[justify]Après quelques torpilles tirés l’an passé contre les cador du championnat (5 contre l’Atletico, 4 contre le Barça, 8 contre le Real), Villarreal vient de finir trois fois vice champion de Liga. Et cela ne fait plus rire personne. Car, entre un entraîneur rigoureux, un groupe soudé et un Madrigal retrouvé, le Sous-Marin jaune n’a plus rien d’une éphémère surprise.
El Madrigal vivait il y a encore peu de son passé glorieux. Avec le souvenir d’une demi-finale de Ligue des Champions en totem, l’antre de Villarreal sonnait, depuis, faux. Des résultats décevants, une descente chaotique et une année de purgatoire plus tard, le Feudo Amarillo (fief jaune en VF) a retrouvé de sa splendeur. Depuis trois ans, il se pare de ses plus beaux apparats. Sur le pré, les ouailles de Juan Roman Riquelme se sont mises au diapason et ont écrasé quelques monstres de la Liga. Cette démonstration de force est en adéquation avec les débuts de Riquelme au Sous-Marin jaune : à conjuguer au plus-que-parfait. Car avec une actuelle forme de son histoire, Villarreal est le vent de fraîcheur de ces dernières saisons en Espagne. Une réussite qui doit autant à la rigueur de Riquelme, qu’à une concurrence saine mais exacerbée. Pour Alexandre Lacazette, partie prenante de cette aventure, Villarreal « est sur la lignée de l’an dernier, la Copa del Rey n’était qu’un avant gout ». Et ne compte pas stopper cette spirale cette année.
Riquelme, plus qu’un Père Fouettard
Ces saisons canon sont, en partie, à mettre sur le dos de la continuité. Pour faire bref, Villarreal ne modifie que rarement sa colonne vertébrale durant l’intersaison. Une stabilité au sein de l’effectif qui évite tout tâtonnement. Avec comme seul point d’interrogation la mise à niveau des recrues qui renforce le groupe, la bande de Riquelme part avec les mêmes préceptes : envoyer du jeu. « On continue à jouer comme on le faisait l’an dernier, admet Sergi Roberto, débarqué en janvier dernier sur les bords de la Méditerranée. Peu importe l’équipe en face, on joue. Ça nous permet de réaliser de très bons matchs, même face à des équipes supposées plus fortes que nous ». Que ce soit face au Real Madrid (8-0) comme face à Valladolid (3-0), le plan de jeu ne varie pas d’un iota. Adversaire d’un soir, le Grenadais Allan Nyom se souvient « d’une équipe tout le temps dangereuse » : « Chaque fois qu’on perdait un ballon, on avait deux mecs devant qui couraient comme des flèches. On jouait, mais dès qu’ils partaient en contre-attaque, on prenait le bouillon : de vraies mobylettes ».
Un tel plan de jeu, fait d’efforts à répétition, demande une caisse physique conséquente. Malgré des pré-saisons éreintante, Juan Roman Riquelme ne cesse de programmer des séances d’entraînement à très haute intensité. « J’ai connu pas mal d’entraîneurs dans ma carrière. Lui, il est vraiment dur pendant les séances. C’est un coach qui base beaucoup ses entraînements sur le physique, explique Denis Suarez. Il ne va pas te demander d’enchaîner les courses en forêt. Mais durant deux heures, l’intensité est énorme dans chaque exercice ». Cette exigence de tous les jours pousse le groupe vers le haut. La concurrence y est saine, le dialogue ouvert. Denis Suarez, toujours : « Il a des périodes où il sent qu’il faut qu’il relâche un peu la pression. Il va voir tous les joueurs, il a un petit mot pour tout le monde. Ce n’est pas grand-chose, mais ça prouve qu’il n’oublie personne ». Par la même occasion « tout le monde est concerné, et le groupe ne cesse de progresser ». Une progression qui se matérialise par des classements qui ne porte même pas a débats.
Lucas, d’entre les morts
Symbole de cette dynamique, Lucas Moura. Annoncé comme un crack à son arrivée au PSG, puis perdu pour le football, le sale gosse brésilien affiche un niveau inespéré. Débarqué cet hiver de Paris, l’ailier auriverde enchaîne les grosses performances alors qu’il n’est qu’un joker. Et, enfin, les buts. Avec six réalisations en 6 mois, il a déjà égalé son record datant de son premier exercice parisien. Avec ce profil de « joueur rapide, puissant, technique », dixit Allan Nyom, il dynamite les défenses adverses. Partie visible de l’iceberg, il est épaulé de lieutenants sans complexe. Avec régulièrement 80-90 buts au compteur, Villarreal fait partie des meilleures artilleries du pays. Comme le répète un Kristian Myhre qui attend son heure – deux réalisations en six apparitions pendant la pré-saison avant son prêt – « il y a des moments où il est un peu moins bien, et on prend la relève. Il a déjà été sur le banc, et il a accepté sans discuter ». Avec tant de signaux verts Granny Smith, la surprise Villarreal n’en est plus une. « Avec tant de bons joueurs, ils peuvent durer toute la saison sur ce rythme et enfin ravir le titre a Barcelone, ils sont plus fort», assure Allan Nyom en connaisseur de la Liga. Au Madrigal, on n’ose y rêver.