Réponses aux lecteurs
@CaptainAmericka Oui et toui
Le ciel de São Paulo était lourd et orageux, une parfaite allégorie du climat qui pesait sur la vie d’Anibal Guimarães. Malgré les efforts du FBI et la protection musclée assurée par le Comando Vermelho, Ezequiel Reyes, le magnat sombre et redouté du cartel Gallindo, s’était rendu en personne dans la métropole brésilienne. Son arrivée glaça l’atmosphère déjà tendue, et un frisson invisible parcourut l’échine des joueurs et du staff de Palmeiras.
Au centre d’entraînement de Palmeiras, l’agitation habituelle de fin de saison était présente : joueurs qui riaient, jeunes talents qui faisaient des passes, le staff qui commençait à ranger les équipements pour la trêve. Mais l’arrivée de Reyes, même à distance, avait le pouvoir de paralyser l’activité. Les regards se faisaient fuyants, les voix s’éteignaient, et chacun ressentait une tension qui ne s’expliquait que par le fantôme de la menace qui rôdait.
Juan-Sebastian Anaya, le jeune latéral colombien, marchait d’un pas lourd vers les vestiaires. Le visage crispé, il venait de céder face à la pression. Le cartel Gallindo avait exigé une part conséquente de son salaire, et même si son cœur criait à la trahison, Anaya n’avait pas eu le choix. Pour protéger son père, membre influent de l’organisation, il avait accepté de se soumettre.
Anibal, lui, était d’une autre trempe. Le coach portugais, malgré les menaces toujours plus explicites et effrayantes, refusait de se plier. Assis à son bureau, il triait quelques documents, rangeait ses notes et préparait ses affaires avant de partir en vacances bien méritées. Mais même dans ces moments où il devait être concentré sur des tâches banales, il sentait cette présence sinistre, ce poids sur sa poitrine qui ne voulait pas le quitter.
C’est alors qu’on frappa violemment à la porte de son bureau. Javi Sanchez, son fidèle adjoint, entra, le visage grave. « Ani… il est là . Reyes. Il est sur le parking, entouré de ses gorilles. »
Anibal soupira, le regard fatigué. « Que veut-il cette fois ? Me voir implorer sa pitié ? »
Javi posa une main sur l’épaule de son ami. « On doit partir d’ici. Ce n’est plus sûr. »
Mais Anibal se leva, décidé, le feu dans les yeux. « Non. Je ne lui montrerai pas ma peur. Pas maintenant. » Il serra les poings, sa voix tremblante d’une rage qu’il contenait depuis trop longtemps. « J’ai déjà tout perdu, Javi. Ma mère, ma dignité, et presque ma famille. Je ne peux pas céder maintenant. »
Anibal sortit de son bureau, le cœur battant à tout rompre, mais l’apparence imperturbable. Il marcha à travers le centre d’entraînement, croisant les regards inquiets de ses joueurs et de ses collègues. Anaya l’aperçut et se figea, conscient du poids des choix qui se jouaient à cet instant précis.
Reyes attendait près des terrains, vêtu d’un costume impeccable, son regard de prédateur scrutant chaque mouvement de l’entraîneur portugais. Il sourit en le voyant approcher, un sourire froid et menaçant.
« Anibal, » commença Reyes d’une voix mielleuse, « tu es un homme têtu. C’est une qualité que j’apprécie, mais même les hommes les plus forts finissent par plier… ou disparaître. »
Anibal le toisa, les mâchoires serrées. « Si tu es venu pour me faire peur, Reyes, sache que c’est peine perdue. »
Le sourire de Reyes s’élargit, mais ses yeux restèrent de glace. « La peur n’est pas le but. Le contrôle, oui. Ta femme, ton enfant à venir, même ce club… tout peut disparaître en un claquement de doigts. Alors, sois raisonnable. »
Anibal sentit sa colère bouillonner, mais il savait que perdre son sang-froid ne servirait à rien. Il pensa à Yessica, à leur fille qui venait de naître, et à la vie qu’il voulait leur offrir. Il pensa à tous les sacrifices qu’il avait déjà faits. Mais même dans cette spirale de terreur, il ne se voyait pas plier.
Reyes se pencha vers Anibal, son visage à quelques centimètres du sien. « Considère ceci comme un avertissement final. Il n’y aura pas de seconde chance. »
Avant qu’Anibal ne puisse répondre, des hommes de la Policia Federal et du Comando Vermelho s’approchèrent, les armes prêtes, forçant Reyes et ses hommes à reculer. Mais le mal était fait. Anibal savait que cette rencontre n’était qu’un prélude à ce qui pourrait arriver s’il continuait à résister.
Alors qu’il retournait à son bureau, Anibal sentit le poids de l’échec et de la vulnérabilité. Même s’il refusait de céder, combien de temps pourrait-il encore tenir ? Ses convictions vacillaient, mais son amour pour sa famille et son désir de protéger ceux qu’il aimait restaient ses seuls boucliers dans cette guerre silencieuse mais mortelle.
Yessica, qui l’attendait chez eux, le regarda revenir avec une tristesse qu’elle ne parvenait plus à cacher. « Jusqu’où devrons-nous aller, Anibal ? » demanda-t-elle, des larmes aux yeux.
Anibal la prit dans ses bras, le cœur lourd. « Jusqu’à ce qu’ils comprennent que nous ne nous rendrons jamais. » Mais au fond de lui, il savait que les prochains jours décideraient de tout : de leur survie, de son avenir, et peut-être même de leur bonheur.