:storyred: : Pour l'amour d'une femme. (FIN DE STORY)

Très beau début de saison.

Merci beaucoup c’est gentil, ça fait plaisir de lire ce message.
Merci à vous tous.

Effectivement très bon début de saison. Je ne m’attendais pas à un tel niveau avant le début de championnat. :smiley:

Metz, le 23 décembre 2020, gare de Metz.

gare de Metz

C’est sous la neige que mon retour en Moselle se fait. Un temps comme je les aime pour cette période de l’année. Metz se pare alors d’une robe blanche, telle une marié habillé pour sa plus grande occasion, et qui donne un aspect tout autre au décor ambiant. Je profite de ce moment car ces dernières années la neige n’a pas toujours été au rendez-vous pour Noel. Il faut dire que le réchauffement climatique y est peut-être pour quelque chose. Les températures ne sont plus aussi basses que dans les années 90, les saisons en Moselle sont très souvent déréglées. Vous pouvez sortir en ville sous un magnifique soleil et vous retrouver en quelques secondes à peine sous une trombe d’eau qui cessera au bout de cinq petites minutes pour laisser place à nouveau à un ciel dégagé.

Bien évidement Metz m’a manqué, c’est ma ville, celle où j’ai grandi, où j’ai vécu, où je me suis marié également. Mes premières pensées vont sans grande surprise vers Sonia.

Elles le sont encore davantage lorsque j’arrive au pied de la grande roue jouxtant la cathédrale Saint-Etienne. C’est ici, au sommet de cette roue, que j’ai fait ma demande, un soir de premier jour de l’an. Sans perdre une seule seconde je me dirige vers la billetterie pour effectuer un tour de cette roue, haute de 60 mètres. C’est un peu une tradition pour moi chaque année. En fait le mot pèlerinage est plus adapté. Tel un fidèle qui croit en son Dieu, je crois moi au retour de ma vie auparavant. Le bien que me procure cet instant dans la cabine occulte tous les regrets que je peux éprouver tout au long de l’année. Je me sens en paix avec moi-même. Le panorama que m’offre ce point de vue est majestueux.

Si quitter Metz m’a été bénéfique, outre que professionnellement parlant, c’est aussi qu’ici je possède tous mes souvenirs de ma vie maritale. Chaque recoin de la ville est associé à un moment de ma vie conjugale avec Sonia. Y revenir après plus de six mois d’absence me plonge à nouveau dans cette nostalgie.

Je flâne désormais dans les allées des différents marchés de Noel. Secrètement j’espère croiser le regard de Sonia. A vrai dire je ne sais même pas quelle serait ma réaction, mais je sais qu’elle aime aussi cette période de l’année et qu’elle apprécie venir se perdre dans cette ambiance de fête. Ici, les odeurs de vin chaud, de cannelle, de gaufre ou de crêpes, se succèdent et se mélangent parfaitement pour me transporter dans une léthargie seul mon corps est là. Mentalement je ne suis plus du tout connecté à ce monde. Je ne pense plus au foot non plus. Je suis un homme, un simple être qui apprécie les petits plaisirs simples que lui procure la vie.

La nuit tombe rapidement en ce mois de décembre sur la capitale de la Lorraine. Les lumières de la ville semblent parfaitement se marier avec les décors de Noël et la lumière de la cathédrale. La lanterne du bon Dieu, c’est ainsi que les messins la surnomme. Si vous prenez un peu de hauteur en périphérie de la ville vous pourrez constater qu’elle semble s’élever au milieu de la cité et veiller sur la ville. Ses vitraux sont majestueux la nuit et c’est d’ailleurs la cathédrale qui possède le plus de surface vitrée en France avec environ 6.500 mètres carrés. C’est aussi celle qui possède les plus grandes verrières gothiques d’Europe. Mon ancien appartement donnait directement sur la cathédrale, et je pouvais passer de longues minutes sur le balcon à la contempler sans un mot.

Le soir arrive quand je finis de faire le tour du dernier marché de Noel place Saint-Jacques. En tout Metz possède cinq marchés de Noël sur cinq places différentes. Bien qu’ils soient tous semblables l’atmosphère peut changer en fonction de l’endroit où le marché se situe.

Il est 20h00 quand j’arrive chez mes parents en cette veille de réveillon. Une bonne partie de la famille est là et les retrouvailles sont très chaleureuses. Bien évidement comme dans toute bonne famille portugaise la discussion est très vite orientée vers le football et vers mon équipe notamment. Les verres de vin de porto et de vin blancs entonnent une douce mélodie chaque fois que le verre se remplit pour trinquer. Ils se succèdent autant que les bons résultats de l’équipe dernièrement, mais le tout toujours autour d’un bon repas et d’une ambiance conviviale.

Dans le salon le sapin, la crèche et la montagne de cadeau s’y agglutinant peuvent laisser présager le monde qui sera présent demain soir.
La journée du 24 est consacrée à la préparation du repas et le tout en famille. Un moment toujours très spécial et très convivial. Grands parents, parents, enfants, petits-enfants, ce soir près d’une trentaine de personne seront réunis chez mes parents pour réveillonner.

En Moselle, comme en Alsace le 26 décembre est férié, une spécificité que l’on doit à l’occupation allemande à la fin du 19ème siècle. Mais pour moi cela signifie cette année le retour à mes affaires à Trofa. L’émotion est toujours vive de mon côté chaque fois que je dois partir. Tant du fait que je laisse mes proches mais aussi du fait que je laisse ici toute ma vie. L’avion est prévu pour 20h06. Direction donc l’aéroport.

Le retour aux affaires ne se fait non sans mal, pourtant tout va bien pour mon équipe, nous sommes premiers et avec des points d’avance. L’équipe joue un très bon football, l’ambiance est bonne. J’ai même invité Yuri à venir me rejoindre quelques jours. Nous nous sommes expliqués après mes déboires à Kaiserklautern et il ne m’en a pas tenu rigueur même s’il a été déçu de mon comportement. Nous nous sommes seulement revus une seule fois depuis mais nous avons gardé contact. Il m’a promis de passer après le nouvel an. Tout va bien donc mais le retour à la solitude est toujours difficile. Ici je suis seul, je n’ai pas de famille, pas d’ami non plus. Mes grands parents qui résident six mois dans l’année à Porto sont actuellement en Moselle comme chaque année pour y passer les fêtes de fin d’année.

Enfin tout seul, pas vraiment il y a Assia que j’ai revu quelque fois tout au long de l’année. Rien de sérieux entre nous simplement des moments de forte intensité physique. Même si nous nous voyons aussi en dehors pour aller manger un morceau ou aller voir un concert. Assia est une femme d’affaire travaillant pour un grand cabinet d’avocat, elle est donc amenée à voyager énormément, mais chaque passage à proximité de Trofa laisse une trace mémorable dans nos mémoires par l’intensité de nos ébats.

C’est d’ailleurs elle que j’appelle ce soir pour essayer de me tenir compagnie. Après un appel d’une vingtaine de minutes elle me fait savoir qu’elle n’est pas dans le coin actuellement. C’est donc seul que je vais passer cette nuit avant de reprendre le chemin de l’entrainement demain en fin d’après midi

La reprise du boulot m’a remis un coup de fouet et m’a extirpé de cette nostalgie et de cette solitude que j’ai ressenti à mon retour. Une grosse quinzaine de jours nous sépare de notre premier match de l’année 2021 mais je voulais profiter un maximum du temps que nous avons pour caser autant d’entrainement que possible. Ce statut de semi-pro est plus que gênant quand on souhaite prendre son temps pour travailler sur un point.

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Bonne année !!! Après un rapide coup de fil à ma famille à 23h00 heure portugaise, il y a une heure de décalage avec la France, je raccroche et me jette dans les bras non pas de Morphée mais d’Assia, elle est venue passer le nouvel an avec moi. La nuit va être mouvementée…

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Nous sommes le neuf janvier, à la veille du premier match de cette année civile. Demain nous recevons Lusitano Voldemoinhos. Comme traditionnellement j’organise une mise au vert, afin de garder tout le monde concentré. L’équipe est la même, à vrai dire je ne dispose pas de beaucoup de choix donc si ce n’est un changement tactique les onze qui démarrent sont souvent les mêmes. Les visiteurs ont la ferme intention de repartir avec quelque chose de chez nous, mais moi j’ai la ferme intention de continuer sur les mêmes bases que la fin d’année. Et mes joueurs semblent d’accord avec moi. Batistuta inscrit le seul et unique but de la rencontre à la 56ème minute.

Trois autres matchs vont suivre. Leca, Espinho et Anadia. Les deux premiers se soldent par une victoire identique 2-1. Le match contre Anadia à tout du match piège. Avant le coup d’envoi j’insiste sur le fait de se concentrer dès le début de match. Ils sont bien placés mais un peu en souffrance dans leur match à l’extérieur. Si on ne perd pas on maintient notre avance sur eux. Ils sont actuellement à la quatrième place du classement.

Le match commence et nous sommes d’entrée de jeu bousculé. Nous subissons beaucoup trop, nous peinons à mettre notre jeu en place. Mais pas le temps de trouver une solution que nous concédons l’ouverture du score. Les locaux continuent de pousser et finissent par doubler la mise à la 24ème minute. Je procède immédiatement à deux changements et je passe en 3-4-3. Mon défenseur Graca rentre à la place de la sentinelle Samu et Postiga entre à la place de Veloso qui avait démarré titulaire. Sur le banc je peste ! Une bouteille d’eau traverse la zone technique et manque de peu de venir heurter la tête d’un de mes joueurs. Debout dans la zone je gueule, je place, j’arrange, je ne cesse de donner de la voix. En vain… A la 43ème minute nous concédons un troisième but.

A la mi-temps je reste sur le banc sans prendre la peine de rentrer au vestiaire, je veux que mes joueurs se mettent face à leur responsabilité. Je les avais avertis en début de match ils ne m’ont pas écouté. A leur retour sur le terrain je rassemble les joueurs autour de moi. Les visages ont changé, ils sont fermés et déterminés, je veux finir en leur portant un coup de massue pour les toucher dans leur orgueil.

*« C’est la première et la dernière fois que vous me faites ce que vous venez de me faire. Si les choses ne changent pas en seconde mi-temps je vous promets de finir la saison avec les 18 ans puisque vous vous prenez pour des stars ! Des stars ici je n’en ai pas besoin ! Je veux des joueurs de foot ! Des joueurs intelligents ! Qui comprennent ce qu’on leur dit ! Votre comportement sur cette première période est celui de petits merdeux pourrit gâter qui ne seraient bon que pour jouer dans les tournois de quartiers et qui mettraient la misère aux gosses plus jeunes contre qui ils joueraient ! Putain vous avez intérêt à vous réveiller. Je ne vous demande même pas de revenir au score je vous demande d’appliquer mes consignes ! Le silence est glacial, j’ai moi-même des frissons de parler de cette façon à mes joueurs. *
On va bloquer l’axe du terrain sur notre phase de pressing. Le bloc équipe doit à tout prix rester haut et compacte ! On regarde où est placé le collègue ! On les oblige à passer par les ailes où ils sont moins dangereux. Quand ils reçoivent le ballon dos au but c’est là que la phase de pressing doit être déclenchée et doit être le plus intense. Le receveur du ballon doit être en panique avant même de recevoir le ballon ! Sur ces phases de pressing les trois défenseurs si un de vous n’avez personne au marquage n’hésitez pas à venir jouer comme sentinelle juste pour bloquer encore plus l’axe du terrain apporter une densité au milieu. Les mecs ne me décevaient pas ! Je me fiche du score je veux juste un pressing collectif et pas la merde qu’on a fait en première période ! Où l’un va et l’autre restait à des kilomètres derrière ! »

Le message semble être passé car mon capitaine rassemble les joueurs une nouvelle fois avant le début de la seconde période. Celle-ci commence avec beaucoup plus d’intensité. Le passage en 3-4-3 nous donne davantage de facilité dans le pressing haut. Les défenseurs appliquent ma consigne de jouer en sentinelle s’ils n’ont personne à marquer. Les adversaires sont perdus et n’hésite pas à dégager les ballons dans les zones où ne nous sommes pas.

Nous jouons la 64ème minute, le gardien adverse relance au pied pour son défenseur, le pressing de mes trois attaquants se déclenche au moment de la passe du gardien et amène à la récupération du ballon au niveau des 20 mètres. Très vite nous sommes dans la surface et Postiga propulse le ballon au fond des filets. Aucune réaction de ma part. Mais quelques-uns de mes joueurs m’ont jeté un regard comme un signe d’approbation que mes consignes étaient les bonnes. Nous continuons sur ce rythme mes latéraux jouent désormais comme des ailiers tellement nous pressons haut. Mangas hérite du ballon sur la gauche et centre pour Batistuta qui marque un second but à la 68ème minute. Le point rageur mes joueurs ont bien compris que mois aussi je croyais plus que jamais à l’égalisation. Moins de 10 minute après le second but, Mangas hérite à nouveau du ballon coté gauche après une superbe transversale de Mika. Il Centre pour Postiga qui se défait d’un premier défenseur puis décale Yahia qui se trouve aux abords des 16 mètres. Il contrôle et frappe. But !!! Dans la lucarne opposée. Je laisse cette fois-ci explosé ma joie et tous les joueurs se ruent vers moi. C’est à ce moment que j’ai compris que tous mes joueurs étaient derrière moi et adhéraient plus que jamais à mes idées de jeu.

Plus rien ne sera marqué et nous ramenons un très bon point d’ Anadia, surtout au vu du scénario. Nous les laissons à distance et nous nous rapprochons encore des play-offs.

Au programme du mois de février quatre matchs. Nous entamons par un deuxième match nul consécutif contre Sao Martihno. 0-0.

Nous enchainons ensuite trois victoires de rang. 2-0 contre Paredes, 1-0 contre Cinfaes et enfin 1-0 contre Castro Daire à l’extérieur. A l’entame du mois de mars nous pointons largement à la première place et seulement quelques points nous manquent pour assurer une des deux places qualificatives pour le final 8.

Le printemps arrive en ce mois de mars et seulement trois matchs sont programmés. J’aimerai faire un « perfect » niveau point. Mais dès le premier match contre Beira-Mar nous avons été incapable de concrétiser notre domination et nous nous quittons sur un score nul et vierge.

Les deux autres matchs seront plus faciles avec deux victoire 3-1. Face à Fornos Algodres et Arouca.

Nous continuons sur notre rythme effréné en ce mois d’avril. Nous ne perdons plus depuis le 13 septembre, soit six mois. Nous finissons d’ailleurs par assuré notre qualifaction en play-off dès le déplacement à Gondomar par un victoire 2-1.

Je suis bien évidement très satisfait de ce que nous avons accomplis jusque maintenant mais je maintiens à mes joueurs que jusqu’ici ce n’était que le tour de chauffe.

Dès le match suivant je décide de faire tourner légèrement. Pas de grande révolution mais je fais reposer mes cadres. Durant un mois et demi nous allons pouvoir gérer la fatigue et ce n’est pas négligeable. Nous poursuivons notre série de match sans défaite avec une victoire 2-0 contre Pedras Rubras avant d’enchainer sur un match nul sur la pelouse d’Oliveirense et sur une victoire sur notre terrain contre l’Uniao Lamas.

Ce mois d’avril nous permet aussi d’assurer notre première place au classement.
Les deux derniers matchs se finissent par une victoire 2-1 contre Lusitania Lourosa et un nul contre Tourizense.

Au classement final du groupe nous finissons premier avec 80 points, soit 14 de plus que le second qui est Oliverense et qui se qualifie aussi pour le tournoi final d’accession. Nous possédons aussi 16 points d’avance sur le troisième. Notre bilan est très satisfaisant avec 24 victoires, 8 nuls pour seulement 2 défaites dont la dernière a eu lieu le 13 septembre. Au classement combiné avec les trois autres groupes nous finissons 2ème égalité mais devancé au goal-average par deux autres équipes. Seule la réserve du Vitoria Guimaraes compte 83 points.

Fédération portugaise de football

Quelques jours plus tard je me rends au siège de la fédération portugaise de football pour le tirage au sort des quarts de finale du tournoi finale d’accession. Le but est d’atteindre au moins la finale pour pouvoir être promu.

Limousine, tapis rouge, portier, smoking… Tout est organisé en grand et j’avoue être un peu perdu dans cette face du football que je ne connais pas encore bien. Je connais déjà les lieux pour y être venu avant d’entrainer Trofa mais en ce soir de tirage je ne le reconnais pas. Beaucoup de grands noms de la fédération et de la ligue sont présent, des ancien grands joueurs du championnat et des anciens coachs et dirigeants. Parmi eux Carlos Brito. Il m’avait averti de sa présence, mais de le voir arriver me rassure énormément. Il me félicite pour tout le travail accompli. Il me parle également de l’article que le journal « O jogo » à écrit sur moi et sur l’interview que je leur ai accordé. Mon nom commence à circuler aussi au niveau de la ligue et la fédération. Les gens semblent apprécier mon travail. Certains bruits font même de moi un potentiel successeur pour un ou deux clubs de seconde division.

Il est 12h30 quand nous prenons place dans la salle. Là encore tout a l’air démesuré pour moi. Mon président vient d’arriver et me rejoint en dernière minute, il était coincé par un rendez-vous professionnel mais n’aurait manqué ce tirage pour rien au monde. Pour moi, voir cette salle, ce protocole, ces boules, le tableau derrière avec les noms des équipes et le tableau final c’est un peu ma ligue des champions. Mais je ne suis pas peu fière d’être ici et d’avoir accompli ce que nous venons de réaliser.

Après la présentation des équipes concernées par le tirage, la révélation des nominés au prix de meilleur coach de la saison, dont je viens d’apprendre que je fais partie, le tirage commence.


Le maitre de cérémonie prend la parole au fur et à mesure que les boules se dévoilent.

« Première boule, le Vitoria Guimaraes B. Qui verra s’opposer à lui… Alverca. Voilà pour cette première affiche. Nous continuons avec l’équipe d’Olivereinse. Qui sera confronté à… Farense. Il reste quatre boules et la prochaine va nous donner le nom de l’équipe de… l’Uniao de Madeira. Face à elle… Le Braga B. Donc si tout va bien et que le tirage n’est pas truqué (rire dans la salle), nous verrons donc Trofense affronter le Benfica Castelo Branco. Et c’est bien évidement ça. Trofense se déplacera pour le match aller à Castelo Branco. Voilà pour ces quarts de finale. Nous allons maintenant procéder au tirage de la demi-finale. Les boules se mélangent et la première demi-finale opposera le vainqueur match 1 contre le vainqueur match 3. Cela veut donc dire le Vitoria Guimaraes B ou Alverca contre l’Uniao Madeira ou Braga B. La seconde demi-finale opposera donc le vainqueur match 2 contre le vainqueur match 4 autrement dit Oliveirense ou Farense face à Castelo Branco ou Trofense. Rappelons que les quarts de finale et les demi-finale se dérouleront sous le format aller-retour et que la finale aura lieu sur un match unique sur un terrain neutre. Merci à tous pour votre présence et je vous invite à passer dans le salon pour la dégustation du buffet. »

Nous sommes donc fixés sur notre avenir nous nous déplacerons à Castelo Branco dans le centre du Portugal le 23 mai 2021 et nous les recevrons pour le retour le 30 mai 2021.

Sur le chemin d’accès au salon, tous les entraineurs ici présents ne peuvent échapper aux différents médias présents, qui sont assez nombreux et dont je n’ai absolument pas l’habitude. Mais je n’ai pas le choix je vais devoir me prêter au jeu des questions-réponses.

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L’épisode était volontairement long étant donné que j’avais bien avancé dans la partie. De plus j’avais vraiment envie de détailler quelques moments.

En espérant ne décourager personne avec la longueur de cet épisode. Les photos ont été volontairement nombreuse aussi pour essayer d’aérer au maximum le texte.

A très vite, la suite arrive bientôt.

Cordialement,
Hero.

Belle évolution et beau parcours :clap:t4::clap:t4:
Direction la deuxième division :sunglasses:

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La fierté. Ce sentiment d’orgueil, de satisfaction de soi. C’est ce que j’ai ressenti à la fin de nos rencontres de groupe. Mais c’est chez moi un sentiment qui ne perdure pas dans le temps, je suis sans cesse à la recherche de nouveaux objectifs, de nouveaux défis. Et cette qualification pour les play-offs de montée en sont devenus un. Si notre objectif initial était de finir dans les cinq premières places j’ai maintenant clairement l’objectif de monter. Et je l’ai bien fait comprendre à mes joueurs. J’ai toujours avancé de cette façon dans la vie et je veux que mon équipe soit ambitieuse comme je peux l’être avec moi-même. Se fixer des objectifs élevés permet de s’améliorer et de donner le maximum de soi chaque jour.

Pour préparer ce petit tournoi, j’ai aussi fait appel à un ami sophrologue pour qu’il nous fasse part de ses séances, qu’il nous aide à contrôler nos émotions, à nous calmer et à rester calme en toute situation. La sophrologie m’a bien aidé depuis que j’occupe ce poste. Entraineur est un métier où le stress est permanent, et de peur de me plonger dans l’alcool j’ai préféré faire appel à un spécialiste. Avec le temps Pedro est devenu un ami et il va nous apporter son savoir-faire. Nous verrons si ça peut nous aider sur ce type de match à fort enjeu.
Assis sur le banc au côté de Joao Crespo mon adjoint nous discutons sur la stratégie à adopter pour cette dernière demi-heure de jeu. Nous venons d’ouvrir la marque sur la pelouse du Benfica Castelo Branco. Borges s’est présenté en un contre un et n’a pas tremblé pour remporter son duel. Si tout le monde a exulté je me suis contenté de serrer un de mes poings fermement.

Le match est dominé par mon équipe et nous décidons finalement de demander aux joueurs d’évoluer plus bas et de faire circuler le ballon sans prendre de risque. Ce résultat à l’extérieur me convient parfaitement. Plus rien ne bougera jusqu’à la quatre-vingt-dixième minute.
Nous remportons donc ce match aller et nous sommes en position de force avant le retour qui aura lieu dans quelques jours. La récupération est de mise entre cette double confrontation. Séance de stretching, sophrologie et récupération physique sont au programme.

Je suis le dernier à entrer sur la pelouse du stade do Clube Desportivo de Trofense. Le stade sonne creux. A peine 862 spectateurs se sont déplacés pour nous voir évoluer. L’ambiance est morose à quelques instants du coup d’envoi. Les dix-huit spectateurs adverses font autant de bruit que notre groupe de supporter. A vrai dire je suis déçu, j’avais appelé à l’union derrière l’équipe dans la presse locale. Je voulais un stade comble, je voulais voir de la couleur, entendre du bruit… Finalement rien de tout ça. Je prends place sur le banc sur lequel je ne resterai pas longtemps avant de me lever et de me tenir en bordure de ma zone technique. Le début de match n’est pas à notre avantage. Malgré une substitution du ballon durant les deux premières minutes nous subissons les attaques rapides des visiteurs. Le premier quart d’heure passe sans que je ne réagisse. L’équipe est plutôt calme malgré les occasions adverses. Nous jouons la vingtième minute. Nos adversaires obtiennent une touche au niveau de leur seize mètres. En trois passes il se retrouve dans notre surface. Ruben Mira entre dans celle-ci et il désormais intouchable, il dribble Morais puis enroule une frappe du gauche qui trouve le coin opposé de notre cage. (0-1). Tout est à refaire. Je reste calme et je m’active à encourager mes joueurs. Ce but ne nous réveille pas. Les adversaires se montrent dangereux sur les transitions offensives. Je fais descendre ma défense, je rééquilibre mon milieu à trois. Rien n’y fait nous perdons le cuir bêtement, nous ne sommes pas sur les deuxièmes ballons. Finalement la mi-temps arrive tant bien que mal sur ce score en faveur de Castelo Branco.

-Je ne vais pas parler durant quinze minutes les mecs. Vous savez jouer au foot, vous avez les qualités pour jouer au ballon. Vous savez ce que j’attends de vous et vous savez ce qu’il vous reste à faire pour qu’on se qualifie. Soyez juste dans les transmissions, tranchant et percutant dans les trente derniers mètres, et plus combatifs. Ça va venir, calmez-vous, et profiter des dix minutes restantes pour souffler et faire les exos de sophrologie que Pedro vous a enseigné. On repart avec les mêmes. Donnez-tout, vous allez le faire !

Les cinq premières minutes de la seconde mi-temps ne me rassurent pas et nous manquons de concéder le break à deux reprises. Ce sont Soares, le gardien, et Mika qui nous tiennent encore en vie dans ce match. Je réagis immédiatement cette fois-ci. Je sors Yahaya, notre latéral droit et décale Mika sur le flanc droit. Trindade entre en défense central pour assurer notre première relance. Immédiatement nous parvenons à mieux tenir le ballon et nous réussissons à construire nos actions en partant de derrière. L’heure de jeu s’affiche sur le panneau d’affichage, je demande aux quelques supporters de donner de la voix. Timidement un bruit de fond se fait entendre. Le ballon circule mieux. Nous obtenons une touche à hauteur de leur surface. Samu hérite d’un ballon à l’entrée de la surface et enroule sa frappe du gauche. La trajectoire est parfaite, et la sphère vient se loger dans la lucarne du gardien. Tout mon banc explose de joie. J’en fait de même ne pouvant la contenir sur ce coup.

Je frappe des mains, je donne de la voix pour encourager. Les minutes s’égrènent et nous dominons tranquillement cette fin de match. Le dernier quart d’heure, les dix dernières minutes… Avec Joao nous décidons de procéder à un autre changement pour apporter de la fraicheur à notre milieu de terrain. Batista entre en jeu. Nous tenons le ballon. Plus que cinq minutes. Le quatrième arbitre indique trois minutes de temps additionnel. Rien ne se passe. Les trois coups de sifflet de l’arbitre résonnent comme une libération. Les joueurs se précipitent sur la pelouse comme si nous venions de remporter un titre. De mon côté j’échange une franche accolade avec mon homologue adverse et je vais féliciter mes joueurs un à un.

Nous sommes en demi-finale. Plus que deux matchs et nous serons promus.

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Le soleil haut dans le ciel et la chaleur étouffante me permet d’affirmer que la matinée est déjà bien avancée. Le réveil est dur ce matin. Une tasse de café devant les informations sportives et un petit déjeuner protéiné pour démarrer ma journée. Je me suis endormi tard. Assia est passée me voir à mon retour à l’hôtel. L’alcool, le sexe et la pression qui est redescendu après notre qualification ont eu raison de moi ce matin.

Il est treize heures et vingt minutes quand j’arrive à la salle de sport du club. J’ai pris l’habitude de m’entretenir même avec ce boulot qui me prend tout mon temps. En tant qu’ancien coach sportif je ne conçois pas de me laisser aller. Et la musculation me permet de m’évader. Le casque vissé sur les oreilles tels les joueurs de foot arrivant au stade, Bruno Mars qui résonne dans ma tête, je me déchire pour effectuer mes séries de pectoraux. Une heure et demie plus tard c’est avec la satisfaction d’avoir bien travaillé que je me rends au bureau.

Seulement quelques jours nous séparent de la demi-finale des play-offs. Je ne perds pas de temps pour analyser mon prochain adversaire. Le SC Farense a terminé premier de son groupe avec quatre-vingts points au compteur. Ils ont aussi marqué soixante buts et n’en ont encaissé que quatorze. Autant dire que l’obstacle qui se dresse devant nous est de taille.

La semaine a été consacré à la circulation de balle. Ressortir de derrière, faire tourner, redoubler les passes, se montrer patient. Le match va se jouer sur peu de chose et je préfère être acteur principal plutôt qu’un figurant passif.

Le soleil et la chaleur sont encore au rendez-vous en ce début de mois juin. Pour autant ça n’incite pas les spectateurs à se déplacer au stade. Seulement neuf cents personnes ont pris place dans notre enceinte pour cette demi-finale aller. Ça sonne encore une fois le creux et ce à mon plus grand désarroi. Le protocole d’avant match est respecté et je rejoins ma zone technique saluant les quelques supporters se trouvant derrière notre banc. L’arbitre consulte tour à tour les gardiens et ses assistants. Tout le monde est prêt, le coup d’envoi est donné.
Intérieurement je stresse et je peine à le dissimuler. Je ronge mes ongles, je ne cesse de regarder ma montre alors que le match vient à peine de débuter…

Très vite nous prenons possession de la balle. Mais sans trop savoir quoi en faire. Je demande aux joueurs de ne pas se précipiter. De redoubler les passes même jusqu’au gardien. Les deux équipes sont timorés par l’enjeu. Mais je préfère avoir le ballon plutôt que l’inverse. Nous assistons donc à une première mi-temps sans saveur où chaque équipe frappe une fois. Nous regagnons les vestiaires sur un triste 0-0. Mais nous jouons à domicile et je sais qu’il va falloir passer à la vitesse supérieure en deuxième mi-temps. En concertation avec Joao nous n’effectuons aucun changement mais demandons simplement aux joueurs de joueur plus vite, de se rendre très rapidement disponible dans les intervalles et de prendre plus de risque au niveau des passes.

D’emblée notre stratégie semble vouloir payer. Nous nous procurons des occasions dans les dix premières minutes de la seconde mi-temps. Nous jouons la cinquante-huitième minute quand nos adversaires parviennent à poser le pied sur le ballon pour la première fois depuis le retour des vestiaires. Une circulation en une touche de balle sur deux minutes qui va finalement complètement déséquilibré notre bloc. Un espace sur notre coté droit est trouvé Miguel Bandarra arrive à pénétrer dans notre surface et décoche une frappe a ras de terre. Soares plonge et une erreur de main transforme cette frappe anodyne en but. (0-1). Grimaçant, je me retourne vers mon adjoint afin de préparer des changements. Je l’envoie chercher Veloso et Batistuta. Les deux pénètrent sur la pelouse en même temps. Les visiteurs se contentent plus que tout à fait de ce résultat. Ils anéantissent toutes nos tentatives. Ils mettent des coups, tombent au sol et gagnent du temps. La panoplie complète de la mauvaise foi y passe. A la quatre-vingtième minute je procède à mon dernier changement. Lemos entre en lieu et place de Moreira. On ne change pas de système, on injecte seulement du sang neuf. L’effet escompté n’a pas lieux. Dans ma zone je fais les cent pas, je réfléchis… Pour la première fois depuis mon arrivée j’ai l’impression que quelque chose m’échappe. Que quelque chose semble vouloir contrecarrer mes plans. Pour la première fois je doute. Dois-je tout miser sur l’attaque en risquant de prendre le but du break. Je fais part de ma décision à mon adjoint qui acquiesce. Nous allons finir le match dans ce schéma. Il reste encore quatre-vingt-dix minutes pour refaire notre retard si le score en reste là. Le temps additionnel est donné. Trois minutes. Malgré des dernières poussées le score reste figé. Nous nous inclinons 0-1 et nous devrons aller chercher un exploit à Farense.

Ce soir je ne m’éternise pas au stade, un mot d’encouragement aux joueurs et leur donner le programme de la semaine et je regagne l’hôtel. Ce match m’a vidé les batteries.

-Les gars deux minutes d’attention. Je ne vais pas débriefer maintenant, on le fera à l’entrainement et à tête reposée. Rentrez chez vous, ressourcez-vous avec vos familles, il reste encore un match pour inverser la tendance. Rien n’est perdu, ils sont venus gagner ici, on peut aller gagner là-bas. Bonne soirée et à mardi huit heures trente pétante. La semaine sera consacrée aux attaques placées et au travail devant le but.

En rentrant dans la chambre j’aperçois un message sur mon téléphone.

-Salut ! Il faut que je te voie, je dois te parler.

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Stressant cette demi-finale, il va falloir jouer le tout pour le tout au match retour.

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Assia m’a donné rendez-vous dans un café du centre-ville de Porto. Le Majestic café. Un lieu connu dans le monde entier, considéré comme un passage obligatoire pour ceux qui sont en voyage dans la ville invaincue. Un décor au style Art nouveau. Même les serveurs sont vêtus d’uniforme de marins. Ces deux ambiances ne sont pas s’en rappeler celle qui était présente dans le film « Titanic ». Un lieu majestueux où je prends toujours plaisir à venir.
D’ailleurs J.K.Rowling avoua il y a quelques temps y avoir passé énormément de temps lorsqu’elle travaillé sur son premier roman, Harry Potter à l’ école des sorciers.

Assia est ponctuelle et me salue par un tendre baiser. Notre relation à beaucoup évolué au fil du temps. Elle me fait d’ailleurs savoir que c’est la raison de ce rendez-vous. Elle veut officialiser notre couple, elle ne me voit plus comme un simple partenaire de sexe, mais comme un homme pour lequel elle ressent des sentiments. J’avoue être surpris et pour le moins décontenancé. Je ne m’y attendais pas du tout. Une femme avec tant de charisme, avec une telle prestance… Jamais je n’aurai pensé qu’elle pouvait être intéressé si ce n’était sexuellement parlant. Bien évidement je réponds par l’affirmatif même si je ne suis pas au même stade qu’elle sentimentalement, j’ai envie de nous donner une chance.

Mon téléphone interrompt notre premier rendez-vous officiel en tant que nouveau couple. Carlos essaie de me joindre, je prends l’appel en m’excusant auprès de ma nouvelle compagne.

-Salut Guillaume comment vas-tu ?
-Plutôt bien et toi ?
-Ca va merci. Il faut qu’on se voit rapidement. En deux mots il y a un collaborateur du cabinet = de Jorge Mendes qui veut te voir. Il est passé par moi pour avoir tes coordonnées car je le connais. Il va te joindre téléphoniquement mais il faut qu’on se voit avant toute chose.
-Sérieux ? C’est quoi ce bordel ? Pourquoi veut-il me rencontrer ?
-Ecoute tu connais la façon d’agir de Jorge. Il déniche les talents et essaie de les caser là où il veut et empocher un paquet d’argent derrière. En gros il pense que tu peux faire une grosse carrière
-Carlos… Je n’aime pas ce genre de chose, tu le sais. Ce foot business ce n’est pas pour moi. Ce mec est un génie pour ce qu’il a bâtit et pour son pouvoir de persuasion mais il nous voit ni plus ni moins comme des pions qu’il déplace sur son échiquier mental.
-Guillaume je sais mais je n’aurais pas donné tes coordonnées si je n’avais pas discuté un peu avec lui. Rejoins-moi mercredi prochain au Monumental Place sur la place dos Alliados à vingt-heures On mangera avec lui.
-Bien… à mercredi alors.

Cet appel ne m’enchante pas particulièrement, Jorge Mendes est peut-être le meilleur agent du monde, mais je n’aime pas sa façon de faire. Trafic est le mot qui résume au mieux sa façon de travailler.

Dimanche est là et nous sommes dans le vestiaire, à quatre-vingt-dix minutes d’une possible montée. Mais pour ça nous devons remonter le but concédé lors de notre défaite à domicile. Sur le tableau j’ai affiché les trois mots d’ordre.

« CROIRE, COHESION, SACRIFICE ». Ces trois mots résument l’enjeu du match. Nous devons y croire car nous pouvons nous imposer à condition d’être soudé, de faire preuve de cohésion et d’avoir le sens du sacrifice. Sacrifice pour le club, pour ce qui est peut-être ce dernier match de l’année, ou à contrario pour ce match qui peut nous permettre d’accéder à l’échelon supérieur et qui nous qualifiera pour la finale.

Le match commence. Nous prenons bien évidement le jeu à notre compte. Les joueurs de Farense se contentant de procéder en contre uniquement. Cette première mi-temps est dominée par mes joueurs. Nous jouons la 42ème minute et Borges reprend un ballon venu d’un centre qu’il catapulte au fond des filets ! 0-1 en notre faveur. J’exulte et mon adjoint me saute dans les bras. Nous avons fait la moitié du chemin. Je demande de la concentration à mes joueurs, ne pas prendre un but avant la mi-temps est primordial. Quatre minutes plus tard l’arbitre renvoient tout le monde aux vestiaires. La concentration est de mise au même titre que les encouragements. L’équipe semble plus soudée que jamais. Le président est même descendu dans le vestiaire durant cette pause. Nous sommes une équipe et nous sommes tous ensemble.

Nous sommes de retour sur le terrain et dès la 50ème minute je demande à mes joueurs de casser le rythme, de jouer de façon très prudente et très lente. Le pressing adverse n’est pas efficace et le temps joue pour l’instant en notre faveur. Nous faisons courir l’adversaire et nous le fatiguons. Mon but est d’accélérer au moment où ils seront le plus vulnérable, à l’entrée du dernier quart d’heure. Mais la 65ème minute va remettre tous mes plans en question. Nous encaissons un but et la donne est totalement différente à présent. Un peu abattu au moment où le ballon franchit la ligne de but, je reprends vite mes esprits pour donner de la voix et encourager mes joueurs. Il nous suffit toujours d’un but pour nous qualifier et accrocher cette montée. Mais à présent si le score en reste là nous serons éliminés. Avec mon adjoint nous échangeons durant cinq bonnes minutes. Nous effectuons un premier changement et Batistuta entre en jeu à la place de Postiga. Nous gardons notre schéma tactique mais désormais nous mettons du rythme, nous proposons des solutions, du mouvement et un pressing haut et agressif. Le temps réglementaire se finit et nous entamons les trois minutes de temps additionnel. Borges hérite d’un nouveau ballon. Sa frappe est contrée. Borges à nouveau, il n’y a plus que lui dans cette fin de match. Il tente sa chance à l’entrée de la surface… Sa frappe vient se loger dans le filet opposé. Je laisse exploser ma joie. Le banc exulte derrière moi. Les joueurs entrent sur la pelouse à la poursuite de notre sauveur. Notre célébration dure une bonne minute avant que l’arbitre parviennent à nous faire regagner notre banc. L’équipe bras dessus, bras dessous est désormais debout à ma hauteur. Je demande à toute l’équipe de défendre, je veux tout le monde dans nos trente derniers mètres. Les ballons que nous renvoyons sont directement rendu au gardien adverse. Les deux minutes qui viennent de s’écouler me semblent être les plus longues de toute ma vie. Mon cœur bat à une telle cadence que j’ai bien l’impression qu’il va me sortir de la poitrine. Une énième offensive adverse et la balle sort du terrain. Je demande à mon gardien de gagner un maximum de temps. Dix, quinze, vingt secondes de gagner. Un coup d’œil à ma montre, puis à l’arbitre. Ce dernier porte le sifflet à la bouche et donne les trois coups de sifflet finaux. Un raz de marée envahit la pelouse. De mon côté je m’agenouille, je ne parviens pas à savoir si ce que je vis est réelle ou non. Mon adjoint me remet debout et m’enlace. S’en suivent = ensuite les kinés et quelques joueurs qui ne sont pas au milieu de la mêlée qui s’est crée sur Léandro Borges, notre sauveur ce soir.

Je finis par m’asseoir sur le banc pour souffler, laisser retomber toute cette pression. L’ambivalence des émotions que je ressens ne me ramène toujours par sur Terre. Je me contente de regarder la scène de joie qui se déroule devant moi. Nous sommes promus en deuxième division, le retour vers Tronfa va être long, bruyant et sans doute épuisant.

Mais nous allons vite devoir nous replonger dans le bain, dans une semaine nous affrontons la réserve de Braga pour la finale de ces play-offs, pour le match du titre.

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Ton histoire est vachement prenante et la suite donne envie…
De sacrés rebondissements surtout sur la partie privée… :+1:

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Merci pour ton message. Ca fait toujours plaisir de lire de nouveaux commentaires et aussi motivant pour la suite.

J’espère que la suite te plaira tout autant. :slight_smile: :slight_smile:

Cordialement,
Hero.

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Carlos est devant le Monumental Palace. D’un signe de la main il attire mon attention au cas où je ne l’avais pas vu. Il reste dix minutes avant les vingt-heures. J’ai vu Carlos en début de semaine pour me briefer à cet entretien. Si nous avons longuement discuter de notre montée, désormais acté, il m’a longuement expliqué que le rendez-vous de mercredi n’avait rien d’anodin. Cela fait un an que lors de chacun de nos matchs, un émissaire de Jorge Mendes vient m’observer comme un recruteur observerait un joueur.

Nous pénétrons dans les lieux et instantanément je sens que je rentre dans un autre monde, un autre univers comme si je savais immédiatement qu’après ce rendez-vous plus rien ne serait comme avant pour moi. Que je ne serai plus uniquement ce petit entraineur à la réputation plus que modeste qui entraine un club qui ne l’est guère plus, dans une division qui n’attire pas même les télévisions nationales.

Mon interlocuteur se trouve déjà à table. Par politesse il se lève à notre approche. La poignée de main est franche, viril mais bien attentionné avec la seconde main qui se pose sur notre poigne. Nous reconnaissons immédiatement le style Mendes. Costard noir, cravate noire sur chemise blanche, coiffure ajustée, sourire de charmeur et de beau parleur, téléphone fixé à la main.

-Bonjour Guillaume enchanté moi c’est Ricardo.

Je lui rends la politesse tout en regardant autour de moi, comme si je devais encore m’acclimater à cette ambiance luxueuse, caractéristique du foot-business.

*-Voilà comme a dû te dire notre ami en commun, ici présent, je suis agent d’entraineur, je travaille pour la société Gestifute dirigé par Jorge Mendes. Inutile de le présenter. Il a fait ses preuves au cours des années et auprès des plus grands. *
Voilà pour la partie présentation, si j’ai demandé à te rencontrer c’est que tu as attiré mon attention au cours de ta première demi-saison. Ta qualité de jeu, ta vision du foot, et tes résultats qui en découlaient ont fait que je me suis intéressé à toi et à ton équipe depuis le début de saison. Tout ça s’est confirmé cette année avec cette montée que tu viens d’acquérir. D’ailleurs je manque d’amabilité car j’ai omis de te féliciter pour ça. Je t’adresse mes excuses pour cet oubli et mes félicitations pour l’accession. Tu vas entrer dans une nouvelle ère. Celui du monde professionnel dès l’année prochaine, enfin à la condition que ton contrat soit prolongé. Tu es jeune et ambitieux, j’ai discuté de tes projets avec Carlos. Je peux t’aider à y parvenir pour gérer tous les aspects extras-sportifs liés à ton contrat ou à la publicité. Mon rôle est aussi de mettre en relation mes clients avec les connaissances dont je dispose dans le monde du football afin de proposer éventuellement leur service à des postes précis.

La discussion durera près d’une heure. Je suis conscient qu’un agent serait un atout supplémentaire pour parvenir à mes objectifs. D’autant qu’à vrai dire je n’avais même plus pensé à mon contrat qui se termine dans un mois. Ça m’était complètement sorti de la tête avec cette course à la montée. Ce rappel de Ricardo, ou cette omission de ma part, me fait prendre conscience que je ne suis peut-être pas prêt à faire face, seul, pour le football de haut niveau. Ou en tout cas que je n’en maitrise pas encore tous les aspects. Nous convenons d’un accord plus tard dans la soirée. Il sera mon agent mais il devra traiter avec un avocat qui me représentera et me conseillera. Je connais la manière de faire de Mendes et je veux me protéger de toute mauvaise surprise. C’est une condition sin e qua non que j’impose pour bosser avec la société de Mendes. Immédiatement je transmets le numéro d’Assia à Ricardo, en lui demandant de patienter que je lui en parle, car elle n’est pas au courant. Je veux qu’ Assia soit mon avocate.

Il est très tard quand je regagne ma chambre d’hôtel en pensant à mon contrat qui prend fin dans deux semaines et demie. Comment j’ai pu ne pas y penser. Et comment les dirigeants peuvent-ils naviguer à vue à ce point. C’est un peu désorienté par la politique du club et la stratégie à mon égard que je vais me coucher. Tard… Le sommeil peine à venir à l’idée que je peux me retrouver sans emploi début juillet.

Le soleil tape en ce dimanche après-midi. La température avoisine les trente-deux degrés en ce milieu du mois de juin. Il fait donc chaud à Aves, ville qui accueille la finale des play-offs. La finale se joue sur terrain neutre et sur un seul match. Nous affrontons l’équipe réserve de Braga. La pression ne cesse de monter depuis ce matin car nous jouons pour le titre de champion de troisième division. Le stade est loin d’être plein à peine 1700 supporters. Mais une partie de notre claque, c’est ainsi qu’on appelle les groupes de supporters au Portugal, a fait le déplacement avec nous. En entrant sur la pelouse ils se font entendre de toute leur voix. Ça a d’ailleurs été mon discours d’avant match. De le faire pour les supporters présents ce soir et pour ceux qui sont restés à Trofa et qui n’ont pas pu faire le déplacement.

Le protocole d’avant match se finit devant le trophée du vainqueur que je n’ose pas regarder, un peu par superstition. Je regagne mon banc devant nos supporters, je les harangue des bras pour que leurs voix deviennent notre chant de guerrier, notre douzième homme tout au long de la rencontre. Ils me répondent par des applaudissements en se levant entonnant mon nom durant de longues minutes. Je repense aussi à tout le chemin parcouru depuis un an et demi et je sais que ce match peut en être la concrétisation et la consécration. J’ai d’ailleurs sorti le costume-cravate pour l’occasion… Mon téléphone vibre, c’est Ricardo qui m’envoie tous ses encouragements. Le geste est appréciable.

Le coup d’envoi est donné et mon équipe prend immédiatement les choses en main, pas timorés par l’enjeu de ce match. Très vite je tombe la veste. La première mi-temps n’a rien d’une finale tant il y a peu de déchet dans notre jeu. Souvent ce genre de match est un peu paralysé par l’enjeu. Ce n’est clairement pas le cas de mon équipe. José, mon adjoint, se tient à mes cotés durant la quasi-totalité de cette première période. Nous échangeons de longs instants sur les faiblesses de notre adversaire. Nous corrigeons certaines choses mais rien n’y fait pour le moment nous ne marquons pas et le score est toujours nul et vierge après la demi-heure de jeu. L’équipe se fatigue légèrement sans doute dû aux nombreux efforts du début de match. Braga se fait un peu plus pressant, un peu plus juste dans les passes et Lourency va concrétiser leur temps fort à la 39ème minute. Je me dépêche de replacer mes joueurs et de les encourager. Je tape dans mes mais aussi fort que possible. Je me retourne vers nos supporters et leur demande de chanter tout ce que leurs cordes vocales seraient capable de crier. Rien ne changera jusqu’à la mi-temps que l’arbitre siffle après une petite minute de temps additionnel. Il nous reste quarante-cinq minutes pour égaliser et essayer d’aller accrocher ce titre, le premier de ma jeune carrière.

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Bravo, c’est plaisant à lire :+1:t4::wink:

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Merci, je me suis inspiré du meilleur ici sur ce type de story… C est toi :smirk::smirk: episodes beaucoup plus court, plus de photos.

Je trouve ta façon de faire beaucoup mieux que la mienne, du coup je m en suis inspiré.

Merci à toi en tout cas :blush::blush:

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Agenouillé devant mon banc de touche, mon bras droit, est posé sur mon genou soutenant ma tête au niveau du front. Le bras gauche est posé sur le sol. Le regard dans la même direction. Je ne peux contenir mes larmes. Des perles salées roulent sur mes joues pour mourir au bas de mon menton. L’arbitre a sifflé la fin du match depuis une bonne minute. Sur la pelouse certains joueurs sont dans le même état que moi. L’ambivalence des émotions entre les deux équipes est compréhensible tant ce match avait une importance particulière. Nous étions menés par un but à la mi-temps et nous sommes revenus avec des intentions claires, celle d’aller chercher ce titre. Les joueurs ont tout donné jusqu’à la dernière minute. Nous avons dû lutter, batailler, mais nous avons toujours gardé nos principes de jeu. Nous sommes finalement parvenus à égaliser à la 85ème minute par Batistuta avant d’obtenir un pénalty à la 92ème minute. Ce fut, je pense, le moment le plus stressant de toute ma vie. La minute la plus longue et la plus difficile à vivre de toute mon existence. Bien plus que ce moment où je me trouvais dans les cités parisiennes, où je jouais pourtant ma survie, ce moment qui me hante encore parfois durant mes nuits cauchemardesques. Preuve que le foot est encore un fois un monde à part.

Musa Yahaya, lui s’est présenté face au gardien de Braga et n’a pas tremblé. Il a catapulté le cuir au fond du filet. Là encore le banc s’est levé d’un seul homme à la poursuite du buteur qui se trouvait pourtant de l’autre coté de l’aire de jeu. J’ai instinctivement suivi le mouvement, sans me poser de question. L’arbitre a peiné pour nous faire regagner le banc. Il lui aura fallu au final trois bonnes minutes pour reprendre le contrôle de l’aire de jeu.

Au coup de sifflet final ce fut la délivrance. Mon corps comme fatigué, épuisé de toute ces émotions et ce travail depuis le début de l’année, n’a rien trouvé d’autre que de prendre appui au sol. Mes jambes, mon torse, mes bras, tous pesaient une tonne. Les joueurs eux ont bien évidement envahit la pelouse. Voilà maintenant une, deux minute, peut-être plus, peut-être moins que je suis dans cette position. A vrai dire j’ai perdu la notion du temps. C’est José qui finit par me sortir de mon état léthargique. Il me relève, me prends dans ses bras.

-On l’a fait ! Nous sommes champions de troisième division. Félicitations Guillaume !

Essuyant encore mes larmes derrière le dos de José je lui glisse dans l’oreille avant de l’embrasser dans le cou :

-Non, félicitations à vous tous. Tout le staff, les joueurs, les supporters. Vous avez tous était merveilleux.

Toute l’année j’ai prôné que nous étions une équipe, je n’ai jamais mis des joueurs en avant que ça soit pour critiquer ou féliciter. Quand on me questionnait sur le fait que Pedro Soares ne prenait pas de buts je répondais que toute l’équipe participait au travail défensif. Quand on m’interrogeait sur la forme de Leandro Borges et sa réussite dans la zone de vérité, je martelais que l’équipe jouait collectivement pour lui amener les ballons dans les meilleures conditions. Alors aujourd’hui c’est la victoire de tout un groupe. Il n’y a pas d’individualité dans le football. Des hommes comme Cristiano ou Messi peuvent écrire le scénario d’un match ou le changer à eux seuls mais ils dépendent quand même du collectif. L’équipe fait les efforts défensifs pour qu’ils ne se fatiguent pas et puissent rester lucides en phase offensives par exemple.

Je finis par rejoindre mes joueurs sur la pelouse. Certains chantent, d’autres revêtissent le drapeau de leur pays en guise de cap, d’autres encore sont en visio avec des proches. Je les félicite un par un. Les étreintes sont féroces, et durent parfois plusieurs dizaines de secondes. Individuellement je leur glisse un petit mot à l’oreille. C’est finalement le staff et les joueurs qui se réunissent au centre de la pelouse pour se congratuler. Je demande aux joueurs de bien vouloir aller saluer les supportes qui chantent à notre gloire.

Mika notre capitaine se trouve au milieu de l’estrade placé sur la pelouse. Un à un nous sommes passé récupérer notre médaille et bien évidement nous avons fait une haie d’honneur aux joueurs de Braga qui ont fait une saison formidable durant la phase de groupe.

Après les différents poignes de main du président de la fédération et de ses partenaires Mika s’empare du trophée. Il se tourne vers nos supporters. Il jette un regard derrière lui comme pour s’assurer que toute l’équipe se tient prête à célébrer ce moment. Et il finit par brandir le trophée, orné sur chacun des cotés des couleurs du club, vers le ciel.

La coupe passe de main en main. Je suis le dernier à la recevoir. Je lui jette regard amoureux, le même que j’ai posé sur Sonia le jour de notre rencontre, le même que j’ai posé sur elle le jour de notre mariage quand je l’ai découvert dans sa robe blanche. Un coup d’œil en bas du trophée avant de le soulever au-dessus de ma tête pour y voir gravé : TROFENSE.

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Toujours aussi bien raconté…

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Merci beaucoup, c’est toujours un plaisir de lire ce genre de commentaire. Et ça donne encore plus envie d’envoyer la suite. :slight_smile: :slight_smile:

Quel pied ! Ah quel pied ! Comme disait Thierry Roland.

Je suis du même avis.

Superbe chapitre!
L’émotion du moment est retranscrite de vive manière. Bravo!