Réponses aux lecteurs
@VertPourToujours Ils se sont incliné 3-2 en prolongation
@Rhino la bave du crapeau nâatteins pas la blanche colombe.
Le vent soufflait sur le terrain du EstĂĄdio do Dr. JosĂ© Soares Vieira, charriant avec lui une odeur dâherbe coupĂ©e et de fatalitĂ©. On en Ă©tait Ă la quatriĂšme journĂ©e du championnat, et les cieux, comme souvent Ă Viana do Castelo, hĂ©sitaient entre la lumiĂšre de lâespoir et lâombre des tragĂ©dies Ă venir.
Face Ă Boavista, le Vianense avait frappĂ© vite, fort, avec lâinsolence des promus affamĂ©s. Ă la 10e minute, Raimundo â lâenfant de Caminha, milieu dĂ©fensif au pied gauche de soie et au regard timide â sâĂ©tait engouffrĂ© entre deux dĂ©fenseurs comme une lame dans un drap, avant de conclure dâun plat du pied chirurgical. 1-0. Le stade exulta, les tribunes tremblĂšrent, et AnĂbal, sur le banc, crut un instant que le destin avait dĂ©cidĂ© de se montrer clĂ©ment.
Mais Ă Viana, le bonheur ne dure jamais bien longtemps.
Ă la 33e minute, sur un simple dĂ©bordement, Paulo Roberto sâĂ©tait effondrĂ©. Pas de tacle, pas de contact. Juste une course, un pas de trop, un muscle qui se dĂ©chire comme du vieux tissu. Le silence fut immĂ©diat. Pas celui des grandes douleurs visibles, non⊠celui, plus glaçant encore, des blessures intimes, de celles quâon ne peut pas panser avec du strap.
Le latĂ©ral gauche resta au sol, les poings serrĂ©s contre la terre humide. Les soigneurs accoururent. AnĂbal, dâabord calme, sâĂ©tait levĂ©, puis figĂ©. Il connaissait ce regard-lĂ . Celui dâun joueur qui comprend que ce nâest pas juste une alerte.
Le match sâacheva sur un nul amer, concĂ©dĂ© dans les arrĂȘts de jeu, comme une claque donnĂ©e par le destin Ă ceux qui croyaient trop vite Ă la magie.
Mais ce nâĂ©tait pas le score qui torturait lâesprit du coach dans la nuit suivante. Ce fut le coup de tĂ©lĂ©phone, trois jours plus tard, qui le foudroya.
« DĂ©chirure du quadriceps, stade 3. Trois mois dâindisponibilitĂ©, minimum. »
AnĂbal nâavait pas rĂ©pondu. Il Ă©tait restĂ© lĂ , dans son bureau, devant le tableau magnĂ©tique encore marquĂ© des dĂ©placements de Paulo Roberto. Trois mois. CâĂ©tait une Ă©ternitĂ© dans une saison. Un gouffre, surtout pour un club qui bĂątissait plus sur la fraternitĂ© que sur les millions.
Il revit les images du BrĂ©silien, jovial, tatouĂ©, cabot Ă ses heures, mais pilier discret du vestiaire. Celui qui plaisantait toujours en portugais tressĂ© dâun accent carioca, celui qui rappelait aux plus jeunes que la rigueur nâexcluait pas le plaisir. Son absence allait se faire sentir. Sur le terrain, bien sĂ»r. Mais surtout dans les cĆurs.
Et AnĂbal, pour la premiĂšre fois depuis le dĂ©but de cette folle aventure en Liga Betclic, sentit une fĂȘlure en lui. Pas un doute. Une peine. La certitude quâaucun plan ne rĂ©sistait aux caprices du football. Il allait falloir improviser, inventer, combler.
Mais pour lâinstant, il laissa tomber la tĂȘte entre ses mains.
Et le vent, derriĂšre les vitres du bureau, soufflait encore.