On y est, la saison a enfin commencé, c’est parti pour 82 matchs avant peut-être les Play-Offs. On en est à 20 rencontres disputées depuis le début de la saison le 17 Octobre, et tout ne se passe pas comme prévu, on accuse un bilan très mitigé de 7 victoires contre 13 défaites.
Avec ce bilan on ne se classe que 12èmes de la Conférence Ouest en ce 29 Novembre, décevant pour une équipe qui vise les Play-Offs. On a donc 4.5 matchs de retard sur le Thunder, actuel 8ème de l’Ouest. D’un point de vue du calendrier, on peut remarquer une série de 8 défaites entre le 1er et le 17 Novembre, face à des adversaires comme les Warriors, le Thunder ou les Pelicans qui font un très bon début de saison.
Bien. Maintenant qu’on sait que les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes sur ces 20 premiers matchs, il faut tenter de comprendre pourquoi. Pour cela, je vous propose un voyage en “Basketology”, au pays des statistiques et des stats avancées, là où les chiffres expliquent le réel.
Commençons par les stats d’équipe, afin de comprendre dans quels compartiments du jeu on a failli, et dans lesquels on a au contraire été satisfaisants collectivement, avant d’analyser en détails les performances individuelles, pour comprendre plus précisément d’où proviennent les observations faites plus tôt.
Tout d’abord, on remarque qu’on joue sur un rythme lent comparé aux autres équipes, on a un Tempo de 96.1 possessions jouées par match, 25ème de la NBA. Cela n’impacte pas nécessairement ce qui va suivre, mais il est toujours bon d’analyser la façon de jouer d’une équipe pour analyser ses résultats. Offensivement, on est plutôt satisfaisants : malgré une adresse moyenne à 3 points (33.3%, 18ème), on est bons au réels (48.2% au TS%, 7ème), peut en déduire qu’on est donc très performants sur les tirs intérieurs. Toutefois, malgré cette bonne adresse, on a “que” le 11ème Offensive Rating de la Ligue, avec 99.6 points inscrits pour 100 possessions jouées. Onzième attaque, mais 7ème réussite aux Tirs Réels, c’ets que le problème est dans la création de tirs.
En effet, on accuse 14.1 pertes de balles par match (18ème, pour les stats négatives le 1er du classement est le chiffre le plus bas, 11.9 ici), mais on ne force que 12.5 pertes de balles par match (29ème) : on accuse un différentiel de 1.6 possessions menant à un tir par match, c’est colossal, surtout quand on sait qu’on a un Tempo lent. C’est donc un problème à la mène.
En attaque, on est donc une équipe d’un bon niveau, grâce à une belle efficacité à l’intérieur, et ce malgré des problèmes à 3 points et à la mène.
Et maintenant, place à l’analyse des performances défensives de l’équipe. En premier lieu, intéressons nous aux rebonds. On prends 25.5% des rebonds offensifs disponibles (10ème) et 77.1% des rebonds défensifs (12ème). On est donc une équipe tout à fait correcte au rebond.
Une attaque correcte, et une présence au rebond acceptable, mais des résultats décevants, c’est que le problème est dans la contestation des tirs. Sur ce début de saison, on est la pire défense de la NBA à 3 points, avec 39.4% de réussite longue distance pour nos adversaires, c’est catastrophique. On pourrait être une défense médiocre à 3 points et correcte de près me direz vous, c’est loin d’être le cas. Oui, nos adversaires sont bien à 50.1% de réussite aux tirs face à nous, 50.7% aux tirs réels… On est évidemment la pire équipe de la NBA pour ce qui est de la contestation des tirs, et de TRÈS loin (la 2ème pire équipe en contestation est à 48.3% aux tirs réels défensifs)…
De cette observation majeure découle le pire Defensive Rating de la NBA, 104.8 points encaissés pour 100 possessions. Dur d’espérer quoi que ce soit si on organise des journées portes ouvertes en défense tous les soirs…
Essayons désormais d’analyser les performances individuelles, afin de savoir quels joueurs ont déçu, et lesquels ont surnagé en ce début de saison morose.
Tout d’abord, commençons par le poste qu’on avait identifié comme le plus faible avant le début de saison : le poste de meneur. D’un point de vue offensif, on peut dire que Mudiay et Murray on été décevants. On avait intuité dans les stats d’équipe qu’on avait un problème à la distribution, et c’est bien le cas en analysant les performances individuelles. Pourtant, Emmanuel Mudiay délivre 6 passes décisives par match, ce qui est mieux que ce qu’on attendait : certes, mais dans le même temps il perd 3.6 ballons, il n’est pas efficace dans son utilisation du ballon, et n’obtient qu’un AST/TO d’1.7. Murray quant à lui ne fait que 2.1 passes décisives par match, pour 1.6 d’AST/TO, c’est encore pire. Avec seulement 1.4 interceptions par match à eux 2, o comprend mieux d’où vient notre problème de possessions jouées.
En terme de réussite aux tirs, si Murray déçoit, ce que fait Mudiay est acceptable. En effet, le meneur congolais est relativement adroit depuis les endroits du terrain où il tire le plus (3 points dans l’axe et tir de très près), il a une réussite de 50.5% au TS% (tirs réels). Ce n’est pas extraordinaire, mais c’est correct par rapport à ce qu’on attendait de lui au scoring.
Jamal Murray lui, n’est qu’à 29.9% à 3 points, et 46.3% au tirs réels, la moins bonne adresse de l’équipe, alors qu’on attendait beaucoup de lui, il fait réellement un très mauvais début de saison offensivement parlant. Le poste 1 est bel et bien une vraie faiblesse de ces Nuggets, avec moins de 10 de PER pour Mudiay et Murray (9.6 et 8.3, les 2 moins bons de l’équipe).
Au poste 2, Gary Harris est nettement plus adroit, et a une magnifique “Shot Chart” sur ce début de saison, 52.9% à 3pts (2ème de la NBA), il a pour l’instant 70.6% au TS% : il est pour l’instant pour l’instant très satisfaisant dans son registre de sniper. Cependant le dispositif tactique du coach Malone ne lui laisse que peut de ballon, il n’a que 12.1% de taux d’usage (USG%).
Le poste d’ailier s’articule autour d’une rotation entre Wilson Chandler et Will Barton, même si ce dernier évolue par séquences au poste 2. Tour d’abord, on peut remarquer qu’ils sont relativement satisfaisants à la distribution, même si on ne peut pas comparer leurs statistiques dans ce compartiment du jeu avec celle de meneurs. Ainsi, ils font 4 passes décisives pour 1.6 pertes de balles match : ça ne compense pas les errances de leurs collègues du poste 1, mais cela limite l’hémorragie à la distribution.
En terme d’adresse maintenant, Barton est pour l’instant une belle surprise. En effet, est à 44.7% à 3 points et 60.9% au TS%, c’est très bon pour un extérieur, il obtient un très bon 18.8 de PER. Wilson Chandler quant à lui, est plus attendu dans un rôle défensif, et a donc peu l’occasion de tirer (11.6% d’USG%), il parvient tout de même un correct 55.4% au TS%, malgré seulement 31.4% à 3pts, pour presque 3 tentatives par match, ça reste correct pour un joueur principalement défenseur.
Il est désormais temps de s’intéresser aux performances offensives de Paul Millsap. Premièrement, il délivre 5.5 caviars par match, presque autant que Mudiay, c’est beaucoup pour un intérieur. Cependant, malgré ce bel apport à la distribution, il a été décevant offensivement sur ce début de saison. En effet, il a de très mauvais pourcentages au tir : 20% à 3 points avec presque 5 tentatives par match, il n’obtient donc que 48.1% au TS%, c’est faible, surtout étant donné son statut. Ainsi, il a beau inscrire 16.2 points par match, cela ne retranscris pas fidèlement la réalité : Millsap est tout sauf efficace sur ces 20 premières rencontres.
Venons en au “Joker”, au Franchise Player de nos Denver Nuggets, Nikola Jokic. Je ne trouve que 2 choses à redire sur son début de saison : il a grandement participé à la relative maladresse de l’équipe à 3 points, 28.3% avec 5.2 tentatives par match, et il fait moins de passes décisives qu’attendu. Moins de passes décisives certes, mais beaucoup plus de scoring : malgré ses mauvais résultats à 3 points, il a 63.8% de TS% : c’est un tueur de près. Sur les 20 premiers matchs de la saison, Jokic est le meilleur scoreur de la NBA, avec 34.2 ppm, il a une production tout simplement colossale : 34.8 de PER, c’est astronomique. Si Gary Harris n’est que trop peu utilisé en attaque avec sa superbe adresse, Jokic est lui l’option offensive numéro 1, 36.6% d’USG%.
En attaque, on a donc vu que notre problème à la distribution venait de Mudiay et Murray principalement, même si Chandler et Millsap limitent la catastrophe. A 3 points, ce sont les intérieurs et Murray qui sont en cause, et la bonne efficacité au tir de l’équipe vient donc principalement de Jokic, Barton et Gary Harris. Il faudra observer l’évolution de ces paramètres pour la suite de la saison.
S’il est relativement aisé d’évaluer les performances offensives individuelles des joueurs, les performances défensives sont plus difficiles à analyser individuellement : les joueurs tirent chacun leur tour, un seul à la fois, mais ils défendent à 5, tous ensemble. Certaines informations, comme l’adresse au tir de l’adversaire direct ou la capacité à contester les drives adverses peuvent donner une idée approximative de l’impact défensif d’un joueur, bien qu’elles soient imparfaites.
Bien. Observons maintenant la capacité de nos joueurs à défendre les drives adverses. Si on regarde la proportion de drives stoppés en moyenne par les joueurs qui en défendent au moins 2 par match (pour avoir une population statistique suffisante) on se rend compte qu’entre 75 et 80% des pénétrations sont biens défendues. On a 4 joueurs défendant au moins 4 drives par match : Mudiay, Murray, Harris et Millsap.
Mudiay doit défendre contre 6.1 drives par match en moyenne, et n’en arrête que 57.9%, c’est vraiment très peu. On a vu plus tôt qu’il était loin d’être exemplaire en attaque, il est aussi une vraie faiblesse défensive, que les coachs adverses peuvent repérer et cibler. Cela peut sembler surprenant pour un intérieur, mais Paul Millsap fait face à 2.0 drives par match, cela peut s’expliquer par une capacité à changer sur les écrans sur Pick and Roll. Toujours est-il qu’il arrête 79.5% de ces drives, c’est satisfaisant.
Jamal Murray lui aussi conteste bien les drives, il en arrête 84%, avec 4.9 par match.
Gary Harris fait quand à lui face à 2.8 drives par match, et n’en arrête que 67.3%. C’est peu, mais Harris n’est pas censé être un grand défenseur, et on a vu qu’il était très performant en attaque : on ne peut pas réellement lui en vouloir.
La réussite moyenne au TS% des équipe NBA est d’environ 47%, ce qui correspond à entre 0.9 et 1.0 point encaissé par tir adverse. Selon ce critère on peut séparer les joueurs de notre roster :
- Ceux qui concèdent moins d’1 point par de leur adversaire direct, satisfaisants
- Ceux qui concèdent 1 point par tir, corrects
- Ceux qui concèdent au moins 1.1 point par tir, très décevants
Commençons par les joueurs satisfaisants. A eux 3, Plumlee, Faried et Millsap concèdent 15.9 tirs par match, et n’accordent que 15.3 points à leurs adversaires directs. Cela donne 0.96 point par tir, ce qui n’est pas incroyable dans l’absolu mais c’est satisfaisant. Il nous manque tout de même un joueur au dessus du lot défensivement. On remarque que ces 3 joueurs sont des intérieurs.
Ensuite, on a Will Barton et Nikola Jokic, qui concèdent 15.4 points en 15.3 tirs par match. Le rendement défensif de ces joueurs n’est pas fantastique, mais il est tout de même acceptable si on garde à l’esprit que ces 2 joueurs font des étincelles en attaque sur ce début de saison.
Viennent enfin les joueurs qu’ont peut réellement considérer comme des faiblesses en défense, et ils sont au nombre de 4 : Mudiay, Harris, Murray et Chandler. Si on peut presque excuser Gary Harris, le sniper très en vue sur les 20 premières rencontres, les 3 autres cas sont plus graves. En effet, à la peine dans tous les compartiments de l’attaque, nos 2 meneurs, Emmanuel Mudiay et Jamal Murray ne sont pas meilleurs dans la contestation des tirs (même si Murray défend correctement les drives). En effet, ils concèdent à eux deux 21.9 points par match, pour 20.7 tirs de leurs adversaires directs : c’est beaucoup trop.
Wilson Chandler quant à lui, était censé être un bon défenseur. Était. Il accorde 1.2 pts par tir… Son début de saison est vraiment mauvais, et il ses éventuels progrès seront essentiels si on veut faire de bons résultats.
En bref, défensivement on est à peu près corrects à l’intérieur, mais catastrophiques sur les extérieurs, et particulièrement à la mène.
Pour conclure cette longue analyse de ce début de saison mitigé, je pense qu’on peut dire qu’on est une équipe offensive, forte à l’intérieur, dont les extérieurs et surtout le poste 1 sont une vraie faiblesse, des 2 côtés du terrain. On ne change néanmoins rien pour l’instant, on analysera en détails ce que l’équipe d’ici la Trade Dead-Line, et on avisera à ce moment là.