂ©rimentations de la prĂ©-saison pour la tactique bis que le coach voulait dĂ©velopper avec nous.

Ce jeu vers l’avant, plus rythmĂ© perturbe visiblement nos adversaires qui concĂšde le premier but de la partie Ă  la 4e minute, Ă  la suite d’une incursion de Marcel Halstenberg sur son cĂŽtĂ© gauche, conclu par une frappe placĂ©e de Forsberg.

A la suite de cela, Freiburg se rĂ©organise diffĂ©remment et se montre dĂšs lors plus stable et plus compact, nous empĂȘchant de progresser aussi bien que nous le voudront. Pour autant, le coach ne semble pas considĂ©rer que la maniĂšre dont nous procĂ©dons pour avancer est la mauvaise au vu de sa passivitĂ© le long de la ligne de touche.

Au retour des vestiaires, nous ne changeons d’un iota et repartons sur le mĂȘme plan. Comme nous l’a dit Philipp Lahm Ă  la pause, nous sommes dans le bon. Nos adversaires se fatiguent Ă  courir aprĂšs le ballon que nous monopolisons. Ils vont finir par craquer.

Et comme il le pensait, Freiburg craque, Ă  la 50e minute prĂ©cisĂ©ment. Nous monopolisons le ballon depuis plusieurs dizaines de secondes, le faisant tourner d’un cĂŽtĂ© Ă  l’autre du terrain. A un moment, Diego Demme reçoit une passe puissance, Ă  ras de terre qu’il dĂ©vie de l’extĂ©rieur du pied pour Kevin Kampl. Le slovĂšne avance quelques peu, deux ou trois mĂštre seulement avant d’écarter sur Sabitzer qui me remet le cuir en une touche. Ce mouvement dĂ©stabilise l’arriĂšre garde de nos adversaires, ce qui me dĂ©gage un espace immense pour que j’ajuste tranquillement mon tir et allume le gardien.

Peu aprĂšs, Diego Demme, encore lui, annihile une offensives adverses d’un tacle glissĂ© qui lance Halstenberg le long de la ligne de touche. Le latĂ©ral avance, passe Ă  notre ailier suĂ©dois qui lui remet dans la profondeur. Marcel s’arrache, sprint et centre Ă  ras de terre depuis le coin du terrain. Timo Werner se joue de son chien de garde et vient couper la trajectoire du plat du pied pour la balle du 3-0.

Avec cette avance confortable au tableau de bord, nous levons gentiment le pied. Pour autant, nos adversaires n’en profitent pas vraiment,se montrant assez bien empruntĂ© au moment d’attaquer, comme de dĂ©fendre proprement, en tĂ©moigne le penalty que Timo provoque en se lançant dans une incursion plein axe et transforme sans trembler. 4-0, la messe est dite.

2020-04-05T22:00:00Z

AprĂšs la derniĂšre sĂ©ance du jour, je rejoins Cassie qui m’attend dans sa voiture, garĂ©e sur le parking du centre entrainement. Nous rentrons directement chez moi. Frank vient de partir pour Bruxelles ce week-end, dĂ©finitivement, et l’appartement est Ă  moi seul. Enfin, ça ne change pas vraiment d’avant. Nous nous installons au calme dans ma chambre pour regarder un film et se cĂąliner. Depuis mon infidĂ©litĂ© avec Mary, je cogite sur ce que je dois faire. Une part de moi refuse que cela soit dĂ©voilĂ©. Je n’ai pas envie de faire de peine Ă  la jeune fille, elle ne le mĂ©rite pas. Mais de l’autre, nous ne pouvons pas continuer ainsi, dans un mensonge. C’est un fardeau que je ne souhaite porter. C’est lorsqu’elle s’absente quelques instants dans la salle de bain que je prends la dĂ©cision de tout lui dire.

Lorsqu’elle revient, je lui demande de s’asseoir sur le lit, Ă  cĂŽtĂ© de moi.

«Je dois te parler de quelque chose d’important.» lui dis-je.

Et immĂ©diatement, je lui raconte tout. C’est peut-ĂȘtre un comportement de dingue pour certains, mais je suis certain de faire le bon choix. Je ne veux pas que cela me reste sur la conscience.

A la fin de mon explication, un silence envahit la piĂšce quelques longues minutes. J’essaie de dĂ©celer une Ă©motion Ă  travers le visage impassible de Cassie, mais rien. D’un coup, elle se lĂšve, toujours muette, attrape le plateau sur lequel traĂźne nos assiettes auquel nous avons Ă  peine touchĂ© et le jette violemment contre le mur. Je ne dis rien, je reste assis. Que pourrais-je faire ? Elle a bien le droit d’ĂȘtre en colĂšre contre moi.

6

Cassie donne quelques coups, toujours en silence, dans la porte et le lit, puis d’un coup, respire profondĂ©ment, se retourne vers moi et me dit alors :

«Je le savais depuis le dĂ©but, nous n’étions pas fait pour ĂȘtre ensemble.»

Et avant que je n’ai pu dire la moindre chose, esquissĂ© le moindre geste, elle est sur le palier, son sac en main et entame la descente des escaliers. Je rentre dans l’appartement, un peu dĂ©bousollĂ©. Dans ma chambre, je retrouve son t-shirt blanc au milieu des dĂ©bris d’assiettes et des morceaux de nourritures. Cette fille est sortie comme ça en soutien gorge. C’est vrai qu’elle n’est pas comme les autres.

Je ne prends mĂȘme pas la peine de ramasser la moindre chose, je prĂ©fĂšre me dĂ©shabiller et me glisser dans les draps tiĂšdes pour essayer d’oublier que j’ai une certaine prĂ©disposition Ă  faire le con.

2020-04-10T22:00:00Z

Depuis que nous nous sommes sĂ©parĂ©s avec Cassie, je dois bien avouer que je n’ai pas Ă©tĂ© Ă  mon meilleur niveau Ă  l’entrainement. Pourtant, le lendemain de ma grande dĂ©claration, la jeune blonde m’a appelĂ© pour me dire qu’elle voulait qu’on reste amis et il y a deux jours encore, nous avons Ă©tĂ© faire du skate ensemble. Nous faisons toujours les mĂȘmes choses Ă  l’exception de coucher ensemble. Pourtant, toute cette histoire me travaille encore, et plus particuliĂšrement mon comportement. Mais bon, aujourd’hui, il faut penser Ă  autre chose. Nous avons un dĂ©placement dĂ©licat face Ă  Schalke Ă  gĂ©rer. Ce n’est pas le moment d’ĂȘtre distrait, surtout que j’enchaĂźne une seconde titularisation comme neuf et demi.

11avril20
Si la rencontre commence bien pour nous, avec un but dĂšs la 8e minute de jeu de notre ailier suĂ©dois, je suis loin d’afficher le mĂȘme niveau de forme que la semaine passĂ©e. MĂȘme les gestes simples que j’ai l’habitude de rĂ©aliser ne passent pas ou mal. Plus j’essaie de me concentrer sur le match et plus je pense Ă  autre chose. Et le traitement que me rĂ©servent nos adversaires ne m’aident pas non plus. Je suis marquĂ© Ă  la culotte et sĂ©vĂšrement bougĂ© Ă  chaque touche de balle.

Juste avant la mi-temps, je reçois la balle de break d’une superbe passe aĂ©rienne de Zihno Vanheusden. Je contrĂŽle de la poitrine, sans trop de difficultĂ©. Au moment de me retourner, je suis violemment fauchĂ©. Une douleur se fait ressentir dans mon talon. Sur le moment, je ne dis rien et le jeu reprend avec un coup franc pour nous. Mais ma grimace et mon boitillement lĂ©ger sont suffisamment Ă©loquents pour que le coach dĂ©cide de me remplacer pour la seconde pĂ©riode par Bruma, le portugais prenant l’aile gauche et Emil Forsberg reprenant ma place.

C’est depuis le banc, au cĂŽtĂ© de Daniele De Rossi que j’assiste au second but du suĂ©dois, d’une reprise de volĂ©e depuis le point de penalty, et Ă  la victoire sans appel de l’équipe. Si cela me met du baume au coeur, je ne peux m’empĂȘcher d’ĂȘtre amer au fond de moi. Je n’aime pas ĂȘtre mit sur la touche. Je crois que mon voisin comprend ce que je ressens. Sa main sur mon Ă©paule et son sourire encourageant me rappelle que l’équipe reste le plus important, peu importe notre prestation.

2020-04-12T22:00:00Z

Il est plus de vingt heures quand la sonnette de la porte d’entrĂ©e retentit. Je suis alors en pleine partie de Fifa, Ă  moitiĂ© nu dans mon divan, un carton de pizza vide et quelques canettes Ă  cĂŽtĂ© de moi. Depuis le dĂ©part de Frank pour Bruxelles, rares sont les moments oĂč ce carillon se fait entendre.

Tout en soupirant, je mets ma partie en pause, me lĂšve et me dirige vers l’entrĂ©e d’un pas traĂźnant.Celui ou celle derriĂšre semble impatient vu que retentit une seconde fois le mĂȘme tintement fugace. En boxer, je dĂ©verrouille la porte, l’entrouvre et glisse ma tĂȘte entre celle-ci et le chambranle. Dans le couloir se trouve Mary Schröder. Depuis notre partie de jambes en l’air, je n’ai plus eu de contact avec, je suis surpris de la voir, encore plus ici.

Sans un mot, elle pousse du plat de la main le bois de la porte, s’avance vivement et la claque derriĂšre son passage, faisant virevolter les pans de son impermĂ©able beige. Cela me laisse voir la tenue, ou plutĂŽt l’absence de tenue en dessous de ce dernier. Toujours silencieuse, la femme d’ñge mĂ»re me plaque contre la cloison et m’embrasse fougueusement pendant de longues secondes. Puis, elle se recule, me jauge de la tĂȘte au pied et dit :

«EmmÚne moi dans ta chambre.»

2020-04-17T22:00:00Z

Lors de chaque soirĂ©e de cette derniĂšre semaine, j’ai revu Mary. Pas de sortie, de restaurant, de cinĂ©ma ou mĂȘme simplement de moment de couple. Non, lorsque nous nous retrouvons, c’est pour un seul et unique but : s’envoyer en l’air. Tout cela m’a permit de me rendre compte qu’elle est plutĂŽt du genre dominante, Ă  me donner des ordres, des indications sur quoi faire. Mais surtout, qu’elle est bien diffĂ©rente en privĂ©, totalement Ă  l’opposĂ© de son image stricte et sĂ©rieuse. Mary aime le sexe et en profite.

L’aspect trĂšs positif de cette relation est que je ne pense plus Ă  Cassie. TerminĂ©e la dĂ©prime de la rupture, les regrets en tout sens et les remords. Je ne veux que deux choses : Jouer au football et prendre mon pied. Et il semblerait bien que le second m’aide Ă  faire le premier tant mes performances Ă  l’entrainement s’amĂ©liorent. D’ailleurs, le coach dĂ©cide de me faire de nouveau confiance en me titularisant pour la rencontre suivante face au Borussia Mönchengladbach, toujours en soutien de l’attaquant.

18avril20
Cette rĂ©ception s’avĂšre difficile. Nos adversaires dĂ©barquent sur la pelouse avec le couteau entre les dents. Ils ne viennent clairement pas pour faire de la figuration, et cela se voit. Nous Ă©prouvons de vives difficultĂ©s Ă  construire pour avancer. PassĂ© la premiĂšre demi-heure, nous les faisons craquer pour la premiĂšre fois. Lukas Klostermann rĂ©alise une longue percĂ©e le long de la ligne de touche et centre en force vers la surface de rĂ©paration. Alors que le ballon semble perdu, Yussuf Poulsen, qui remplace au pied levĂ©e notre buteur numĂ©ro 1, blessĂ© Ă  l’échauffement, coupe la trajectoire du bout du pied et trompe le portier adverse. 1-0 et tout le monde se jette sur le danois pour le fĂ©liciter.

Pour autant, les visiteurs ne paniquent pas et conservent leur plan de jeu. Ils perturbent toutes nos transmissions en isolant notre maitre Ă  jouer, Kevin Kampl. Alors que nous nous dirigeons lentement mais sĂ»rement vers une victoire par la plus petite des marges, nous profitons de la fatigue gĂ©nĂ©rale pour mettre un coup d’accĂ©lĂ©rateur. Diego Demme rĂ©cupĂšre le cuir dans le rond central, remet devant lui Ă  Forsberg qui repique dans l’axe. Le suĂ©dois dribble un joueur avant de me lancer en profondeur entre deux dĂ©fenseurs. Je rĂ©cupĂšre le ballon sur la ligne, et remet en retrait d’une talonnade puissante pour Marcel Sabitzer. L’ailier tire en premiĂšre intention et envoi la balle en pleine lucarne.

Et quelques minutes aprĂšs, il me rend la pareille pour la balle du 3-0. L’autrichien dribble deux joueurs avant de feinter le second en faisant mine de passer sur sa gauche alors qu’il me glisse le cuir de l’autre cĂŽtĂ©. Dos au but, je me retourne en me dĂ©barrassant de mon chien de garde par un petit grigri avant de tirer en force, une frappe Ă  mi-hauteur qui trompe le portier adverse qui se couche du mauvais cĂŽtĂ©.

Au coup de sifflet final, les supporters crient, applaudissent. Nous allons tous ensemble les saluer, le sourire aux lĂšvres. MalgrĂ© un mois de mars pas vraiment reluisant, nous sommes toujours en course pour le titre, toujours plus dans une dynamique favorable, et ça, les nĂŽtres l’ont bien compris.

2020-04-25T22:00:00Z

26avril20
En ce dimanche de printemps, dans une de ces soirĂ©es qui embaument les fleurs, la nature, nous nous retrouvons du cĂŽtĂ© de la Volkswagen Arena pour affronter un Wolfsburg aux portes de l’europe, un point seulement derriĂšre la derniĂšre place qualificative pour l’Europe. Autant dire que les loups ont le couteau entre les dents pour nous recevoir. C’est la derniĂšre ligne droite, et personne ne veut flancher.

Le match commence mal pour nous. Nous nous montrons particuliĂšrement empotĂ©, en encaissant mĂȘme un premier but Ă  la 12e minute, Ă  la suite d’un cafouillage monstre dans la surface oĂč le ballon va d’un bout Ă  l’autre avant de rouler dans le filet, provoquant la surprise parmi nous. C’est d’ailleurs le VAR qui permet de dĂ©terminer le buteur, un des dĂ©fenseurs centraux des locaux qui est surement le premier surpris de voir son nom s’afficher sur le tableau du score.

Avec un pion dans la musette, nous nous lançons Ă  l’abordage de la surface des locaux sans parvenir Ă  vraiment les mettre en danger, la faute Ă  une charniĂšre centrale vigilante et survoltĂ©. Constamment, nous nous cassons les dents sur eux en tentant de nous infiltrer. A la pause, les mines sont fermĂ©es, tout le monde est conscient que nous ne faisons pas un bon match.

MalgrĂ© cela, la seconde mi-temps dĂ©bute de la mĂȘme maniĂšre que la premiĂšre. Nous tentons d’avancer et nous sommes constamment stoppĂ© par la charniĂšre adverse. Pourtant, nous parvenons Ă  revenir Ă  l’heure de jeu au score. Sur coup franc, Kevin Kampl reprend de la tĂȘte un ballon flottant et trompe mon compatriote, Koen Casteels.

Juste aprĂšs cela, le coach me sort. Je n’ai pas fait un bon match, je le sais. Pendant une heure, j’ai Ă©tĂ© la caricature de moi-mĂȘme, Ă  tenter en solitaire des incursions dans la surface des locaux. A trop chercher la solution individuelle, j’en avais surement plombĂ© l’équipe.

«Ce n’était pas ton meilleur match.» me dit laconiquement Philipp Lahm au moment oĂč je lui tape dans la main.

Je grommelle quelque chose d’intelligible, je ne suis pas content de sortir. Le coach se retourne, me regarde quelques instants pour son attention se reporte sur la rencontre. Je m’installe sur le banc, Ă  cĂŽtĂ© de Yorbe pour vivre la fin du match, en silence. Ma tĂȘte des mauvais jours parle pour moi.

A la fin de la rencontre, je retourne sur le terrain saluer nos adversaires et plus particuliĂšrement mes compatriotes, Bjorn Engels et Casteels, tout deux auteurs d’un grand match. J’échange mĂȘme mon maillot avec ce dernier pour lui faire plaisir. Je ne sais pas trop pourquoi cela l’interesse d’avoir ma tunique mais bon, si ça peut lui faire plaisir. C’est quelqu’un que j’ai trouvĂ© vraiment sympa lors du rassemblement national, autant se montrer sympa avec.

Puis, je regagne le vestiaire. La douche brûlante agit comme un baume qui apaise ma colÚre et ma déception. Mon esprit est tourné vers la suite. La semaine prochaine, je dois tout donner, me montrer meilleur, toujours progresser.

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2019-05-01T22:00:00Z

«C’est la derniĂšre ligne droite. Je compte sur vous les gars !»

C’est en entendant cette derniĂšre phrase que je reviens Ă  un niveau de conscience plus ou moins correct. Pour le reste du discours du coach en avant match, je dois bien avouer que je n’ai pas Ă©tĂ© des plus attentif, laissant mon esprit vagabonder au grĂ© de mes pensĂ©es. Pas que ses propos soient inintĂ©ressants, loin de lĂ , mais aujourd’hui, j’ai vraiment du mal Ă  me concentrer. Je crois que je suis plutĂŽt déçu de ne pas ĂȘtre titulaire, remplacĂ© dans l’axe par Forsberg. MalgrĂ© une semaine intensive et fructueuse lors des sĂ©ances, je n’avais pas convaincu le coach de me laisser tĂąter la pelouse aprĂšs ma mauvaise prestation face Ă  Wolfsburg.

2mai20
Pendant que les vingt deux acteurs prennent place sur le terrain, je m’installe dans les confortables siĂšges de la zone technique du Red Bull Arena, Yorbe Ă  mes cĂŽtĂ©s, pour vivre cette rencontre importante. C’est vrai que nous ne sommes pas vraiment gĂątĂ©s pour cette fin de saison. AprĂšs les loups le week-end passĂ©, voilĂ  que nous recevons le Werder, auteur d’une superbe saison les voyant tutoyer les places qualificatives pour l’Europe. Et dire que le dernier match de la saison nous opposera au Bayer Leverkusen.

Le match dĂ©bute gentiment, cela se voit que les deux Ă©quipes se jaugent mutuellement. Nous sommes les premiers Ă  lancer les hostilitĂ©s par un dĂ©bordement de Lukas Klostermann suivi d’un tir dĂ©viĂ© de Timo Werner mais rapidement, les visiteurs se mettent Ă  notre diapason et la rencontre se rĂ©vĂšle bien plus fermĂ©e. Le jeu se stabilise dans la zone du milieu de terrain et nos adversaires tout comme nous ont du mal Ă  progresser offensivement. Je dois bien avouer que ce n’est pas le match parfait pour reprĂ©senter ce qu’est le football champagne, que du contraire.

La seconde mi-temps est du mĂȘme acabit, du moins les quinze premiĂšres minutes. Puis, la fatigue aidant, nous prenons l’ascendant petit Ă  petit. Le Werder plie mais ne rompt pas. Il faut attendre la 79e minute pour que nous ouvrons le score sur corner, grĂące Ă  une tĂȘte bien placĂ©e de Tyler Adams. L’amĂ©ricain est aux anges puisqu’il ouvre son compteur en championnat.

Quelques minutes aprĂšs, je fais mon entrĂ©e sur le terrain Ă  la place d’Emil Forsberg. Le pauvre n’a pas connu une rencontre facile, bien muselĂ© par l’arriĂšre garde des visiteurs. Nous nous tapons dans la main avant que je ne rejoigne ma position en trottinant.

Puis, pendant quelques minutes, les derniĂšres de la rencontre, je tente quelques mouvements, sans succĂšs. Le jeu est de nouveau bien cadenassĂ© tant les visiteurs semblent avoir trouvĂ© un second souffle bien nĂ©cessaire et la seule chose que j’obtiens, c’est une carte jaune pour un tacle mal maĂźtrisĂ©e.

2020-05-08T22:00:00Z

Pour l’avant dernier match de la saison, je suis titularisĂ© par Philipp Lahm, en soutien de Timo Werner. Cette rencontre est importante non seulement pour le club, puisque nous sommes Ă  Ă©galitĂ© de points avec le Bayer Leverkusen, mais aussi pour moi. D’ici peu va ĂȘtre publiĂ© la liste Ă©largie pour l’Euro. Ce serait merveilleux d’en ĂȘtre.

9mai20
MalgrĂ© nos bonnes intentions, la rencontre commence mal pour nous puisque nous encaissons un premier but passĂ© le quart d’heure de jeu. Si nous nous montrons plus solide jusqu’à la mi-temps, notre jeu est loin d’ĂȘtre flamboyant, tout juste passable d’ailleurs.

Dans le vestiaire, l’ambiance est pesante. Le coach n’est pas content, cela se voit. Et c’est comprĂ©hensible. Nous avons une chance de pouvoir encore dĂ©crocher le titre et personne ne se bouge, l’équipe ne joue pas comme elle devrait.

De retour sur la pelouse, nous reprenons enfin une marche en avant. Nous combinons dans des petits espaces avant de lancer en profondeur nos ailiers, il y a des permutations, du mouvement, bref, tout ce qui faut pour dĂ©stabiliser l’arriĂšre garde de nos adversaires. Et c’est Ă  la 69e minute que nous parvenons Ă  le faire. Sur une rĂ©cupĂ©ration de Daniele De Rossi, Bruma s’empare du ballon, repique dans l’axe et me sert tout en finesse. Je n’ai plus qu’à ajuster mon pied gauche pour tromper le portier adverse et enfin Ă©galiser.

Puis, quelques minutes plus tard, je rend la pareil au portugais. A la suite d’une belle combinaison en triangle entre Marcel Sabitzer, Kevin Kampl et moi, je renverse le jeu d’une talonnade pour l’ailier qui rĂ©alise une course vers l’intĂ©rieur. IL reprends le cuir en premiĂšre intention et sa frappe puissante se termine en pleine lucarne.

Quelques minutes aprĂšs, je cĂšde ma place pour Fabrice Hartmann. Il faut garder des forces pour la semaine prochaine. Puis avec un but et une passe dĂ©cisive Ă  mon actif, je peux dire que j’ai statistiquement rĂ©alisĂ© un bon match. Sourire aux lĂšvres, je m’installe sur le banc, le cƓur lĂ©ger.

2020-05-15T22:00:00Z

Dernier match, et sans doute l’un des plus difficile de la saison. L’équipe de ZinĂ©dine Zidane possĂšde le mĂȘme nombre de points que nous. Seule la diffĂ©rence de buts nous permet d’ĂȘtre en tĂȘte de la Bundesliga. Il nous faut donc Ă  minima un partage pour nous assurer le titre. Mais c’est loin d’ĂȘtre acquis, mĂȘme Ă  domicile. Nous nous sommes inclinĂ©s lors de notre prĂ©cĂ©dente confrontation en championnat, puis nos adversaires rĂ©alisent vraiment une saison incroyable, eux que la presse spĂ©cialisĂ© ne voyait pas dĂ©passer la quatriĂšme ou cinquiĂšme place.

Dans le vestiaire avant d’entrer sur la pelouse, la tension est Ă  son comble, le silence omniprĂ©sent. Seul le brouhaha de nos quarante milles supporters se fait entendre.

16mai20
Comme nous nous y attendions, nous nous trouvons face Ă  une Ă©quipe compacte, solidaire et incroyablement solide. DisposĂ© dans notre 4-2-3-1 de rĂ©fĂ©rence, nous peinons Ă  progresser et proposer quelque chose. D’ailleurs, il faut attendre la 35e minute pour voir le premier tir de la partie, une frappe molle de Timo contrĂ©e avec facilitĂ©.

A la pause, nous rentrons dans le vestiaire nous hydrater et Ă©couter le briefing du coach. Ce dernier veut la victoire, il nous harangue en ce sens pendant plusieurs minutes. Son discours se termine par un grognement bruyant :

«Faites moi le plaisir de leur botter le cul !»

Tout le monde crie, se donne du courage et nous repartons sur la pelouse. Dans les travĂ©es du stade, les nĂŽtres s’en donnent Ă  cƓur joie. Que c’est bon de se sentir soutenu ainsi. En reprenant ma place, je jette un regard et un sourire vers les loges. Je ne les vois pas bien entendu, mais je sais que Frank, sa fiancĂ©e Marie et ma mĂšre sont prĂ©sent. Je veux les rendre fier de moi.

DĂšs la reprise des hostilitĂ©s, nous imprimons un rythme soutenu pour dĂ©stabiliser le bloc adverse. Celui-ci le supporte assez bien mais fini par craquer passĂ© l’heure de jeu, sur une Ă©niĂšme accĂ©lĂ©ration de Marcel Sabitzer. Il perfore son cĂŽtĂ© d’une accĂ©lĂ©ration puis arrivĂ© au coin de corner, crochĂšte son vis-Ă -vis et centre en retrait pour Bruma qui ne se fait pas prier pour ouvrir le score d’une frappe lourde.

Moins d’une dizaine de minutes aprĂšs, nous reproduisons le mĂȘme schĂ©ma de jeu. Je rĂ©cupĂšre le ballon d’une longue louche de nos centraux. AprĂšs un contrĂŽle poitrine, je dribble un des visiteurs avant de glisser le cuir Ă  l’autrichien. Celui-ci avance Ă  longues foulĂ©es avant de repiquer dans l’axe, attirant plusieurs joueurs. Aux abords de la surface, alors que trois joueurs l’empĂȘchent de faire la moindre chose vers l’avant, il me remet le ballon de l’extĂ©rieur du pied gauche. Sans contrĂŽler, je tire en force, clouant le portier adverse sur sa ligne, pĂ©trifiĂ©, pendant que ses filets tremblent sous la vitesse du ballon qui se loge sous la transversale. Et seulement deux minutes plus tard, Timo Werner aggrave encore la marque d’une tĂȘte bien placĂ©e, sur un nouveau service de Sabitzer, dĂ©cidĂ©ment hors de contrĂŽle aujourd’hui.

3-0 Ă  un quart d’heure de la fin, un scĂ©nario idĂ©al. Oui, mais
 Nous ne pouvons rien faire facilement, et moi le premier. Depuis le dĂ©but de la rencontre, j’avais des mots avec Kai Havertz. L’allemand profitait de faits de jeux pour me titiller, et je dois bien reconnaĂźtre que je n’étais pas en reste.

Nous sommes Ă  la 78e minute, je reçois le ballon assez bas, juste au delĂ  du rond central. Alors que je m’élance, je sens des crampons me labourer la cheville et mon corps tomber lourdement au sol. C’est le jeune allemand qui, auteur d’un bon retour dĂ©fensif, vient de me refaire la jambe. L’arbitre siffle la faute et s’approche. Notre adversaire joue la comĂ©die, ça me semble clair. Je suis dĂ©jĂ  debout que lui est toujours en train de se rouler au sol, ce qui m’énerve franchement. Daniele De Rossi qui n’était pas loin m’attrape par le bras et me tire plus loin, ce n’est pas le moment de faire quelque chose. Mais c’est trop tard. Je suis en colĂšre, et quand je suis en colĂšre, j’agis sans rĂ©flĂ©chir. En passant Ă  cĂŽtĂ© de lui, je fixe sa jambe et lui Ă©crase bien la cheville, de tout mon poids en lui grognant :

«Comme ça, tu auras une bonne raison de te rouler au sol.»

Evidemment, ce n’est pas la chose Ă  faire. Je suis immĂ©diatement entourĂ© par les joueurs de Leverkusen, conspuĂ© et l’arbitre n’hĂ©site pas un seul instant. Il dĂ©gaine la rouge, me laissant regagner la touche, la tĂȘte basse.

C’est sur le trajet entre le centre du terrain et la sortie que je rĂ©alise la connerie que j’ai fait. Je ne suis pas fier, ça c’est sĂ»r. Toute l’adrĂ©naline disparaĂźt de mon corps. Lorsque j’arrive Ă  sa hauteur, Philipp Lahm me montre le tunnel du doigt. Ses yeux sont noirs de colĂšre. S’il pouvait, je suis sĂ»r qu’il m’étriperait sur place. Je comprends vite le message et me rend dans le vestiaire. Je suis sous la douche quand Yussuf Poulsen dĂ©barque en trombe en criant :

«On est champion ! Viens Tom, Viens !»

Mais comme un petit gosse en faute, je n’ai pas envie de sortir. J’aurai pu tout gĂącher avec mon expulsion largement Ă©vitable. Je ne me sens pas d’ĂȘtre fĂȘtĂ© avec les autres. C’est lorsque Marco Van Basten dĂ©barque pour me faire sortir que j’accepte d’enfiler un survĂȘtement et de rejoindre les autres.

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2020-05-17T22:00:00Z

Il n’y a pas que le foot dans la vie ! Enfin, bientĂŽt si, puisque je suis repris dans la liste Ă©largie pour l’Euro. Mais aujourd’hui, ce n’est pas Tom Van Aert, international belge de 18 ans que je suis. Non, aujourd’hui, je suis Tom Van Aert, Ă©tudiant de 18 ans, totalement soulagĂ© d’avoir terminĂ© Ă  l’instant mon dernier examen de toute ma vie. Ne pas aller Ă  l’école mais avoir au quotidien ou presque un prĂ©cepteur pour te prĂ©parer Ă  obtenir ton diplĂŽme, c’est bizarre, long, pĂ©nible. Si ça ne tenait qu’à moi, je n’aurai rien fait de tout cela. Mais ma mĂšre le voulait, et c’était Ă  cette condition que je pouvais rejoindre Leipzig alors pas le choix.

Mais ma joie n’est que de courte durĂ©e. La fĂ©dĂ©ration a dĂ©jĂ  statuĂ© sur mon sort pour mon expulsion de samedi. C’est rapide, trop rapide pour moi. Sur conseil de Frank, j’ai dĂ©jĂ  prĂ©senter mes excuses via le site internet du club, mais bon, je ne sais pas si cela aura une incidence.

Et il faut croire que non. J’écope de trois matchs de suspensions. Dur, cela aurait pu ĂȘtre pire mais aussi bien mieux. D’un cĂŽtĂ©, je sais que je les mĂ©rite, mais de l’autre, ça me rend malade d’ĂȘtre privĂ© des terrains ainsi.

2020-05-27T22:00:00Z

C’est le moment de sabrer le champagne ! A ma grande surprise, je suis repris dans la liste finale pour disputer l’Euro, au dĂ©triment d’Adnan Januzaj ou encore Leandro Trossard. Cette nouvelle me ravit Ă©videmment. Qui n’a pas envie de disputer une compĂ©tition internationale pour son pays ? Puis avec les bons rĂ©sultats des derniĂšres fois, nous pouvons espĂ©rer faire quelque chose. Officiellement, l’objectif que la fĂ©dĂ©ration belge nous fixe est d’atteindre les quarts de finale. Mais officieusement, il faut viser la victoire. Nous pouvons le faire, nous en avons la capacitĂ©. Puis je pense que certains joueurs aimeraient partir sur un sacre europĂ©en. Tout en composant le numĂ©ro de ma mĂšre pour lui annoncer la nouvelle, je regarde la photo de mon pĂšre et moi, posĂ©e sur la table Ă  cĂŽtĂ© de mon lit. Je l’emporte partout cette photo, elle est importante pour moi. Tandis que j’appose le combinĂ© sur mon oreille, je sens une petite larme couler doucement.

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GĂ©nial !
Allez vite l’Euro !

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2020-05-31T22:00:00Z

Tout est allĂ© trĂšs vite depuis la fin de la saison en club. J’ai rejoins mes partenaires de l’équipe nationale Ă  notre camp de base, situĂ© Ă  Bruxelles, pour nous prĂ©parer Ă  la compĂ©tition. Le fait d’ĂȘtre appelĂ© chez les diables Ă  seulement 18 ans me rend heureux, dingue comme un petit gosse Ă  qui on offrirait le cadeau de ses rĂȘves. Je ne veux pas gĂącher ce bonheur. Je me donne Ă  fond sur les terrains d’entraĂźnements pour prouver que j’ai bien ma place ici, que je ne suis pas lĂ  juste pour faire le nombre.

Pour nous prĂ©parer Ă  l’Euro, la fĂ©dĂ©ration a prĂ©vu trois rencontres amicales, face au Pays de Galles, Ă  la SuĂšde et enfin la RĂ©publique TchĂšque, Ă  domicile. Pour ce premier match, Wesley Sonck, le sĂ©lectionneur, aligne l’équipe type. Je prends alors place sur le banc, Ă  cĂŽtĂ© de Thomas Vermaelen que je connais depuis la saison passĂ©e et son prĂȘt de 6 mois Ă  Leipzig.

1juin20
Le match commence difficilement, nous sommes un peu malmenĂ© par l’équipe galloise, le cauchemar belge depuis le prĂ©cĂ©dent Euro. Avec un Gareth Bale bien en jambe sur son cĂŽtĂ© gauche, nous souffrons tout le long de la premiĂšre mi-temps. Peu de ballons ressortent, et si la dĂ©fense se montre solide et bien en place, Ă  l’exception de Meunier, Ă  cĂŽtĂ© de ses pompes, le milieu et l’attaque ne sont clairement pas Ă  la fĂȘte.

La seconde pĂ©riode se rĂ©vĂšle tout aussi dĂ©licate que la premiĂšre, voir encore pire puisqu’Axel Witsel se fait expulser Ă  la 48e minutes sur deux jaunes successifs. Dries Mertens, mon autre voisin remplace Eden Hazard, pas en forme et se montre immĂ©diatement bien en jambe puisqu’à la suite d’un rush en solitaire, il dĂ©livre toute l’équipe d’une frappe limpide.

Une dizaine de minutes plus tard, il aggrave le score d’une subtile tĂȘte bien placĂ©e consĂ©cutif Ă  un centre de Timothy Castagne. MalgrĂ© sa petite taille, l’ailier du Napoli se joue de ses gardes du corps et surgit lĂ  oĂč personne ne l’attend.

Peu aprĂšs ce but, le coach me fait rentrer en lieu et place de Lukaku, plutĂŽt transparent ce soir. Si j’occupe la pointe de l’attaque, je ne dois pas ĂȘtre un point de fixation comme lui mais plutĂŽt redescendre dans le cƓur du jeu pour perturber la ligne arriĂšre des locaux. Et Ă  la 84e minute, mon moment de gloire. Sur une rĂ©cupĂ©ration haute de notre dĂ©fense, Kevin De Bruyne reçoit le ballon, se joue de son vis-Ă -vis et lance en profondeur Mertens. L’ailier de poche se dĂ©barrasse de son chien de garde d’un coup de rein bien ajustĂ© avant de me glisser le ballon. De l’extĂ©rieur de la surface, je tire en force, du pied gauche. Le ballon file Ă  toute vitesse et touche le dessous de la transversale avant de rebondir au sol, derriĂšre la ligne. C’est fait. DeuxiĂšme sĂ©lection et premier but. Je suis aux anges, allongĂ© sur la pelouse, bras en croix. Quelle sensation merveilleuse d’inscrire son premier but international !

2020-06-03T22:00:00Z

Trois jours plus tard, nous nous rendons en SuĂšde pour la seconde rencontre de ce marathon des amicaux. Comme le prĂ©cĂ©dant, je dĂ©bute sur le banc. Mon but et ma prestation n’ont visiblement pas convaincu le coach de m’accorder ma chance. Peut ĂȘtre rentrerais-je plus tĂŽt.

4juin20
Si tout se passe bien dans les vingt premiĂšres minutes, avec l’ouverture du score Ă  la 18e par Thorgan Hazard, sur une interception d’une passe totalement ratĂ©e des suĂ©dois, cela se gĂąte rapidement aprĂšs. Nous commençons Ă  reculer de plus en plus et la pression des locaux sur notre surface se fait de plus en plus forte. Nous parvenons tout de mĂȘme Ă  nous maintenir Ă  flot jusqu’à la mi-temps

Mais au retour des vestiaires, nous sommes littĂ©ralement asphyxiĂ©s. EmmenĂ© par un trĂšs bon Emil Forsberg, mon coĂ©quipier en club, nos adversaires dĂ©ferlent encore et encore dans notre camp et Ă  la 53e minute, ce qui devait arriver se produit. Sur un centre de Forsberg, Strandberg place sa tĂȘte et surprend toute notre arriĂšre garde.

Les entrĂ©es d’Eden et de Lukaku ne changent rien Ă  la donne. L’équipe, passĂ©e en 4-2-3-1 avec Kevin De Bruyne en soutien de l’attaquant, se montre plus solide et stable mais ne parvient pas Ă  faire sauter le verrou suĂ©dois qui vient de s’installer suite Ă  cette Ă©galisation. Et ce n’est pas mon entrĂ©e de jeu, Ă  quelques minutes seulement du coup de sifflet qui y changera quelque chose.

2020-06-07T22:00:00Z

A une semaine du dĂ©but des hostilitĂ©s, je profite de mon temps libre pour me reposer, histoire d’ĂȘtre au taquet Ă  tout moment. Hier, nous avons reçu chez nous la RĂ©publique TchĂšque pour une fessĂ©e, 5-0, auquel je n’ai pas participĂ© malheureusement. Du coup, nous sommes en repos ce matin. J’en profite un peu pour glander au lit, discuter par SMS avec mes amis restĂ©s en Allemagne. Au bout d’un moment, je me dĂ©cide Ă  prendre mon ordinateur et consulter quelques articles des mĂ©dias foot belge. Certains de mes coĂ©quipiers ne se font pas Ă©pargnĂ© dans les textes ou les commentaires. Mais pas moi. D’un cĂŽtĂ©, cela me soulage. Je pourrai ĂȘtre la cible d’un rejet Ă  cause de mon jeune Ăąge, certains auraient put m’en vouloir d’ĂȘtre lĂ  Ă  la place d’un autre. Mais cela ne semble pas ĂȘtre le cas, heureusement.

8-06-20

8juin20

2020-06-18T22:00:00Z

AprĂšs un match nul face Ă  la Croatie, nous nous retrouvons ce soir face Ă  l’Angleterre. Malheureusement, nous ne sommes pas Ă©pargnĂ© par le hasard. En plus d’avoir tirĂ© un groupe relativement costaud avec la Croatie, l’Angleterre et l’Ecosse, nous nous retrouvons Ă  jouer au Hampden Park les premiĂšres et troisiĂšmes rencontres et Ă  Wembley ce soir. Autant dire que nos supporters sont largement minoritaires.

19juin20
Le match dĂ©bute sur les chapeaux de roues avec les deux Ă©quipes dans le mĂȘme dispositif en 4-3-3. Ça se bat pour le ballon au milieu de terrain et pendant de nombreuses minutes, la rencontre ressemble plus Ă  une guerre des tranchĂ©es qu’à du football champagne. Pourtant, nous sommes les plus fort. Depuis le banc, je vois que le coach est confiant. Au fur et Ă  mesure du temps passant, nous prenons l’ascendant et nous montrons meilleur dans la plupart des secteurs de jeu. Il n’y a que la conclusion qui n’arrive pas.

Il faut attendre d’avoir largement passĂ© l’heure de jeu pour que les filets tremblent pour la premiĂšre fois de la partie. Sur une longue transversale de Witsel, redescendu assez bas, Kevin De Bruyne se dĂ©fait du marquage, avance et tire en force d’assez loin.

Une dizaine de minutes plus tard, je remplace poste pour poste Eden Hazard qui sort en grimaçant. Sur un tacle assez musclĂ©, il a senti une petite douleur au genou et le staff prĂ©fĂšre ne prendre aucun risque. Je contemple les immenses travĂ©es de ce stade qui gronde Ă  n’en plus finir.

Pendant l’acolade, Eden me souffle :

«Donne tout ! Tu vas gérer.»

Bien compris capitaine. Ce sont mes premiĂšres minutes officielles avec les diables rouges, je veux casser la baraque, je veux montrer qu’on peut compter sur moi Ă  chaque instant. DĂšs la reprise du jeu, tout va trĂšs vite. Tielemans rĂ©cupĂšre le ballon sur une mauvaise passe anglaise et tente immĂ©diatement sa chance. Il a raison, nos adversaires ne sont pas correctement en place. Le ballon tourne dans les airs, flotte comme dans un ballet gracieux avant de terminer sa course au fond du filet.

Les derniĂšres minutes de jeu se rĂ©vĂšlent plus dĂ©fensive. Logiquement, nous protĂ©geons le score. Tout le monde se replie et a pour mission de contenir les assauts anglais en profitant Ă©ventuellement des espaces, mais sans trop se dĂ©couvrir. Ce n’est pas le moment d’encaisser un but et de leurs donner de l’espoir.

Lorsque le coup de sifflet final retentit, nous ressentons tous un immense soulagement. Face Ă  notre rival numĂ©ro 1 pour la tĂȘte du groupe, nous nous en sommes bien sorti. Avant de quitter la pelouse, nous allons saluer nos supporters.

2020-06-22T22:00:00Z

Pour la derniĂšre rencontre de la phase de groupe, nous affrontons l’Ecosse, sur leur terre. Mais ce soir, c’est sur eux qu’il y a le plus de pression. En effet, il ne nous faut qu’un point pour espĂ©rer dĂ©crocher la premiĂšre place.

Tandis que je prends place sur le banc, les vingt deux acteurs se mettent en position sur la pelouse. Cela va ĂȘtre compliquĂ© d’aller chercher le point tant nos adversaires du jour semblent en mode dĂ©fense. Avec une ligne de cinq derriĂšre, il va falloir se donner.

23juin20
Et pourtant, nous rĂ©alisons l’entame de match parfaite ou presque. DĂšs la quatriĂšme minute de jeu, nous ouvrons le score. Sans aucun pressing adverse, Kevin De Bruyne avance et lance notre capitaine qui, aprĂšs avoir dribblĂ© deux joueurs pour rentrer dans l’axe, se charge d’assĂ©ner la sentence d’une frappe placĂ©e. Ce geste devrait ĂȘtre le dĂ©but d’une longue succession d’actions offensives d’éclat mais il n’en est rien. Nous pataugeons devant. Entre le blocus des Ă©cossais et l’absence totale d’animation devant, nous avons le plus grand mal Ă  alourdir le score.

A la 70e minute de jeu, je fais mon entrĂ©e sur le terrain, Ă  la place de Thorgan Hazard. Mais face Ă  des Ă©cossais toujours plus regroupĂ©, je ne parviens pas Ă  faire plus de diffĂ©rence que mon prĂ©dĂ©cesseur. Si la victoire est lĂ  au bout du compte, nous ne pouvons pas nous montrer fiers de notre prestation, car il n’y a pas de quoi. C’est d’ailleurs ce que nous explique Wesley Sonck dans le vestiaire Ă  l’issu de la rencontre.

2020-06-24T22:00:00Z

25juin20

LarguĂ© par ma sexfriend par message, j’aurai vraiment tout eu. Étonnement, je ne regrette pas la tournure des Ă©vĂšnnements, je ressens mĂȘme une sorte de soulagement. Pas que je ne m’amusais pas avec elle, loin de lĂ  mais je commençais Ă  ressentir de plus en plus la diffĂ©rence d’ñge et de mentalitĂ© entre elle et moi. Puis lĂ , j’ai autre chose Ă  penser que le sexe. On a un Euro Ă  gagner.

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Oublie Mary, sinon tu vas ĂȘtre dĂ©truit par les tabloĂŻds et finir dans la dĂ©bauche (Ronaldinho TMTC) Au passage, l’imbĂ©cile heureux que je suis pensait que Denayer Ă©tait amĂ©ricain :man_facepalming:

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RĂ©ponses aux lecteurs

Résumé

@LindexV Et non, Denayer est bien belge. Irl il doit avoir une grosse dizaine de sélections avec les diables depuis 2015


2020-06-30T22:00:00Z

1-07-20

1-07-20(1)

2020-07-01T22:00:00Z

2-07-20

2020-07-02T22:00:00Z

Fin juin, aprĂšs avoir affrontĂ© l’Ecosse, nous avons rencontrĂ© la Suisse en huitiĂšme de finale, un match emportĂ© sur le score de 2-0 auquel je n’ai pas participĂ©. Si d’un point de vue comptable, c’est tout bon, sur le terrain, c’est autre chose. La prestation de notre milieu de terrain a Ă©tĂ© insipide et les diffĂ©rents mĂ©dias belges et internationaux s’en sont donnĂ©s Ă  cƓur joie. Hasard ou pas, c’est lorsque nous sommes passĂ©s en 4-2-3-1, avec De Bruyne en soutien de l’attaquant que nous avons inscrit les deux pions.

Du coup, pour les quarts de finale, face Ă  l’Ukraine, Wesley Sonck prend la dĂ©cision de nous lancer dans ce systĂšme dĂšs le dĂ©but. C’est ma chance. Si Kevin peut Ă©voluer en soutien de la pointe, il a plusieurs fois dit qu’il prĂ©fĂ©rait jouer plus bas, comme un organisateur du jeu. Je veux ĂȘtre sur le terrain, je dois y ĂȘtre.

Et comme dans un rĂȘve, le coach dĂ©cide de me titulariser dans un quatuor offensif avec Eden et Thorgan Hazard et Romelu Lukaku. C’est le moment de montrer ce que je veux. Avant de monter sur le terrain, je trĂ©pigne littĂ©ralement d’impatience.

3juillet20
Les ukrainiens le savent, leur parcours dĂ©tonne. AprĂšs une phase de groupe pas vraiment enthousiasmante oĂč ils terminent troisiĂšme, ils sortent les Pays-Bas en prolongation au terme d’un match particuliĂšrement soporifique. Ils savent dĂ©fendre et veulent le montrer.

DĂšs les premiers instants, nos adversaires se replient derriĂšre, dans un bloc solide et compact. Leur organisation est limpide, attendre que l’on se casse les dents sur leur muraille et lancer un long ballon en avant dans l’espoir qu’Artem Besedin en fasse quelque chose. Si nous pataugeons un peu les premiĂšres minutes, trĂšs vite, nous exerçons un pressing constant mais calculĂ© sur leur camp. Rien ne sert de courir, il faut se montrer plus malin. Le ballon circule rapidement, en une ou deux touches et d’un cĂŽtĂ© Ă  l’autre du terrain, tout pour dĂ©stabiliser le bloc.

A la 37e minute, Eden Hazard me passe le ballon d’une passe prĂ©cise, dĂ©viĂ©e par un dĂ©fenseur adverse. Du bout du pied, je contrĂŽle le ballon, le ramĂšne Ă  moi et lĂ , je le vois. Je vois ce fameux trou, cet espace tant recherchĂ© entre dĂ©fenseurs. Au delĂ , le but ukrainiens. Je sais ce que je dois faire, je n’hĂ©site pas un seul instant. Petit crochet, je me met sur mon bon pied et je dĂ©croche une frappe puissante qui ne laisse aucune chance au portier, clouĂ© sur place devant sa ligne.

Si la petite célébration prend une tournure particuliÚre, étant devant une rangée de policier, conflit russo-ukrainien oblige, nous reprenons vite notre place et notre concentration. Nos adversaires vont devoir se découvrir pour revenir au score.

Lors de la seconde mi-temps, nous alourdissons le score grĂące Ă  Eden Hazard qui, aprĂšs un bon travail d’Elias Cobbaut le long de la touche, prend le luxe de lober le pauvre gardien qui ne peut rien faire, Ă©tant totalement abandonnĂ© par son arriĂšre garde.

Une dizaine de minutes plus tard, je sors sous les applaudissements de nos supporters. J’ai un large sourire au visage et il y a de quoi. Non seulement nous faisons un bon match mais en plus j’y participe activement. C’est comme ça que je peux gagner ma place.

2020-07-06T22:00:00Z

7-07-20


Le tirage n’aura pas Ă©tĂ© clĂ©ment avec nous. Enfin, je ne sais pas ce qui est vraiment mieux entre l’Espagne, la France et l’Allemagne, les trois grands favoris du tournoi. Pour la seconde fois consĂ©cutive, je suis titularisĂ© par Wesley Sonck, en soutien de Lukaku. Le pauvre vit un tournoi plutĂŽt compliquĂ© et tout le monde lui tombe dessus. J’ai un peu de peine pour lui, il ne mĂ©nage pas ses efforts sur le terrain.

7juillet20
Avec les espagnols, pas de temps mort. Dùs les premiers instants, ils se lancent vers l’avant, voulant monopoliser le ballon. Nous suffoquons devant le mouvement qu’ils initient en permanence. D’ailleurs, nous encaissons un premier but dùs la 8e minute de jeu. Ça commence mal.

Mais peu de temps aprùs, nous nous retrouvons tout à fait surpris. L’Espagne nous laisse le ballon. Alors qu’ils ont plutît l’habitude de se battre corps et ñme pour la possession, ils reculent et nous la laisse volontiers. Mieux dans le match, nous commençons à mettre la pressions sur leur surface par de nombreuses incursions offensives mais leur arriùre garde veille au grain et il nous est difficile de tirer au but.

A la 39e minute de jeu, Toby Alderweireld rĂ©cupĂšre le ballon au niveau du rond central alors que nous sommes positionnĂ©s vraiment haut et sans avancer, lance en profondeur Timothy Castagne. Le latĂ©ral droit rĂ©alise une course de longue haleine avant de centrer en force vers le deuxiĂšme poteau oĂč surgit comme par enchantement Axel Witsel pour y mettre le pied. Un partout, balle au centre.

Au retour des vestiaires, ce sont les espagnols qui reprennent la main d’une superbe reprise de volĂ©e d’un de leurs milieux, Pablo Fornals. Mais quelques minutes aprĂšs, nous ripostons via notre capitaine Eden Hazard qui rĂ©alise un vĂ©ritable festival au milieu d’une dĂ©fense ibĂ©rique complĂštement affolĂ©. Son tir puissant touche le poteau avant de se loger au fond des filets.

Le jeu reprend avec toujours plus d’intensitĂ©, le score pourrait aisĂ©ment basculer d’un cĂŽtĂ© comme de l’autre tant les deux Ă©quipes se donnent et se dĂ©mĂšnent pour reprendre l’avantage. Mais c’est finalement nous qui reprenons la main pour ne plus la lĂącher. GrĂące Ă  un tacle glissĂ© de Witsel, Kevin De Bruyne s’empare du cuir et envoie un long ballon par dessus tout le monde Ă  destination de Lukaku. Le gĂ©ant belge me le remet directement de la tĂȘte. A la rĂ©cupĂ©ration, je me dĂ©barrasse d’un de nos adversaires par un rateau bien senti avant de glisser le ballon sur ma gauche Ă  notre capitaine. Le numĂ©ro 10 surgit Ă  toute vitesse, dribble aisĂ©ment Sergio Ramos et tire en force alors que ce dernier l’accroche du bras. La balle file et va se loger juste sous la transversale, pour le plus grand bonheur de nos supporters qui font un boucan monstre en tribune.

Et jusqu’à la fin, nous maintenons la pression afin de ne pas perdre ce maigre avantage. Les espagnols tentent le tout pour le tout en passant dans un systùme plus offensif mais rien n’y fait. Au bout des 90 minutes, ce sont nous, les diables rouges qui avons notre ticket pour la finale.

2020-07-10T22:00:00Z

11-07-20

2020-07-11T22:00:00Z

Ce matin, je me lĂšve sans problĂšme, pour une fois pas besoin de rĂ©veil. D’ici la fin de journĂ©e, je serai peut ĂȘtre champion d’Europe.
Ne t’emballe pas Tom, n’oublie pas qu’il reste un match.

Et quel match. Un derby au sommet, la meilleure des maniĂšres de faire quelque chose de beau. Si nous avons Ă©tĂ© privĂ© de la Coupe du monde 2018, c’est Ă  cause des français. Aujourd’hui, il est de notre devoir de rĂ©parer cela et de sortir victorieux de ce combat.

La journĂ©e passe lentement, trop lentement. Tout le monde est silencieux, fermĂ©. Certains semblent Ă©prouvĂ© par le stress, avec de belles cernes sous les yeux, tandis que d’autres sont dĂ©jĂ  dans leur match. Lorsque nous arrivons Ă  Wembley, des centaines de supporters se pressent autour des barriĂšres de sĂ©curitĂ©. Ils nous crient de tout donner, de nous montrer digne. A ce moment, je sens la pression monter en moi. Depuis toujours, je vois le football comme un jeu, comme quelque chose qui me passionne, qui m’anime. Si je suis habitĂ© par l’envie de gagner et la rage de perdre, c’est plus par amour du dĂ©fi que par envie de reconnaissance. Pour moi, je ne suis qu’un jeune parmi tant d’autres, un jeu qui a simplement la chance de vivre son rĂȘve.

Mais Ă  ce moment, je prends conscience que ce que je fais, ce que nous produisons sur le terrain affectent plus que de raison des gens, une multitude de personnes. Et ceux-ci attendent quelque chose de nous. Faut-il jouer pour le plaisir de jouer ou pour satisfaire leurs dĂ©sirs ? C’est avec ces questions en tĂȘte que je me prĂ©pare Ă  disputer le match le plus intense et le plus important de ma jeune carriĂšre.

12juillet20
Les hymnes nationaux ont Ă©tĂ© diffusĂ©s, les mains serrĂ©s, et tout le monde se place en attendant le coup de sifflet de l’arbitre. Je peux voir dans le regard des joueurs en face que nous nous jaugeons mutuellement. Si chez nous l’équipe type est alignĂ©, Timothy Castagne Ă©tant l’option numĂ©ro 1 Ă  droite, ce n’est pas vraiment le cas pour la France. Pogba,Mukiele et Hernandez sont sur le banc, diminuĂ©e tandis que Varane, pourtant meilleur dĂ©fenseur bleu du tournoi est Ă©cartĂ©.

DĂšs le coup de sifflet, nous nous lançons Ă  l’abordage. Et rapidement, nous prenons le dessus sur nos adversaires qui se retrouvent submergĂ©s. Devant nos offensives Ă©clairs, ils peinent Ă  assurer dĂ©fensivement, ce qui conduit Ă  une faute indiscutable sur le cĂŽtĂ© gauche Ă  la 6e minute de jeu. De Bruyne s’élance et botte un ballon brossĂ© qui tournoie dans les airs avant d’ĂȘtre reprit de la tĂȘte par le recordman de sĂ©lection, Jan Vertonghen.

PassĂ© les quinze premiĂšres minutes, nos adversaires commencent Ă  sortir la tĂȘte hors de l’eau. Si nous avons toujours une Ă©crasante possession, ils utilisent les espaces laissĂ©s Ă  l’arriĂšre pour des contres rapides dont un de Ousmane DembĂ©lĂ© se termine par un but d’une frappe qui prend notre gardien Ă  contre-pied.

Lors de la mi-temps, je m’affale dans le vestiaire. Ce match est vraiment Ă©prouvant. Wesley Sonck motive les troupes comme jamais. Je regarde autour de moi, tout le monde sans exception a le regard dĂ©terminĂ©, remplaçants compris. Tout ce que nous voulons, c’est soulever ce trophĂ©e, rendre un peuple fier.

«Je sais de quoi vous ĂȘtes capable. Donnez tout, on est Ă  45 minutes du bonheur.»

Comme un seul homme, nous nous levons et regagnons le terrain, bien dĂ©terminĂ© Ă  nous mettre Ă  l’abri le plus vite possible. Et dĂšs le coup de sifflet, nous nous lançons Ă  l’assaut du camp français. Eden Hazard percute sur la gauche, effectue une longue transversale pour son frĂšre de l’autre cĂŽtĂ© qui repique vers l’intĂ©rieur, sert en profondeur Lukaku qui me remet le cuir d’une subtile talonnade. Je tire en force de l’entrĂ©e de la surface. Le ballon s’envole et va se loger en pleine lucarne. Je tombe Ă  genou. Une marĂ©e de joueurs m’assaillent. Mes coĂ©quipiers viennent me fĂ©liciter. Je suis au paradis, tout simplement.

7

Une petite vingtaine de minutes plus tard, je rĂ©cupĂšre le ballon plein axe. J’élimine un joueur d’un crochet avant de lancer Castagne en profondeur. Le latĂ©ral rĂ©alise la course de sa vie et centre en premiĂšre intention alors que le ballon n’est qu’à quelques centimĂštres de sortir. Et lĂ , surgit la montagne, le gĂ©ant, Romelu Lukaku. Peu intimidĂ© par l’arriĂšre garde adverse, il s’élance, domine tout le monde et reprend le cuir du front. 3-1, la messe est dite.

Si nos adversaires tentent Ă  plusieurs reprises de remonter au score, ils n’y parviendront jamais, se heurtant Ă  notre volontĂ© intense de conserver le score. Et lorsque le coup de sifflet final rĂ©sonne Ă  travers Wembley, un cri de joie explose, partant du terrain et allant vers les travĂ©es. La Belgique est championne d’Europe. Si mon pĂšre voyait ça.

Je me laisse tomber au sol, allongĂ© sur le dos et contemple les gradins dont les couleurs rouges s’agitent en tous sens. Je suis bien ici, je voudrai que ce moment ne s’arrĂȘte jamais.

2020-07-12T22:00:00Z

13-07-2020


La soirĂ©e post-match a Ă©tĂ© longue et difficile. AprĂšs les traditionnelles photos, serrages de mains en tout genre et autographes, nous sommes tous allĂ©s dans une sorte de club privĂ© de Londres pour fĂȘter le titre. Et je dois bien avouer que contrairement Ă  d’autres, je ne me suis pas vraiment limitĂ© Ă  quelques verres par-ci par-lĂ .

Lorsque je me rĂ©veille dans la chambre d’hĂŽtel, je suis dans un piteux Ă©tat. Mon crĂąne me fait horriblement mal, j’ai une tĂȘte de croque mort mais je ne peux rester lĂ . Dans moins d’une heure, nous partons, rejoindre Bruxelles oĂč une cĂ©rĂ©monie protocolaire nous attend. Qu’est ce que je n’en ai pas envie. Et pourtant, il faudra bien, ça fait partie de nos engagements. Tant bien que mal, je me lĂšve et me rend pĂ©niblement Ă  la douche, ignorant mon tĂ©lĂ©phone et les nombreux appels manquĂ©s dessus.

Ce n’est que tard le soir, peu avant minuit, que je dĂ©cide de m’intĂ©resser Ă  mon GSM. Je ne l’ai pas regardĂ© de la journĂ©e. Au moment de vider la chambre, je l’ai jetĂ© dans mon sac Ă  dos et je n’y ai plus pensĂ© tant nous avons Ă©tĂ© occupĂ©. Mais lĂ , je suis Ă  Bruxelles, seul dans une chambre d’hĂŽtel et j’y repense. J’attrape l’engin, le dĂ©verrouille et regarde l’écran d’un Ɠil distrait. J’ai une quantitĂ© importante de messages et d’appels en absence. Je me dĂ©cide alors d’écouter mes messages vocaux. Je n’en ai qu’un. DĂšs les premiers mots, je me laisse choir au sol, le dos contre le lit. Je dois surement ĂȘtre totalement livide.

J’ai beaucoup de mal Ă  rĂ©agir et Ă  couper la communication quand c’est nĂ©cessaire, je suis littĂ©ralement sous le choc de ce que je viens d’apprendre. C’est la maman de Cassie qui m’a appelĂ©e. Sa fille est sortie hier et a Ă©tĂ© retrouvĂ© en rue, inconsciente. Une overdose. Elle est Ă  l’hĂŽpital, dans le coma, et risque fortement de mourir. Cette nouvelle me glace le sang. Mon premier rĂ©flexe est d’appeler Frank, qu’il vienne ici.

Peu aprĂšs mon appel, mon frĂšre arrive. Nous parlons quelques instants de la situation puis il me rĂ©serve rapidement un billet d’avion pour l’Allemagne. Je devrais me reposer, mais je n’y arrive pas, je ne sais plus quoi penser. MĂȘme sĂ©parĂ©, Cassie est une fille gĂ©niale pour qui j’ai encore beaucoup d’affection. Le fait que ça touche quelqu’un prĂšs de moi me perturbe vraiment.

2020-07-13T22:00:00Z

14-07-20(1)

14-07-20


Comme organisĂ© pendant la nuit avec mon frĂšre, je dĂ©barque Ă  Leipzig sur les coups de midi. Cela fait plus de 28 heures que je suis debout et mon organisme commence Ă  vraiment me le rappeler. Je me sens fiĂ©vreux, j’ai mal Ă  la tĂȘte, je me sens vaseux, bref, rien d’amusant. Pourtant, je prends malgrĂ© tout un taxi pour me rendre Ă  l’hĂŽpital.

Dans le couloir, c’est le choc. Je retrouve les parents de Cassie comme je ne les ai jamais vu. Depuis la derniĂšre fois, c’est comme s’ils avaient vieilli de vingt ans. Je ne peux imaginer comme voir son enfant dans cet Ă©tat doit ĂȘtre horrible pour eux.

AprĂšs les soins, ses parents me laissent la voir, seul. Je m’approche du lit. Cassie y est allongĂ©, comme un ange qui dort. Ses traits sont dĂ©tendus, on dirait presqu’elle dort. J’aimerai tant que ce ne soit qu’un sommeil un peu plus long. Mais je sais au fond de moi qu’elle a entamĂ© un voyage dont on ne revient pas.

Je reste une quinzaine de minutes Ă  son chevet avant de repartir. C’est trop pour moi, je ne peux supporter ça. SitĂŽt chez moi, je m’allonge et m’endort presque immĂ©diatement. Mais Ă  plusieurs reprises, des cauchemars viennent me tourmenter et perturbent mon repos.

Lorsque je me rĂ©veille vraiment, il fait bien noir. Le rĂ©veil Ă  cĂŽtĂ© de mon lit indique 23:50. J’ai un message de la maman de Cassie. Tout est fini m’écrit-elle. A ce moment, je ne ressens rien si ce n’est un grand vide dans ma poitrine. Je me rend dans le salon et regarde pas la fenĂȘtre de la cuisine les lumiĂšres de la ville. Je reste lĂ  quelques minutes puis ouvre un tiroir du meuble Ă  cĂŽtĂ©, farfouille dedans avant de sortir une petite boite de pilule. Puis, je me sers un double wisky. Une grande gorgĂ©e plus tard, je m’enfile plusieurs cachets. Du Xanax, que m’avait laissĂ© la jeune fille lors d’une soirĂ©e un peu trop chargĂ©e. Un flacon plein qu’elle n’avait jamais reprit. LĂ  oĂč elle est, elle n’en aura plus besoin.

Et alors que je sens mes muscles et mon visage se dĂ©tendre, je pose la tĂȘte sur le bois de la table et ferme les yeux, partant dans un profond sommeil sans rĂȘve.

2020-07-20T22:00:00Z

Une semaine aprĂšs le dĂ©cĂšs de Cassie, il est temps de reprendre le chemin du centre d’entrainement avec l’autre finaliste, Upamecano. Comme d’habitude, nous commençons la journĂ©e par les traditionnels test physiques et les entraĂźnements en salle afin de nous remettre en jambe, bien que nous soyons encore particuliĂšrement en forme. Nos coĂ©quipiers ont eux fait leur retour le lendemain de la finale de l’Euro et ont dĂ©jĂ  un amical avant d’en avoir un autre ce soir auquel j’assisterai des tribunes.

Pendant que je cours sur le tapis, je repense Ă  ces derniers jours. Je les ai traversĂ© comme un fantĂŽme, un zombie, Ă  errer Ă  droite Ă  gauche sans trop savoir quoi faire, sans trop vouloir faire quelque chose de prĂ©cis. J’essaye de ne plus penser Ă  tout cela mais c’est difficile. Au moins, j’ai retrouvĂ© un sommeil correct, c’est dĂ©jĂ  ça.

2020-07-24T22:00:00Z

25juillet20
Pour ce match en Ecosse, je dĂ©bute sur le banc. C’est Hannes Wolf qui Ă©volue derriĂšre Timo Werner. L’autrichien sort d’une bonne saison en prĂȘt au Werder et je peux lire ici et lĂ  qu’il sera mon concurrent numĂ©ro 1.

DĂšs le dĂ©but, nous mettons le pied sur le ballon et inscrivons un premier but aprĂšs le premier quart d’heure de jeu. Puis, mes coĂ©quipiers maintiennent la pression sans trop se forcer. L’équipe est largement remaniĂ©, les automatismes ne sont pas vraiment lĂ .

En seconde pĂ©riode, Marcel Sabitzer* double la mise d’une reprise de volĂ©e puissante et malgrĂ© la rĂ©duction du score du Celtic Ă  la 76e, nous gardons notre calme. Nous sommes statistiquement meilleurs dans tout les compartiments du jeu, il n’y a pas d’inquiĂ©tude Ă  avoir. D’ailleurs, Kevin Kampl alourdit le score sur coup franc quelques minutes aprĂšs.

AprĂšs ce troisiĂšme but, je fais mon entrĂ©e sur le terrain pour disputer les quelques minutes restantes. Mais je dois bien avouer que je suis loin de me montrer Ă  mon avantage. Passes imprĂ©cises, contrĂŽles ratĂ©s, mauvais dribbles. En l’espace de peu de temps, je rĂ©alise l’exploit de faire tout ce qui est Ă  Ă©viter. Dur dur la reprise.

2020-07-28T22:00:00Z

29juillet20
Pour ce dĂ©placement du cĂŽtĂ© de Londres, Philipp Lahm dĂ©cide de me titulariser en soutien de mon ami, Yorbe. A l’exception de deux ou trois postes, c’est l’équipe type qui est alignĂ©.

Pourtant, face Ă  l’agressivitĂ© des hammers, nous prenons rapidement l’eau, Ă©tant largement dominĂ© au milieu de terrain. D’ailleurs, nous encaissons un but sur une belle contre attaque rondement menĂ©. La mi-temps n’est pas encore arrivĂ© que nous tirons dĂ©jĂ  la langue.

En seconde pĂ©riode, les dĂ©bats s’équilibrent un peu, mĂȘme si cela reste compliquĂ© de progresser dans leur camp. Les quelques situations chaudes que nous avons n’aboutissent pas. Quand Ă  moi
 Je suis l’ombre de moi mĂȘme. Peu de mouvements dans le bon tempo, un festival de passes imprĂ©cises et une difficultĂ© chronique Ă  jouer avec les autres.

A la 79e minute de jeu, je rĂ©cupĂšre le ballon d’une transmission prĂ©cise d’une des recrues, Matic, me retourne, crochĂšte mon vis-Ă -vis et avance balle au pied. Mais ce dernier ne me lĂąche pas. Son Ă©paule droite tape ma gauche et nous avançons ainsi. Et comme au ralenti, je vois son pied s’avancer dans une foulĂ©e et toucher le ballon de la pointe, l’expĂ©diant loin de moi. Sauf qu’en retombant, son talon Ă©crase mon pied gauche et me fait basculer je ne sais trop comment par dessus sa jambe.

AllongĂ© au sol, je ressens une vive douleur. ImmĂ©diatement, les soigneurs arrivent. MalgrĂ© la bombe analgĂ©sique, la douleur ne passe pas. Je sors en claudiquant, m’appuyant sur eux.

2020-07-29T22:00:00Z

DĂšs notre retour Ă  Leipzig, j’ai Ă©tĂ© emmenĂ© Ă  l’hopital pour passer des examens, une radio pour vĂ©rifier l’état de ma cheville gauche. Celle-ci reste gonflĂ© et fort douloureuse. Le verdict est sans appel. Je souffre d’une entorse. Me voilĂ  sur la touche pour minimum trois semaines. La poisse. Entre ça, ma suspension de trois matchs, le dĂ©cĂšs de Cassie qui me trotte en tĂȘte, la coupe est pleine.

entorse

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Tu n’es pas au stade toi ? :smirk:

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C’est en dĂ©cembre que Mia Khalifa est invitĂ©. J’irai Ă  ce moment lĂ  :joy:

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Je le confirme, tu as une Vie de Merde :+1:

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Cet ascenseur emotionnel :fearful:

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Salut Rhino, je suis ta story depuis quelques temps dĂ©jĂ  et je dois dire que j’attend toujours le mois suivant avec impatience. Seule ombre au tableau d’aprĂšs moi : pourquoi le tableau des rĂ©sultats se trouve t-il avant ton rĂ©sumĂ© ? D’un cĂŽtĂ© on sait direct de quel match on parle, mais de l’autre ça nous “spoile” un peu ta story :sweat_smile:
C’était particuliĂšrement flagrant pour moi pour la finale contre la France, avant mĂȘme d’avoir lu deux phrases sur le match je savais dĂ©jĂ  que Tom Ă©tait champion d’Europe. Y’aurait peut ĂȘtre moyen de “flouter” l’image pour les matchs Ă  enjeu, non ?
SInon c’était le seul point ou je trouve quelque chose Ă  redire, ta story est hyper sympa Ă  lire, j’attends la suite avec impatience !

ps : Ils comptent racheter des joueurs pendant ce mercato Leipzig ? Parce qu’avec la vente de KonatĂ© et de Mukiele, y’a de quoi dĂ©penser un peu la

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