Réponses aux lecteurs
@CaptainAmericka C’est bien possible s’il continue sur son niveau de performances.
Viana do Castelo, juillet 2042.
L’air avait un goĂ»t diffĂ©rent cette annĂ©e. Un mĂ©lange d’ambition retrouvĂ©e et de tension contenue. Après une saison au scĂ©nario presque invraisemblable, Vianense, modeste bastion du football lusitanien, avait dĂ©crochĂ© une place sur le podium de la Liga Betclic. Troisième. Derrière les gĂ©ants. Devant les puissants. Un exploit majuscule qui ouvrait Ă la bande d’AnĂbal GuimarĂŁes les portes du troisième tour prĂ©liminaire de la Ligue des Champions. Mais en coulisses, le triomphe avait un revers. Les projecteurs avaient attirĂ© les vautours. Et dans les bureaux du club, le mercato allait devenir une guerre d’usure.
Parmi les joueurs les plus ciblés, Carlos Simões n’était pas une surprise. L’international angolais, formé au club, symbolisait à lui seul la trajectoire de Vianense : discret, travailleur, fidèle, et diablement efficace. À 20 ans, il venait d’enchaîner sa quatrième saison pleine avec une régularité de métronome et une montée en puissance que même les observateurs les plus sceptiques ne pouvaient plus ignorer. Libéro d’une modernité rare, autant à l’aise dans les duels qu’à la relance, Simões attirait l’œil. Et les clubs anglais ne s’y étaient pas trompés.
Tottenham, Wrexham, Southampton, Sunderland, Brentford… et surtout Everton, furent les premiers à concrétiser leur intérêt.
L’offre des Toffees tomba un matin d’été, comme une détonation feutrée. Un fax. Sobre. 18 millions d’euros. Du jamais vu pour un joueur angolais issu de Vianense. Dans n’importe quel autre contexte, un tel montant aurait provoqué des réunions d’urgence, des hésitations, des calculs. Mais ici, à Viana,les convictions valaient plus que les chiffres. Hugo Viana, directeur sportif du club et artisan discret de la montée en puissance du projet, convoqua le joueur. Il ne tourna pas autour du pot. Il lui montra l’offre, puis leva les yeux. « Tu connais notre position, Carlos. Tu fais partie de cette aventure. Tu es essentiel. Pas vendable. » Le ton était posé. La décision ferme. Le message clair.
Et Simões, fidèle à son tempérament, ne broncha pas. Ni chantage, ni menace. Juste un hochement de tête. Un regard droit dans celui de Viana. Et une phrase, glissée calmement
« J’ai grandi ici. Je veux écrire l’histoire ici. »
Quelques heures plus tard, AnĂbal GuimarĂŁes confirmait la nouvelle en confĂ©rence de presse. Il Ă©voqua la loyautĂ© de son joueur, sa mentalitĂ© irrĂ©prochable, et le rĂ´le central qu’il aurait dans l’aventure europĂ©enne Ă venir.
« Il y a des joueurs qu’on ne remplace pas avec un chèque. Carlos en fait partie. »
Puis il ajouta, presque Ă voix basse, comme pour lui-mĂŞme :
« Quand on veut bâtir un club, il faut garder ceux qui savent ce que cela coûte. »
Dans un été agité par les convoitises et les manœuvres de coulisse, Vianense avait su dire non. Et dans cette Ligue des Champions qui se dessinait à l’horizon, Carlos Simões serait là . Dans l’axe. Comme toujours.