Réponses aux lecteurs
@Sythax Ah ça on ne sait pas ce que l’avenir lui réserve.
@celiavalencia c’est souvent comme ça dans le football moderne hélas.
@CaptainAmericka Son départ l’était. Oui c’était pas forcément dans l’air du temps mais on verra ce que cela réserve. ça pourrait permettre aux jeunes de rester plus longtemps au club.
Il avait suffi de quelques jours. Pas plus. Quelques nuits agitées, quelques conversations murmurées à voix basse avec ses proches, et surtout de longs silences face à lui-même. Sérgio Mata, 19 ans, avait pesé, soupesé, comparé, et finalement tranché. Il ne partirait pas. Pas maintenant. Pas comme ça.
L’offre de West Bromwich Albion, aussi démesurée qu’alléchante, avait tout d’un tremblement de terre dans les bureaux de Vianense. 45 millions d’euros, un contrat mirifique, la promesse d’un rôle central dans un projet de reconstruction au sein de la Premier League anglaise. Son agent s’était frotté les mains, persuadé que le dossier serait bouclé avant la fin de la semaine. Il ne restait qu’à convaincre le gamin. Sauf que le gamin avait grandi.
Car Sérgio Mata n’était pas de ceux qu’on déroute avec des chiffres et des sourires vernis. Derrière ses allures de feu follet sur son flanc gauche, se cachait une lucidité rare. Il n’était pas dupe du discours bien huilé d’un agent plus préoccupé par les commissions que par l’équilibre d’un joueur. Et surtout, il n’avait pas oublié ce que Vianense avait fait pour lui. Le club l’avait façonné, protégé, élevé. Il y avait connu ses premières joies, ses premières désillusions, ses premières douleurs aussi. C’était chez lui.
Il n’avait rien contre West Brom. Ni contre l’Angleterre. Mais il le dit sans détour au moment d’annoncer son choix :
“Je ne veux pas me retrouver à jouer sous la pluie face à Huddersfield en janvier, sans comprendre un mot de ce que crie mon coach.”
Il n’avait pas besoin de ça. Pas maintenant. Le projet sportif, il l’avait devant lui. Ici, Ă Vianense. Avec Luis Almeida, Eli Patermeu, Pedro Tiba, Francisco Maior. Une gĂ©nĂ©ration brillante. Un collectif en construction. Et surtout, un homme, AnĂbal GuimarĂŁes, capable de les Ă©lever tous ensemble vers des sommets insoupçonnĂ©s.
Alors, le jour suivant, il convoqua son agent. Pas pour négocier. Pour rompre. Il n’avait pas apprécié la pression, les appels insistants, les arguments creux.
“Je veux quelqu’un qui pense d’abord à ma progression, pas à sa prime.”
Les mots étaient sortis nets, calmes. Le visage fermé, déterminé. Une rupture nette.
Dans la foulĂ©e, SĂ©rgio se prĂ©senta Ă l’entraĂ®nement comme Ă son habitude, affĂ»tĂ©, concentrĂ©, habitĂ© par cette fiertĂ© discrète qui fait les grands. En fin de sĂ©ance, il s’approcha d’AnĂbal et lui glissa, en regardant le terrain du coin de l’œil :
“On va la gagner, cette Europa. Et après, on parlera de Champion’s League coach.”
Le soleil brillait au-dessus de Viana. Et pour Sérgio Mata, l’avenir s’écrirait en bleu.
