Rien à Berlin n’est noir et blanc. La ville a été modelée et remodelée au fil du temps pour représenter un vaste spectre de la culture allemande et internationale. C’est un peu comme le frère cadet de New York : pas aussi glamour ou propre, mais plus bohème, granuleux et imprévisible. Elle est aussi variée que n’importe quelle capitale du monde et chaque aspect de la ville reflète un brin de son identité : l’architecture sans vergogne ; la forêt ; la scène artistique dynamique ; la vie nocturne sans fin.
Le football de Berlin n’est pas différent. Lorsque la fédération allemande de football a été créée en 1904, près d’un tiers des 86 clubs fondateurs étaient originaires de la capitale. Berlin accueille chaque année la finale de la Coupe d’Allemagne et a accueilli les finales de la finale de la Coupe du monde et de la Ligue des champions au cours des 20 dernières années. Pourtant, aucun club berlinois n’a jamais remporté la Bundesliga ni atteint la finale d’une compétition européenne.
La ville n’a pas produit de clubs à succès, mais elle en compte beaucoup. Il y a des dizaines d’équipes en compétition dans la pyramide du football allemand. Dynamo joue dans le quatrième niveau; Tennis Borussia Berlin - qui tire son nom d’un club de tennis et de ping-pong - est une division inférieure; il y a des équipes turques et balkaniques; il y a un club appelé FC Polonia qui a été fondé par des Polonais vivant en Allemagne; il y a un club juif appelé Makkabi Berlin; et il y a même un club appelé Tasmania Berlin - qui, comme le dit le mythe, a été fondé par un groupe de fans qui espéraient migrer vers l’île. Chacun d’eux représente une dimension différente de la société berlinoise. Aucun club ne parle pour tout Berlin parce que chaque région a son propre club, présentant sa propre sous-culture unique.
Klaus Wowereit, l’ancien maire de la ville, a dit un jour : « Nous sommes peut-être pauvres, mais nous sommes sexy. » Ses paroles résument parfaitement la culture du football de la ville. Berlin n’a pas de Bayern Munich ni de Borussia Dortmund et ses armoires à trophées ne sont pas chargées d’argenterie des années passées. Mais le succès n’a jamais défini Berlin. C’est une ville construite sur une histoire fracturée, une identité régionale et une importance culturelle. Et même si sa culture du football melting-pot lui convient parfaitement, il lui faut son grand club.