Le retour du paradoxe Romagnoli

12 juillet 2026
Alessio Romagnoli a toujours été un ovni dans le football italien. Formé à la Roma mais supporter de la Roma, c’est du côté de la Sicile, et plus particulièrement de Palerme que l’international italien vient de poser ses valises, un an après son départ avec fracas de la botte. Retour sur la trajectoire particulière du défenseur central.
Lazialiste jusqu’au bout
Né à Anzio, en banlieue de la capitale, le petit Alessio est dès son plus jeune âge un fervent supporter de la Lazio Rome, tout comme son père, ses oncles, ses grands pères, et ainsi de suite. A cette époque, les Laziale réalisent leurs meilleurs résultats de l’histoire du club. Pour le jeune garçon, tout comme pour sa famille, c’est certain que c’est là qu’il doit un jour jouer. Pour autant, le destin est plutôt du genre capricieux. Alors numéro 10 à l’ancienne, largement inspiré d’un Zidane qu’il admire particulièrement, Romagnoli se voit ardemment courtisé par la Roma. Sans signe positif de son club, il craque et rejoint l’académie ennemie. Là, il est rapidement repositionné en défense centrale où il se montre particulièrement à son avantage.
C’est à seulement 17 ans qu’il fait ses débuts avec les A, en décembre 2012. Les tifosi Giallorossi craquent littéralement pour le jeune joueur qu’ils voient déjà comme un futur taulier, à l’instar d’un Francesco Totti ou d’un Daniele De Rossi. S’il dispute encore une poignée de matchs, tout s’emballe la saison suivante lorsqu’il part en prêt du côté de la Sampdoria. Romagnoli réalise une excellente saison et voit son retour en capitale se préciser quand un incident survient en fin de saison. Le jeune homme publie sur les réseaux sociaux une photo de lui arborant un maillot récent de l’ennemi éternel de la Roma. La sentence est immédiate. Le joueur se voit fortement conspué par les supporters romains. Le club entrainé par Rudi Garcia n’a pas le choix et le cède au Milan contre un beau chèque de 25M €.
En Lombardie, Romagnoli continue son petit bonhomme de chemin. Dans une équipe relativement instable, le défenseur ne s’en sort pas trop mal même si son potentiel laisse espérer mieux de sa part. C’est vraiment à partir de la saison 2018-2019 qu’il s’installe comme un joueur vraiment moteur de son équipe et récupère même le brassard de capitaine. Pourtant, à partir de la saison 2020-2021, des nuages noirs commencent à se présenter à l’horizon. Ecarté à plusieurs reprises à cause de quelques blessures relativement lourde (déchirure au mollet, rupture du tendon rotulien), l’international italien peine à revenir dans un rôle d’indiscutable. S’il joue encore beaucoup, son statut est de plus en plus remis en cause. Sur la fin de la saison 2024-2025, c’en est trop pour lui. Lors de la finale de la Ligue Europa face au PSG, il est sorti par son coach à l’heure de jeu alors que les italiens mènent. Finalement, les milanais sont battus par les français et Romagnoli laisse exploser sa colère envers Pioli, responsable de cette défaite selon lui. La sécurité est alors obligé d’intervenir pour empêcher le joueur d’en venir aux mains avec son entraineur.
Cet incident marque la fin de son histoire avec la formation milanaise. Dès l’été, il est mis sur le marché des transferts et rejoint assez rapidement l’Angleterre, et plus particulièrement Newcastle. Mais là aussi, cela ne tourne pas à son avantage. Entre des difficultés à s’acclimater à la vie anglaise, des performances individuelles quelconques, et une mauvaise saison de la part de l’équipe, Romagnoli traine son spleen sur le terrain et se retrouve progressivement mis sur la touche. Las, le joueur demande à pouvoir retourner en Italie.
Des promesses oubliées
Si son potentiel semblait assez haut dix ans auparavant, force est de constater que Romagnoli n’a jamais véritablement su totalement le développer. Son sens du marquage à la culotte et sa capacité à anticiper correctement les offensives adverses lui permettent de défendre la majeure partie du temps debout. Mais au-delà de ça, l’international italien se révèle plutôt moyen. S’il est loin d’être un mauvais tacleur, un mauvais passeur, ou doté d’un placement hasardeux, il était légitime de s’attendre à mieux au regard des promesses entrevues. Non, le défenseur fait partie de cette catégorie de joueurs qui sont convainquant partout sans se montrer exceptionnel dans un ou plusieurs domaines bien précis.
Pour autant, cela lui permet d’évoluer dans différents registres sur la ligne défensive, un atout de poids pour Josip Marković dans la construction de son onze. Difficile à l’heure actuelle d’imaginer Romagnoli titulaire. Mais dans un rôle de quatrième homme, il a tout à fait sa place.
« Alessio est un joueur intéressant pour nous. Son expérience avec le Milan est un véritable atout pour l’équipe. On parle tout de même d’un joueur qui a activement participé à la réussite de son équipe dans plusieurs compétitions. L’Angleterre est toujours difficile à aborder en tant que joueurs. De nombreux gars se sont cassés les dents là-bas. Mon boulot maintenant est de lui rendre sa confiance en lui. C’est un gars qui peut avoir une grande importance dans un effectif, un vrai leader. J’avais besoin de personnes comme lui dans l’équipe et je suis ravi de son arrivée. »
- Josip Marković, manager du Palermo FC -
« Il y a une dizaine d’années, Rugani, Caldara et donc Romagnoli étaient vu comme le futur de la Squadra Azzurra. Aujourd’hui, aucun des trois n’aura eu la carrière rêvée. Maintenant, Palerme est une destination intéressante pour le romain. Il suffit de prendre l’exemple de Caldara qui s’est parfaitement relancé, qui a su montrer aux yeux du public qu’il n’était pas encore fini. Maintenant qu’il a rejoint la Sicile, Romagnoli peut prendre le même rôle, il doit même. Soyons honnête, son avenir à Newcastle semble particulièrement sombre. Il est dans son intérêt de montrer de belles choses lors de cette saison afin de soit convaincre Palerme de lever l’option d’achat, soit d’attirer le regard d’un autre club. »
- Mario Baresi, journaliste -
Fiche joueur