Réponses aux lecteurs
@Rhino @Sythax il y a un moment où tu ne peux plus retenir certains joueurs car leur réputation dépasse celle de ton club. Vianense demeure un club en progression et pas un top club mondial.
En cette fin de printemps, alors que les pelouses de Liga Betclic commençaient Ă jaunir sous les premiers souffles estivaux, le SC Vianense s’apprĂŞtait Ă disputer un sprint final haletant. Toujours en lice pour une place europĂ©enne, le club des bords du Lima incarnait, Ă nouveau, l’un des projets les plus fascinants du football portugais. Et comme Ă chaque moment charnière, tous les micros se tendaient vers AnĂbal GuimarĂŁes, l’architecte d’un renouveau inattendu mais terriblement cohĂ©rent.
Lors de la conférence d’avant-match, un journaliste osa poser une question que beaucoup évitaient
« Mister, à quelques journées de la fin, préfériez-vous retrouver la Champions League ou viser une campagne solide en Europa League ? » Un ange passa.
AnĂbal esquissa un sourire mi-ironique, mi-fatiguĂ©. Ce genre de dilemme, en apparence flatteur, ne cachait que trop mal la rĂ©alitĂ© structurelle du football portugais.
« Bien sûr que je rêve de la Ligue des Champions », lança-t-il d’un ton calme. « C’est la plus belle. L’hymne, les stades pleins, les grands noms… Tout entraîneur rêve d’y emmener son club, encore plus quand il s’appelle Vianense. Mais aujourd’hui, être troisième au Portugal ne signifie plus grand-chose sur la scène européenne. L’an dernier, nous avons dû disputer deux tours de barrages infernaux… Et cette année, si on finit au même rang, ce sera à peine suffisant pour les barrages de l’Europa League. Voilà où nous en sommes. »
Le constat Ă©tait brutal, lucide, presque amer. Le Portugal, longtemps considĂ©rĂ© comme l’un des membres solides du deuxième cercle europĂ©en, voyait son coefficient UEFA s’effriter saison après saison, consĂ©quence des Ă©liminations prĂ©coces et des parcours timorĂ©s des clubs nationaux. AnĂbal, dans son style toujours franc mais mesurĂ©, n’hĂ©sita pas Ă pointer du doigt un mal plus profond.
« On peut faire des miracles, oui. Mais même les miracles ont besoin de contexte. Cette saison, Estoril s’est écroulé, le Sporting a changé d’entraîneur deux fois, Porto n’est plus que l’ombre de lui-même. Benfica a pris 0 points en Europe… On sauve les apparences, mais collectivement, on recule. »
À ses côtés, les jeunes joueurs de Vianense continuaient de rêver, eux, bercés par l’idée d’affronter Naples ou Manchester City. Mais leur entraîneur, lui, savait que le rêve ne suffisait plus, que le vrai combat se jouait aussi sur les bureaux de l’UEFA, à coups de coefficients et de tirages impitoyables.
Et pourtant, en quittant la salle de presse, AnĂbal souffla une phrase Ă peine audible, presque pour lui-mĂŞme :
« Si on y retourne, ce sera pour exister. Pas juste pour participer. »