Lâair brĂ»lant de juillet colle encore aux vitres de mon bureau. Le ventilateur tourne dans un bruit fatiguĂ©, brassant plus dâespoir que dâair frais. Sur mon Ă©cran, les visages de Svilar et Henrique AraĂșjo sâaffichent encore, fraĂźchement arrivĂ©s. Leur sourire de prĂ©sentation est un point dâancrage⊠mais la vente de Vanat flotte comme un poids invisible dans la piĂšce.
Je sais que cet Ă©tĂ© va ĂȘtre dĂ©cisif.
Je sens que tout peut basculer â dans un sens comme dans lâautre.
Et justement⊠ça commence maintenant.
Je descends sur le terrain annexe pour voir Antonio Aranda Ă lâentraĂźnement individuel.
Le soleil tape sur lâherbe. Aranda contrĂŽle une balle envoyĂ©e par un adjoint dâun simple mouvement du pied, fluide, naturel. Il dĂ©clenche aussitĂŽt une volĂ©e du gauche.
Le ballon file.
La lucarne tremble.
Je me fige.
Il se retourne vers moi avec un léger sourire, presque timide.
â « Mister. Merci pour la confiance. »
Je hoche la tĂȘte.
Je sens que ce garçon va transformer nos phases offensives.
On le paye 3.4 millions⊠et jâai lâimpression dâavoir volĂ© quelquâun.
Ălex Moreno â
Juventusâ 17.5 MâŹ
Je reçois lâappel dans lâaprĂšs-midi. Le numĂ©ro italien ne laisse aucune place au doute.
La Juventus veut Ălex Moreno.
Et Ălex veut la Juventus.
Quand il entre dans mon bureau, je comprends que la décision est déjà prise.
Il sâassoit en silence, puis relĂšve les yeux.
â « Mister⊠je veux tenter le coup. »
Je ne peux pas lui en vouloir.
Je tends la main.
Il la serre.
Ă cet instant, je sens notre couloir gauche devenir un canyon.
Donny van de Beek â
Atalanta â 27 MâŹ
Le dossier Donny tombe trois jours plus tard.
Sec, rapide, sans détour.
Atalanta met 27 millions sur la table.
Lorsquâil vient me voir, il paraĂźt plus lĂ©ger que jamais.
â « Je me sens prĂȘt pour un nouveau dĂ©part. »
Je lui souhaite bonne route.
Et soudain, nos finances changent dâĂ©chelle.
Deux cadres sâen vont.
Mais câest aussi une chance.
Le mercato sâouvre devant nous comme une autoroute.
Giovanni Fabbian â 13.75 M⏠: la colonne vertĂ©brale
Il arrive en plein aprÚs-midi, escorté par son agent.
1m90 de calme, de puissance, dâassurance.
Quand Fabbian me serre la main, jâai lâimpression de serrer une poutre.
Il ne parle pas beaucoup.
Il observe tout.
Il analyse dĂ©jĂ les espaces comme sâil jouait ici depuis toujours.
Ce garçon va solidifier notre milieu.
Il va gagner des duels.
Il va faire remonter lâĂ©quipe dâun bloc.
Je le sais.
Il le sait.
Sergio Arribas â PrĂȘt + option 30.5 M⏠: la perle que je nâattendais plus
Je ne dors presque pas la veille.
Les discussions traĂźnent.
Les négociations bloquent.
AlmerĂa hĂ©site, tergiverse, repousse.
Puis, enfin, le téléphone sonne.
Lâagent dâArribas, essoufflĂ© :
â « Mister⊠Sergio choisit Girona. »
Je ferme les yeux une seconde.
Le soulagement me traverse.
Quand Sergio passe la porte du centre mĂ©dical, il trottine avec un ballon, comme un gosse qui rejoint une colonie de vacances. Il jongle sans y penser, puis mâadresse un sourire franc.
â « Je veux mâĂ©clater ici. »
Lâoption dâachat Ă 30.5 M⏠est dans le contrat.
Si la saison se passe bien, ce garçon deviendra le cĆur artistique de notre attaque.
Juillet dĂ©file et les mouvements sâenchaĂźnent.
Je signe les documents les uns aprĂšs les autres.
- Misehouy â Ludogorets (prĂȘt)
- Lozano â Damm (prĂȘt)
- Anglada â Cartagena (prĂȘt)
- Marcos â Elche (prĂȘt)
- Yakobishvili â PuskĂĄs Academy (prĂȘt)
- Pluvins â Granada (prĂȘt)
- Roca â Osasuna (prĂȘt)
- GratacĂłs â Marbella (prĂȘt)
LâĂ©quipe respire mieux.
Les hiĂ©rarchies sâĂ©claircissent.
Les jeunes iront chercher du temps de jeu ailleurs.
Le groupe commence Ă ressembler Ă ce que je veux.
Je prends une profonde inspiration. Lâair sent lâherbe mouillĂ©e et la chaleur estivale. Je sais que la saison ne sera pas facile, mais je veux quâelle soit diffĂ©rente, plus ambitieuse, plus solide, plus maĂźtrisĂ©e que la prĂ©cĂ©dente. Je veux que les supporters ressentent quelque chose en voyant cette Ă©quipe jouer. Je veux que Montilivi redevienne une forteresse. Je veux que, cette fois, on aille chercher lâEurope. Et alors que je me dĂ©tourne finalement du terrain pour rentrer chez moi, je sens dans ma poitrine ce mĂ©lange Ă©trange de pression, dâexcitation et dâimpatience. La nuit tombe, mais dans ma tĂȘte, la saison commence dĂ©jĂ .

