Les choses s’étaient drôlement accélérées ne serait ce que lors de deux dernière semaines d’Août. J’avais effectué un match test avec les U23 qui s’était soldé par une victoire et un but.
Par la suite, un engouement médiatique avait entouré ma personne suite aux rumeurs de transferts me concernant et qui m’envoyaient du côté de Paris au PSG. Des rumeurs fondées qui avaient abouti à un accord. Je m’envolerai pour la France en Janvier 2021. Il me restait donc un peu plus de deux ans pour me préparer.
J’avais espéré pouvoir me concentrer sur ma fin de saison en paix, mais un coup de téléphone vint brusquement interrompre mes plans.
-Allô Monsieur Clark ?
-Oui, qui est à l’appareil ?
-Sylvain Ripoll, Sélectionneur de l’équipe de France Espoir.
-C’est un honneur de faire votre connaissance Monsieur Ripoll. En quoi puis-je vous aider ?
-Et bien, j’ai eu vent de vos performances au Brésil, et j’aimerais vous sélectionner en vue de nos deux prochains matchs de Qualification pour l’Euro U21 qui aura lieu l’an prochain en Italie. Seulement voilà, j’ai cru comprendre que vous aviez également la nationalité américaine. Je me devais donc vous parler enfin de vous demandez quelle était les chances pour que vous jouiez pour la Bleus U21.
-Puisque je n’ai pas encore pris de décision, je suis disponible et prêt à relever ce nouveau challenge.
-Parfait dans ce cas, nous vous attendons à Clairefontaine Lundi 3 Septembre à partir de 10h.
Il me restait plus qu’à annoncer la nouvelle aux autres. Mes parents furent enchantés, surtout ma mère qui était née en France et qui y avait grandit jusqu’à ce qu’elle décide de rejoindre mon père aux US. Mon père lui aurait préféré que je défende le maillot américain mais il comprenait ce choix.
Les différents entraîneurs eux, furent un peu moins satisfait. Cette convocation arrivée au pire moment pour eux. La fin de saison, où toutes les équipes étaient encore en lutte pour aller décrocher le titre.
Je décidais malgré tout de m’envoler pour la France pour y découvrir un nouvel aspect de ce sport magnifique qu’est le foot. La ferveur de la sélection nationale.
Mon vol fut long, plus de 15h en content l’escale à Lisbonne. Puis l’arrivée au-dessus de la région parisienne fut magique. C’était la toute première fois que je venais en France. Une fois ma valise récupérée, une fourgonnette aux vitre teintées me récupéra devant l’aéroport d’Orly. 40 minutes de route, c’était le temps qui me séparait de l’Institution française du football.
C’était absolument somptueux, un tel décors réservé aux meilleurs du football français. Je n’en croyais pas mes yeux. A l’intérieur, la déco laissait apparaître des dizaines de photos d’anciennes gloires du ballon rond.Le Sélectionneur Sylvain Ripoll m’attendait dans l’entrée. Il me serra fermement la main et il m’invita à rejoindre ma chambre. Celle d’un certain Paul Pogba…
Puis ce fut l’heure du déjeuner, ce fut l’occasion pour le Coach de me présenter à tous les autres.
Entre temps j’avais enfilé le survêtement des bleus et j’éprouvais une fierté toute particulière.
-Bonjour à tous les gars, j’espère que vous avez passé de bonne vacances et que vous êtes prêt pour la reprise !
C’est vrai qu’en Europe, les joueurs avaient une trêve estivale. Ce qui n’était pas mon cas au Brésil, je partais de ce fait avec un handicap. Tous ici présents étaient reposé et prêt à attaquer. Moi, je venais de jouer un match quelques jours auparavant. Le défi était de taille, mais j’étais prêt à le relever.
-Je vous présente aujourd’hui la venue d’un petit nouveau Cameron Clark, réservez lui un accueil chaleureux et aidez le à s’intégrer.
Une fois n’était pas coutume, j’étais le plus jeune et de loin. J’allais avoir 16 ans le mois prochain, et face à tous ces jeunes joueurs confirmés qui devaient pratiquement tous dans des top clubs européens, je faisais pâle figure. Je fus invité à rejoindre une table, ce que je fis expressément
Je connaissais personne, en revanche ici tout le monde me connaissait suite au transfert que Paris avait réalisé pour s’attacher mes services dans le futur.
Silencieux, je me mettais un petit peu en retrait tandis qu’un véritable festin nous était servi.
-Alors Cameron, ça fait quoi d’avoir été recruté par le PSG ? me demanda un coéquipier noir de peau.
-Et bien, je suis plutôt satisfait, je ne m’attendais pas vraiment à cela, ça fait moins d’un an que je suis arrivé au Brésil, j’étais loin de me douter que cela pourrait m’arriver si rapidement.
Au fait, je suis désolé les gars, vous semblez tous me connaître, mais de mon côté je suis un peu largué.
-Pas de soucis, on comprend. Moi c’est Odsonne, je suis avant-centre pour le Celtic Glasgow.
-Moi c’est Alban, je suis gardien pour la Fiorentina en Italie.
-Houssem, je suis à Lyon, on sera peut-être adversaire lorsque tu rejoindras la France.
-Et pour finir moi c’est Matteo, mais tu peux m’appeler Matt’, et je joue pour Arsenal…
Woooaaah… Trop la classe, c’était comme je l’avais pensé. Ils imposaient le style.
Après ces brèves présentations, la suite du repas fut beaucoup moins stressante pour moi, puis, j’appris à connaître mes autres coéquipiers, puis il fut l’heure d’aller se changer pour la séance de décrassage.
Je tomba alors nez à nez avec mon camarade de chambre, il avait des gants de gardien à la main, et bizarrement sa tête me disait vaguement quelque chose.
-Oh, Cameron, salut ! C’est un plaisir de te rencontrer. Nous n’avons pas eu l’occasion de discuter. Je suis Luca.
Bordel, c’est bon ça me revenait. Mon colloc était Luca Zidane ! Je n’en revenais pas, j’étais un fan de son père. Le plus grand footballeur français de l’histoire. J’étais un peu perturbé je devais bien l’admettre.
-Enchanté Luca, il semblerait que l’on va être camarade de chambre. Tâchons de bien nous amuser.
-Tu as raison ! Je file, je te laisse te préparer on se retrouve sur le terrain.
Décidément, plus les instants passés et plus je m’amusais, cette expérience à Clairefontaine, même si elle n’était que temporaire allait être une expérience inoubliable.
Lors de ce rassemblement il était prévu que nous affrontions l’Islande et la Russie.
Mes débuts furent couronnés de succès, deux matchs et deux buts, Odsonne lui en marqua trois.
-Pas mal le nouveau pour une première expérience, mais n’oublies pas, tant que je serais là, tu ne pourras pas briller.
Quel vantard celui-là, il n’en manquait décidément pas une. Nous échangèrent une brève accolade tandis qu’il quittait le château.
Je saluais également Lucas et lui souhaitait un bon retour à Madrid.
De mon côté, je partais avec des souvenirs plein les yeux, des nouveaux numéro de téléphone, j’allais essayé de garder contact malgré la distance et le décalage horaire entre le Brésil et l’Europe. j’espérais vraiment pouvoir revenir un jour ici, mais cela ne dépendait malheureusement pas que de moi, et peut-être qui me faudrait encore attendre longtemps avant
Le Sélectionneur vint me rejoindre alors que j’étais sur le point de repartir avec la même fourgonnette qui m’avait accompagnée jusqu’ici.
-Tu as fait de l’excellent travail, je compte sur toi le mois prochain pour la fin des qualifs ?
-Avec grand plaisir Coach !
J’allais donc revenir. J’avais hâte d’y être. En revanche, cela allait être délicat d’annoncer cela à mes entraîneurs de l’ATM. Malgré tout, un mois plus tard, face au Monténégro je marquais à nouveau tandis qu’Odsonne enchaînait un nouvelle fois avec trois buts inscrits en deux matchs. Ce type était un machine. Mais je commençais à me faire à ce 4-2-2 avec Odsonne en association à la pointe de l’attaque. Mon heure de gloire viendrait. Même l’hymne nationale le disait. Ou peut-être parlait-elle plutôt de jour. Je ne savais plus.
…
Malheureusement, durant mes absences en sélection les choses s’étaient pas mal dégradées du côté de l’Atletico Mineiro. Les U23 ne s’étaient pas qualifiés pour la suite du Championnat national, et les U20 avaient été éliminé en Quart de finale contre les Corinthians. C’était la fin de saison des U20, nous nous retrouvions tous une dernière fois dans les vestiaires avant de partir en vacances.
-Vous pouvez être déçu de ce résultat. Souvenez-vous de ce sentiment et servez-vous en l’an prochain pour remporter le titre. Vous avez quoi qu’il en soit réalisé une très belle saison. Profitez de chaque instants pour vous reposer en vue de la saison prochaine.Merci à tous et bonne douche.
Le coach avait quitté le vestiaire, l’humidité avait rapidement envahit la pièce.
-On aurait sans doute pu gagner ce putain de titre si tout le monde avait joué le jeu jusqu’au bout. N’est-ce pas Clark ?
C’était encore Lucas Indio, ce gars commençait vraiment à m’agacer avec ses provocations grossières. Par chance, mes parents m’avaient offert un cerveau à la naissance et je comptais rester en dehors de ses caprices d’ado frustré… Il avait sa petite bande de copain avec lui qui approuvait naturellement ses paroles…
Mon ami Tiago de son côté, tenta de prendre ma défense.
-Ne vas pas trop loin Lucas, c’est bon,on est tous déçu d’avoir perdu, pas la peine d’en rajouter une couche.
-Oh mais si que je vais continuer. Je peux pas supporter ce tr… !
-Tu parles trop, j’ai été absent, je le concède et je m’en excuse auprès de vous tous les gars. Mais le football est un sport d’équipe non ? On est simplement tombé sur meilleur que nous. Ni plus ni moins.
-Peut-être que si tu n’avais pas pris la grosse tête ces derniers temps tu aurais planté plus de buts. Mais non, monsieur signe avec le PSG et va jouer avec Ney’, il joue avec les U23, il se fait convoquer en sélection nationale espoir, comment espérer qu’il puisse prendre les U20 au sérieux, sa route semble déjà toute tracé.
-Si je n’ai pas réussi à marquer… Peut-être que tu aurais pu t’en charger non ? Tu es attaquant toi aussi non ?
La discussion était terminé pour moi, je n’avais rien à ajouter. Je laissé cet imbécile en plan et partait en direction des douches. Quel crétin.
Une fois douché, je rassembla mes affaires, je m’apprêtais à sortir lorsqu’un homme pénétra dans la pièce.
Tout le vestiaire la boucla attendant les instructions de celui qui s’appelait Levir Culpi.
-Salut à tous les jeunes.
-Bonjour Coach Culpi !! nous criâmes tous en cœur.
-Je tenais juste à vous féliciter pour votre belle saison. Continuez à persévérer et vous aurez peut-être votre place chez les pros un jour.
Son regard se posa ensuite sur moi.
-Cameron, va en salle de récupération intensive. J’ai décidé que tu serais du voyage avec l’équipe A pour notre prochain match.
Une annonce qui allait définitivement enterrer ce cher Indio tandis que mes potes Cristian et Tiaso s’étaient jeté sur moi pour me féliciter.
Effectuer son premier match avec l’équipe pro était en soi quelque chose d’incroyable pour un gamin qui venait tout juste de fêter ses 16 ans.
La trajectoire que j’avais emprunté cette saison était spectaculaire, j’avais tardé à prendre mes marques, puis était devenu indiscutable. J’avais fait un test avec les U23, découvert la Sélection nationale, et voilà que maintenant je me retrouvais à jouer avec la A.
On ne pouvait pas rêver d’une meilleure fin de saison.
Là, où ça devenait encore plus exceptionnel, venait du fait que ma première chez les Pros allait peut-être avoir lieu dans le temple du football. Le stade Maracana et Rio de Janeiro face à la très bonne équipe de Fluminense. Peut-être, car j’étais remplaçant, et rien ne garantissait mon entrée en jeu.
De l’extérieur, le stade était impressionnant, mais de l’intérieur c’était encore plus incroyable. C’était ici, dans ces tribunes que toutes ma famille, Père, mère et grands parents seraient installés pour assister à mes premiers pas. Nous avions accuellit tout le monde à la maison récemment en l’honneur de mon anniversaire, et lorsque j’avais annoncé ma sélection avec l’équipe une, ils avaient tous décidé de faire le déplacement pour l’occasion.
L’heure du match approchait, les minutes avançaient à un rythme effréné tandis que pour la première fois de ma vie, je ressentais une pression écrasante sur mes épaules.
A notre retour d’échauffement, les maillots avaient été installé dans nos box respectifs, je pouvais alors voir le mien floqué de mon nom et du numéro 33.
J’avais fière allure avec ça sur le dos, mais il était à présent temps d’enfiler le survêtement et de rejoindre le banc.
La rencontre n’avait pas commencé depuis longtemps lorsque le coach s’adressa à moi:
Sans me faire prier, je m’exécutais. Peu de temps après la demi-heure de jeu, me voilà sur le terrain. Je venais de remplacer Oliveira, vraisemblablement touché.
Ma présence sur le terrain n’apporta malheureusement pas grand chose et la défaite fut inévitable. Score final: 1à 0 pour Fluminense
Le goût de la défaite avait un goût différent chez les pros. Mes jambes étaient lourdes et j’avais du mal à quitter le terrain, ce fut Oliveira, celui que j’avais remplacé qui vint m’aider à quitter l’enceinte de l’estrade, m’accordant quelques mots:
- Parfois on gagne, parfois on perds, l’important c’est la façon dont tu te relèves ensuite.
Des paroles sages d’un vétéran que j’allais noter dans un coin de ma tête. Il ne fallait pas que je baisse les bras, j’aurais ma revanche à un moment ou un autre.
Le plus tôt serait le mieux, je n’aimais pas rester sur un échec.
Pourtant, les résultats de l’équipe n’allaient pas en s’améliorant, puisque nous avions été éliminé de la Copa Sudamericana et que nous avions subi une nouvelle défaite en championnat contre les Corinthians.
Le match suivant contre Vitoria Esporte était également parti du mauvais pied. Nous avions rapidement été mené 1 à 0 après un but d’Eron à la 29’. J’avais égalisé cinq minute plus tard, ouvrant ainsi mon compteur de but avec les Pros. Mon dernier de la saison sur le sol brésilien. Eron encore lui avait enfoncé le clou peu de temps après l’heure de jeu.
Luan, fut notre sauveur, égalisant à la 80’, il évita une déconvenu supplémentaire.
Malheureusement, la déconvenue arriva ensuite et l’ATM enchaîna les contres performances. Une seule victoire en huit matchs dégringolant à la douzième place du championnat. Palmeiras soulevant le trophée cette année contre toute attente.
Comble de cette fin de saison dans le chaos, je n’avais même pas été élu meilleur joueur ou meilleur buteur du championnat national U20, laissant cette honneur à Léo Chu du Gremio. Ma place dans le onze de l’année de cette même compétition ne suffisait pas à me satisfaire.
Par chance, j’avais été appelé avec l’équipe de France Espoir au mois de Novembre. Un bon bol d’air frais qui m’avait donné la chance de sortir de cette spirale négative.
Et lors du dernier match de l’année. Je mettais un terme à mon année par un tout dernier triplé face aux Espoirs finlandais. Le temps pour des vacances bien méritées…