[La salle de presse est bondée, les journalistes s’installent alors que Cantona entre d’un pas énergique. Il porte un blouson en cuir par-dessus le maillot du RSCA. Il s’assied, prend le micro et pose un regard perçant sur l’assemblée.]
Cantona : Bon. Vous êtes tous là. Parfait. On va parler des matchs de préparation. Oui, c’était… intéressant. Mais surtout, c’était le moment de donner quelques gifles aux joueurs pour qu’ils se réveillent. Alors, je vais vous dire ce que je pense, sans filtre, comme d’habitude.
D’abord, on a explosé Ferencvaros, 4-1. On les a étouffés, écrasés, on les a piétinés. Les joueurs ont montré ce dont ils étaient capables quand ils jouent avec l’intensité que je veux. J’ai vu des buts, de l’agressivité… bref, du football comme je l’aime. Les supporters ont apprécié, et moi aussi.
Ensuite, on a détruit Grossasoach chez eux, 5-0. Ah, ça, c’était jouissif. La victoire, c’est une habitude qu’on doit prendre. Quand on entre sur le terrain, ce n’est pas pour plaisanter. Là, ils ont suivi les consignes. On aurait même pu en mettre dix. Mais bon, j’aime aussi laisser un peu de pitié à l’adversaire. Parfois.
[Cantona se redresse dans son siège, son visage se durcit.]
Et puis, il y a eu ce fameux match contre Göztepe. Vous avez vu le résultat ? 2-1 pour eux. Vous plaisantez, j’espère ? Non, parce que moi, ça ne me fait pas rire du tout. On a joué comme si c’était une balade de santé. On a perdu nos duels, on a été mous, et certains avaient déjà l’esprit en vacances. On est le RSCA, pas un club de plage. Ce genre de performance, ça ne passera plus. J’ai même pensé à les faire courir en forêt pendant la nuit pour qu’ils se rappellent ce que c’est que le dépassement de soi. La prochaine fois qu’ils me servent un match comme ça, je les envoie tous faire du rugby.
Ensuite, il y a eu Galatasaray. Là, ça a été mieux. 3-2 pour nous. Ils nous ont bousculés, mais on leur a répondu. J’aime quand l’équipe montre les crocs. On a su gérer le score, montrer qu’on a du caractère. C’est ce qu’il faut : être des guerriers sur le terrain. Une belle victoire, mais on aurait pu encore mieux faire. Oui, je suis exigeant, mais c’est comme ça. On ne vient pas ici pour être moyens.
Enfin, contre Almere City, on gagne 5-3. On marque cinq buts, c’est bien, mais on en encaisse trois, et ça, ce n’est pas acceptable. Défensivement, on s’est relâchés, on a joué comme si c’était du football de plage. Ce n’est pas mon style. Je ne veux pas qu’on soit une équipe qui fait juste le spectacle, je veux qu’on gagne en étant impitoyables.
Journaliste 1 : Éric, le prochain match est contre Westerlo. Comment allez-vous aborder cette rencontre après ces résultats en dents de scie ?
Cantona : Westerlo ? [Rit brièvement] J’espère qu’ils sont prêts, parce que nous, on va débarquer comme des affamés. On va les presser, les étouffer, les harceler. C’est l’entame du championnat, et croyez-moi, on n’est pas là pour faire de la figuration. Si certains de mes joueurs n’ont pas compris ça, ils resteront sur le banc, ou mieux, je les enverrai jouer avec les U21 jusqu’à ce qu’ils comprennent ce que ça signifie de porter ce maillot.
Journaliste 2 : Êtes-vous inquiet par rapport à la défaite contre Göztepe ?
Cantona : Inquiet ? Moi, inquiet ? Non, c’est eux qui devraient être inquiets. J’ai déjà fait comprendre aux joueurs ce que je pensais de cette performance, et ils ont intérêt à être à 200 % contre Westerlo. Une défaite, ça peut arriver, mais se comporter comme des touristes sur le terrain, ça, c’est impardonnable. Je ne tolérerai plus ce genre de comportement. S’ils n’ont pas envie de se battre, j’ai des cartons d’emballage pour les envoyer ailleurs.
Journaliste 3 : Un mot pour les supporters avant le début du championnat ?
Cantona : [Sourit avec un air malicieux] Aux supporters, je dis ceci : soyez prêts. Ça va être une saison avec des émotions, des moments de gloire, et peut-être quelques drames aussi. Mais je vous promets une chose : on ne se contentera pas d’être simplement bons. On veut redevenir les meilleurs. Vous avez toujours soutenu le RSCA, et vous méritez de voir une équipe qui se bat jusqu’au bout. Croyez-moi, on va tout donner.
[Cantona se lève brusquement, fait un signe de la main aux journalistes et quitte la salle en lançant :]
Cantona : Et maintenant, laissez-moi aller préparer mes guerriers. Le spectacle commence ce week-end.