
Mercato 2025 â Chapitre 1 : Les premiĂšres pierres
Le couloir du centre dâentraĂźnement Ă©tait encore silencieux quand jây suis entrĂ© ce matin-lĂ . Il nâĂ©tait pas encore 8 heures. Le soleil venait tout juste de passer au-dessus des tribunes, envoyant ses premiers rayons tiĂšdes sur les murs blancs du bĂątiment. Jâaimais cette heure-lĂ . Celle oĂč personne ne vous observe. Celle oĂč le club respire encore doucement, comme un animal endormi.
Mon bureau, lui, nâavait pas changĂ© : des piles de dossiers ouvertes, des stylos sans bouchon, trois gobelets de cafĂ© vides et, au milieu de tout ça, lâĂ©cran de lâordinateur oĂč clignotaient des dizaines de notifications liĂ©es au mercato.
Une nouvelle saison commençait. Et avec elle, lâobligation de corriger les faiblesses que la fin dâannĂ©e nous avait jetĂ©es au visage. Je mâĂ©tais assis, prĂȘt Ă replonger dans les rapports dâanalyse, lorsque jâai entendu frapper contre la porte.

Mile Svilar â La signature dans le calme du matin
Lorsque Mile Svilar est entré, il a refermé la porte derriÚre lui avec un soin presque exagéré.
Grand, le regard déterminé, les épaules carrées sous un simple sweat noir. Il avait cette maniÚre de se tenir droite, presque militaire, qui trahissait autant le professionnalisme que la pression.
Il a traversé la piÚce lentement, ses pas étouffés par le tapis.
Je me suis levé.
â Bienvenue Ă Girona, Mile.
Il a esquissé un sourire bref, sincÚre. Pas de grand discours, pas de phrases toutes faites.
Juste un échange direct, clair, comme on en voit rarement.
Je lui ai montré les chiffres, les vidéos, les projets.
Il a Ă©coutĂ© attentivement, sans jamais mâinterrompre.
â Je veux jouer, coach. Je veux prouver que je peux ĂȘtre numĂ©ro un.
Sa voix était calme, mais pas hésitante. Pas une seconde.
Quelques minutes plus tard, le contrat était signé.
6,5 M⏠pour un gardien qui avait encore tout à montrer.
En sortant, Svilar sâest arrĂȘtĂ© devant le mur oĂč sont accrochĂ©es les photos des Ă©quipes passĂ©es.
Il est resté là quelques secondes.
Comme sâil cherchait dĂ©jĂ sa place parmi elles.

Henrique AraĂșjo â LâarrivĂ©e qui fait du bruit
LâaprĂšs-midi mĂȘme, lâambiance Ă©tait bien diffĂ©rente.
Le soleil tapait fort, les couloirs vibraient du bruit des employĂ©s, et lâair sentait un peu trop le dĂ©sinfectant et la climatisation.
Quand Henrique AraĂșjo a dĂ©barquĂ©, on aurait dit quâil amenait un morceau dâĂ©tĂ© avec lui.
Souriant, dynamique, le pas léger.
On aurait dit un joueur qui marque dĂ©jĂ avant dâavoir touchĂ© un ballon.
Il a serré les mains du staff avec une facilité déconcertante.
Un gars sociable, communicatif.
Dans mon bureau, il sâest assis au bord du siĂšge, les avant-bras sur les genoux, impatient.
â Coach, je veux jouer haut, je veux attaquer lâespace. Je peux vous apporter ça.
â On a besoin de ça, Henrique.
Nous avons parlé une demi-heure.
Son enthousiasme était contagieux, mais ce sont ses chiffres qui ont fini de me convaincre.
4 MâŹ. Une affaire.
Quand il est reparti, il a jeté un regard vers la pelouse à travers la baie vitrée.
â Jouer ici⊠ça va ĂȘtre quelque chose.
Et jâai senti quâil le pensait vraiment.

Vladyslav Vanat â Lâannonce qui fait trembler les murs
Le lendemain, lâatmosphĂšre avait changĂ©.
Plus lourde. Plus électrique.
Il était un peu plus de midi quand la notification a surgi sur mon écran :
West Ham soumet une offre de 21,5 M⏠pour Vladyslav Vanat.
Mon cĆur sâest serrĂ©.
Nous savions quâil Ă©tait suivi⊠mais pas si tĂŽt.
Quelques minutes plus tard, Vanat entrait dans mon bureau.
Il referma la porte sans un mot, le visage fermé.
Il sâest assis.
Jâai attendu.
Finalement, il a soufflé :
â Coach⊠Je pense que câest le moment pour moi. La Premier League⊠Je ne peux pas laisser passer ça.
Je lâai regardĂ©.
Pas comme un entraĂźneur regarde un joueur.
Comme un homme regarde un autre homme au carrefour de sa carriĂšre.
CâĂ©tait logique.
CâĂ©tait dur.
Et câĂ©tait inĂ©vitable.
Nous nous sommes serrés la main.
Une accolade.
Quelques mots.
Le soir-mĂȘme, son casier Ă©tait vide.
Sur son banc, il restait un rouleau de strap et une serviette oubliée.
21,5 MâŹ.
Un dĂ©part quâil fallait accepter.

Et maintenant ?
Lorsque les couloirs se sont vidĂ©s et que le soleil sâest couchĂ© derriĂšre les tribunes, je me suis retrouvĂ© seul Ă nouveau.
Svilar.
AraĂșjo.
Le départ de Vanat.
Le mercato ne fait que commencer, mais il a dĂ©jĂ changĂ© le visage de lâĂ©quipe.
Jâai relancĂ© la base de donnĂ©es, ouvert une nouvelle liste de noms.
Je savais que les semaines à venir seraient longues, parfois épuisantes.
Mais aussi décisives.
Quelque part, dans cette solitude du bureau, jâai senti une pointe dâexcitation.
La saison prochaine se construisait lĂ , sous mes yeux.
Un joueur Ă la fois.