Réponses aux lecteurs
@alexgavi oui c’est bien normal surtout vu leur jeunesse après avec la qualif inespéré on peut espérer pouvoir garder quasiment tout le monde.
@VertPourToujours tout à fait et ça fait du bien.
@FC_Guimaraes quelques infos sur l’avenir du fils Guimarães
Il avait l’âge des grands frissons et des questions trop lourdes pour ses épaules. L’été, cette année-là , aurait dû avoir un goût de triomphe et de tendresse retrouvée. Victor venait de rentrer de son stage à la fédération, auréolé d’un nouveau succès au prestigieux tournoi de Montaigu, remporté pour la seconde année consécutive. Dans l’histoire de la compétition, rares étaient ceux qui avaient laissé une empreinte aussi brillante. Les scouts, eux, ne s’y trompaient pas. Les géants d’Europe avaient tous coché son nom : Manchester City, le Real Madrid, le Napoli, Arsenal, le PSG… même Valladolid, lieu de sa naissance, s’était manifesté. Le monde s’ouvrait à lui, les opportunités pleuvaient. Mais Victor, lui, hésitait.
Il aurait pu savourer. Se perdre dans la lumière, comme tant d’autres. Mais il n’était pas comme tant d’autres. Depuis quelques semaines, il dĂ©couvrait une famille, la sienne, au sens le plus intime du terme. Il apprenait Ă rire avec Beatriz, Ă veiller sur les jumeaux, Luisa et Pedro. Il observait Yessica, comme une Ă©toile apaisĂ©e, comme une femme qui avait su embrasser sa place sans faire d’ombre Ă celle des autres. Et au centre de tout, il y avait AnĂbal. PrĂ©sent, discret, intense. Un père dĂ©sormais, mais surtout un homme que Victor avait d’abord admirĂ© de loin, puis redĂ©couvert de l’intĂ©rieur. Une lĂ©gende vivante, oui. Mais surtout un homme avec ses fĂŞlures, ses silences, ses maladresses et ses Ă©lans de tendresse mal camouflĂ©s.
Et pourtant, derrière les sourires, l’angoisse persistait. Victor aimait Vianense. Il aimait ce club, ses couleurs, ses gradins. Il y avait été formé, il y avait grandi. Mais comment rester, quand le regard des autres risquait de changer ? Quand la vérité éclaterait, quand ses coéquipiers comprendraient qu’il n’était pas seulement le prodige du centre, mais aussi le fils du coach, de l’idole, du mythe ? Il redoutait leurs murmures, leurs soupçons de favoritisme, leur jalousie dissimulée. Il ne voulait pas être le “fils de”, il voulait mériter. Et ce nom, “Guimarães”, pourtant absent de ses papiers, pesait déjà comme un héritage collé à sa peau.
AnĂbal, de son cĂ´tĂ©, voyait bien l’agitation derrière le regard de son fils. Il l’avait lui-mĂŞme vĂ©cue, cette lutte intĂ©rieure entre identitĂ© et destin. Alors il avait dĂ©cidĂ© d’agir Ă sa manière. Sans discours pompeux. Sans grandes dĂ©monstrations. Un soir, sur la terrasse de la villa, pendant que la brise faisait danser les rideaux et que les cris de Luisa et Pedro rĂ©sonnaient encore dans la maison, il s’était assis Ă cĂ´tĂ© de Victor. Un verre d’eau fraĂ®che Ă la main. Un silence d’abord. Puis une main posĂ©e sur l’épaule. Et ces mots, simples, murmurĂ©s, presque cassĂ©s par l’émotion :
“Tu n’es pas moi. Tu n’as pas à l’être. Tu es Victor. Et tu vas écrire ton propre chemin. Que ce soit ici… ou ailleurs. Mais si tu restes, sache que tu l’auras mérité. Et que tu n’as rien volé à personne.”
Victor ne répondit pas tout de suite. Il regarda son père. Et pour la première fois, il ne vit ni le coach, ni la légende, ni le guerrier tatoué. Juste un père. Le sien. Il hocha la tête. Il n’avait pas encore décidé de ce qu’il ferait. Peut-être partirait-il. Peut-être resterait-il. Mais il savait qu’à cet instant précis, il n’était plus seul.
Et dans le vent tiède de cette nuit de juillet, deux générations Guimarães se regardaient enfin, sans peur, sans faux-semblants.