:storyred: :s1: Jusqu'au bout du rêve


grave

Me voilà donc seul sur la Terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même.

Nous sommes un jeudi, Quartier Saint-Bruno, Cimetière de La Chartreuse, à Bordeaux. Le soleil printanier m’éblouit de toutes parts, et sèche les torrents de larmes qui jaillissent de mes yeux. Je jette une dernière fleur sur le cercueil qui disparaît 6 pieds sous terre. Aujourd’hui j’enterre ma dernière famille, mon frère, et plus rien ne sera plus jamais pareil.

Me voici, deux heures plus tard, assis sur la terrasse du Xaintrailles. Perdu dans mes pensées je ne me rappelle pas comment j’ai pu atterri ici. Une bière à la main, je me rappelle des soirs de matchs sur cette même terrasse animée. Nous nous y rendions souvent, Florian avait cette passion du football comme peu en ont. Il était entraîneur dans un club de la région, il préparait ses diplômes professionnels.

Je l’admirais, il commençait à réaliser son rêve, notre rêve : donner toute sa ferveur, toute son énergie à ses joueurs, à son club, à ses supporters. Il le faisait brillamment. Et c’est sur cette terrasse, ma bière à la main, encore nostalgique de nos moments vécus et des projets inachevés, que m’est venue l’idée et l’envie : Et si j’allais réaliser son rêve, mon rêve, notre rêve ?

Je venais de perdre ma vie mais j’allais ainsi en débuter une nouvelle, une vie pleine d’incertitudes, une vie qui jusque-là, pour moi, n’était que rêves et fantasmes.

Nous sommes un jeudi, Quartier Saint-Bruno à Bordeaux, et, malgré mon chagrin infini, je n’avais jamais connu aussi belle journée.


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les romans les romans :hoho:

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Ca faisait longtemps que j’hésitais à en faire une romancée et nos derniers amis m’ont motivé plus que jamais :sac:

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Et de 4 récits romancés en même temps !

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Très bien :slight_smile:

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Lendemain matin, 10h.

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Comme chaque matin je suis tout de même parti bosser, mais cette journée serait la dernière. J’attends patiemment dans le bureau de mon patron, qui est en réunion. Au bout d’une bonne demi-heure, celui-ci entre, me sourit, et me demande ce qui peut bien être si urgent pour vouloir lui parler un vendredi matin. Sans un mot, sans esquisser ne serait-ce qu’un sourire, je lui tends une lettre que j’ai rédigée dans la nuit. Au fur de sa lecture, sa bonne humeur s’efface. Un, deux, puis trois soupirs. Il voulait me garder à tout prix, sortant son baratin du «Vous êtes irremplaçable».
Justement, c’est la première leçon que mon frère m’a enseignée : «PERSONNE n’est irremplaçable, surtout dans le football.» Décidé, toujours muet, je prend la porte, ne lui laissant d’autre choix que d’accepter ma démission. Me voici désormais libéré de toute attache à mon ancienne vie, pour que la nouvelle puisse commencer.

En suivant, je sors mon téléphone dernier cri de ma poche et compose un numéro trouvé dans les affaires de Florian. La discussion est brève, dure quelques minutes, le rendez-vous est fixé à cet après-midi, dans un restaurant de l’Aéroport de Mérignac avec un certain Jean-Jacques.

Je monte dans le premier tram, impatient, pour rencontrer l’homme qui va peut-être me permettre de continuer le travail de mon frère.


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J’aime beaucoup pour le moment, continue ainsi

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J’aime toujours bien :slight_smile:

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Victoire, 11h26.

Je monte dans le bus, direction l’Aéroport. Mais, tout d’abord, laissez moi me présenter le temps du trajet.

J’ai grandi avec mon frère non loin de Bordeaux, dans les Landes. Mes week-ends étaient rythmés par le foot : notre père nous avait, dès l’âge de 6 ans chacun, inscrit dans notre petit club de Saint-Paul-Lès-Dax. J’y ai joué tous les postes, mais je n’ai jamais excellé dans aucun, contrairement à Florian qui, lui, était le plus prolifique des attaquants. Il était la star de l’équipe, repéré par les Girondins même en 98, où il intègrera la réserve. J’ai donc grandi en voyant mon grand frère jouer parfois avec les pros, écoutant les histoires des autres sur ses succès passés dans notre club.

Passé l’adolescence j’en ai eu marre du foot… Tout ce qui m’intéressait c’était l’alcool et les jolies filles. Pas fameux me direz-vous. Pendant ce temps j’avais un frère footballeur, qui, faute de talent suffisant, entamait sa reconversion professionnelle en tant qu’entraîneur.

Une fois mon bac ES en poche (miraculeusement), je me suis lancé dans un BTS dans le commerce : un choix par défaut, je suis allé là où on me voulait sans grande conviction. Bruno, mon patron, m’avait embauché à ma sortie de l’école il n’y a que 7 mois. Voyez donc mon pari fou : 22 printemps, tout juste sorti de l’école et je plaque déjà tout pour vivre mon rêve oublié. Certains appeleraient ça de la folie, d’autres du courage. Je sais juste que je n’ai plus rien à perdre.

Le bus s’arrête, nous sommes déjà à l’Aéroport. Ma montre indique 12:14. Je suis à l’heure, c’est parfait. J’entre au Hall A, monte les escalators et me rend dans l’un des restaurants, dont les fenêtres offrent une vue plongeante sur le tarmac. Au loin de la pièce j’aperçois un homme qui me fait signe de le rejoindre : c’est sans doute Jean-Jacques.

Nous échangeons une forte poignée de main, alors qu’il entame la conversation :

  • Bonjour Nathan. Ravi de faire votre connaissance. Asseyez-vous.

    Ecoutez, je suis désolé pour la perte que vous venez de subir, je suis de tout coeur avec vous, ainsi que le club. Votre frère faisait un travail incroyable chez nous, nous avons du mal à y croire encore…

  • Merci Monsieur, je sais qu’il aimait son travail aussi….

  • Il était très impliqué oui… Vous savez pourquoi je vous ai proposé cet endroit ?

  • Pas la moindre idée, non.

  • Votre frère venait souvent ici pour manger, pour les réunions. Il regardait les avions décoller, ses yeux s’émerveillaient à chaque fois. A cette même table il m’a avoué qu’il s’imaginait dans un avion, partant pour un match européen, mondial, lui à la tête de toute une équipe reconnue. Il rêvait.

  • Mais il aurait pu le faire, j’en suis sur.

  • Ce n’était pas impossible, il avait des contacts déjà dans un club professionnel vous savez… Mais, en tout cas, je suis curieux mon petit, pourquoi avez-vous souhaité me rencontrer ?

  • C’est une très bonne question. Vous avez un poste d’entraîneur qui vient de se libérer, et ce poste je le veux.

Il eut manqué de s’étouffer avec son verre de vin. Après quelques secondes où il put se ressaisir, Jean-Jacques me regarda d’un air bienveillant, compatissant, avant d’enfin me répondre, un sourire au coin des lèvres :

  • Commandons d’abord si vous le souhaitez.»
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J’adore continue vivement la suite

Je trouve pas que j’ai une belle plume mais ravi que ça plaise :slight_smile:

Le scénario est cohérent et pour le moment tu arrives à bien nous tenir en haleine avec ton récit car on est pressé d’en savoir plus sur l’issue de ce repas.

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Vivement la suite, c’est bien raconté

C’est bien écrit, intéressant, y’a un background, tu prends ton temps, c’est top :slight_smile:

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Vous l’aurez compris, ce Jean-Jacques n’est autre que le Président du club qui employait Florian.

Il insista pour parler de tout sauf de ma question pendant le repas, qu’on y reviendrait après le dessert. Et, pendant cette heure à manger une entrecôte, boire du vin et parler football, j’ai découvert un homme tout autant passionné par ce sport que vous et moi. La façon dont il parlait de ces gamins qu’il formait, des liens qui unissaient le staff et les joueurs ainsi que la direction du club.

Je devine son jeu, j’apprends à le connaître et lui aussi. Veut-il peut-être se faire la conviction que je suis finalement le remplaçant tout trouvé. Si bien que, une fois le repas terminé , l’addition et le café commandé, il revient enfin à nos moutons :

  • Donc, tu veux succéder à ton frère ? Sans expérience, sans un seul diplôme ?

  • C’est cela oui. Florian n’avait pas de diplôme quand il est arrivé chez vous, je me trompe ?

  • C’est vrai mais il a dirigé l’équipe senior qu’au bout de 4 ans.

  • Et j’ai beaucoup appris de lui, je l’ai beaucoup regardé faire, je l’ai parfois aidé à réviser pour ses diplômes. J’en suis capable.

  • Honnêtement je ne sais pas. Engager le plus jeune coach du championnat, plus jeune même que les 3/4 des joueurs qu’il va diriger ? C’est risqué mon petit. Risqué.

  • « Seuls ceux qui prennent le risque d’échouer spectaculairement réussiront brillamment ».

  • On croirait entendre votre frère, à citer des Poutine et Kennedy… Bien, voilà ce que je vous propose. Nous sommes en Février, la saison n’est pas terminée. Vous apprendrez aux côtés de l’adjoint qui assure l’intérim. Puis, selon votre intégration, nous verrons si nous vous ferons confiance pour prendre les rênes.

  • Ce n’est pas ce que je voulais dans l’idéal, mais je suppose que c’est une offre qui ne se refuse pas. Très bien, c’est d’accord.

  • J’espère que j’ai raison de vous faire confiance. Je vous donne rendez-vous demain au stade, vous saurez vous-y rendre ?

  • Sans faute Président. Merci.

Et voilà comment, après une autre poignée de main bien ferme et en l’espace de quelques jours ma vie a pris une toute autre direction. J’allais désormais apprendre le métier intensivement pendant 4 mois, dans l’espoir de décrocher mon premier contrat d’entraîneur.


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4 mois pour apprendre c’est rien ne laisse pas filer ta chance

Ah le Xaintrailles… Que de souvenirs!
Vivement la suite

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J’ai un connaisseur du Quartier en la.personne de @veddam à ce que je vois !


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Samedi, 10:48

Me voilà sur le parking du stade Cruchon, dans ma vieille Opel Kadett qui ne devrait pas tarder à finir à la casse. Je fixe un moment mon reflet dans le rétroviseur, prenant le temps de bien respirer avant ce moment que j’appréhende. Je sors de ma voiture toute rouillée, direction le club house où m’attend le staff. Les présentations sont rapides, certaines têtes me reviennent plus que d’autres, je ne suis pas totalement dans l’inconnu. J’aperçois au loin Jean-Jacques, qui me fait signe de le rejoindre.

  • Nathan, vous être plus qu’à l’heure à ce que je vois !

  • C’est l’une des choses qui me différencie de mon frère, je sais !

  • Ah ça, je l’ai souvent invectivé sur ses nombreux retards… M’enfin ! Je suppose que vous êtes impatient de visiter les locaux et de rencontrer les joueurs avant le match ?

  • Le match ? Merde, y’a un match aujourd’hui ?

Jean-Jacques est pris d’un fou rire, moi je me sens seul au monde, un peu gêné.

  • Je vous l’ai dit hier mais vous étiez ailleurs ! Ne vous en faites pas, j’ai fait exprès, quoi de mieux que de voir l’effectif en action pour commencer ? Allez, suivez moi, la visite c’est par-là !

J’emboîte donc le pas, un peu embarrassé par ce manque d’attention qui ne me sert pas. Nous commençons donc par les vestiaires : quatre blocs distincts, plutôt normaux. L’extérieur paraît entretenu mais à l’intérieur c’est plutôt vétuste.

VESTIAIRES - BLOC 1

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VESTIAIRES - BLOC 2

VESTIAIRE%20BLOC%202

Puis, j’aperçois les deux terrains d’entraînement : gazon naturel, moyennement entretenu. En tout cas sous la flotte c’est pas trop ça quoi.

TERRAIN 1

TERRAIN%201

TERRAIN 2

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Direction ensuite les deux terrains synthétiques. Ah ils ont des synté…. Ca me rappelle de mauvais souvenirs ces billes capables de brûler un membre entier. Si je veux filer le cancer à mes joueurs je les ferai jouer dessus.

SYNTHETIQUE 3

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SYNTHETIQUE 4

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Puis, enfin, le terrain d’honneur, celui où nous jouerons nos matches officiels et importants. Un terrain quoi.

TERRAIN D'HONNEUR

HONNEUR

La visite se termine par un passage au foyer, lieu de détente des joueurs et du staff, plutôt agréable lorsque le soleil brille.

LE FOYER

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La dernière surprise m’est contée par un joueur que j’ai croisé près des terrains : le bois derrière le centre appartient au club, il y a un parcours de 2,6 km idéal pour les footings matinaux ! Ah, on se croirait presque à Clairefontaine dites-moi !

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La visite m’a convaincu que, malgré la difficulté de la tâche qui s’annonce pour moi, le cadre est agréable.

Bienvenue dans l’antre du F.C.E Mérignac Arlac !


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Sympa le tour du proprio