RĂ©ponse aux lecteurs
@Sythax câest grĂące mon talent dâentraĂźneur
@Pikouse Toopil, lui, ne rigole pas toujours avec ces zouaves
@CaptainAmericka il faut juste faire gaffe Ă ce quâils nâenvoient pas les pĂ©nos trop haut
@Mourinho qui me parle dâexotisme alors quâil est exilĂ© Ă Riga
Merci Ă tous de suivre cette story!
Bonjour Ă tous, câest Toopil. Aujourdâhui, nous partons pour les Samoa. Câest en effet lĂ -bas que sont organisĂ©s les jeux du Pacifique. Toute la dĂ©lĂ©gation Fidjienne a rendez-vous Ă lâaĂ©roport international de Nadi. Mes joueurs sont surexcitĂ©. Je pense que câest parce quâils vont rencontrer les joueurs de rugby.
Mais une fois Ă lâaĂ©roport, je me rends compte que câest juste parce quâils peuvent faire les boutiques duty free⊠Josh sâachĂšte 8 parfums, France achĂšte 3 paires de baskets et Malakai Love-Semira se rend Ă la pharmacie pour des capotes 3XL. Il mâexplique que câest au cas oĂč il rencontre des rugbywomen aux Samoa⊠Il porte bien son nom de famille celui-ciâŠ
On fait une photo avec toute la dĂ©lĂ©gation. Beaucoup de sports sont prĂ©sents: basket, boxe, hockey sur gazon, natation, tennis, volley, haltĂ©rophilie mais aussi dâautres sports plus Ă©trange pour le Français que je suis comme le netball ou le touch rugby (une dĂ©rive du rugby)! Et bien entendu le football et le ĂŽ combien fameux rugby.
Au milieu des ocĂ©aniens, je croise deux petits blancs. « Sire Toopil, nous sommes des joueurs de tennis » me dit lâun dâeux. Ok, les fils Ă papa font du tennis mĂȘme Ă lâautre bout du Monde.
On finit par prendre lâavion. Je suis placĂ© Ă cĂŽtĂ© des deux fils Ă papa qui font du tennis. Je lui demande sâils aiment le rugby: « ha non, aprĂšs on est tout sale et je vais salir mon joli petit polo blanc. Maman va me gronder! » Ho mon Dieu! Câest pire que ce que jâespĂ©rais. Les 2h me paraissent trĂšs longues Ă leurs cĂŽtĂ©s.
On arrive enfin aux Samoa. Je retrouve avec plaisir Angela arrivée une journée plus tÎt.
En plus de son job de journaliste, elle est la coordinatrice du dĂ©placement pour lâĂ©quipe de foot.
Elle me présente un type bizarre accompagné de deux pom-pom girls: « voilà @Loozar , le meilleur guide océanien. Il sera là pour varier les activités. »
Le type me regarde de haut, je lui lance « tu veux quoi toi à me fixer? »
Loozar: Je suis Loooooozar du guide du croutard
Les deux filles (en dansant): du croutard, du croutard!
Loozar: Et voici les Loozettes!
Les deux filles (toujours en dansant): On est sexy, on est sexy!
Loozar: Yeah bien les gamines. Allez, viens mon pote, le bus est lĂ , je tâaccompagne Ă lâhĂŽtel"
Mes joueurs sont en feux quand ils voient les deux filles. Malakai est dĂ©jĂ en train dâouvrir une capote, mais il nâa pas fini de lâinstaller quâon arrive dĂ©jĂ .
Loozar: "Bienvenue Ă lâhĂŽtelâŠ
Les deux filles (en se frottant Ă Malakai): Orator, Orator!
Loozar: Vous y serez bien!
Les deux filles (en se frottant Ă Malakai): OUI, OUI, OUI, OUI, OUI!"
LâhĂŽtel est pour toute la dĂ©lĂ©gation Fidjienne et comporte une piscine. De plus, il est Ă proximitĂ© du complexe sportif. Excellent.
Pour lâentraĂźnement, nous avons le terrain Sepp Blatter (aucune vanne!) qui nâest pas loin non plus. Tout est prĂȘt pour une belle compĂ©tition.
Avec mon staff, nous sommes dans la mĂȘme chambre. En soirĂ©e, aprĂšs le repas, je sors de celle-ci pour appeler ma petite famille restĂ©e en Nouvelle-ZĂ©lande. Je vois des capotes 3XL sur le gazon. Malakai a dĂ©jĂ fait des ravages!
AprÚs mon appel, je croise Loozar attristé.
Moi: "il se passe quoi?
Loozar: J*'ai perdu mes Loozettes. Elles sont introuvables depuis quâelles ont discutĂ© avec un footeux. Sans elles, je me sens seul!"*
Du coup, je sais chez qui le 3XL a fait des ravagesâŠ
Ce matin, jâai laissĂ© quartier libre aux joueurs, le temps de sâacclimater Ă leur nouvel environnement. LâhĂŽtel sonne le creux. Beaucoup de monde a commencĂ© lâentraĂźnement dans sa catĂ©gorie. Mes joueurs ont choisi pour la plupart de se balader dans le complexe sportif pour le dĂ©couvrir quand dâautres se reposent dans leur chambre. De mon cĂŽtĂ©, ce fut interview avec Angela pour le magazine Fidji Football.
LâaprĂšs-midi, entraĂźnement. Mais un peu spĂ©cial⊠Je dois mettre mes joueurs plus au fait du football. Par groupe de quatre, je les Ă©veille au foot. Enfin câest mon objectif mais câest plus compliquĂ© que prĂ©vu dĂšs le premier groupe de joueursâŠ
Moi: "Bon, les gars ça câest un ballon.
Josh: Non, coach. Il nâest pas ovale.
Moi: Ouiiiiii mais câest un ballon.
Josh: Si vous le dites.
Moi: Non, câest pas moi qui le dit, câest comme ça câest la rĂšgle point. Bon⊠LĂ -bas, câest les cages. Il faut mettre ce ballon dedans.
Solomon: Un essai en fait. Oui, on connait.
Moi: Non⊠Avec le pied.
Josh: Un essai avec le pied?
Moi: MAIS NON! On tire! Comme⊠CommeâŠ
Solomon: Une pénalité mais en bas!
Moi: Oui, voilà ! Comme une pénalité mais en bas.
Misiwani: Mais moi jâai le droit de le prendre Ă la main?
Moi: Oui tu es gardien. Tu dois empĂȘcher le ballon dâaller dans les cages.
Solomon: Donc on tire contre Misiwani?
Moi: MAIS NON! IL EST DANS TON EQUIPE!"
Un calvaire⊠AprĂšs deux bonnes heures, jâarrive enfin Ă me sortir de toutes les situations complexes. LâentraĂźnement commence. Misiwani prend un but, rĂ©cupĂšre le ballon, traverse le terrain et met un essai. Les autres le fĂ©licitent. Bordel⊠Tout est Ă refaire. Avec tout ça, lâentraĂźnement se termine Ă 21h alors quâil a commencĂ© Ă 14h.
Le soir, repas avec les autres sportifs. Lâambiance est Ă la fĂȘte. Je sors fumer une clope et je vois Angela sortir de la chambre de Malakai et remettre son soutien-gorge en place⊠Au moins un qui a compris les rĂšgles mĂȘme si ce ne sont pas celles du footballâŠ
Aujourdâhui, câest la cĂ©rĂ©monie dâouverture. LâhaltĂ©rophile Taniela Rainibogi est le porte-drapeau Fidjien.
Mes joueurs sont tous en tenue traditionnelle, comme les autres athlĂštes. Câest beau Ă voir.
Les JO de Paris 2024 me reviennent Ă lâesprit quand mes joueurs Maliens avaient dĂ©filĂ©s. Le moment prĂ©sent est moins mĂ©diatique mais tout aussi beau. Je dĂ©cide dâappeler Yves Bissouma, mon ancien joueur de lâĂ©quipe du Mali Olympique, pour demander des nouvelles mais je me fais engueuler. En Europe, oĂč il joue, nous sommes encore en pleine nuit. La bouletteâŠ
Paris 2024 ça me fait aussi penser Ă ma⊠Ho⊠Mais⊠Jâallais en parler et elle apparait: « Bonjour Mr le sĂ©lectionneur! » me dit-elle avec un grand sourire. Oui, câest elle, câest mon AmĂ©ricano-Samoane.
On se jette dans les bras lâun de lâautre et on sâembrasse. « Mr le sĂ©lectionneur, je vous avais dit que nous allions continuer Ă nous voir tant que vous entraĂźnerez. » Lâespace dâun instant, jâoublie complĂštement ma femme. Elle est toujours aussi radieuse et toujours aussi belle.
Nous assistons Ă la cĂ©rĂ©monie dâouverture, main dans la main. Soudain elle me dit: « jâespĂšre que vous ne revoyez plus votre cousin. Je me suis toujours mĂ©fiĂ© de ce type! » Elle est soulagĂ©e de savoir que je lâai virĂ© de ma vie.
AprĂšs la cĂ©rĂ©monie, retour Ă lâentraĂźnement, et donc Ă la rĂ©alitĂ©, pour mes joueurs comme pour moi. Puis je vais assister au match de basket de lâĂ©quipe masculine. Victoire des Fidji 70-45 contre Tahiti.
Le soir Ă lâhĂŽtel, lâambiance est Ă la fĂȘte. Le groupe Shaka Ponk, en vacances dans le coin, accepte de se monter sur scĂšne juste pour la dĂ©lĂ©gation Fidjienne. Ils mettent une ambiance de fou!
Frah se jette dans les bras des basketteurs heureux de leur victoire. Ils ne sont pas les seuls Ă ĂȘtre heureux: les fĂ©minines ont gagnĂ© (82-43 contre les Iles Salomon). Du 100% pour la team basket Fidjienne!
MĂȘme les perdants font la fĂȘte, comme la dĂ©lĂ©gation du volley: deux matchs, deux dĂ©faites. Les hommes perdent 3-1 contre Tahiti, les femmes 3-1 contre la Nouvelle-CalĂ©donie.
Je croise mĂȘme la dĂ©lĂ©gation du tennis qui elle aussi a vĂ©cu une sale journĂ©e. Un seul des reprĂ©sentants du jour a gagnĂ© son match. Bravo⊠Les deux fils Ă Papa nâont pas jouĂ©. Dâailleurs, je ne les vois pas ces deux-là ⊠Ils ont dĂ» aller se coucher tĂŽt. Les fils Ă Papa, ça nâĂ©coute pas du Shaka PonkâŠ
AprĂšs le concert, je sors et prends la direction de ma chambre. Soudain, la porte de la chambre de Malakai sâouvre. Je suis curieux de savoir avec qui il a utilisĂ© une capote 3XL ce soir alors je me cache et jâobserve. Et qui vois-je sortir? Les deux fils Ă Papa!
Le plus vieux: "Câest vrai quâil est plutĂŽt douĂ© en la matiĂšre ce bougre des Ăźles.
Le plus jeune: Diantre! VoilĂ bien longtemps que je nâavais connu telle joie. Sa rĂ©putation nâest pas usurpĂ©e!"
Et ils retournent vers leurs chambres dâun air satisfait! Ha ouais mais non⊠LĂ , ça va vraiment trop loinâŠ
Ce matin encore, jâai bataillĂ© Ă lâentraĂźnement pour virer les ballons ovales et quâils arrĂȘtent les mĂȘlĂ©es. Je suis fatiguĂ© de tout çaâŠ
AprĂšs lâentraĂźnement, je croise Loozar accompagnĂ© de ses deux poufsâŠ
Loozar: "Salut Toopil, salut moooooooonâŠ
Les deux filles (en chantant et dansant): POTE! POTE! POTE A LA COMPOTE!
Moi: Jâai pas le temps pour vos conneries.
Loozar: Houuuuuu, toi tâes dĂ©primĂ© mon copain. Explique Ă tonton Loozar le problĂšme. Câest Ă cause du rugby câest ça?
Moi: Ceci ne vous regarde pas Mr Loozar. Et je ne suis pas votre copain.
Loozar: Ecoute pâtit frĂšre, ce que je te propose pour te changer les idĂ©es et celles de tes joueurs, câest une journĂ©e visite deeeeeeeesâŠ
Les deux filles (en chantant et dansant): SAMOA! SAMOA! SAMOAAAAAAA!
Moi: Jâai dit dâarrĂȘter votre cirque!
Loozar: Ouais il a dit dâarrĂȘter votre cirque lĂ ! Allez, dĂ©gagez! Allez remuer du popotin plus loin. Vous ne voyez pas que vous gĂȘnez. Allez, ça dĂ©gage!
La brune: Maintenant?
Loozar: OUI, PAS DEMAIN ESPECE DE CRUCHE! Allez zou ça dĂ©gage. (les filles partent) Rolala, quel cul elle a quand mĂȘme celle de gauche. Tu prĂ©fĂšres laquelle toi? Hum⊠Oui, pardon⊠Alors coach, une visite, ça peut dĂ©tendre tout le monde et souder le groupe, non?"
Je valide lâidĂ©e. Dans lâaprem, aprĂšs la sieste, un bus vient nous chercher. Pendant le trajet, les Loozettes se dandinent. Mes joueurs en bavent de plaisir. Nous arrivons Ă destination. Loozar ordonne au deux poufs de rester dans le bus car elles vont perturber lâĂ©co-systĂšme. Pas trop compris le rapport mais bon⊠Du coup, mes joueurs sont un peu déçus.
Nous sommes Ă la rĂ©serve marine de Palolo Deep. Snorkelling au programme oĂč on voit des poissons magnifiques.
Les Fidjiens qui vivent en OcĂ©anie sont moins impressionnĂ©s que les autres. Ils voient la mĂȘme chose chez eux.
Puis Loozar nous emmĂšne au To Sua Ocean Trench, un trou gĂ©ant rempli dâeau qui Ă©tait auparavant une grotte dont le toit sâest effondrĂ©. Tout le monde adore et sâamuse.
Les joueurs vont chercher les Loozettes dans le bus et les jettent dans lâeau depuis le haut du trou. SacrĂ© chute mais on a bien rigolĂ© en voyant les ploufs de maigrichonne quâon fait les deux.
Je remercie Loozar pour cette bouffĂ©e dâair frais avant la compĂ©tition.
Le soir, lâambiance est toujours festive Ă lâhĂŽtel. LâĂ©quipe masculine de basket a gagnĂ© contre les Tonga (81-67) et les fĂ©minines contre Guam (55-40). Je vois un mec du tennis, lâun des deux fils Ă Papa, en slip Ă faire tourner son polo blanc. Il est euphorique car il a gagnĂ© son match (6-2, 6-0). Une nana du tennis a Ă©galement gagnĂ© son match mais est plus soft car deux de ses copines sont Ă©liminĂ©s. Le fils Ă papa hurle « COGNAC POUR VOUS LES GUEUX! ON VA FAIRE LA BAMBOCHE JUSQUâAU PETIT MATIN! »
Les volleyeurs ne se font pas prier, ils ont gagnĂ© leur match (3-1 contre les Samoa AmĂ©ricaines) contrairement Ă leurs homologues fĂ©minines. Dâailleurs, je ne les vois pas. Elles doivent ĂȘtre déçues et dans leur chambre.
Je sors fumer une clope. Je mâassois en face de la chambre de Malakai pour voir qui il a invitĂ© ce soir. Et je vois sortir TOUTE lâĂ©quipe de volley fĂ©minine. Lâune dâelle dit « on mâavait jamais envoyĂ© en lâair comme ça! » En tout cas, en voilĂ un qui a de lâendurance!
Aujourdâhui, aprĂšs lâentraĂźnement du matin, Loozar nous a emmenĂ© sur lâĂźle de Tau.
Jâen profite pour mâĂ©chapper du groupe et randonner un peu en solo. Je mâarrĂȘte un moment pour boire Ă ma gourde. « Psiiiiit! » Quelquâun mâappelle⊠« Psiiiiit! Ici! Sur ta droite! » Heu⊠Câest le buisson qui mâappelle. Je cherche Ă reprendre mes esprits. Jâai dĂ» abuser du kava hier soir. « Psiiiiiiit! Bordel, baisse-toi! » Ha non! Câest bien le buisson qui me parle. Je me baisse et jâĂ©carte deux branches pour voir apparaitre⊠LA PUTAIN DE GROSSE FACE DE MON COUSIN!
La France Ă la lecture de cette phrase:
Moi: "Tu fous quoi lĂ ?
Lui: Heu⊠Je suis lĂ depuis que tu mâas virĂ© du Cambodge. Je vis comme un ermite dans ce buisson, tel le naufragĂ© de la vie que je suis. Donc on peut dire que câest toi qui mâa rejoint et non lâinverse.
Moi: Pas faux.
Lui: Ouais⊠Bon, ça va tes joueurs? Le rugby et tout? La petite nana des Samoa Américaines?
Moi: Comment tu sais ça toi? Tu me veux quoi?
Lui: Rien, rien, je suis ici pour corruption. Il y a du fric Ă se faire avec les Jeux. En fait, ouais, ok, jâavoue, jâai besoin de toi. Tu dois me rendre un service.
Moi: HA NON! HORS DE QUESTION!"
Et je pars en courant, surveillant de ne pas ĂȘtre suivi. Jâarrive au moment du dĂ©part pour lâhĂŽtel et laisse mon cousin et son buisson loin de moi. Quel cauchemar!
Le soir, festivitĂ©s toujours. Mais en 30 fois plus intense. LâĂ©quipe de rugby est rentrĂ© dans la compĂ©tition et a Ă©crasĂ© les Tonga (20-0). Euphorique, lâun dâeux soulĂšve une table avec les deux Loozettes en train de danser dessus. Les filles du rugby ont Ă©galement gagnĂ© (22-10 contre les Samoa). Les deux Ă©quipes de volley ont battu Tuvalu (mais les filles sont Ă©liminĂ©es) et les basketteurs masculins viennent dâobtenir leur qualifâ pour les demi-finales (en battant la Nouvelle-CalĂ©donie 68-66) et le fils Ă Papa a obtenu la qualifâ pour le tableau final.
Mais surtout les Fidji ramÚnent leurs premiÚres médailles:
-lâor (Hansel McCaig) et lâargent du 50m nage libre homme
-le bronze du le 50m et le 100m nage libre femme
Ce sont les nageurs qui sont Ă lâhonneur ce soir. AprĂšs la fĂȘte, je me pose comme chaque soir face Ă la porte de Malakai et je fais des pronos pour savoir qui va sortir. Ce soir, câest @Loozar . Celui-ci Ă peine sorti de la chambre annonce: « voilĂ un gouffre pas rĂ©pertoriĂ© dans le guide du croutard! » Et il repart vers sa chambre.
AprĂšs un nouvel entraĂźnement difficile et la sieste du dĂ©but dâaprĂšs-midi, je rĂ©unis les joueurs pour lâavant-match.
Moi: "Bon, on affronte les NĂ©o-ZĂ©landais etâŠ
France: Pouah! Les Blacks dÚs le départ, dur!
Moi: Non! NON! Pas les Blacks. Au footâŠ
Corey: Au quoi?
Moi: Non, non, dĂ©solĂ©, câest moi. Au jeu avec le ballon rond, lâĂ©quipe se nomme les All Whites et doncâŠ
Corey: Ho le coup marketing, passer de Blacks Ă White!
Moi: Excusez-moi, est-ce quâĂ un seul moment, jâaurais par mĂ©garde donnĂ© le moindre signe de vouloir discuter avec vous ?
Corey: Non!
Moi: Et Ă partir de maintenant, si jâentends un mot plus haut que lâautre je vous renvoie dans votre bled natal Ă coups de pied dans le fion. Comme ça vous pourrez aller ratisser la bouse et torcher le cul des poules, ça vous fera prendre lâair."
(un silence sâinstalle)
Moi: « Bon⊠On affronte les All Whites. Pas de remarque? Bien! Câest lâĂ©quipe olympique pas la A mais ils restent dangereux. Voici le plan de jeu. »
La séance se déroule sans que personne ne bronche. Je finis par:
Moi: "Des questions?
France: Vous pouvez pas savoir comment on est trop jouasse dâĂȘtre lĂ !
Moi: Heu⊠Oui cool! Joel?
Joel: Est-ce quâon a le droit de boire du cidre ?
Moi: Franchement, jâai connu des cafards moins opiniĂątresâŠ"
Le soir, pas dâambiance de fĂȘte. Les volleyeurs sont Ă©liminĂ©s malgrĂ© la victoire tout comme leurs homologues fĂ©minins la veille. Pourtant la nageuse Anahira McCutcheon ramĂšne deux autres mĂ©dailles (une en argent, une en bronze) aprĂšs ses deux bronzes de la veille. MĂȘme le fils Ă Papa nâest pas Ă la fĂȘte aprĂšs sa dĂ©faite en quarts.
Du coup, par manque dâambiance je me pose devant la chambre de Malakai. Mais personne ne sort. Inquiet, je vais toquer Ă la porte. « Entrez! » Jâai lâimpression de rentrer dans un love hĂŽtel miteux de Kabukicho tenu par @celiavalencia . Malakai est sur son lit en train de livre tranquille.
Lui: "Oui coach?
Moi: Heu⊠Je me disais, tu es seul.
Lui: Ha! Coach, vous vouliez quâon fasse la chose ensemble?
Moi: Non, non! Juste, jâĂ©tais Ă©tonnĂ© de ne voir personne avec toi!
Lui: Oui, coach. Jamais de sexe les veilles et les jours de match! Faut ĂȘtre pro!"
Malakai: 1 - Toopil: 0
Câest le grand jour. Nous entrons enfin dans la compĂ©tition. Les entraĂźnements furent si chaotiques que jâen viens Ă avoir peur. Au petit dĂ©jeuner, jâentends « Câest le jour oĂč on fait la nique aux All Blacks! » Ok⊠Les derniers jours nâont servi Ă rienâŠ
On arrive au complexe sportif de Vaitele. Mes joueurs semblent sereins⊠450 spectateurs dans le stade pour voir une victoire logique NĂ©o-ZĂ©landaise. Mais on sera lĂ pour les en empĂȘcher.
Dans le vestiaire jâannonce: « les gars, vous avez Ă©tĂ© compliquĂ©s Ă gĂ©rer mais aujourdâhui, câest votre jour de gloire. Devenez des hĂ©ros de la nation et faites-moi rentrer ce ballon rond, oui rond, jâinsiste, dans les cages! » Ils lancent leur cri de guerre et les voilĂ sur la pelouse.
La Nouvelle-ZĂ©lande domine logiquement et pousse. Ils vont mĂȘme toucher le poteau. On enchaĂźne les fautes, mais ils nâen tirent pas avantage. On arrive Ă la pause avec un score nul et vierge mais je me demande par quel miracle.
Dans le vestiaire, Joel dit: "Putain, ils sont fort au jeu avec le ballon rond. Câest compliquĂ©!
Moi: Oui câest vrai. Ils sont plus fort que vous, mais ils nâont mis aucun but. Il nous suffira dâune occasion. Gardez le mĂȘme Ă©tat dâesprit et jouez les coups Ă fond!"
Ils retournent sur la pelouse et le discours semble avoir fait effet. On a enfin des occasions de buts. Et Ă la 60e minute, le miracle. Kishan Sami accĂ©lĂšre dans son couloir gauche, centre, mais sa tĂȘte est touchĂ© par le dĂ©fenseur NĂ©o-ZĂ©landais. Mais par bonheur, cette tĂȘte lobe la dĂ©fense des All Whites et atterri sur le crĂąne de Malakai Love-Semira qui dâune tĂȘte rageuse pousse le ballon dans les buts! Un but 3XL!!!
DerriĂšre, la Nouvelle-ZĂ©lande change de tactique et pousse. Ben Reid Ă©galise Ă la 66e dâune frappe de loin. 1-1. On aura encore quelques occasions mais eux Ă©galement. Le match se termine sur un score nul et vierge. On a tenu en Ă©chec les NĂ©o-ZĂ©landais.
Date | Compétition | Match | Stade | Adversaire | Score | Buteurs |
---|---|---|---|---|---|---|
09/06/27 | Jeux du Pacifique | J1 | Complexe sportif Vaitele, (Samoa) | Nouvelle-ZĂ©lande | 1-1 | Love-Semira (60) |
Dans le vestiaire, on est plutÎt satisfait et Malakai est félicité et chambré par ses coéquipiers. Je vais le voir et lui dit: « tu avais raison, tu as été pro hier soir, ça a payé! »
On rentre Ă lâhĂŽtel sous les ovations de la dĂ©lĂ©gation. On nâa pas gagnĂ© mais ils savent la portĂ©e de lâexploit. Comme les rugbymen ont perdu contre les Samoa (18-12) (et les filles contre les Tonga), on est un peu les hĂ©ros du jour avec Kelera Mudunasoko auteure dâun triplĂ© en natation (lâor au 100m brasse, lâargent au 50m et 200m brasse).
On fait un peu la fĂȘte, Malakai danse avec les Loozettes, on est heureux. Et ça redonne le moral aux basketteuses qui ont perdu en demi-finale face aux Iles Cook. Ainsi va le sport olympique. La satisfaction des uns redonne le moral aux autres. Il serait fier De Coubertin!
Ă suivreâŠ