Réponses aux lecteurs
@Rhino ça me fait du mal de voir où il pars mais c’est bon pour le storytelling.
@CaptainAmericka C’est ce que je me dit aussi.
Les camĂ©ras clignotaient, les micros frĂ©missaient. Le mercato battait son plein, et Vianense, dĂ©sormais club scrutĂ©, Ă©tait devenu cible. Raimundo Ă©tait dĂ©jĂ parti. Elton Duarte venait d’en faire de mĂŞme. D’autres suivraient peut-ĂŞtre. Et ce jour-lĂ , AnĂbal GuimarĂŁes, fidèle Ă lui-mĂŞme, n’avait pas fui.
Il entra dans la salle de presse sans lunettes de soleil, sans sourire de façade.
Costume bleu marine, chemise blanche impeccable, écusson du club soigneusement brodé sur le coeur, regard fixe. Une épaule tendue. L’autre relâchée.
Le message était déjà dans sa posture.
Il s’assit, et d’un signe discret, donna le feu vert.
La première question fut l’une des plus douces.
« Mister, pouvez-vous commenter le début de mercato de votre club ? »
Il acquiesça lentement.
« On a été clairs en interne. Certains joueurs ont reçu un bon de sortie. Pas tous ne partiront. On a anticipé. On s’est préparés. Le club avance. »
Il marqua une pause. Puis ajouta, d’une voix plus grave :
« Et surtout : le club est plus grand que n’importe quel joueur. Ceux qui pensent l’inverse savent où se trouve la sortie. »
La phrase, nette, tomba comme une lame. Plusieurs têtes se tournèrent.
Alors une question fusa. Celle que tout le monde attendait :
« Mister… ce message s’applique-t-il au départ de Raimundo ? »
AnĂbal se redressa, puis posa franchement les deux mains sur la table.
« Oui. »
« Raimundo a été soutenu ici, quand il a quitté le Sporting. Il a été protégé, accompagné, lancé. Il a une seule saison pleine en pro. Une seule. Et déjà , il pense savoir mieux que ceux qui l’ont fait jouer. »
« Je ne suis pas en colère. Je suis déçu. Décu par l’Homme. »
Il regarda droit dans les yeux celui qui avait posé la question.
« On parle de millions, de clauses, de projecteurs. Moi je parle de trajectoires. Et là , je vois un gamin mal conseillé. Et je vous le dis ici : il ne fera pas la carrière qu’on lui promet. »
Silence dans la salle. Certains journalistes prirent une respiration plus courte que les autres.
Mais AnĂbal n’avait pas fini.
« Heureusement, ce club ne manque pas de talents. Derrière ceux qui partent, il y a des jeunes qui grattent à la porte. Qui veulent vraiment. Qui respectent ce maillot. Qui ont faim. »
Il se leva. Lentement. Sans geste brusque.
« Ce mercato n’est pas une fin. C’est une mue. Et on verra, en mai, qui aura eu raison. »
Ce soir-là , à Viana, les radios nationales diffusèrent en boucle ses mots.
Et dans les rues, on commença déjà à parler de Francisco Maior, de Diogo Guimarães, de Nhlanhla.
Car derrière chaque dĂ©part, AnĂbal ne voyait pas une perte. Il voyait un appel d’air .