Depuis Juillet 2022, le club de Palermo est membre de la grande galaxie du City Football Group après être passé sous pavillon émirati à la suite d’une décision du conseil fédéral de la Fédération italienne de football d’exclure le club de la Série B italienne en lui révoquant son statut professionnel. Après avoir été liquidé et placé en banqueroute, le club a fait son petit chemin pour retrouver la seconde division italienne.
L’histoire récente du Palermo FC est marquée par une chute brutale suivie d’une spectaculaire renaissance. En 2019, le club a donc été exclu de Serie B en raison de graves irrégularités administratives, notamment l’absence de dépôt de garantie, des salaires impayés ainsi que des dettes non réglées, ce qui lui a valu une liquidation et une relégation en Serie D.
Le 23 Juillet 2019, un nouveau club, la Soiceta Sportiva Dilettantistica Palermo a été créée avec Dario Mirri et Tony DiPiazza comme nouveaux propriétaires. Sous leur direction, le club s’est vu promu en Serie C en 2020 puis en Serie B en 2022 après une victoire en barrages contre Padoue.
Le 4 Juillet 2022, le City Football Group a acquis 80% des parts du club, les 20% restants étant conservées par Dario Mirri qui reste président. Ferran Soriano, PDG du CFG déclare alors: « Palerme est un grand club historique avec une forte identité. Nous travaillerons avec Dario Mirri pour consolider son travail extraordinaire visant à la croissance de Palerme dans les années à venir ».
Sous l’impulsion du CFG, le club a renforcé son effectif, notamment avec Matteo Brunori, prêté par la Juventus, qui a joué un rôle clé dans la montée en Serie B. Le CGG a exprimé son ambition de faire monter Palerme en Serie A dans les prochaines années.
Nichée entre les montagnes et la mer Méditerranée, la ville de Palerme respire la passion du football. Fondée en 1900, le Palermo Football Club est l’un des plus anciens clubs d’Italie. D’abord connu sous le nom « Anglo Palermitan Athletic and Football Club », il fut créé par des expatriés anglais amoureux du ballon rond. Pendand des décennies, il évoluera loin de la première division, symbole d’un Sud de l’Italie en marge du football italien en grande partie dominé par le Nord.
Sur le plan des trophées, l’équipe de Palerme reste modeste, le club n’a en effet jamais remporté la Serie A ni la coupe d’Italie mais en a été finaliste à trois reprises en 1974, 1979 et 2011. Palerme a remporté la Serie B à 5 reprises. Palerme n’a donc remporté que des titres secondaires au cours de son histoire.
L’histoire moderne du club a été marquée par deux grandes phases: l’ère ambitieuse de Maurizio Zamparini, fantastique président mais sulfureux président du club de 2002 à 2017 et son départ, plongeant le club dans la tourmente. Sous sa houlette, Palerme monte en Serie A en 2004, recrute massivement en Amérique du Sud et révèle de nombreux talents. Mais la politique de Zamparini, fondée sur des investissements risqués, un turn-over d’entraîneurs permanents (plus de 40 en 15 ans!) et une gestion plus qu’opaque vont finir par éroder la stabilité du club. Après son départ, la situation empire, entre rachats successifs, investisseurs peu fiables (Sport Capital en 2018-2019), absence de garantie financière, dettes accumulées et salaires impayés, le club est sanctionné par la FIGC en 2019.
Palerme s’est imposé comme un formidable vivier de talents parmi lesquels:
- Edinson Cavani: recruté en Uruguay pour 4,5 millions d’euros et revendu à Naples pour 17 millions d’euros.
- Paulo Dybala: acheté à l’Institut Cordoba pour 12 millions d’euros, revendu 32 millions d’euros à la Juventus.
- Javier Pastore, Andrea Barzagli, Simon Kjaer ou encore Luca Toni.
Pour la plupart, ils seront découverts jeunes, en Amérique du Sud et incarneront une politique de trading intelligent: acheter à bas prix, valoriser sportivement et revendre bien plus cher qu’il n’aura coûté. Stratégie très lucrative mais qui ne sera malheureusement pas suivie d’un investissement dans les infrastructures du club.
Le City Football Groupe ou CFG est un consortium de clubs de football fondé en 2013 par le fonds d’investissement Abu Dhabi United Group dirigé par Sheik Mansour bin Zayed Al Nahyan, membre de la famille royale d’Abu Dhabi. L’ambition du groupe est affichée: créer un réseau mondial de clubs partageant une vision de jeu, des ressources humaines et des méthodes d’entraînement.
Le CFG est dirigé par Ferran Soriano, ancien directeur du FC Barcelone, qui a appliqué une stratégie de gestion multi-clubs très inspirée du modèle industriel. Il ne s’agit pas simplement d’acquérir des clubs, mais de créer une synergie globale avec le club de Manchester City au centre, en phare du projet.
Le groupe mise sur:
- L’optimisation des talents via des transferts internes entre clubs membres du groupe et un réseau de recrutement mondial et partagé
- La standardisation d’un modèle de jeu par défaut inspiré du tiki taka prôné par Pep Guardiola
- Le développement d’une marque globale avec des clubs se voyant apposés l’appellation « City » en fin de nom
- Une rentabilité à long terme en créant des actifs spotifs et commerciaux afin de rendre chaque club viable économiquement.
Ainsi, chaque club conserve son autonomie locale mais bénéficie de l’infrastructure général du groupe dans le domaine de l’analuse de performance, de la communication ou encore du recrutement.
Chaque acquisition du CFG a une logique stratégique: développement de talents (Uruguay, Inde, Belgique), Présence sur les grands marchés (USA, Japon, Brésil) ou encore clubs o fort potentiel ( Palerme, Troyes).
- Manchester City
- New York City FC
- Melbourne City
- Girona FC
- Montevideo City Torque
- Mumbai City FC
- Yokohama F. Marino
- Lommel SK
- Troyes AC
- Palermo FC
- Bahia EC
- Club Bolivar
Si ces acquisitions sont saluées pour faire avancer le foobtall mondial, certaines critiques sont émises, ainsi, le CFG participerait à la concentration des pouvoirs dans le football mondial ainsi qu’au « sportwashing », l’adoucissement de l’image des régimes autoritaires grâce au softpower par le biais du sport. De plus, il est à craindre une déshumanisation du football transformé en machine aux rouages économiques et politiques davantage que sportif.
Palerme, 3 Juin 2023.
Un parfum de renouveau plane dans les travées du Stadio Renzo-Barbera. Après des années d’instabilité, des dettes et une descente aux enfers, le club sicilien semble retrouver un nouveau souffle. Il ne s’agit pas d’un nouveau président ou d’un miracle, non, il s’agit de la méthode City.
Le City Football Group, tentaculaire empire du football moderne, a posé ses valises en Sicile deux ans plus tôt en tant qu’investisseur dans un premier temps, le temps de faire remonter le club en 2ème divison italienne. Ensuite en tant que stratège, Palerme n’étant plus un simple club mais le maillon d’un système bien rodé.
Et pourtant, pour relancer le projet du CFG, les dirigeants propriétaires de Manchester n’ont fait appel ni à un technocrate, ni à un entraîneur reconnu sur la scène européenne mais à un homme du peuple, un héros oublié du club. Attaquant italo-brésilien révélé dans les années 2000 sous les couleurs rosanera, Amauri revient à Palerme en tant qu’architeste du renouveau sicilien.
De Carvalho Oliveira Amauri a été choisi et formé par les dirigeants du City Football Group afin d’imposer la vision du CFG à Palerme.
« Je connais cette ville, je lui doit ma carrière. Aujourd’hui, je veux lui rendre ce qu’elle m’a offert » déclare Amauri lors de la conférence de presse suivant son intronisation. Mais très vite, les questions s’accumulent. Que sont réellement les ambitions du CFG pour Palerme? A quel point le jeu produit sera « standardiser », « allez-vous jouer comme Manchester City? ».
Toutes ces questions méritent d’être posées, le jeu de position, le pressing haut, les relances propres etc… peuvent-elles être implémentées sur un effectif bâti pour jouer la Serie B, en cas d’accession à l’élite, ce style de jeu peut-il porter ses fruits alors que le club serait logiquement surclassé sur le papier par ses adversaires?
Amauri, novice en tant qu’entraîneur mais pas dans le monde du football hérite d’un chantier immense sur une île ou la passion l’emporte souvent sur la raison: bâtir un style de jeu, trouver son football et, cela, sans trahir ni les racines du club ni les ambitions de ses dirigeants. Entre la rigueur d’Abu Dhabi et le feu des tifosi, Amauri marche sur un fil, entre identité et innovation.
Pour pallier à son manque d’expérience, les dirigeants du City Football Group ont offert à Amauri et ce, un an avant son intronisation, un véritable parcours fléché du parfait entraîneur du City Group. Ainsi Amauri s’est vu offert les frais inhérents au passage de ses différents diplômes d’entraîneur ainsi que des cours de langue, d’histoire du football et de théorie tactique et technique. De plus, il aura baigné dans le jus du City Football Group avec des stages au sein du New York City FC, Girona FC et aux côtés de Pep Guardiola à Manchester City.
Le premier jour d’Amauri à la tête de Palerme tient plus de la prise de température que de la prise de pouvoir. Soucieux de bien faire, l’italo-brésilien arpente les couloirs du centre d’entraînement de Torretta. Les regards s’arrêtent sur son passage, certains l’ont vu briller à la télévision ou au stade, quand d’autres n’étaient même pas nés lorsqu’il faisait trembler les filets de Serie A.
Dans la salle vidéo, un homme en complet bleu marine, envoyé par Manchester City, déroule une présentation en anglais traduite à la volée par un interprète: « high pressing, compact block. Inverted fullbacks. Build-up from the back. The idea is to control the midfield with short passes and movement ».
Amauri écoute attentivement, il connait la chanson.
Le CFG ne plaisante pas avec la méthodologie, à chaque club se déclinaison du modèle Guardiola adapté aux moyens du bord mais fidèle aux grands principes du tacticien espagnol: controle du tempo, occupation rationnelle des espaces, pressing synchronisé…cela signifie pour Palerme d’abandonner certaines habitudes de Serie B: les longs ballons, les duels sur l’homme, l’obession du résultat à court-terme.
Amauri n’est pas un dogmatique, devant ses joueurs, avant la première session d’entraînement de la journée, il parle en italien et se veut rassurant: « on ne va pas jouer comme City, on va jouer comme Palerme, un Palerme qui pense et qui agit, qui presse et qui n’a peur ni de jouer, ni de perdre, ni de prendre le ballon ».
Ce premier jour est dédié à un mélange de pédagogie, d’observation et de confrontation, à l’image de la star du club, Brunori, qui, dans le vestiaire, lance à la volée: « coach, on va vraiment relancer court face à la Reggiana, même si le terrain c’est un champs de patate? ».
Amauri le sait, il devra se montrer intelligent et s’adapter au profil de ses joueurs afin de construire avec alchimie autour de l’effectif en place. Mais il le sait également, il est venu à Palerme sous la direction du City Football Group, ce qui veut dire qu’il devra à terme mettre en place un système tactique non plus adapté aux joueurs, mais un système tactique auquel les joueurs s’adaptent.
L’objectif officiel d’Amauri à la tête de de Palerme est de s’inscrire dans le Top 3 de Serie B. En interne, l’objectif est clair: il faut faire remonter le club en Serie A dans les 2 ans à venir.
« Le City Group m’a confier m’a donné les clés du club, c’est à vous de faire démarrer le moteur » assène Amauri à ses joueurs en leur parlant des objectifs du club pour la saison en cours qui incluent d’atteindre le 3ème tour de la Coupe d’Italie minimum.
Il le sait, les objectifs du CFG ne se limitent pas aux résultats sportifs stricto sensu, au siège, on rêve plus grand:
- Intégrer Palerme au circuit des prêts du CFG
- Faire éclore des joyaux sud-américains et les revendre avec plus-value
- Retrouver la Serie A et accroître la réputation du club
Amauri a été briefé longtemps avant de devenir l’entraîneur du club sur le projet du CFG pour Palermo FC, la formation sera également au centre du projet, les dirigeants ayant investi plus de 7 millions d’euros dans un centre d’entraînement flambant neuf situé dans les collines de Torretta à environ 20 km de la ville de Palerme. Le centre d’entraînement se compose de deux terrains en gazon naturel identiques au terrain du stade Renzo Barbera pour obtenir les mêmes conditions à l’entraînement et en match. Mais ce n’est pas tout : un bâtiment principal a été créé avec des bureaux, un restaurant et des salles de réunion ainsi qu’un club house avec des salles de sport, des studios de physiothérapie et de récupération. Utilisé d’abord exclusivement par l’équipe première, ce centre s’ouvrira dans les années à venir au secteur jeunesse et de l’équipe féminine.
Amauri a tout pour réussir dans un projet qui se veut ambitieux.
Amauri a passé ses premiers jours à passer en revu les joueurs du club, peaufinant ainsi sa vision de la tactique qu’il emploierait avec les joueurs en place. Désireux de combiner à la fois ses connaissances acquises, ses préférences tactiques et la volonté du City Football Group de voir leur équipe se plier à une certaine vision du football, il a tenté de concilier l’ensemble de ces facteurs afin de penser trois tactiques de départ qui serviront de modèle à sa pré-saison.
Amauri opte ici pour un 433 typique de la formation utilisée par Pep Guardiola. S’il utilise un gardien libéro en défense et deux défenseurs relanceurs pour assurer « une relance propre », il opte en revanche non pas pour un latéral intérieur mais deux latéraux offensifs qui s’excentreront afin d’étirer le jeu dans la largeur du terrain. Le milieu de terrain sera occcupé par un milieu défensif qui viendra apporter le surnombre accompagné de deux milieux axiaux, l’un en soutien, l’autre en attaque afin d’accompagner la transition offensive tout en adoptant une approche équilibrée sans trop de prise de risque. Sur les ailes, un ailier intérieur gauche en soutien viendra combiner avec le milieu axial plus offensif tandis que l’attaquant intérieur droit sera chargé de prendre la profondeur et de sonner la charge avec l’attaquant de pressing dès la récupération du ballon.
Amauri opte en 2ème tactique pour 4231 qui vise à contrôler l’axe du terrain avec de nombreux dédoublements axiaux notamment venant d’un Segundo Volante couvert par un latéral intérieur et deux attaquant intérieurs pour un trio offensif mené par un milieu offensif chargé également de dézoner afin d’aider à la récupération du ballon plus bas sur le terrain.
Ici, il s’agit d’une tactique plus prudente dans laquelle les joueurs se replie défensivement avant d’envisager de récupérer le ballon sous la forme d’un pressing aggressif. Les latéraux sotn plus traditionnels et offrent un équilibre entre sécurité défensive et prisque de risque tandis que les joueurs plus offensives sur les flancs se servent du pivot pour atteindre le buteur ou tout simplement repiquer dans l’axe et tenter un centre ou un tir.
Avec les tactiques qu’il met en place, Amauri le sait, il n’a pas inventé l’eau chaude, mais il se veut prudent, avec un effectif qui ne se connait pas bien et une reconstruction à entamer, il ne prendra pas de risques démesurés tactiquement parlant avant d’avoir sécuriser pour le club une position en milieu de tableau de Serie A. C’est en tout ce qu’il estime être bon pour le club à l’heure H.
Le calendrier de pré-saison voit Amauri rencontrer la maison mère en ouverture! Suivront quelques matchs de mise en jambe avant de tester sa tactique de contre en affrontant le PSV Eindhoven. Le tout servira à entretenir la forme de ses joueurs et de les rôder afin de se tenir prêt pour le 13, jour d’entrée en lice en coupe d’Italie.
La préparation mêlera physique, tactique, déplacement sans le ballon, conservation et circulation du ballon ainsi que du jeu technique et offensif.