:storygreen: :s19: đŸ‡”đŸ‡č :vianense: O LeĂŁo de Lisboa

Réponses aux lecteurs

@FC_Guimaraes alors que pensez-vous de cet arc ? J’ai chialĂ© sur cet Ă©pisode :sac:

- « Anibal ? Ma fille vous avez Ă©crit une lettre Â» -

Tbilissi, Géorgie. Neige fine, douleur épaisse.

L’avion privĂ© atterrit en douceur sur le tarmac dĂ©trempĂ© de l’aĂ©roport international de Tbilissi. À bord, aucun mot n’avait Ă©tĂ© prononcĂ© depuis plus d’une heure. Seuls les moteurs, les souffles longs et quelques regards volĂ©s vers le hublot.

AnĂ­bal GuimarĂŁes, RĂșben Amorim, Hugo Viana
 et Victor Khutsishvili, le gamin de 14 ans qui, quelques jours plus tĂŽt, rĂȘvait encore de toucher les Ă©toiles.

Il ne pleurait pas. Il ne parlait pas. Mais tout dans sa posture — la nuque basse, les poings serrĂ©s, les yeux rougis — criait une dĂ©tresse plus profonde que tout ce que ces hommes de football avaient connu.

Sa mĂšre venait de mourir. Et avec elle, peut-ĂȘtre, son avenir.

À la sortie de l’aĂ©roport, une vieille femme l’attendait. Sa grand-mĂšre maternelle. Robe noire, Ă©charpe beige, des mains usĂ©es, un regard franc. Elle le prit dans ses bras sans un mot, simplement, comme si elle voulait absorber toute sa peine dans sa peau. Puis elle releva la tĂȘte vers les trois hommes, lĂ©gĂšrement sur la dĂ©fensive.

Mais lorsqu’AnĂ­bal s’avança pour se prĂ©senter, quelque chose changea.

Elle le fixa. Longtemps. Les yeux plissĂ©s. Comme si un puzzle vieux de quinze ans venait soudain de s’emboĂźter.

« Vous ĂȘtes
 AnĂ­bal GuimarĂŁes ? »

Il acquiesça, surpris.

Elle hĂ©sita, se tourna discrĂštement vers l’une de ses filles, puis revint Ă  lui dans l’intimitĂ© du salon familiale, bouleversĂ©e.

« Elle a laissĂ© une lettre pour vous. Avant de
 partir. Elle a demandĂ© qu’on vous la remette si vous veniez. »

Il ne comprit pas. Ou plutĂŽt : il ne voulut pas comprendre. Pas tout de suite.

Ce n’est qu’aprĂšs la cĂ©rĂ©monie, dans la chambre austĂšre d’un hĂŽtel sur les hauteurs de Tbilissi, qu’AnĂ­bal ouvrit l’enveloppe.

L’écriture, fine et inclinĂ©e, Ă©tait la sienne. Cette lettre Ă©tait Ă©crite de la main d’Anna.

Ani,

Si tu lis cette lettre, c’est que le temps m’a filĂ© entre les doigts plus vite que prĂ©vu. Je pensais avoir encore quelques mois. Juste assez pour parler Ă  Victor. Pour lui dire la vĂ©ritĂ©. Pour te l’annoncer autrement, j’ai essayĂ© avant NoĂ«l mais je n’ai pas eu la force.

La maladie a Ă©tĂ© plus forte. Comme souvent dans ma vie, j’ai perdu Ă  la derniĂšre minute.

Je ne t’ai jamais parlĂ© de lui. Parce que, quand je suis tombĂ©e enceinte, tu Ă©tais ailleurs. Tu Ă©tais dans ton rĂȘve, dans ton monde. Le football, les voyages, la fuite en avant. Moi, je voulais de la stabilitĂ©. Et je savais que tu ne pouvais pas encore la donner. Alors je suis partie. J’ai gardĂ© ça pour moi. J’ai fait au mieux. Peut-ĂȘtre mal, peut-ĂȘtre bien, je ne sais pas.

Victor est nĂ© Ă  Valladolid, en Juillet 2027. Tu Ă©tais encore lĂ , quelque part, sur un banc de touche ou sur une route vers un nouveau contrat. Je t’avais suivi aprĂšs ton dĂ©part de Vianense dans l’espoir de
 J’ai finalement accouchĂ© seule. Mais je ne t’en ai jamais voulu.

Victor a commencĂ© Ă  s’intĂ©resser au football Ă  mon grand dĂ©sarroi. Les chiens ne font pas des chats comme on dit. Je l’ai alors inscrit Ă  l’école de football de Viana, sans savoir que tu y reviendrais un jour. Victor ne sait rien. Je comptais lui parler. Mais pas encore. Pas alors que je n’étais pas sĂ»re de ce que tu aurais fait. Mais aujourd’hui
 aujourd’hui, je veux te demander une seule chose :

Ne le laisse pas tomber.

Aime-le comme tu aurais aimé le connaßtre.

ProtĂšge-le, mĂȘme s’il ne sait pas encore qui tu es. Attends le bon moment pour lui raconter son histoire.

Tu n’as jamais Ă©tĂ© parfait, Ani. Mais tu as toujours Ă©tĂ© loyal Ă  ce en quoi tu croyais.

Et lui, c’est toi. Il le porte dans ses yeux. Dans sa façon de courir. vous aurez beaucoup à apprendre l’un de lautre.

Tu verras.

Anna.

AnĂ­bal resta longtemps assis, la lettre dans les mains.

Pas d’explosion. Pas de larmes. Juste un vertige.

Puis il se leva, descendit dans le salon de l’hĂŽtel oĂč Hugo et RĂșben l’attendaient.

Il parla d’une voix calme. BrisĂ©e, mais droite.

Victor
 est mon fils. Depuis tout ce temps. Et je n’en savais rien.

Personne ne rĂ©pondit. MĂȘme RĂșben, pourtant rarement Ă  court de mots, garda le silence.

AprĂšs un long moment, Hugo prit la parole.

Alors il va avoir besoin de toi. Encore plus qu’avant.

Le lendemain, une réunion fut organisée avec la famille. La grand-mÚre, digne, écouta en silence. Les tantes opinÚrent. Une larme coula sans bruit.

AnĂ­bal s’engagea. Solennellement. À prendre sa place. À ne rien brusquer, mais Ă  ĂȘtre lĂ .

Toujours.

Ils se mirent d’accord.

Victor ne saurait rien pour l’instant. Il fallait du temps. Du calme. Du deuil.

Ils lui diraient tout Ă  la fin de la saison, lorsqu’il serait prĂȘt. Lorsqu’il pourrait accueillir cette vĂ©ritĂ© comme une promesse, et non comme une tempĂȘte.

Et dans l’avion du retour, Victor s’endormit pour la premiĂšre fois depuis trois jours. La tĂȘte posĂ©e contre le bras d’AnĂ­bal. Sans savoir. Mais sans crainte.

Et Aníbal, les yeux fixés sur les nuages, comprit une chose :

Parfois, les rĂȘves que l’on pensait perdus
 reviennent sous une autre forme.

- Chapitre 660 -
- Lamine dos Santos pisté en PL -
- Chapitre 662 -
Coming SOON - 10/05
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