Le 2 décembre 2023
Trente-huitième et dernière journée de championnat. Suwon Bluewings, 12e, reçoit Gangwon, le 11e. Seule la victoire peut encore sauver les Bluewings d’une saison apocalyptique… Le stade de Suwon, le Big Bird, retient son souffle. Nous sommes dans les arrêts de jeu, le tableau d’affichage indique 0-0… L’arbitre consulte son chrono et siffle la fin du match !
Les Bluewings joueront la saison prochaine en K-League 2 !
Depuis son année de fondation, 1995, c’est la première fois que le club est éjecté de l’Élite. Plus habitués à la gloire avec 4 titres en K-League 1 et deux Ligues des Champions d’Asie, les supporters sont abattus.
La quĂŞte du renouveau
Le club n’a jamais donné les rênes de l’équipe à un entraîneur étranger. Pourtant, il se chuchote, dans les coulisses, que cette fois la direction de l’équipe pourrait franchir le pas… Les supporters veulent que le club retrouve l’Élite au plus vite, peu importe les moyens. Le fruit est mûr…
À moitié coréen par ma maman, j’avais entendu parler des déboires du Bluewings, pourtant un des clubs phare de la K-League. Propriété de Samsung, le club se voulait un des fleurons du Football coréen, mais comme nous le savons, @VertPourToujours en tête, aucun club, aussi prestigieux fût son passé, n’est à l’abri d’une relégation.
Décembre était maintenant derrière nous, le mois de janvier avançait, le camp d’entraînement était en cours, les supporters commençaient à s’impatienter : qui allait devenir le neuvième entraîneur du club ? Quelques pistes intéressantes avaient rapidement dû être abandonnées, le temps pressait. Et mon téléphone sonna !
Ce fut une surprise : c’était Lee Woon-Jae, le légendaire gardien coréen qui avait mené son pays à la demi-finale de la Coupe du Monde 2002. Seize années comme international (1994-2010), 131 sélections, et 14 ans à Suwon Bluewings (1996-2010). Une véritable légende aux yeux des partisans quoi !
Woon-Jae avait suivi avec attention ma carrière, il savait que la reconstruction d’équipes faisait partie de mes forces (et de mes fantasmes les plus inavouables).
« Les équipes d’expansion en MLS, la Russie, la Chine, le Mexique, vous êtes l’homme qu’il nous faut M. Beaubien. En tant qu’entraîneur des gardiens, j’ai pris la liberté d’en parler avec mon comité directeur et il a montré un intérêt certain. Il m’a demandé de vous contacter puisque c’était mon idée. Nous voudrions vous voir au club le plus tôt possible, si l’aventure vous intéresse. »
Suwon ! Près de Séoul. Des années que je voulais y retourner depuis ma courte expérience sur l’île de Jeju. Évidemment que cela me tentait, d’autant plus que les frais de déplacement étaient supportés par Cheil Worldwide, la compagnie de gestion qui s’occupait de toutes les équipes sportives du groupe Samsung.
Je fus accuilli par M. Park Kyung-Hoon, le directeur général du club.
Il fut limpide : ils étaient aux abois, ils avaient besoin, pour hier, d’un entraîneur capable de redresser le bateau ivre, et je présentais un immense avantage puisque je me débrouillais bien en coréen et que j’étais eurasien, belgo-coréen. Cela valait mieux que de demander à un oein (étranger). Le club voulait engager un coréen pour ne pas rompre avec la tradition mais s’était finalement résolu, devant le manque de potentiel des candidats, à s’ouvrir au monde. Je représentais donc un excellent compromis : pas tout à fait coréen, mais pas tout à fait étranger.
J’ai apprécié son honneteté, je ne pouvais qu’accepter le défi !
Une nouvelle aventure commence, il faut redorer le blason d’un des plus grands clubs de Corée du Sud :
SUWON BLUEWINGS |
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