:storygreen: :intro: Carlos Rojas - L'amour de la mamá

PROLOGUE

« Carlos, envoi le ballon en profondeur! »
« Passe, passe! »
« Mais tu vas centrer oui!? »

Carlos ne savait plus où donner de la tête. Il ne comprenait rien à ce que les autres enfants lui criaient. D’un passement de jambes, il élimina son vis-à-vis, puis crocheta le dernier défenseur avant de frapper fort en direction du but. Le ballon s’écrasa sur le poteau, le rebond amorçant la contre-attaque.

"Mais passe ptain! T’es tellement perso!"*
« J’étais tout seul! »

L’équipe adverse fila droit vers le but et après une belle passe en retrait, marqua dans le but vide. Les insultes s’abbatèrent sur Carlos… qui n’y comprenait pas un mot. Mais les regards et gestes de ses coéquipiers ne laissaient pas de place au doute. Refoulant ses larmes, Carlos partit en courant à l’autre bout du préau. Il n’avait qu’une hâte, rentrer à la maison pour retrouver sa mère et ses frères.

Arrivé d’Equateur quelques semaines plus tôt, quelques jours seulement après son dixième anniversaire, Carlos avait toutes les peines du monde à se faire à sa nouvelle vie. Il ne parlait pas un mot de français, et avait intégré une classe avec des enfants plus jeunes que lui. Mais ceux-ci ne l’avaient pas intégrés et son seul terrain d’expression et de partage était le foot. Mais même là, tous lui criaient dessus au moindre dribbles tentés, qu’ils soient réussis ou non, et il en perdait l’envie de jouer. La solitude l’accablait.

Après l’école, Carlos se jeta dans les bras de sa mère lorsqu’elle vint le chercher

« Mamá! »
« Hola mi corazon. Comment s’est passée ta journée? »

Il hésita un instant. Il voulait dire à sa maman que rien n’allait. Mais il savait que cela la rendrait triste et il ne voulait surtout pas ça. Ils avaient quitté l’Equateur pour construire une nouvelle vie après le départ de son père et il voyait bien que c’était aussi difficile pour elle.

« Très bien, mamá. J’ai marqué un super but aujourd’hui! »

Plus tard, ce soir là, lorsqu’il alla se coucher, sa mère l’embrassa sur le front et lui dit doucement à l’oreille « je suis fier de toi, Carlitos. Tu es très courageux ». Le jeune garçon repensa à ses larmes lorsqu’il avait quitté le terrain. Il ne s’était pas trouvé très courageux. Il se promit de faire mieux dès le lendemain et de ne plus se laisser faire. Comme chaque soir, il répondit à sa maman « bonne nuit mama. Je t’aime ».

Une semaine plus tard, c’est le visage tuméfié et les coudes et genoux erraflés que le retrouva sa maman à la sortie de l’école.

« Mi corazon! Qu’est-ce qu’il s’est passé!? »
« J’ai été courageux mama! Ewan m’a poussé quand on jouait au foot, mais je ne me suis pas laissé faire. Il est dans un pire état que moi! »
« CARLOS!! Tu ne dois plus jamais faire ça! Ce n’est pas cela, être courageux! Se battre, c’est être bête! »

Et elle lui tapa l’arrière de la tête fermement. Carlos était plus sonné qu’après le coup de poing en plein visage d’Ewan. Il voyait au loin le garçon et leurs camarades le regarder et se moquer de lui. Il se sentait honteux d’avoir déçu sa maman, mais plus encore qu’elle l’ait humiliée de la sorte face à ses ennemis.

Ce soir là, pour la première fois de sa vie, il ne répondit pas à sa mère lorsqu’elle vint lui dire bonne nuit. Il lui tourna le dos jusqu’à ce qu’il entende la porte de la chambre se fermer. Puis il pleura à chaudes larmes. Il détestait Genève, il détestait la Suisse. Il détestait son père pour les avoir abandonné. Et il détestait sa mère pour l’avoir humilié devant Ewan et les autres.

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Suivrons-nous un joueur ?

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L’amour de la mama, un titre évocateur :smirk:

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Pourvu qu’un drame n’arrive pas…

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Oh une nouvelle histoire !! Pourvu qu’elle ne commence pas par un drame oui…

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Les drames ne doivent pas être réservés à Teanuanua :sac:

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En même temps, sur les premiers chapitres, tu nous as servi ! :sac:

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Pas simple de s’intégrer, d’autant plus pour les plus jeunes !

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ça va finir en drama ça encore :sac:

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CHAPITRE 1

Destins liés…

« Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaiiiire Carlooos, joyeux anniversaire! »

Carlos souffla les treize bougies sans réfléchir, prenant à peine le temps de faire son voeu. Comme à chaque anniversaire depuis ses onze ans, il souhaita devenir football professionnel. Et plus les années passaient, plus il se raprochait de ce rêve, il en était sûr.

« Voilà ton cadeau, Carlitos, j’espère que ça va te plaire »

Carlos réceptionna le paquet, déchira l’emballage et sauta de joie en découvrant le maillot du Servette FC floqué « A. Dias », l’avant-centre phare du club.

« Merci Ewan! »

Leonardo et lui avaient connu des débuts compliqués, lorsque Carlos était arrivé d’Equateur il y a trois ans. De nombreuses bagarres avaient éclatées entre eux. Et puis, au fil des semaines, des mois, les deux jeunes garçons avaient appris, en même temps que l’Equatorien apprenait à parler français, à communiquer ensemble. Très vite, leur amour du foot et leur compétitivité leur permis de nouer des liens. Aujourd’hui, les deux ados ne se quittaient plus. Camarades de classe la journée, coéquipiers le soir lors des entraînements de foot, ils passaient même leurs week-ends ensemble à jouer aux jeux-vidéos.

« Un jour, c’est mon nom qui sera inscrit sur ce maillot! », lança fièrement Carlos.
« Non, parce que c’est moi qui aurai le numéro 10! », lui répondit Ewan.

Les deux amis rigolèrent ensemble. Oui, un jour, ils brilleraient ensemble sur le terrain, ils en étaient sûrs. Aujourd’hui déjà, leur complicité était évidente sur le terrain. Ewan jouait un cran plus bas sur le terrain. Aucun doute : techniquement, c’était le plus doué des deux. Son sens du collectif était aussi impressionnant pour son âge. Mais Carlos était bien meilleur face au but, et plus rapide. Ainsi, lorsque les deux combinaient, cela faisait des ravages, l’un étant le passeur et l’autre le buteur.

Dans quelques jours allait se jouer le premier match de la saison. Leur club du FC Meyrin affrontait le CS Chênois dans le choc au sommet. Et, Carlos le savait, les recruteurs des U15 du Servette FC seraient présents, puisque les deux clubs faisaient partie de la filière junior du club grenat. Ewan et lui allaient avoir l’occasion de faire leurs preuves.

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Un cadeau prémonitoire peut être :grin:

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Sont mignons ces jeunes, un jour ils se battent, l’autre jour ils sont meilleurs potes !

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Très joli cadeau !! Il a de la gueule le maillot !

J’ai peur qu’il y en ai qu’un des deux qui soit pris..

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Résumé

Pas impossible! Mais nous n’en sommes pas encore là!

Il y a quelques années entre les deux événements, mais les jeunes sont comme ça! Un jour t’es mon ami, l’autre mon ennemi!

C’est sûr que la concurrence pourrait être rude…

CHAPITRE 2

Destins croisés?



Lorsque Carlos se leva ce samedi matin, il sentit tout de suite son estomac noué. Le stress commençait à monter et il pouvait sentir ses muscles se raidir. Le championnat reprenait ses droits. En mangeant son bol de céréales, le regard dans le vide, son attention se porta soudain sur la télé qui était allumée en fond. Un journaliste parlait de la saison de Super League qui s’apprêtait à débuter pour le Servette FC et de la venue d’une star locale pour l’occasion.

"L’entraîneur de Birmingham City, Julian Campos, sera présent ce soir pour le match d’ouverture entre le Servette FC et le FC Bâle. Le Genevois, élu entraîneur de l’année en Premier League, a amené son équipe à la seconde place du championnat anglais cette année et nul doute que sa présence dans les tribunes donnera une motivation supplémentaire aux grenats. "

Julian Campos… Carlos devait absolument le rencontrer! A Genève, les fans de foot n’avaient que son nom en bouche tant son parcours semblait sortir tout droit d’une partie de Football Manager. Après avoir commencé sa carrière à Dumbarton, l’entraîneur suisse avait repris le club de Birmingham et l’avait très vite installé parmi les meilleures équipes d’Angleterre.

« Mama! » cria Carlos.

Sofia, sa maman, arriva avec une pile de vêtements à repasser dans les bras.

« Si? »

Carlos lui expliqua alors qu’il devait absolument se rendre au Stade de Genève ce soir là pour tenter de rencontrer l’entraîneur de Birmingham. Sofia le regarda d’un oeil amusé, puis le taquina :

« Marque un but ce matin, et on verra ce qu’on peut faire! », rigola-t-elle.

Dans les vestiaires, tous les joueurs avaient retrouvé leur concentration, et Carlos ne faisait pas exception. Le coach annonça la composition de départ et, comme attendu, Carlos allait débuter en pointe du 4-4-1-1 habituel, avec Ewan juste derrière lui. Le discours du coach fût concis:

« Les gars, vous savez ce que vous avez à faire. Ce n’est que la première journée, mais nous savons que Chênois sera notre principal adversaire cette saison. Donnez tout, mouillez le maillot, et tout ira bien. »

Les joueurs entrèrent sur le terrain., devant un maigre public composé majoritairement des parents des joueurs. Les deux équipes se serrèrent les mains et filèrent pour se mettre en place. Alors qu’il attendait pour donner le coup d’envoi avec Ewan, Carlos remarqua l’expression de son ami. Il avait l’air en état de choc.

« Hey, tout va bien mec? »
« Ne panique pas », répondit Ewan.
« Ca va aller, ça ne reste qu’un match de championnat… »
"Non, pas pour ça… On a un spectateur de marque. "

Il fit un léger signe de tête en direction du banc des remplaçants. Carlos se retourna et sentit comme du plomb lui glisser dans les jambes : Julian Campos, en personne, se tenait là, discutant avec leur coach en riant. A cet instant, l’arbitre siffla le début du match, mais Carlos ne réagit pas. L’arbitre siffla une nouvelle fois, ramenant Carlos sur terre, qui s’apperçut que l’arbitre lui faisait de grands gestes. Il glissa le ballon à Ewan.

Il fallut quelques minutes à Carlos pour se mettre dans son match. Il ne cessait de jeter des coups d’oeil vers le banc de touche. L’entraîneur de Birmingham était toujours là et observait le match attentivement. Le début de partie était brouillon, et les deux équipes semblaient intimidées par cet invité de marque, que tout le monde avait fini par reconnaître. Puis, petit à petit, tous entrèrent dans le match.

La première escarmouche fut l’oeuvre d’Ewan. Bien servi sur une remise de Carlos, le milieu de terrain fut accroché à quelques centimètres de la surface de réparation. Il s’empara fermement du ballon, bien décidé à briller. Sa lourde frappe s’écrasa sur le poteau du gardien adverse, avant d’être dégagé par la défense. Quelques instants plus tard, c’est le CS Chênois qui s’illustrait avec une belle action collective, qui se termina d’une frappe trop croisée. Carlos attendait patiemment son moment. Finalement, à la 34e minute, il profita d’une transition rapide pour faire un appel dans le dos des défenseurs centraux, mal alignés. Ewan n’hésita pas un seul instant pour envoyer une louche par dessus la défense. En pleine course, Carlos réussit son contrôle, et poussa son ballon. Il le poussa sans doute un peu trop, et le gardien accéléra tout de suite pour s’en emparer. D’un gros effort, Carlos réussit à toucher le ballon du bout du pied, juste avant que le portier adverse ne le dégage. Manquant de peu de le percuter, l’avant-centre équatorien le passa agilement pour se retrouver seul face au but vide, après ce grand pont improvisé. Il ne prit aucun risque et poussa le ballon au fond d’un plat du pied, provoquant la joie de ses coéquipiers, qui se lancèrent à sa poursuite pour célébrer l’ouverture du score.

Ravi, le jeune homme jeta un regard et vit Julian Campos l’applaudir avec un sourire. Il n’avait jamais été aussi fier. Il remercia Ewan en lui passant la main dans les cheveux.

Après 40 minutes, l’arbitre siffla la mi-temps sur ce score de 1-0. En buvant le thé, ils écoutèrent le coach et ses consignes. Cet espace dans le dos des défenseurs, il fallait en profiter plus souvent.

En deuxième mi-temps, le FC Meyrin déroula. Alors que la première mi-temps avait été très serrée, leurs adversaires semblaient amorphes. Christian, l’ailier droit du club, inscrit le 2-0 peu après la reprise, d’une balle frappe croisée après un bel effort personnel. Et après une heure, c’est Carlos qui eu à nouveau l’occasion de se mettre en évidence. Légèrement excentré sur la gauche, il élimina son vis-à-vis et pénétra dans la surface. Alors qu’il allait centrer du pied gauche en direction d’Ewan, démarqué en retrait, il sentit une violente douleur au niveau du pied droit. Le défenseur, en retard et probablement agacé par la tournure des événements, le tacla durement. Les crampos au niveau de la cheville, le pied enfoncé dans le sol… Carlos s’écroula de douleur. L’arbitre n’hésita pas un instant à sortir son carton rouge, mais toute l’équipe se trouvait déjà autour de leur avant-centre, qui se tordait de douleur au sol. Il finit par se relever, sautillant jusqu’au banc, les larmes aux yeux. Alors que son entraîneur lui mettait une poche de glace sur la cheville, Ewan s’élança et envoya un boulet de canon sous la barre. Il sprinta jusqu’à son meilleur ami pour le prendre dans ses bras.

A onze contre dix et avec trois buts d’avance, la rencontre était terminée. Le CS Chênois ne tentait plus rien et les coéquipiers de Carlos ne forcèrent pas plus. A la fin du match, Ewan fonça directement vers Carlos pour prendre des nouvelles.

« A priori, rien de trop grave » répondit Carlos. « Je peux poser le pied au sol, je ne pense pas avoir cassé quoi que ce soit. »

Alors que les joueurs fêtaient la victoire dans le vestiaire, ils entendirent trois coups contre la porte. Julian Campos entra dans le vestiaire avec leur coach. Il les félicita pour la victoire. Mais surtout pour leur état d’esprit.

« J’ai aimé voir cette unité. Lorsque votre camarade s’est blessé, j’ai senti que la douleur était partagée entre vous tous. C’est à ça qu’on reconnait une équipe, à son collectif. Je suis sûr que vous vivrez une très belle saison. »

Peu après, dans la voiture, Carlos et Ewan racontèrent à Sofia tout du match. Leurs buts, le coup reçu par Carlos, l’intervention de Julian Campos. Les deux gamins avaient des rêves pleins les yeux. Sofia sourit. Elle agita alors trois tickets devant leurs yeux.

« Si vous avez pu lui parler ce matin, j’imagine que nous n’avons plus besoin de ces places en loges VIP pour ce soir? », s’amusa-t-elle.

Les deux amis bondirent de joie sur la banquette arrière.

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Passage de Monsieur Julian Campos dans le vestiaire, places en loges VIP, qu’est ce qu’il faut de plus aux deux gamins pour que la journée soit encore plus réussie ? :grin:

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Du thé à la mi-temps ?
C’est moi ou c’est pas banal ?

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Un petit qui a du goût :smiling_face_with_sunglasses: