Avec sept buts et 3 passes décisives au compteur malgré 4 titularisation sur huit sélections, l’ailier hollandais Memphis Depay, 20 ans, postule déjà au titre de Golden Boy Européen. Des quartiers chauds de Rotterdam aux lumières des stades brésiliens en passant par le PSV où il a découvert le foot pro et au Madrigal ou il régale désormais, présentation d’un Oranje pressé.
Le joker hollandais de la Coupe du Monde est né le 13 février 1994 à Moordrecht, une petite ville proche de Rotterdam, où il vit une enfance pas simple du tout. Son père ghanéen quitte le foyer alors qu’il a 4 ans, laissant la mère, hollandaise, gérer seul ce gamin turbulent. Memphis l’hyperactif calme ses nerfs dans la rue un ballon aux pieds. À 9 ans, il est repéré par le Sparta Rotterdam, où il débute son apprentissage du football avant d’intégrer trois ans plus tard le centre de formation du PSV Eindhoven.
Si ses premiers maillots de foot sont logiquement floqués à son nom, c’est désormais son prénom qui figure dans son dos, en club comme en sélection. La raison ? C’est l’intéressé lui-même qui l’a souhaité, de manière à effacer le lien filial avec son géniteur qui l’a abandonné alors qu’il était tout gosse. Autant dire que même s’il pouvait postuler pour la sélection ghanéenne, il y avait peu de chance qu’il choisisse un jour de rejoindre Asamoah Gyan et toute la bande des Black Stars…
En formation au PSV, le jeune Memphis était du genre compliqué à gérer, avec des sautes d’humeur et peu de goût pour la discipline. Mais le club d’Eindhoven croyait si fort en son talent qu’il a décidé de lui assigner un coach personnel. Le dénommé Joost Leenders a cadré tant bien que mal son protégé et l’a empêché d’abandonner sa formation, comme il en a eu plusieurs fois l’idée pour repartir à Rotterdam.
À 15 ans en 2009, Memphis doit faire face au décès de son grand-père, qui était devenu sa figure paternelle de référence en l’absence du daron. C’est le vieil homme qui avait le premier décelé le potentiel du gamin balle au pied et était souvent derrière la main courante à encourager son petit-fils lors des matchs. Un moment difficile à gérer pour Memphis Depay, mais aussi une prise de conscience que s’il veut devenir footballeur pro comme l’avait pressenti son grand-père, il va devoir y aller mollo sur le destroy et se responsabiliser un peu. Ce qu’il fait et ce qui lui permet d’achever sa formation avec un premier contrat pro à la clé, signé deux ans plus tard en 2011.
C’est au poste d’ailier, de préférence à gauche, que Memphis-tout-court exprime le mieux son talent, lequel s’avère immense. Son style de jeu est proche d’un Cristiano Ronaldo ou, pour faire plus local, de son compatriote Arjen Robben, avec des accélérations soudaines, une conduite de balle imprévisible et cette grosse tendance à repiquer vers la surface de réparation pour armer. Et on ne parle pas de ses coups francs supersoniques. Droitier à la base, il est aussi à l’aise du pied gauche. Certains observateurs le comparent aussi à Mario Balotelli, plus pour son caractère à fleur de peau que pour ses caractéristiques techniques sur un terrain.
La saison dernière en Eredivisie hollandaise, le PSV Eindhoven de Philip Cocu a vécu un exercice de transition assez compliqué sur le plan comptable, qui s’est soldé par une quatrième place finale. Mais au moins la confiance a été donnée aux jeunes joueurs du club, une stratégie qui peut s’avérer payante sur le long terme. Memphis Depay a ainsi vécu une première saison pleine comme titulaire à part entière, aux côtés d’autres gamins de son âge, tels qu’Adam Maher, Jürgen Locadia, Zakaria Bakkali ou Karim Rekik, prêté par Manchester City. L’effectif du PSV était d’à peine 22 ans, le plus jeune du championnat. Cet été Memphis a choisi de quitter sa Hollande natale, cap sur l’Espagne et un choix surprenant mais plein de bon sens le Villarreal FC ou il régale de son talent désormais. Et le comble ? Riquelme le fait signer pour a peine 6 millions d’euros. Vous avez dit une bonne affaire ?
Comme tout footballeur de 20 ans en 2014, Memphis aime le rap. Mais lui ne se contente pas seulement d’en écouter, il pratique également depuis son adolescence, avec un bon flow bien maîtrisé (bon, c’est du néerlandais par contre, donc ça écorche un peu). L’an dernier, il participe à l’EP d’un rappeur local assez coté, nommé Bollebof. Un autre fameux footeux est aussi au casting : l’international du Werder Eljero Elia. Memphis a cependant dû promettre à son club de mettre entre parenthèses cette petite carrière naissante parallèle, de peur qu’il ne s’éparpille trop.
Au niveau des sélections nationales, Memphis a eu le parcours parfait du petit génie en devenir, avec des capes dans toutes les classes d’âge et jusqu’à la A, qu’il a intégrée pour la première fois en octobre dernier. Retenu par Louis van Gaal pour la Coupe du monde, il découvre le haut niveau et se voit offrir plus de temps de jeu que prévu, en qualité de premier joker de l’attaque. Le secteur offensif des Oranje est pourtant bien fourni, mais le gamin du PSV est préféré à Huntelaar pour sortir du banc et finir le travail, avec déjà deux buts à la clé durant la Coupe du Monde qui ménera les bataves en demi finale, ses deux premiers avec l’équipe nationale.
Merci SoFoot