A la croisée des chemins
Nous y voilĂ , jâĂ©tais arrivĂ© la veille au soir Ă New York, jâavais essayĂ© dâimaginer les questions quâon pourrait me poser, les piĂšges Ă Ă©viter, mais Ă©tonnement, jâavais super bien dormi.
Ce matin, je mâĂ©tais arrĂȘtĂ© pour prendre un Starbucks en bas de lâhĂŽtel et plutĂŽt que de prendre un taxi ou le mĂ©tro, jâai sorti plus tĂŽt pour descendre les rues de Manhattan afin de rejoindre le building de Sports Manager Company.
Devant les grandes portes de lâimmeuble, je senti comme une sorte de poids me tomber sur les Ă©paules⊠Le stress de lâentretien dâembauche, le fait de ne pas savoir qui jâallais rencontrerâŠ

Au moment de rentrer dans lâascenseur, une jeune femme me dit bonjour, ainsi quâun autre homme plus ĂągĂ© dâune soixantaine dâannĂ©e, dur Ă dire avec ses lunettes de soleil. Je me tourna vers lâextĂ©rieur car câĂ©tait un ascenseur en verre avec vue sur lâextĂ©rieur, je ne me lassais jamais de cette vue.
Approchant de mon Ă©tage, je me fixa devant la porte jusquâĂ son ouverture. Je fis un pas, puis me retourna en mâexcusant de ne pas avoir laissĂ© passĂ© la jeune femme en premier.
Celle-ci sourit Ă pleine dent et me fit signe de passer quâil nây avait pas de souci.
Sans rĂ©flĂ©chir, je fila en direction de lâaccueil pour quâelle prĂ©vienne de mon arrivĂ©e.
Elle mâindiqua dâaller me servir un cafĂ© et dâaller patienter dans le salon dâaccueil.
Jâai patientĂ© quelques minutes qui semblaient ĂȘtre des heures avant de voir Robert apparaitre, tout souriant, dans son beau costume, la chemise lĂ©gĂšrement entrouverte.
Il me lança un petit pic dont il en a le secretâŠ
« TrĂšs joli cravate Ju, tu avais peur dâavoir froid ce matin.»
Dans son ton et son Ă©clat de rire, je compris que la cravate Ă©tait peut-ĂȘtre de tropâŠ
Tout en allant Ă la salle de rĂ©union, je mâempressais dâenlever cette fichu cravate qui avait Ă©tĂ© plus facile Ă mettre quâĂ enlever.
Robert me fit rentrer devant lui dans la salle de rĂ©union, je leva la tĂȘte tout en disant bonjour, mais celui-ci fut quasi inaudible car je reconnaissais ces 2 personnes, jâavais pris lâascenseur avec eux quelques minutes auparavantâŠ
Et cet homme qui avait fait tomber les lunettes de soleil pour des lunettes de vue, me disait quelque chose dans lâascenseur et je le reconnu enfin.
Il se leva pour me saluer et se présenter.
« Bonjour Monsieur Chv, nous nous sommes déjà rencontrés »
Il esquissa un sourire tout en me faisant un clin dâoeil. Jâai senti une poussĂ©e de chaleur, content dâavoir fait tomber la cravateâŠ
« Bonjour Monsieur, enchantĂ© de vous rencontrer et dĂ©solĂ© de ne pas avoir percutĂ© dans lâascenseur que câĂ©tait vous.»
Il rigola tout en me posant une main sur lâĂ©paule, en expliquant quâil nây avait aucun souci.
Robert jamais le dernier pour me taquiner surenchéri
« Ah bah bravo, tu sais comment bien entamer ton entretien avec potentiellement un futur patron⊠»
Et ils rigolĂšrent tous les 2, seul la jeune femme sourit gentiment.
Une fois ce moment de gĂȘne passĂ©, nous entamions notre entretien. Il me parla de son club, de son histoire, des investissements quâil avait fait depuis sa prise de pouvoir, de ses croyances et espĂ©rances.
Avant que je ne puisse parler de moi, de ma vision du football, nous recevions un appel visio sur le grand écran.
Il sâagissait du PrĂ©sident du club en question qui ne pouvait ĂȘtre prĂ©sent Ă New York car il Ă©tait en pleine travail pour prĂ©parer la nouvelle saison.
Je le reconnu rapidement, et mĂȘme sâil nâavait pas vraiment besoin de se prĂ©senter, il le fit, puis mâexpliqua sa vision du football moderne, ce quâil avait aimĂ© dans mon approche du football.
Notre Ă©change dura une bonne heure, tout se passa assez naturellement et au moment oĂč allait se terminer cette rĂ©union, je ne pu mâempĂȘcher de leur demander « pourquoi moi, une personne inexpĂ©rimentĂ© alors quâils pouvaient certainement trouver un entraineur reconnu comme par le passĂ©? »
Le propriétaire repris la parole
«Câest trĂšs simple, nous avons essayĂ© de prendre des entraineurs de caractĂšre, des jeunes, des moins jeunes, des entraineurs fin tacticien, mais au bout du compte, ça nâa pas toujours marchĂ©. On a eu quelques bonnes places, mais aussi loupĂ© certaines saisons. LĂ nous voulons parier sur un jeune entraineur qui a la mĂȘme vision que le PrĂ©sident sur le football et Ă qui nous laisserons le temps nĂ©cessaire pour installer le club.
Moins de prĂ©cipitation, moins dâexcĂšs et faire en sorte que ça fonctionne.
Nous ne vous demandons pas une réponse ce jour, mais malgré tout, il nous faudra une réponse lundi matin car nous ne pouvons pas nous permettre de commencer la préparation sans coach.
Eva qui est ici va vous remettre un dossier contenant toutes les informations sur le club et lâeffectif, les stats, tout ce que nous pouvons vous communiquer mais qui doit rester entre nous.
Prenez le temps, âŠmais le temps de 48h⊠»
On termina avec quelques banalités puis nos hÎtes repartirent de leur cÎté.
Je restais là à fixer la Statue de la Liberté qui était si proche, mais paraissait si loin vu de ce bureau.
Je réfléchissais à cet échange quand Robert réapparu avec 2 cafés à la main.
« Alors, ne tâavais-je pas dit que tu serais surpris de qui tu allais rencontrer aujourdâhui? »
Surpris, le mot Ă©tait faible, jâavais encore du mal Ă le croire et pourtant ça venait dâavoir lieu, le dossier sur la table en Ă©tait la preuve.
« Maintenant comme tu le sais, nous avons un second entretien cet aprÚs-midi, mais es-tu ouvert à les écouter ou alors tu veux pouvoir te concentrer sur ce dossier? »
« Franchement Robert, je ne pense pas que jâarriverais Ă ĂȘtre concentrer sur leurs questions, sur leur prĂ©sentation. Est-ce que jâai le droit de me fermer une porte en mĂȘme temps, mĂȘme si ce nâest pas pour coacher? Est-ce que la marche nâest pas trop haute pour moi? »
«Câest normal de te poser beaucoup de questions, il serait Ă©tonnant quâil en soit autrement. Par contre nâoublie pas certaines choses. Tu as fait tout ce quâil fallait pour arriver oĂč tu en es. Je tâai trouvĂ© ces entretiens, mais en lâoccurence, ce sont eux qui tâont proposĂ© un projet et qui attendent ton accord. Donc la seule question Ă te poser, est-ce que tu es intĂ©ressĂ© par ce projet ou non?
Prend le temps de rĂ©flĂ©chir, tu dois leur donner une rĂ©ponse lundi, mais il faudra que tu me donnes ta rĂ©ponse dimanche soir. Je crois en toi, ils sont prĂȘts Ă prendre le pari sur toi, mais la dĂ©cision finale te revient.
Je vais annuler le second entretien»
Jâai pris mes 2 jours de rĂ©flexion, Ă©tudiĂ© plusieurs fois tous les documents quâon avait bien voulu me fournir.
Ce nâĂ©tait pas facile car si ça fonctionne câest le top, mais si ça foire, je me grille peut-ĂȘtre pour toujours dans ce domaine. Si je refuse, je nâaurais jamais une offre semblable Ă celle-ci.
Mais aprĂšs tout, je ne pensais jamais avoir la chance de vivre du foot professionnel et puis cette chance est arrivĂ©e mĂȘme si jâai su la saisir avec ce concours.
On nâa quâune vie, il vaut mieux avoir des regrets que des remords, Letâs Go!