Résumé
Pas impossible! Mais nous n’en sommes pas encore là!
Il y a quelques années entre les deux événements, mais les jeunes sont comme ça! Un jour t’es mon ami, l’autre mon ennemi!
C’est sûr que la concurrence pourrait être rude…
CHAPITRE 2
Destins croisés?
Lorsque Carlos se leva ce samedi matin, il sentit tout de suite son estomac noué. Le stress commençait à monter et il pouvait sentir ses muscles se raidir. Le championnat reprenait ses droits. En mangeant son bol de céréales, le regard dans le vide, son attention se porta soudain sur la télé qui était allumée en fond. Un journaliste parlait de la saison de Super League qui s’apprêtait à débuter pour le Servette FC et de la venue d’une star locale pour l’occasion.
"L’entraîneur de Birmingham City, Julian Campos, sera présent ce soir pour le match d’ouverture entre le Servette FC et le FC Bâle. Le Genevois, élu entraîneur de l’année en Premier League, a amené son équipe à la seconde place du championnat anglais cette année et nul doute que sa présence dans les tribunes donnera une motivation supplémentaire aux grenats. "
Julian Campos… Carlos devait absolument le rencontrer! A Genève, les fans de foot n’avaient que son nom en bouche tant son parcours semblait sortir tout droit d’une partie de Football Manager. Après avoir commencé sa carrière à Dumbarton, l’entraîneur suisse avait repris le club de Birmingham et l’avait très vite installé parmi les meilleures équipes d’Angleterre.
« Mama! » cria Carlos.
Sofia, sa maman, arriva avec une pile de vêtements à repasser dans les bras.
« Si? »
Carlos lui expliqua alors qu’il devait absolument se rendre au Stade de Genève ce soir là pour tenter de rencontrer l’entraîneur de Birmingham. Sofia le regarda d’un oeil amusé, puis le taquina :
« Marque un but ce matin, et on verra ce qu’on peut faire! », rigola-t-elle.
Dans les vestiaires, tous les joueurs avaient retrouvé leur concentration, et Carlos ne faisait pas exception. Le coach annonça la composition de départ et, comme attendu, Carlos allait débuter en pointe du 4-4-1-1 habituel, avec Ewan juste derrière lui. Le discours du coach fût concis:
« Les gars, vous savez ce que vous avez à faire. Ce n’est que la première journée, mais nous savons que Chênois sera notre principal adversaire cette saison. Donnez tout, mouillez le maillot, et tout ira bien. »
Les joueurs entrèrent sur le terrain., devant un maigre public composé majoritairement des parents des joueurs. Les deux équipes se serrèrent les mains et filèrent pour se mettre en place. Alors qu’il attendait pour donner le coup d’envoi avec Ewan, Carlos remarqua l’expression de son ami. Il avait l’air en état de choc.
« Hey, tout va bien mec? »
« Ne panique pas », répondit Ewan.
« Ca va aller, ça ne reste qu’un match de championnat… »
"Non, pas pour ça… On a un spectateur de marque. "
Il fit un léger signe de tête en direction du banc des remplaçants. Carlos se retourna et sentit comme du plomb lui glisser dans les jambes : Julian Campos, en personne, se tenait là, discutant avec leur coach en riant. A cet instant, l’arbitre siffla le début du match, mais Carlos ne réagit pas. L’arbitre siffla une nouvelle fois, ramenant Carlos sur terre, qui s’apperçut que l’arbitre lui faisait de grands gestes. Il glissa le ballon à Ewan.
Il fallut quelques minutes à Carlos pour se mettre dans son match. Il ne cessait de jeter des coups d’oeil vers le banc de touche. L’entraîneur de Birmingham était toujours là et observait le match attentivement. Le début de partie était brouillon, et les deux équipes semblaient intimidées par cet invité de marque, que tout le monde avait fini par reconnaître. Puis, petit à petit, tous entrèrent dans le match.
La première escarmouche fut l’oeuvre d’Ewan. Bien servi sur une remise de Carlos, le milieu de terrain fut accroché à quelques centimètres de la surface de réparation. Il s’empara fermement du ballon, bien décidé à briller. Sa lourde frappe s’écrasa sur le poteau du gardien adverse, avant d’être dégagé par la défense. Quelques instants plus tard, c’est le CS Chênois qui s’illustrait avec une belle action collective, qui se termina d’une frappe trop croisée. Carlos attendait patiemment son moment. Finalement, à la 34e minute, il profita d’une transition rapide pour faire un appel dans le dos des défenseurs centraux, mal alignés. Ewan n’hésita pas un seul instant pour envoyer une louche par dessus la défense. En pleine course, Carlos réussit son contrôle, et poussa son ballon. Il le poussa sans doute un peu trop, et le gardien accéléra tout de suite pour s’en emparer. D’un gros effort, Carlos réussit à toucher le ballon du bout du pied, juste avant que le portier adverse ne le dégage. Manquant de peu de le percuter, l’avant-centre équatorien le passa agilement pour se retrouver seul face au but vide, après ce grand pont improvisé. Il ne prit aucun risque et poussa le ballon au fond d’un plat du pied, provoquant la joie de ses coéquipiers, qui se lancèrent à sa poursuite pour célébrer l’ouverture du score.
Ravi, le jeune homme jeta un regard et vit Julian Campos l’applaudir avec un sourire. Il n’avait jamais été aussi fier. Il remercia Ewan en lui passant la main dans les cheveux.
Après 40 minutes, l’arbitre siffla la mi-temps sur ce score de 1-0. En buvant le thé, ils écoutèrent le coach et ses consignes. Cet espace dans le dos des défenseurs, il fallait en profiter plus souvent.
En deuxième mi-temps, le FC Meyrin déroula. Alors que la première mi-temps avait été très serrée, leurs adversaires semblaient amorphes. Christian, l’ailier droit du club, inscrit le 2-0 peu après la reprise, d’une balle frappe croisée après un bel effort personnel. Et après une heure, c’est Carlos qui eu à nouveau l’occasion de se mettre en évidence. Légèrement excentré sur la gauche, il élimina son vis-à-vis et pénétra dans la surface. Alors qu’il allait centrer du pied gauche en direction d’Ewan, démarqué en retrait, il sentit une violente douleur au niveau du pied droit. Le défenseur, en retard et probablement agacé par la tournure des événements, le tacla durement. Les crampos au niveau de la cheville, le pied enfoncé dans le sol… Carlos s’écroula de douleur. L’arbitre n’hésita pas un instant à sortir son carton rouge, mais toute l’équipe se trouvait déjà autour de leur avant-centre, qui se tordait de douleur au sol. Il finit par se relever, sautillant jusqu’au banc, les larmes aux yeux. Alors que son entraîneur lui mettait une poche de glace sur la cheville, Ewan s’élança et envoya un boulet de canon sous la barre. Il sprinta jusqu’à son meilleur ami pour le prendre dans ses bras.
A onze contre dix et avec trois buts d’avance, la rencontre était terminée. Le CS Chênois ne tentait plus rien et les coéquipiers de Carlos ne forcèrent pas plus. A la fin du match, Ewan fonça directement vers Carlos pour prendre des nouvelles.
« A priori, rien de trop grave » répondit Carlos. « Je peux poser le pied au sol, je ne pense pas avoir cassé quoi que ce soit. »
Alors que les joueurs fêtaient la victoire dans le vestiaire, ils entendirent trois coups contre la porte. Julian Campos entra dans le vestiaire avec leur coach. Il les félicita pour la victoire. Mais surtout pour leur état d’esprit.
« J’ai aimé voir cette unité. Lorsque votre camarade s’est blessé, j’ai senti que la douleur était partagée entre vous tous. C’est à ça qu’on reconnait une équipe, à son collectif. Je suis sûr que vous vivrez une très belle saison. »
Peu après, dans la voiture, Carlos et Ewan racontèrent à Sofia tout du match. Leurs buts, le coup reçu par Carlos, l’intervention de Julian Campos. Les deux gamins avaient des rêves pleins les yeux. Sofia sourit. Elle agita alors trois tickets devant leurs yeux.
« Si vous avez pu lui parler ce matin, j’imagine que nous n’avons plus besoin de ces places en loges VIP pour ce soir? », s’amusa-t-elle.
Les deux amis bondirent de joie sur la banquette arrière.