Réponses aux lecteurs
@alexgavi très bonne analyse
Viana do Castelo, jour d’ouverture du mercato. Pluie fine, silence épais.
Il n’y eut ni adieu officiel, ni communiqué fleuri. Pas même une photo de vestiaire. Seulement une notification, banale, brutale :
“Raimundo s’engage avec l’Atlético de Madrid. Montant : 43,5M€. Clause levée.”
Et tout Ă coup, un vide.
Le mercato venait à peine de s’ouvrir, et Vianense se voyait déjà pillé.
Mais cette fois, ce n’était pas n’importe quel départ.
C’était le départ.
Belarmino Raimundo, 18 ans ce matin-là , avait quitté Viana comme il y était arrivé : sans bruit.
Le gamin de Caminha, formé au club, après un passage au Sporting, devenu l’un des plus jeunes segundo volante titulaires de Liga Betclic, pilier d’un maintien héroïque, avait vu son destin basculer en une signature.
De 8 000€ à 540 000€ mensuels.
L’annonce tomba tĂ´t dans la journĂ©e. Le montant de la clause libĂ©ratoire avait Ă©tĂ© rĂ©glĂ© en une seule fois, sans discussion. L’AtlĂ©tico avait frappĂ© vite, fort, chirurgicalement. Aucun prĂ©avis. Aucun appel Ă AnĂbal. Le contrat Ă©tait dĂ©jĂ signĂ© lorsque Vianense officialisa Ă peine la nouvelle.
Et pour couronner le tout, lors de la visite médicale à Madrid, ce ne fut pas Rafaela Pimienta, l’agente officielle de Raimundo, qui apparut au bras du jeune joueur.
Mais le fils de Jorge Mendes .
Une présence inattendue, presque ostentatoire. Un détail qui n’en était pas un.
Un tremblement discret, qui agita les rédactions et empoisonna les groupes de supporters.
Koke, le nouvel entraîneur de l’Atlético, ancien capitaine légendaire, se félicita publiquement :
« On a vu en Raimundo un joueur rare. Mûr. Silencieux. Précieux. Il n’a pas 18 ans dans la tête. Il en a 28 dans les jambes. »
Mais Ă Viana, l’ombre de ce dĂ©part flottait partout. Dans les couloirs du centre. Dans les yeux d’AnĂbal GuimarĂŁes, que les journalistes harcelèrent toute la matinĂ©e.
« Un mot sur le transfert, mister ? »
« Une réaction ? Une émotion ? »
Il les laissa là , au vent du Lima. Aucune déclaration. Pas même un regard.
Seulement un mot griffonné dans son carnet, que son adjoint retrouva plus tard, laissé sur le bureau :
“On ne retient pas ceux qui ne veulent plus grandir ici. Mais on se souviendra qu’ils ont grandi avec nous.”
Le vestiaire, lui, ne dit rien. Mais au fond, tous comprirent que quelque chose s’était brisé. Raimundo n’était pas qu’un joueur.
Il était le lien entre le passé fragile et le futur espéré. Son départ, même doré, même logique, laissait une cicatrice nue.
Et dans les rues de Viana, ce soir-là , les enfants rejouèrent ses buts dans les ruelles. Ils le feront encore. Pendant un temps.
Mais un jour, il leur faudra un autre nom à chanter. Car le football avance . Même quand le cœur n’est pas prêt.