Sympa ce retour aux sources !
Te mau pahonoraa a te feia tai'o
@CaptainAmericka Oui. Un bon moment en perspective
@Sythax Bien-sûr que je connais cela
@alexgavi Tu veux dire que Tita va avoir son importance dans ce récit ?
@volatil un retour aux sources pour faire le deuil
Le lendemain matin, à peine 4h30, Teanuanua fut tiré de son sommeil par le bruit familier des pêcheurs en pleine préparation. Ça sentait le sel, le gasoil et la mer. Un des hommes, en l’apercevant dans l’encadrement du dortoir, lui lança : « Tu veux venir voir ce que faisait ton père, mon garçon ? »
Teanuanua hocha la tête sans hésiter, enfilant rapidement un short et un tee-shirt. Il suivit le petit groupe à travers la plage encore plongée dans la nuit. Les lampes frontales découpaient l’obscurité en faisceaux tremblants.
Au loin, sur la droite, il aperçut deux silhouettes allongées sur le sable. Seul la pleine lune éclairait ses deux personnes. Intrigué, il s’apprêta à demander, mais un pêcheur prit les devants : « C’est Tita et une autre fille. Elle passe souvent la moitié de la nuit là. Personne ne sait vraiment pourquoi. »
Encore un mystère autour de cette jeune femme discrète. Teanuanua fronça les sourcils, sans rien dire.
Il embarqua ensuite sur un petit bateau à moteur avec deux autres pêcheurs. Le plus costaud, un homme au ventre bien arrondi, s’installa à l’arrière et lança, en regardant le jeune homme : « Depuis que ton père est parti, on a interdit la pêche en solo. S’ils avaient été deux ce jour-là, peut-être qu’il serait encore là. »
Le silence tomba dans le bateau, brisé seulement par le ronronnement du moteur. Teanuanua ne répondit pas. Il serra les poings doucement, puis ferma les yeux quelques secondes.
La mer s’étendait, paisible. Le ciel finit par pâlir, puis le soleil se leva lentement, dorant les vagues et réchauffant les visages. Les pêcheurs lançaient leurs filets avec habileté, et bientôt, le fond du bateau se couvrit de poissons argentés et frétillants.
Vers la fin de matinée, ils rentrèrent au port. La pêche était bonne. Elle fut aussitôt divisée : une partie irait nourrir les ouvriers de l’île, une autre serait vendue aux quelques habitants ou employés extérieurs, et le reste, empaqueté pour l’exportation vers Tahiti qui avait de nombreux habitants mais paradoxalement peu de pêcheurs.
Teanuanua retrouva sa mère un peu plus tard. Elle avait le visage tiré par la fatigue mais un sourire doux aux lèvres. Elle avait veillé tard, bavardé, pleuré aussi, sûrement.
L’après-midi, mère et fils se trouvèrent un coin tranquille à l’ombre d’un palmier. Le sable doux sous eux, le bruit des vagues en fond, ils s’allongèrent côte à côte. Le vent tiède caressait leurs visages. Sans un mot, ils sombrèrent dans une sieste paisible, le cœur un peu plus léger.
Le soir, après un bon repas au village d’Auorotini, Teanuanua et Moerani se sentirent tous deux apaisés. Les rires avaient rythmé leur dîner, mais alors qu’ils s’éloignaient du village, Teanuanua se laissa emporter par ses souvenirs d’enfance. Il parla à Moerani, un peu rêveur : « Quand on était ici, papa et moi, on allait souvent la nuit, sur la plage. Il me montrait les constellations, me racontait leurs histoires. J’adorais ça. »
Moerani le regarda, un léger sourire sur ses lèvres, mais Teanuanua remarqua qu’elle semblait ailleurs. Alors il proposa : « Ce soir, je pourrais te montrer, si tu veux. »
Mais pour sa surprise, Moerani refusa, son ton plus sec qu’il ne l’aurait imaginé : « Non, je dois retourner au dortoir. Les filles m’attendent. »
Teanuanua la regarda un instant, déconcerté. Il s’attendait à une autre réponse, mais elle semblait décidée. Il haussait les épaules, mais une déception se fit sentir en lui. Moerani s’éloigna rapidement, et il resta là, un instant perdu dans ses pensées, avant de rejoindre le dortoir à son tour.
Allongé dans son lit, Teanuanua ne parvenait pas à fermer les yeux. Les minutes semblaient s’éterniser. Son esprit tournait en boucle. Pourquoi sa mère avait-elle refusé ? Pourquoi semblait-elle aussi distante ? Il n’arrivait pas à comprendre.
Pour se vider l’esprit, il décida de sortir discrètement, sans faire de bruit pour ne réveiller personne. La plage, baignée par la lumière de la lune et des étoiles, semblait l’appeler. Il marcha seul, en silence, sa lampe frontale diffusant une faible lumière autour de lui. Tout était calme, et seul le bruit des vagues brisait le silence de la nuit.
C’est alors qu’il aperçut, au loin, deux silhouettes sur la plage. Sans vraiment vouloir s’approcher, il se figea, intrigué. L’une des formes lui semblait familière. Il plissa les yeux et son cœur se serra. Il lui sembla reconnaître la silhouette de sa mère. Il n’hésita plus, avançant lentement, inquiet et curieux. Plus il s’approchait, plus il était sûr de lui. La certitude monta en lui comme un vertige, jusqu’à ce qu’il entende sa voix: « La petite avait raison. On va aller à la police. Touche à un seul de ses cheveux et tu auras affaire à moi. »
Teanuanua s’arrêta net. Il ne comprenait pas. Pourquoi sa mère parlait-elle comme ça ? Qui était-elle en train de menacer ? Il s’avança encore, confus, et la voix de Moerani s’éteignit dans un souffle : « Maman ? »
« Teanuanua ? » répondit-elle, visiblement surprise.
Elle s’excusa presque immédiatement, ajoutant : « Je pensais que c’était quelqu’un d’autre. »
Teanuanua, encore sous le choc, s’empressa de demander : « Mais qui ? Qui étais-tu en train de menacer ? »
Moerani sembla hésiter un instant, puis murmura : « Je ne sais pas… C’est juste que… J’ai eu peur. Tu sais… Deux femmes seules sur la plage… »
Tita était aux côtés de Moerani. Teanuanua la regarda, préoccupé, mais il ne poussa pas plus loin ses questions. Il s’assit près d’elles et éteignit sa lampe. Les étoiles étaient plus brillantes que jamais, et il se laissa aller à la contemplation. Il commença à expliquer les constellations, montrant du doigt certaines formations dans le ciel, mais il se rendit vite compte que c’était surtout lui qui parlait. Moerani ne réagissait pas. Même Tita semblait perdue dans ses pensées, jusqu’à ce que Teanuanua entende des sanglots étouffés et des reniflements. Tita, la mystérieuse remplaçante, pleurait en silence.
Teanuanua ne savait pas comment réagir. Pourquoi pleurait-elle ? Il décida de s’allonger et de fermer les yeux.
Teanuanua commença à s’endormir lorsque les sanglots de Tita, faibles mais persistants, le tirèrent de son sommeil. Il se tourna lentement, un souffle léger qui traversa l’air calme de la nuit. « Maman, pourquoi elle pleure ? » murmura-t-il, à peine un chuchotement.
Moerani répondit d’une voix émotive, mais voilée : « Tu ferais mieux de retourner au dortoir. Laisse-nous, s’il te plaît. »
Teanuanua sentit la confusion monter en lui. Il se leva, traînant dans le sable sous le ciel silencieux, et en secouant la poussière de ses jambes, il demanda doucement : « Mais qui attendez-vous, exactement ? »
Moerani sembla hésiter un instant, avant de répondre, son ton plus dur : « Ne t’en mêle pas, Teanuanua. Va t’en. »
Il la regarda, la frustration croissant en lui. « Mais qui attends-tu, Maman ? » répéta-t-il, un peu plus fort. Elle détourna les yeux, les poings serrés. « Pars d’ici, d’accord ? » dit-elle d’un ton plus sec.
Le silence se fit lourd, pesant. Puis, finalement, Tita parla d’une voix brisée : « C’est Manuarii… J’ai des problèmes avec lui. C’est compliqué, c’est tout. »
Teanuanua tenta de sourire, de détendre l’atmosphère, en faisant une blague : « Ah, Manuarii… Il peut être un peu bourru, mais il suffit de lui tenir tête. Il finira par se calmer, tu verras. »
Tita secoua la tête, les yeux éteints. « Si ce n’était que ça, » murmura-t-elle, la douleur palpable dans ses mots.
Moerani, fatiguée, lui fit signe de partir. « Va, maintenant. Laisse-nous tranquille. »
Teanuanua se leva, irrité par cette réaction. « Tu vas trop loin, Maman. Il faut que tu sois plus… calme. On peut pas tout régler en étant agressif. »
Mais Moerani éclata, sa voix plus forte que d’habitude : « Tu ne comprends rien ! Retourne au dortoir. »
Il hésita, frustré, mais se tourna pour partir. C’est à cet instant que Tita l’interpella: « Tu peux rester si tu veux, Teanuanua. Je ne sais pas pourquoi, mais ta présence me rassure. Tu sembles être quelqu’un de bien. »
Teanuanua râla: « C’est bon… Rester car tu te fais engueuler, ça ne m’intéresse pas. Allez, bye… »
Mais Tita murmura à nouveau, une phrase si faible, si brisée, que Teanuanua s’arrêta net : « Ce n’est pas juste ça. Il me… Il m’oblige à… Je ne peux pas le dire. C’est trop dur » Et elle se mit à éclater en sanglots.
Il resta figé, un frisson glacial traversant son corps. « Qu’est-ce que tu veux dire ? Vas au bout de ta phrase, même si j’ai peur d’entendre ! » dit-il presque d’une voix tremblante.
« Il me viole… » dit-elle d’une voix pleine de sanglots.
Les mots s’étaient échappés dans le silence de la nuit. Teanuanua se tint là, figé, cherchant à comprendre. Tita soupira et continua: « Il m’oblige à venir sur cette plage pour le satisfaire quand il le souhaite… »
Teanuanua sentait son corps se remplir de frissons, mais il ne savait pas si c’était de la honte, de la peur ou de la haine.
Tita soupira de nouveau un grand coup avant de dire: « Si je ne le fais pas, il ne me donne plus mon salaire et brandit la menace d’un licenciement. Je ne peux pas courir ce risque. Je dois nourrir ma famille… »
Le bruit des vagues était, à ce moment-là, le seul bruit perceptible.
« Je suis désolée, » dit Tita, entre deux sanglots. « Je ne voulais pas te déranger, mais je… j’avais peur. Ta mère… ta présence, ça me réconforte. Même si aucun de vous deux ne peut réellement m’aider. »
Un long silence s’installa. Teanuanua était toujours là, figé, absorbé par ce qu’il venait d’entendre. Ses pensées tourbillonnaient, ses mains se crispant sans qu’il ne le remarque. La colère, la confusion et la douleur se mélangeant dans sa poitrine.
Sans un mot, il se mit à courir laissant sur place les deux femmes. Il sentait cette tristesse peser sur lui, une tristesse profonde qu’il n’arrivait à comprendre, mais qui le suivait comme une ombre.
ho le sal** de Manuarii
Tea va lui faire comprendre ?
Le mélodrame est de retour !
Oh là, on s’éloigne du football là…
Petite confrontation en perspective ? Non, pas le bon plan.
Teanuanua et sa maman vont la sortir de là
Suffit d’appeler l’inspecteur Benson ! Elle se déplacera jusqu’à Tahiti pour régler tout ça.
Je serai soupçonneuse je dirai que le père de notre héro est mort dans un « accident » de pêche en voulant empêcher quelque chose dans le genre. Ça serait pas surprenant, on vire le pauvre bougre qui s’interpose pour pouvoir continuer à agir impunément.
Espérons que la maman ne subisse pas le même sort.
Le retour aux sources entre mère et fils aurait pu être beau mais y a toujours une ombre au tableau.
Ca va casser des bouches…
Te mau pahonoraa a te feia tai'o
@celiavalencia c’est bien possible, ça
@Sythax ça t’avait manqué ?
@CaptainAmericka le foot n’est jamais très loin. Il faut juste être patient pour voir le rapport
@alexgavi seul l’avenir (juste en dessous ) le dira.
@Lincoln6Echo je te jure que je connaissais pas l’inspecteur Benson et que j’ai regardé sur Google pour savoir qui c’était
@Tiien Tant qu’on en reste aux bouches
Teanuanua courut sans s’arrêter, le souffle court, les tempes brûlantes, droit vers la maison de Manuarii. Lorsqu’il arriva, haletant, il la fixa, son cœur battant si fort qu’il en avait mal à la poitrine. Une vieille noix de coco traînait au sol, desséchée, oubliée. Il la ramassa, la serra dans sa main, puis la jeta de toutes ses forces contre la baie vitrée. Le bruit fut sec, brutal : le verre explosa sous l’impact, projetant des éclats à l’intérieur.
Aussitôt, une lumière s’alluma. Manuarii apparut, une machette à la main, visiblement réveillé en sursaut. Il passa la porte, confus, les yeux encore lourds de sommeil. Lorsqu’il reconnut Teanuanua, il fronça les sourcils puis posa la machette.
« Qu’est-ce que tu fous, bordel ? T’as pété les plombs ? »
Teanuanua ne répondit pas. Il s’approcha lentement. Puis, à quelques pas de lui, il accéléra et se jeta sur lui comme un fauve, poussé par une rage qui ne lui ressemblait pas. Il le frappa au visage. Encore. Et encore. À coups de poings, à coups de colère, à coups d’années restées muettes.
Le visage de Manuarii s’ouvrait sous les coups. Il tentait de se défendre, mais Teanuanua n’entendait plus rien. Il ne voyait plus rien. Rien que ce masque d’homme qu’il voulait faire tomber.
Des cris surgirent dans la nuit. Des hommes accoururent, réveillés par le vacarme. Ils attrapèrent Teanuanua, le tirèrent en arrière, le séparèrent de sa cible. Il se débattait, ivre de rage, les mains pleines de sang. Mais ce sang n’était pas le sien.
Il tomba à genoux, haletant, les poings tremblants. Le silence retomba, lourd, tranché par le gémissement de Manuarii allongé sur le sol, le visage tuméfié.
Un peu plus tard, les gyrophares bleus percèrent la nuit. La gendarmerie embarqua Teanuanua, menotté, les mains encore rouges. Il ne dit rien. Il n’avait plus rien à dire. La garde à vue commençait.
Le matin finit par se lever, timide, pâle, comme s’il n’osait pas éclairer les ombres de la nuit précédente. Teanuanua était toujours dans le petit bâtiment de la gendarmerie de Marutea Sud. Malgré sa façade défraîchie, les volets qui grincent et le toit rouillé, ce petit bâtiment tient toujours bon. Chaque matin, un ou deux gendarmes en uniforme y entrent pour assurer la sécurité des quelques habitants de l’atoll. Une vieille radio grésille à l’intérieur, les papiers sont rangés dans une armoire bringuebalante, et un drapeau flotte fièrement juste devant. Il a du vécu, ce bâtiment, mais il respire encore le service public, avec une touche de vaillance tranquille.
On vint chercher Teanuanua dans sa cellule. On le mena dans une petite salle, froide et impersonnelle, où l’attendait un officier.
Il s’assit. Son dos était raide, ses mains encore douloureuses. Il raconta tout. Du début à la fin. La plage, les sanglots, les mots de Tita. Sa colère. Son geste. Il n’omit rien. Le policier l’écoutait sans l’interrompre. Puis, à la fin de son récit, il hocha lentement la tête.
« On vous croit. Madame Tita Tauraa est venue ce matin porter plainte. Juste après avoir appris ce que vous aviez fait. »
Teanuanua releva les yeux, surpris.
« Elle voulait que vous ne restiez pas là-dedans à cause d’elle », poursuivit l’agent. « Elle a parlé et tout raconté. »
Quelques heures plus tard, Teanuanua était libre. Manuarii, de son côté, avait refusé de porter plainte. Peut-être par honte. Peut-être par peur que ses propres actes ne soient mis en lumière. Et sans plainte, il n’y avait pas de poursuites possibles. Mais la justice, elle, ne s’arrêtait pas là.
Au moment même où Teanuanua quittait les locaux de la gendarmerie, il croisa Manuarii. L’homme avait le visage marqué, les yeux noirs. Il ne le regarda même pas. Deux policiers l’escortaient. C’était à son tour: son tour de répondre, son tour d’expliquer.
Dehors, Moerani l’attendait. Lorsqu’elle le vit passer la porte, elle courut vers lui, les bras grands ouverts. Elle l’enlaça avec force, comme pour s’assurer qu’il était bien là, entier. Elle pleurait sans chercher à cacher ses larmes. Elle avait eu si peur. Pour lui. Pour ce qu’il était devenu. Pour ce qu’il aurait pu perdre.
Tita se tenait un peu en retrait. Silencieuse. Fragile. Mais debout.
Teanuanua s’approcha d’elle. Il ne dit pas grand-chose. Juste quelques mots, simples.
« Merci. Grâce à toi, je suis dehors. »
Tita baissa les yeux, puis les releva lentement. Elle ne répondit pas. Mais dans son regard, quelque chose avait changé. Une reconnaissance, peut-être. Ou un début de paix.
Teanuanua retourna à l’atelier. Le même atelier qu’il avait connu, bruyant, chaud, saturé d’odeurs d’huile et de bois humide. Il demanda à parler. Alors les langues se délièrent, mais pas pour l’innocenter, ni pour protester. Non, tout le monde savait. Oui, ils savaient ce que Manuarii faisait depuis des années. Non, ils n’avaient jamais rien dit. Oui, les victimes changeaient, tour à tour, silencieuses, usées.
Quand Teanuanua demanda si cela se passait déjà lorsqu’il travaillait ici, plusieurs acquiescèrent. Il sentit un nœud se former dans son ventre.
« Et mon père… Il était au courant ? » demanda-t-il, la voix rauque.
Un vieil homme secoua lentement la tête : « Non. Si Tamatoa avait su cela, il aurait tué Manuarii. Sans hésitation. On l’a tenu à l’écart. On savait qu’il était dangereux pour les salauds comme lui. Ton père était un homme bon. Et toi, son fils, tu l’es aussi. »
Teanuanua les regarda, un à un, des visages d’hommes et de femmes qu’il avait peut-être un jour estimés.
« Vous me dégoûtez », lâcha-t-il. « Vous êtes de la sous-race humaine. Vous avez regardé ça sans rien faire. Vous avez laissé faire. Vous êtes complices. »
Il recula, le regard chargé de dégoût.
« Je vous hais. Et je ne reviendrai plus jamais ici. »
Il sortit sans se retourner.
Quelques jours plus tard, faute de preuves suffisantes, Manuarii fut relâché, en attendant que la plainte de Tita suive son cours. Dès qu’il l’apprit, Teanuanua se rendit à l’atelier pour y chercher Tita. Elle comprit tout de suite, sans qu’il ait à parler.
Ils marchèrent côte à côte jusqu’à la maison de Manuarii.
Celui-ci, en les voyant, pâlit. Il tenait à peine sur ses jambes.
« Elle te manipule », commença-t-il, d’une voix tremblante. « Je n’ai jamais fait ce qu’elle t’a raconté. »
« Les gens de l’atelier m’ont tout dit », répondit Teanuanua, calme mais glacial. « Je sais. Tu n’as plus rien à dire. »
Puis il s’approcha, le regard planté dans celui de son ancien supérieur.
« Maintenant, tu vas lui donner la totalité de son salaire. Et la totalité du tien. Et ensuite, elle partira. Tu ne la reverras plus jamais. »
Manuarii ouvrit de grands yeux.
« Tu plaisantes ? Mon salaire ? C’est illégal ! »
« J’ai l’air de plaisanter ? Ce que tu as fait aussi est illégal. Et bien plus grave », répondit Teanuanua sans hausser le ton.
Manuarii baissa la tête. Tita n’ajouta rien. Mais un petit sourire en coin s’installa sur ses lèvres. Un soulagement, discret mais profond.
Le lendemain, Tita reçut en liquide deux enveloppes. Une pour son salaire, une pour celui de Manuarii. C’était terminé.
Teanuanua, Moerani et Tita se rendirent au port. Le ferry les attendait.
Quelques anciens collègues voulurent venir leur dire au revoir. Teanuanua les vit approcher, mais détourna les yeux. Il ne leur devait rien. Pas même un regard.
Les trois montèrent à bord. Le bateau quitta lentement le quai, arrachant dans son sillage un passé douloureux, des souvenirs marqués à jamais. Ils ne reviendraient plus jamais sur cette terre.
Trois jours plus tard, ils accostèrent à Mangareva. L’air y était plus léger, presque sucré. Tout semblait différent ici, même si aucun d’eux ne savait encore ce que demain leur réservait. Ne sachant où aller, Tita les avait suivis. Teanuanua, sans réfléchir, lui prêta sa chambre. Lui dormirait avec Oro pour un temps.
Les jours passaient. Lentement, Tita retrouvait un peu de calme. Ses épaules se détendaient, son regard cessait de fuir, mais son sourire… lui, semblait encore en exil. Avec Teanuanua, ils apprirent à se découvrir, à parler tard le soir, à plaisanter. Un lien naissait, discret, pudique, mais sincère.
Tita lui raconta qu’elle avait perdu ses parents jeunes et qu’un soir que son tuteur, las d’avoir à s’occuper d’elle, l’avait envoyée à Marutea Sud comme on jette une pierre dans l’océan. Elle ignorait où aller désormais.
Tevava, sage comme toujours, prit la parole un matin : « Va sur Moorea. Demande Mr Henry, au lodge Fare Tokoau. Dis-lui que tu viens de la part du vieux Tevava et du jeune Teanuanua. Il te trouvera du travail. Et vis ta vie. Essaie d’oublier l’ancienne. Ensuite, va où tu le désires et deviens ce que tu souhaites. Mais si un jour tu as besoin… notre porte te sera toujours ouverte. »
Tita resta muette un instant. Puis hocha la tête. Son cœur battait fort. Elle suivrait ce conseil. Avec l’argent que Manuarii lui avait été contraint de donner, elle s’offrit un billet d’avion.
Le jour du départ arriva trop vite. Toute la famille l’accompagna à l’aéroport. Oro, très naïvement, lança : « Tea, ton amoureuse s’en va ? »
Tout le monde éclata de rire sauf Teanuanua qui rougit et protesta avec énergie : « Mais non ! C’est pas ça ! Ce n’est pas mon amoureuse. »
Le moment des au revoir arriva. Chacun la salua avec émotion. Tita, les yeux brillants, s’éloignait lentement… quand son portefeuille tomba de la poche de sa veste.
Teanuanua le remarqua et courut le lui rapporter.
« Tu l’as fait tomber », dit-il, un peu essoufflé.
Tita le remercia. Puis, soudain plus sérieuse, elle murmura :
« Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait là-bas… à Marutea. Grâce à toi, j’ai une chance de recommencer. J’ai peur, oui, mais… je vais le faire. Merci pour tout. »
Elle fit quelques pas, puis se retourna. Un petit sourire en coin.
« Tu sais… tu as de la chance d’être trop jeune. De quelques semaines à peine. »
Teanuanua haussa les sourcils.
« Pourquoi ? »
Elle s’approcha, tout doucement, et lui confia à voix basse :
« Parce que sinon, j’aurais posé mes lèvres sur les tiennes. Tout en douceur. On se serait embrassé, puis marié… et peut-être qu’on aurait eu des enfants. »
Elle recula, un brin espiègle dans le regard, et ajouta : « Mais je ne t’oublie pas, Teanuanua. Alors, si un jour tu t’ennuies… »
Elle lui tendit un petit papier plié, griffonné de son numéro de téléphone et d’un pseudo Instagram.
« Comme ça, je pourrai t’envoyer des photos coquines. »
Teanuanua devint cramoisi. Elle éclata de rire, joyeusement, librement, comme si elle venait de briser un dernier lien avec l’obscurité.
« T’es trop mignon quand t’es gêné. »
Puis elle s’éloigna vers l’embarquement. Juste avant de disparaître dans la foule, elle se retourna une dernière fois, lui adressa un clin d’œil et lança : « À bientôt, petit cul ! »
Et Teanuanua resta là, le cœur tambourinant, un sourire timide aux lèvres… le petit papier serré fort dans sa main.
une histoire qui pourrait commencer
Ah ouais une chaudasse la nana alors qu’elle se remet à peine d’un mec qui la violé…
Non, justement c’est une manière de montrer qu’elle a retrouvé sa liberté après ce qu’elle a subi
Teanuanua a quand même eu de la chance, cette crevure aurait pu porter plainte contre lui. Mais il a aussi montré quelles sont les valeurs qui l’animent.
Curieux personnage cette Tita
Un héros notre Tea !
Maintenant il vient de se trouver un plan cul, bien joué bonhomme
Te mau pahonoraa a te feia tai'o
@celiavalencia et pourquoi pas ? On verra par la suite !
@Tiien ce ne sont que des mots, elle n’a rien fait d’autres #psychologiedebistrot
@Sythax Exactement Voilà une bonne réponse
@alexgavi il a de très bonnes valeurs ce Teanuanua Souvenez-vous le coup de poing à Eddy
@CaptainAmericka Il va vite la retrouver une fois arrivé à Tahiti
La fin des vacances s’écoula lentement. Rien ne venait troubler la tranquillité retrouvée. Teanuanua savourait chaque moment en famille, chaque coucher de soleil, chaque rire d’Oro ou silence complice avec sa mère. Mais il n’oubliait pas non plus le programme strict laissé par Pascal Vahirua. Chaque jour, à l’aube ou en fin d’après-midi, il courait sur les sentiers, s’entraînait, peaufinait son cardio, gardait le cap.
Puis le mois d’août arriva, apportant avec lui le goût salé du départ. À l’aéroport, l’atmosphère était à la fois légère et lourde. Moeata, toute excitée à l’idée d’aller vivre à Tahiti avec son grand frère, sautillait de joie, un sourire large sur son visage. Elle posait mille questions, rêvait tout haut de glaces à la vanille et de plage jusqu’à la nuit.
Mais Teanuanua, lui, avait le cœur plus serré. Il serra très fort Tevava dans ses bras. Le vieux sage, les yeux humides, lui glissa à l’oreille :
« Sois fort. Pas seulement dans ton corps. N’oublie jamais d’où tu viens. Sois fort ici… là », dit-il en posant une main sur sa poitrine.
Teanuanua hocha la tête, le regard tremblant, incapable de parler. Il se tourna ensuite vers sa mère, qui l’embrassa longuement sans rien dire. Oro lui donna un coup de poing dans l’épaule, comme un grand frère inversé et Heiura l’embrassa comme s’ils allaient se revoir le soir-même mais elle serra très fort sa petite sœur dans ses bras.
Puis ce fut le moment de monter à bord. Le voyage vers Tahiti fut silencieux pour Teanuanua, animé pour Moeata. Elle collait son visage au hublot, commentait chaque nuage et riait toute seule. Teanuanua, lui, pensait à tout ce qu’il laissait… et à tout ce qu’il allait devoir affronter.
À leur arrivée, Moeata profita pleinement de ses dernières semaines de vacances. Elle découvrait Tahiti comme une aventurière curieuse, émerveillée par chaque recoin, chaque goût, chaque odeur.
Teanuanua, de son côté, retourna à l’entraînement.
Dès qu’il passa les grilles du terrain, il fut accueilli à bras ouverts. Les sourires, les tapes dans le dos, les « bienvenue » le firent se sentir chez lui. L’atmosphère était différente de ses anciens clubs. Ici, ça respirait la confiance en soi.
Et quand il enfila ses crampons pour fouler la pelouse, il sut qu’il était prêt. Prêt à reprendre le combat, sur le terrain comme ailleurs.
Pascal Vahirua demanda aux nouveaux venus de se présenter devant tout le groupe. Une tradition. Chacun devait dire quelques mots, histoire de briser la glace.
Teanuanua s’exécuta avec simplicité et respect, presque d’une voix d’étudiant face à sa classe : « Teanuanua Tehahe. Originaire de Mangareva. J’ai joué à l’AS Tapuhute, puis à l’AS Taravao l’an dernier. Je suis attaquant. J’espère faire une bonne saison avec vous, et merci de m’avoir accueilli chaleureusement ! »
Le ton était modeste, humble. Quelques sourires et hochements de tête validèrent sa présentation.
Mais tout changea avec le joueur assis à sa gauche, un mec aux cheveux teints en blond.
Il se leva, mains jointes dans le dos, torse bombé, regard fier. Et déclara, d’une voix forte, comme s’il s’adressait à un stade entier : « Godwin Pitamama. 20 ans. Petit génie venu des îles Salomon. Faites place à ma suprématie. C’est ma première année à Tahiti, et je compte bien régner sur cette île et vous mener vous tous à la victoire. Car tel est le devoir d’un mec génial comme moi. »
Un silence. Puis quelques rires étouffés. Teanuanua fronça les sourcils. C’était quoi ce sketch ? Tout le monde se regardait en coin. Pascal Vahirua, imperturbable, se contenta de passer au joueur suivant.
Les jours passaient. Teanuanua découvrait peu à peu ses nouveaux coéquipiers. Des joueurs plus expérimentés, plus techniques, plus rapides. Ici, tout allait plus vite, plus fort. L’AS Tefana, c’était un autre monde: e plus grand club de Polynésie, e genre de club où les attentes sont grandes, les places chères, et où rien n’est jamais acquis. Il y avait peu de jeunes dans l’effectif, mais il se sentait bien, respecté, à sa place.
Godwin, lui, n’avait pas l’air de faire la différence entre entraînement et spectacle. Lors d’exercices de centres, alors qu’on attendait une reprise propre, une tête posée ou une volée bien placée, lui tentait systématiquement des retournés acrobatiques, au grand désespoir de Mark, le capitaine : « Godwin, c’est pas un concours de cirque ici ! »
Mais l’autre souriait, sûr de lui : « Un jour tu comprendras mon art, mon génie, ô Capitaine. »
Même quand il ratait, et il ratait souvent, il gardait cette insolence qui frôlait l’irritant. Pourtant, Pascal Vahirua restait zen. Il observait, laissait faire. Peut-être savait-il quelque chose que les autres ignoraient.
Puis, un après-midi, alors qu’il sortait du vestiaire, il le vit: Vatea Teriierooiterai, son pote de Taravao, l’un de ceux qui avait frôlé la sélection pour la Coupe du Monde U20… sans y entrer. L’un des laissés de côté. Mais pas abattu. Vatea, qui avait un gros potentiel, avait été recruté par Tefana, et débarquait dans l’équipe avec sa hargne et son sourire moqueur.
« Alors t’as pas changé, hein ? Toujours le gars sérieux », lança-t-il à Teanuanua en l’enlaçant.
« Je suis heureux de te savoir dans cette équipe »,répondit Teanuanua avec un sourire.
Leurs retrouvailles furent naturelles. Vatea vivait chez sa mère, dans une maison proche de chez Teanuanua. Rapidement, il devint un habitué de la maison. Ils passaient nombre de soirées ensemble, à discuter de tout, à rigoler, à se taquiner.
Quant à Moeata, elle avait été prise sous l’aile protectrice de la mère de Vatea, une femme tendre et douce, qui trouvait en la petite sœur de Teanuanua la fille qu’elle n’avait jamais eue. Moeata, toujours aussi curieuse et vive, avait conquis son cœur en deux minutes.
La rentrée approcha, et avec elle, un nouveau rythme. Teanuanua commença les cours dans le centre de formation professionnel et son nouveau travail. Moeata découvrit son collège, ses nouveaux camarades, et surtout le Conservatoire de musique. Entre les cours et les répétitions, ses journées étaient bien remplies. Mais elle gardait assez d’énergie pour animer les soirées à la maison. Car Moeata, c’était un véritable tourbillon.
Elle parlait. Beaucoup. Tout le temps. Et Teanuanua n’avait que rarement l’occasion d’en placer une. Mais il ne s’en plaignait pas. Il observait. Il souriait. Il écoutait ses anecdotes sans fin sur ses copines, les profs, la musique, la cantine. Il savait qu’il vivait là quelque chose de précieux. Un de ces moments simples qu’on n’oublie pas., un lien fort avec sa petite sœur, dans cette phase de transition entre deux vies.
Puis arrivèrent les premières rencontres. Durant les matchs amicaux, il sentit la différence. Ce n’était plus Taravao. Là, il fallait s’adapter, se surpasser. Tantôt il était titularisé, tantôt il restait sur le banc. Pascal Vahirua faisait beaucoup tourner, testant les combinaisons, préservant les corps. Mais avec Teanuanua, il était toujours bienveillant. À chaque entraînement, il prenait le temps. Une main sur l’épaule, un mot juste, un regard complice. Il n’était pas avare de conseils, ni d’encouragements. Il croyait en lui.
Et Teanuanua le lui rendait. Il progressait. Il le sentait. Son jeu devenait plus fluide, ses prises de balle plus justes, sa vision plus large. Il marqua deux buts lors de la série de matchs amicaux. De belles actions, bien construites, bien terminées. L’équipe commençait à le regarder autrement. Il n’était plus juste « le petit jeune de Mangareva », il devenait « Teanuanua ».
Il était tout l’opposé de Godwin… En match amical, celui-ci récidiva.
Juste avant le coup d’envoi, il s’approcha de trois joueurs adverses et leur glissa avec aplomb : « Aujourd’hui, toi, toi et toi… je vous mets un petit pont. Rien n’est impossible pour le génie que je suis. »
Il échoua sur le premier. Sur le deuxième aussi. Mais à la surprise générale, il réussit un grand pont à chacun d’eux pendant le match. Un talent brut, sauvage, mal poli.
Mais le sommet du grand n’importe quoi arriva en seconde mi-temps. Servi dans la surface, seul face au gardien, il tenta une roulette « pour le style ». Et bien sûr, il s’emmêla les pieds, tomba tout seul, et la balle s’en alla tranquillement en sortie de but.
Teanuanua, sur le banc, se prit la tête entre les mains. Vatea éclata de rire : « Ce gars-là va me faire mourir de rire ! »
Godwin se releva comme si de rien n’était, applaudit… et retourna se replacer. Grande gueule. Talent fou. Et un don pour agacer les autres.
Teanuanua sentait qu’avec lui, la saison allait être… mouvementée.
Les matchs amicaux terminés, le vrai début de la saison approchait à grands pas.
Tant que Godwin ne marque pas de points…
Godwin, un nom à retenir visiblement
Teanuanua semble très à l’aise avec sa nouvelle équipe
Et à priori, il y a moyen de bien se marrer avec Godwin. Peut-être sera-t-il amené à porter son prénom vers la gloire
Ca sent encore les dingueries avec ce Godwin
Teanuanua arrive dans un vrai grand club structuré, il va progresser vitesse grand V s’il s’y met à fond ! En tout cas il semble avoir pris du plomb dans la cervelle et avoir un bien meilleur mental
Te mau pahonoraa a te feia tai'o
@Sythax J’espère quand même qu’il va marquer des buts
@Rhino en effet, j’en ai bien l’impression
@alexgavi Godwin semble être le personnage comique de l’histoire
@CaptainAmericka le mental, oui, mais pour combien de temps ?
Le début des matchs officiels approche à grands pas. Teanuanua a tellement profité des vacances qu’il ne s’est pas encore renseigné sur son nouveau club. Alors oui, l’AS Tefana est un nom incontournable en Polynésie mais Teanuanua souhaite le connaître plus en profondeur.
Présentation générale
Les symboles du club
Les infrastructures
Le palmarès
(in game en souligné, le reste IRL)