:storyred: :intro: A Murder Story : Chapter 1 : Jon

Petit préambule. Bonjour à tous, ça fait un petit moment que j’avais l’idée d’essayer de me remettre à écrire une story, du coup je me lance. Je ne promets rien en terme de rythme/fréquence. Ceux qui me connaissent depuis longtemps savent que j’ai une tendance à laisser de nombreux projets inachevés (mais ça va, je me soigne). Le titre est probablement provisoire, j’ai juste pas d’inspiration. (Egalement, j’ai chié dans la colle en créant le sujet initialement, bref)

Prologue: Dolores

Dolores savait qu’elle était en train de rêver. Pas un rêve ordinaire toutefois. Tout était surréaliste, mais sans l’être vraiment. Comme si la réalité s’enchevêtrait avec son subconscient. Il faisait froid. Si froid. Mais ce rêve avait ceci de bizarre que bien qu’étant partiellement lucide, elle était parfaitement incapable d’interagir avec son environnement. Elle se sentait figée, simple spectateur des ramifications chaotiques de son sommeil. Elle se sentait comme en apesanteur, son corps bougeant lentement vers l’arrière. Dolores tenta de se propulser vers l’avant. Sans succès. Elle fût pris de panique pendant un court moment. “Je suis en train de mourir” pensa-t-elle. Elle essaya de bouger, à nouveau. Un doigt, une jambe, juste un orteil, le gros. En vain. “Je passe vers l’au delà”. La panique fit place à un sentiment différent. Presque de la satisfaction. Dolores ne se sentait pas triste, juste défaite. Il lui paraissait inutile de résister la fatalité d’une probable crise cardiaque. Elle vivait probablement une expérience de mort imminente. La possibilité d’une vie après la mort la satisfaisait. “Il y a quelques personnes que j’aimerais tellement revoir”. Ayant accepté sa mortalité et l’imminence de la sentence, elle ferma les yeux et se laissa emporter. Il faisait tellement froid.

Après ce qui lui parut être des heures, elle ouvrit à nouveau les yeux. Son corps n’était plus en mouvement. Elle ne pouvait toujours pas bouger, mais était en position verticale. Devant elle, l’obscurité, le vide. Elle était dans un grand espace vide seulement illuminé par la lueur de la Lune qui passait par une rangée de grandes fenêtres une dizaine de mètres plus haut. L’odeur de la poussière et de la moisissure lui attaqua les narines. Il n’y avait pas un bruit, hormis celui de sa propre respiration qui résonnait de manière presque irréaliste dans le néant d’un espace abandonné. “Le vieil entrepôt Dubois”. L’entrepôt avait été abandonné quelques d’années auparavant lorsque la crise économique a frappé de plein fouet les quelques bastions qui résistaient ce que les politiciens appelaient “le progrès”. “En restant dans une mentalité de l’âge industriel, votre seule issue est l’extinction” disaient-ils. La ville avait énormément souffert à l’époque, de nombreux commerces mirent la clé sous la porte et la zone n’avait plus d’industrielle que le nom et était devenue une véritable zone fantôme. “Mais si je suis en train de mourir, qu’est-ce que je fais ici ? Peut-être bien n’est-ce qu’un rêve”. Et puis inconsciemment, alors qu’elle cherchait désespérément à donner un sens à ce rêve, cette situation, un mot lui vint en tête. “KETAMINE”. Elle perdit connaissance.

Elle dériva dans ce qui semblait vraiment être un rêve, cette fois. Elle revécut certains évènements importants de sa vie. Des souvenirs précieux. Le sourire de sa mère, partie trop tot. Son premier amour, sa première rupture. Toutes ces petites choses qui l’avaient forgée au fil des années. “Ma vie défile devant ces yeux qui ne sont même pas ouverts”. Elle se sentait impuissante, mais en paix. Un souvenir de son père lui apparut, ce qui la surprit. Elle n’avait pas de souvenirs de son père, soit-disant parti acheter des cigarettes un jour, pour ne jamais revenir. Un lâche qui abandonna sa femme et sa fille pour courir après un je-ne-sais-quoi. Dolores pensait à lui parfois et espérait qu’il avait finalement trouvé ce qu’il était parti chercher. Mais elle en doutait. Elle avait tellement de questions pour lui. Sa mère n’avait jamais souhaité y répondre et les années passèrent alors que Dolores rassemblait son courage pour avoir une discussion franche avec sa mère. Puis, elle décéda, subitement, dans un accident de bus. Et toutes ces questions restèrent à jamais sans réponse. “Papa, Papa c’est toi ?”. Il était plutôt charmant, la quarantaine d’années peut-être, des cheveux poivre et sel sur une coupe de type undercut, presque anachronique. Ses yeux étaient rieurs, son sourire franc et amical. Il mit sa main sur son épaule. “Réveille toi, Dolores”. “Papa, pourquoi tu es parti ?” demanda-t-elle. Il ne répondit que par un sourire triste. “Pourquoi, pourquoi ? Tu nous a abandonné” continua-t-elle. Son sourire ne quittait pas son visage. “Réveille toi, Dolores, réveille toi”. Elle se réveilla.

Elle ne pouvait toujours pas bouger, mais était consciente désormais. Elle tenta de regarder à droite, à gauche mais son cou restait rigide. Un homme se tenait face à elle, dans l’obscurité. Il se tenait dans la maigre lueur de la Lune et Dolores ne pouvait distinguer que sa silhouette. “Bonsoir, Dolores” dit-il. Sa voix était douce et chaleureuse. Il devait faire un bon mètre quatre-vingt. Mince, non, athlétique. Il était tout de noir vêtu. Il s’approcha d’elle. Il avait le même visage que son père dans son rêve. “Tu ne peux pas bouger, mais tu peux parler”. Sa voix était tellement tendre.

-“Je vous connais”, commença-t-elle, il sourit.
-“J’ai une certaine réputation”.
-“ La presse a parlé de vous toute la semaine”
-“ Et me voici”
-“Je vais mourir”. Ce n’était pas une question. Juste un simple fait.
-“Oui”. répondit-il tristement

Dolores essaya de bouger, mais comme il l’avait annoncé, elle ne pouvait pas bouger. Elle se tenait à la verticale mais regardait son agresseur de haut. En regardant de côté elle vit que ses bras étaient écartés en signe de croix. Elle devinait du sang coulant depuis ses poignets. En faisant attention elle parvenait même à entendre les gouttelettes de sang résonner sur le sol poussiéreux. En regardant vers le bas, elle réalisa que ses jambes étaient liées ensembles. Du sang semblait s’échapper de ses chevilles. Surprise, mais calme, elle se rendit compte qu’elle était crucifiée, littéralement, et nue.
“Vous allez me violer” annonça-t-elle. Sa voix était calme, trop calme pour une situation où elle était clouée à une croix. Les effets de la drogue, s’imaginait-elle. Il semblait presque offensé de la question. Ses yeux laissèrent brièvement passer une expression d’incrédulité, non, de révolte. L’instant d’après, ses yeux redevinrent rieurs.

“Non”, sourit-il. “Il n’y a aucune composante sexuelle dans …” il hésita un moment, “… ce que je fais”.
"-Religieuse alors ?”
-Oui et non”
-La croix est un symbole fort
-La croix, c’est juste de la dramaturgie, du théâtre. Lorsque la police va retrouver ton corps, Dolores, ils vont passer du temps à s’interroger sur le symbolisme, vont étudier des théories religieuses. La croix ne veut strictement rien dire. Mais j’ai remarqué que tu es catholique, je t’ai laissé ton pendentif”.

Il disait vrai. Entre ses deux seins nus, Dolores devinait son pendentif. Sa grand-mère le lui avait offert pour sa communion. Un simple crucifix en or. Dolores avait fait sa communion comme tous les autres cousins dans la famille, mais elle ne s’était jamais vraiment sentie religieuse, ou proche de Dieu. Elle portait toujours ce pendentif en mémoire de sa grand-mère, décédée peu de temps après. Vous croyez en Dieu ? demanda-t-elle. Un son sortit de sa bouche. Une brève hésitation. Il réfléchissait à sa réponse. Il avait l’air si sérieux, et dans la faible luminosité, avait presque l’air mystique.

“-Je ne crois pas en un ou plusieurs être divins. Mais je crois en la présence d’être biologiques supérieurs”. Un sourire malicieux apparut sur son visage. Dolores ne voulait pas en demander plus, mais elle ne put pas s’en empêcher.
-“Des êtres biologiques supérieurs ?”
-“Aujourd’hui nous sommes capables d’envoyer des fusées sur Mars. Demain nous pourrons y envoyer des hommes. Tous les jours, la technologie spatiale à notre disposition augmente de manière exponentielle. Bientôt le système solaire sera à nous. Dans notre perpétuelle et vaine quête de richesse, nous allons créer des mines sur les Lunes de Saturne et de Jupiter, afin que les hommes les plus riches ne le deviennent encore plus. Et en prévision de la destruction de notre planète, et de notre système solaire au nom du grand Capitalisme, un jour, nous allons explorer d’autres systèmes, d’autres planètes, et coloniser. Et que va t’il se passer lorsque nous allons atterrir sur une planète à des années lumières d’ici, et trouver une forme de vie intelligente mais nettement moins avancée que nous ?

Il attendait une réponse, mais rien ne lui vint. Elle ne put bredouiller qu’un faible, “je ne sais pas”. Il poursuivit

“-Imaginons que cette forme de vie à un niveau technologique équivalent à notre âge de bronze. Ils nous voient arriver dans leur Ciel, un beau jour. Ils n’ont aucun moyen d’imaginer qu’ils sont en train d’assister à l’atterrissage d’un peuple extraterrestre. Pour eux, ils ne voient qu’un chariot volant atterrir dans un bruit assourdissant et une énorme colonne de feu. Puis, nous sortons de notre vaisseau et établissons un premier contact. Non seulement nous ne leur ressemblons en rien, mais en plus de ça, nous portons des combinaisons spatiales. Peut être que cette peuplade, apeurée et agressive décide alors d’envoyer leurs meilleurs guerriers, leurs champions pour nous accueillir. Et nous, nous avons la capacité de les exterminer. N’ayant aucune compréhension concernant les armes à feu, ce peuple va penser, littéralement, que nous avons le pouvoir de tuer à distance d’un seul geste. N’ayant aucune compréhension des ondes radios, il leur semblera juste que nous soyons capable de communication télépathique. Comment penses-tu alors qu’ils nous considèreraient ?”
“-Comme des Dieux”. La réponse était évidente.
-Mais que sommes nous vraiment ?
-Des êtres biologiques supérieurs.

Un large sourire apparut sur son visage. Il semblait vraiment heureux de discuter ses théories farfelues.

“-Attendez, qu’est-ce que ça a à voir avec moi ? Avec cette croix ? “
“-Avec la croix ? Rien. Avec toi, tout. Ces êtres biologiques supérieurs, ils existent. Ils sont parmi nous depuis bien longtemps. Leur pouvoir est illimité, en tout cas pour nous, pour moi. Ils accordent des voeux. En échange, ils ne demandent qu’un sacrifice, un signe de dévotion. Dans le passé, les Mayas organisaient des sacrifices rituels. En échange ils obtinrent un calendrier astronomique d’une extrême précision, l’accès à des technologies pour eux inconnues. D’autres peuples apprirent à communiquer efficacement grâce à l’écriture, ou à construire des pyramides.“
“-Attendez, êtes vous en train de suggérer que les Mayas et les…”
“-Dans leur Bhagavad Gita, livre sacré pour les hindous, ils décrivent ce qu’ils appellent Vimana. Ces vimanas sont simplement des palaces, ou chariots volants dans lesquels se déplacent les Dieux. Partout dans le monde on peut voir des traces d’une ancienne activité extraterrestre.”
“-Mais c’est complètement absurde.”
“-Ca l’était, oui. Jusqu’à ce que j’en rencontre un. J’ai passé un deal. Et ce deal nécessite un sacrifice.”
-Ma vie ?
-La vie de quelqu’un, oui.
-Une fois par an ?
-Chaque fois que je souhaite quelque chose.
-Qu’allez vous obtenir en échange ?
-Du succès, de la richesse probablement.
-Du pouvoir ?
-Pas le genre de pouvoir auquel tu penses, Dolores. Pas un pouvoir politique.
-Vous allez me tuer, parce que vous avez passé un deal avec un être bio… avec un extraterrestre qui demande un sacrifice en échange de succès ?
-Bien sûr, c’est extrêmement simplifié. Mais c’est l’idée oui. Cet être a le pouvoir d’influencer certaines choses. Et j’ai besoin de cette influence.
-Mais pourquoi faire ?
-Pour gagner.

Dolores ne parvint pas à déchiffrer l’expression sur son visage. Il avait parlé de gagner comme si c’était la chose la plus naturelle au monde mais aussi comme s’il avait comme un doute à se sujet. Son regard s’était brusquement déplacé vers sa droite, comme s’il cherchait quelque chose ou quelqu’un.
Elle reprit, “vous avez choisi ma fleur” ? Cette question le rendit heureux. Un large sourire se forma sur son visage. Il chercha dans sa poche et en sortit une orchidée bleue. Séchée, comme les autres.

-Encore une fois, le hasard a bien fait les choses. Bleue, comme tes cheveux. La police va vraiment croire que je t’ai profilé.
-Ce n’est pas le cas ?
-Non. Tu étais au mauvais endroit, au mauvais moment.

Il tenait la fleur d’une manière délicate, presque précieuse.

-La fleur, ça fait partie du sacrifice ?
-Non, juste une touche personnelle. Pour être sincère, j’ai souvent regretté laisser une fleur ainsi. La police n’aurait aucune idée de mes … activités si je ne le leur avait pas mis directement sous le nez. Parfois je me demande si ça n’aurait pas été plus simple.

Dolores était trop fatiguée pour répondre. Au loin, par la fenêtre, les premières lueurs de l’aube apparurent. Elle était heureuse de pouvoir voir le soleil se lever une dernière fois. Pendant un moment, elle voulait continuer de lui parler. Gagner du temps. Peut-être que quelqu’un allait s’apercevoir de son absence, prévenir la police. Mais elle savait que c’était peine perdue. Elle n’était pas la première. Des années qu’il “sacrifie” des jeunes femmes au profit de sa délusion. Elle le regardait dans les yeux. Encore une fois, un triste sourire lui passa sur le visage.

-“Peu importe ce que disent les gens, la presse, je n’éprouve aucun plaisir à faire ce que je fais” se sentit-il obligé de préciser. “La fin justifie les moyens”.
-Dans ce cas, j’espère sincèrement que ma mort vous apporte ce que vous désirez. Ainsi, elle ne sera pas vaine.
-Je dois avouer que c’était un plaisir de discuter avec toi, Dolores. D’habitude c’est … différent.
-Différent comment ?
-Elles crient, elles pleurent, elles négocient pour leurs vies. Elles offrent des faveurs sexuelles. Je te suce la bite en échange de ma vie, ce genre de choses. Tellement triste. Merci pour la conversation, Dolores.

Devant son silence, il ajouta,

-Il me faut en finir, Dolores. J’ai des choses à faire. Je suis vraiment désolé.
-Attendez. Le soleil est en train de se lever. Me laisserez vous une dernière fois le contempler ?

Il s’éloigna d’elle avec un sourire. “Bien sûr”. Comme pour ne pas la déranger, il sortit de son champs de vision. Dolores était triste. Pas devant l’imminence de sa mort. Elle se demandait combien de temps cela allait prendre pour que quelqu’un remarque son absence. Pas de famille proche, pas de relation stable, pas vraiment d’amis non plus. Un travail sur Internet qui ne lui permettait qu’à peine de payer un morceau de viande en fin de mois. Elle se demandait si elle manquerait vraiment à quelqu’un. Il lui restait l’impression d’avoir pratiquement traversé la vie comme on voyage dans un train direct, sans prendre le temps de s’arrêter à diverses stations pour profiter de l’environnement. Elle n’avait jamais voyagé faute de moyens et son vague projet d’économiser pour aller se dorer sur une plage paradisiaque en Asie ne verrait jamais le jour. Au loin, dans l’entrepôt, elle sentit plus qu’elle ne vit une présence. Comme si une aura mystique était venu regarder. Elle chercha son meurtrier du regard. Il devait l’observer car il vint immédiatement face à elle. Il avait un long couteau à la main.

-Je vais souffrir ? demanda-t-elle, pas vraiment inquiète.
-Non, la drogue fait toujours effet. Ca sera vite terminé.
-Je suis prête.
-Je sais.
-Comment vous appelez vous ?
-Joseph.
-Allez-y, Joseph
-Dans une autre vie nous aurions pu être amis.
-Rencontrons nous dans une autre vie, alors. J’esp …

Sa main toucha son visage. Bien que gantée elle ressentit toute la tendresse de cette homme envers elle. Elle n’était pas en colère après lui, comme si elle le comprenait d’une certaine manière. Il lui murmura quelque chose à l’oreille et bien qu’elle devina l’immense mélancolie dans sa voix, elle ne put démêler aucun mor. Elle ne se rendit compte du couteau dans sa poitrine que lorsqu’un flot de sang lui envahit la bouche. Il avait raison, elle ne souffrait pas. Elle ne se sentait pas plus faible qu’elle ne l’était déjà. Juste fatiguée. Et il faisait froid, tellement froid.

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du romancée :fap3:

On sent que le tueur est… Particulier ma foi. Hâte de voir où ça mène.

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Chapter 1: Jon

Le commissariat était sens dessus-dessous alors que Jon y entrait pour commencer sa journée, des éclats de voix venant de tout côtés. Jon avait remarqué la voiture officielle garée à la va-vite devant l’entrée. “Le préfet, sûrement” se disait-il. Jon n’avait aucun doute quant à la raison du bordel ambiant. Il pouvait entendre la voix du Chef, alors même que la porte de son bureau était fermée. Une discussion animée dont il ne pouvait toutefois comprendre un mot. A la machine à café, il tenta d’engager la conversation avec un collègue, Hervé,

- C’est lui ? Il a remis ça ? commença-t-il
- Pas le temps pour la causette, gamin. T’es pas con, le préfet ne s’est pas pointé ici pour boire le thé avec le Chef. On va tous être sous pression maintenant.

“Certains plus que d’autres” pensa Jon. Hervé allait être de ceux mis sur l’enquête. Il était le plus expérimenté de la brigade et avait travaillé sur l’affaire par le passé. C’était bien pour celà qu’il était un peu bougon ce matin. Beaucoup d’heures supplémentaires en perspective. Pour Jon aussi c’était une bonne nouvelle. Forcément, ce nouveau meurtre allait être la priorité numéro un. Par effet de vases communicants, Jon espérait qu’il allait se retrouver avec une affaire un peu plus excitante qu’un autre chien perdu.
Le préfet sortit en trombe du bureau du Chef et se dirigea immédiatement hors du commissariat, claquant la porte d’entrée derrière lui. Quelques secondes plus tard, le Chef était devant ses troupes à l’entrée de l’open-space.

“Je vais la faire courte. Un corps à été retrouvé dans l’entrepôt Dubois, tout indique que c’est lié à la vague de disparitions qu’on subit depuis quelques années. Hervé, Lombard, scène de crime. Kowalski, Grenier, vous récupérez les affaires courantes de Hervé et Lombard. Les autres, vous me doublez le volume de travail et vous essayez de vous rendre utile. Fedorovitch, dans mon bureau, tout de suite.”

Jon fût pris de panique. “Moi ? Dans son bureau ?”. En plus de ça, il avait vraiment l’air furieux. Une montée d’adrénaline lui noua l’estomac. Vite, un stylo, un carnet, de quoi prendre des notes. “Mais que me veux t’il ?”. Ses genoux se dérobaient presque sous lui alors qu’il se dirigeait vers le bureau du Chef. Un bureau à l’ancienne dans une pièce à part, fermée en dépit des suggestions de ses supérieurs qui privilégiaient un bureau moderne, ouvert, comme ça se fait souvent en entreprise aujourd’hui. Le Chef l’attendait, assis calmement derrière un bureau qui se voulait de style ancien, mais qui venait probablement de chez Ikéa. Son visage était calme, serein. Il sourit à Jon alors qu’il entrait dans la pièce. Le Chef était dans la cinquantaine, probablement proche de la retraite. Son visage communiquait aisément n’importe quelle émotion. Tout était dans les yeux, se disait Jon, des yeux d’un bleu clair qui pouvaient transmettre à la fois colère ou joie. Sa voix était autoritaire, ferme, mais pas dénuée de douceur. L’expression du Chef, alors que Jon tremblait à moitié devant la porte semblait presque paternaliste. Jon se sentit presque rassuré. “Allez, entre, et assieds toi”. Il pointa sa main vers le siège en face de lui. Jon s’exécuta. L’effet de panique initial était passé, mais il ne savait toujours pas le pourquoi de cette convocation.

“Fedorovitch, écoute, Hervé, Lombard et moi même, on est de la vieille école. On a pas de diplôme, on a rejoint la police après le lycée et on est montés en grade à force de travail. Aujourd’hui pour être flic il faut des diplômes, un Masters en psychologie ou criminologie ou je ne sais quoi encore. Je sais que t’as un de ces diplômes et que ta thèse était sur ce fils de pute qui massacre des jeunes femmes sur mon territoire. Que peux tu me dire à son sujet ?”

Jon était surpris. Il ne s’attendait pas à ce que le Chef lui même lui demande son opinion. Il hésita à répondre, ne sachant pas par où commencer,

- Eh, hum, Je peux imprimer une copie de ma thèse si vo…
- Si j’avais envie de lire ta thèse, je l’imprimerais moi même. Fais moi un résumé, que peux tu me dire sur lui ?

Jon ne put qu’être silencieux. Une autre montée d’angoisse lui prit le ventre. C’était la première fois que le Chef lui demandait vraiment son avis à propos d’une affaire sérieuse. Et quelle affaire !

- Allons, pas besoin de stresser. C’est une chance pour moi d’avoir quelqu’un qui a étudié l’affaire.
- Hum, bien, eh, ma thèse émet deux hypothèses principalement. La première est que, hum, les filles, euh, femmes, qui disparaissent, enfin, tout paraît aléatoire. Au mauvais endroit au mauvais moment. Je pose l’hypothèse que ce n’est qu’une illusion de hasard. Que les filles sont, ahem, traquées ?
- Et sur quoi te bases-tu ?
- La victime numéro trois, heh, hum Marie Dubois ? Les deux premières filles qui ont, ah, disparu, étaient, euh, comment dire, relativement marginales et euh …
- Une prostituée et une sans domicile fixe, oui, continue
- Ah, Marie Dubois,hum, a un profil plus, ahem, visible ? Je pense que sa, ah, disparition n’était pas, eh, vraiment fortuite pour le suspect.
- Je pense effectivement qu’il n’y avait rien d’aléatoire avec ce qu’il a fait à cette pauvre Marie. Pour les autres, rien n’indique vraiment qu’elles n’aient été vraiment ciblées.
- Euh, dans ce cas, ah, ce meurtre sort de son, ahem, pattern ordinaire. Il est donc plus, euh, important que les autres.
- Très bien, jusqu’ici je suis d’accord. Le meurtre de Marie Dubois a une importance plus forte que les autres. C’est le seul meurtre qu’on peut définir comme lui ayant donné une sorte d’avantage sur nous, le seul dont on puisse définir une motivation réelle.

Son expression devint soudain triste à l’évocation de Marie Dubois et de l’enquête qui s’ensuivit. Il poursuivit

De toutes les victimes sur ces six dernières années, Marie est la seule sur qui on ait mis toutes nos ressources possibles. L’enquête n’a rien donné. Aucune trace d’ADN, aucune empreinte, que dalle, pas de témoin, pas de suspect. Comme pour toutes les autres d’ailleurs.

Jon ne put contenir une expression d’étonnement.

- Tu m’as l’air surpris, que se passe-t-il ?
- Oh, ah, eh bien, disons que la presse a toujours été, ah, avare en détails, sauf pour la première victime, ahem, Joséphine Marcq. Tout ce que le public sait c’est que, hmmm, une fille disparaît chaque année, entre, ha, la fin juillet et début août, probablement par le même, ha, perpétrateur. C’est tout. Je ne savais pas que, hem, aucun élément, eh, concluant n’avait été trouvé sur les autres, mmh, investigations. Les détails concernant les, hmmm, meurtres me sont également, eh, relativement inconnus.
- Ouais, on a rien de concret sur lui. Ce qu’on remarque c’est qu’il y a une certaine escalade, dans la mise en scène qu’il utilise sur ses victimes. Des détails également cachés à la presse.
- Comment ça ?
- On a toujours demandé aux familles de ne pas donner de détails à la presse, comment il tue ses victimes. Sa première victime, eh bien, on ne savait pas à quoi on avait affaire. Des détails ont été divulgués. Lorsqu’il nous parut évident qu’on était en présence d’un tueur en série, on a tout fait pour contrôler le flot d’information. La première, Joséphine, poignardée cinquante-six fois au thorax. Sa deuxième victime, Liane, rendue méconnaissable, tabassée avec un objet contondant. C’est ensuite que ça sort vraiment de l’ordinaire. La pauvre Marie, retrouvée victime de … d’un aigle de sang.
- Un aigle de sang ? Le hum, rituel Viking ?
- Celui là même. La quatrième victime, Julie Dupuis, on a jamais retrouvé son corps. La cinquième, attachée à un arbre et lapidée et là, la nouvelle victime, crucifiée dans l’entrepôt Dubois.

Jon avait du mal à interpréter le flot d’information qui lui parvenait à présent. Son esprit et ses pensées fusaient dans tous les sens sans qu’il ne puisse particulièrement y mettre d’ordre. La presse n’avait jamais mentionné ces éléments. Tellement de questions se posaient dans sa tête. Il demanda

- Hum, comment sait-on que c’est lui qui a tué, hem, Julie Dupuis, puisque le corps n’a pas été, ah, retrouvé ?
- Oh, il y a quelque chose d’autre que la presse n’a jamais su. Il dépose une boutonnière à proximité de chaque corps. Pour mademoiselle Dupuis, sa boutonnière était clouée à sa porte d’entrée. Il est peu probable qu’elle ait été tuée là, toutefois.
- Un changement de, hem, méthode ?
- Peut-être. L’équipe était divisée à ce sujet à l’époque. Certains pensent que quelque chose à mal tourné et qu’il s’est débarrassé du corps au lieu de le mettre en scène comme les autres. D’autres, enfin, Henry, pensent que c’était son plan. Quelque chose pour nous tenir occupé. Difficile à dire. Quoi qu’il en soit il a pris le temps d’aller clouer sa putain de fleur séchée après le meurtre. Et là aussi, aucun témoin, que dalle. Ce fils de pute est un fantôme.
- Mais, hmmm, il semble inclure un aspect, ah, religieux avec ses dernières, mmmh, victimes.
- Oui, mais sincèrement, tout ça ne veut pas dire grand chose. Ca peut avoir une certaine signification dans son rituel, ou alors il se fout juste de notre gueule. Difficile à dire sans avoir d’autres éléments. Tu me parlais de deux hypothèses dans ton mémoire ? Quelle est la deuxième ?
- Oh, euh, avec ces nouveaux éléments je … enfin, difficile à dire comme si hum, ça tient toujours. J’ai toujours trouvé, eh, étrange que son premier meu, ah, enfin, qu’il n’ai jamais laissé de trace. Vous venez de le dire c’est un, ha, fantôme. Et hmmm, la presse a toujours mentionné qu’il n’y avait, uh, aucune piste. Personne n’est, mmmh, parfait à la première tentative. Ma, euh, mon hypothèse est que, Joséphine, eh, Marcq n’était pas sa première victime. Et avec ce nouvel élément, euh, cette, hm, fleur séchée ? Peut-être y a t’il des enquêtes ouvertes, euh, similaires ailleurs ?
-Tu raisonnes vite mon garçon. Effectivement nous avons toujours pensé en interne que Joséphine Marcq n’était pas sa première victime. Mais en France, il n’y a aucune autre affaire incluant une fleur séchée comme part du mode opératoire.
-Et hum, à l’étranger, ah, peut-être ?
- La philosophie des gens haut placés à propos de l’enquête a toujours été la discrétion. Pas besoin de paniquer les gens avec des histoires de tueurs en série dans la ville disent-ils. Ils ne voulaient pas impliquer Interpol ou d’autres agences internationales. Une erreur, mais ce n’est pas ma décision ici. Mais pas la peine de s’appesantir. Il est fort probable qu’une recherche ainsi n’aurait de toute façon rien donné. Regarde.

Le Chef ouvrit le tiroir de son bureau et en sortit plusieurs dossiers. Chaque dossier portait le nom d’une des victimes. Jon feuilleta rapidement. Des rapports d’enquêtes, des dépositions de témoins … Et les photos. L’Aigle de Sang, le visage défoncé de Liane Mousseau, la poitrine de Joséphine Marcq lacérée de coups de couteau. Jon fut pris de nausée et eut un réflexe vomitif. Le Chef lui mit la main sur l’épaule.

- Ecoute mon garçon. La plupart des flics dans se pays sont suffisamment chanceux pour ne jamais avoir à gérer quelque chose comme ça. Mais parfois, ça arrive. Et c’est difficile. Si c’est trop pour toi, je comprends parfaitement.
- Non, hem, c’est juste que, euh …
- En vérité, j’ai besoin de toi. T’es un garçon intelligent et tu peux nous apporter une nouvelle perspective sur cette affaire.
- Vous voulez que, hum, j’enquête ? Mais eh, Hervé et …
- Pas en capacité officielle. Tu as sûrement vu le préfet tout à l’heure. Cet enfoiré. Depuis une semaine je demande des heures sup’ pour patrouiller certains secteurs. On savait tous que ça allait se produire encore une fois. Mais lui, sa priorité c’était d’organiser la sécurité autour du putain de match de foot de ce soir.
- Le match de ?
- Le premier match de l’histoire de la ville en Ligue 1. Le stade va être plein. Et gérer les supporters qui se déplacent aussi. C’est ça la priorité du préfet. On a perdu l’occasion de se donner une chance d’attrapper cet enculé (il pointa du doigt les dossiers sur la table) pour un putain de match de foot. Enfin bref. J’ai pas les effectifs pour faire ce que je veux. Ce soir tu devais faire la circulation autour du stade et assurer la sécurité et tout le taintouin. Mais tu m’es plus utile sur cette affaire. Tu n’en parles à personne, pas à Hervé, Lambert ou qui que ce soit. Si tu trouves quelque chose, une piste, un indice, tu ne m’en parles qu’à moi, c’est bien compris ?
- Euh, oui, Chef.
- Autre chose. Je veux que tu fasses équipe avec Henry.
- Henry, Inspecteur Henry ? Hmm mais il ne, enfin, il n’est plus ici.
- Il n’est plus au poste mais il reçoit toujours une fiche de paie de la police tous les mois. Repos forcé. Pauvre gars. Mais si je connais le gaillard je sais qu’il a continué d’enquêter dans son coin. Je veux que t’ailles le voir, pour le convaincre de faire équipe avec toi. Et encore une fois, tout ça est en off, d’accord ?
- Bien, Chef.
- Allez, ramasse les dossiers, étudie les, montre les à Henry et trouvez moi quelque chose qui soit assez convaincant pour aller taper à la porte du juge.
- Euh, Chef, hmm, comment je le contacte, euh, Henry ?
- Son adresse est dans le dossier Marcq. Après qu’il ait été mis au repos il a vendu son appartement en ville pour acheter la maison de la fille. Il vit là bas depuis deux ans. Je n’imagine pas qu’il ait acheté cette baraque pour s’arrêter d’enquêter comme ça. Sois prudent, Fedorovitch. Il n’a plus toute sa tête depuis … depuis Marie.
- Bien, chef.

Henry vivait dans un secteur assez mal famé de la ville. L’ancien quartier des mines et ses rues remplies de maisons mitoyennes en brique rouge. La plupart d’entre elles étaient abandonnées. Fenêtres et portes barricadées à la va-vite avec des planches désormais pourrissantes. Ca et là, on pouvait toujours voir de la lumière au travers d’une fenêtre. Beaucoup des anciens mineurs, et familles de mineurs, avaient quitté le quartier à la fermeture des mines de charbon. Le quartier semblait simplement vide. Pas de passants, pas d’animation, pas de magasin. Le quartier était devenu progressivement le repaire de squatteurs et de dealers de drogue. Même la police ne patrouillait guère plus dans le coin. La plupart des patrouilles restaient autour du périmètre, comme pour protéger les quartiers adjacents. C’est comme si la ville avait décidé de ne plus s’encombrer à maintenir l’ordre dans certains endroits. D’autres comme ça existaient dans la ville. C’est dans ces quartiers que le meurtrier trouvait ses victimes.

Jon connaissait Henry de réputation. Il était l’inspecteur en charge de l’enquête - d’après la presse, jusque la disparition de Julie Dupuis. Il ne s’était jamais remis, et c’est bien compréhensible, du meurtre de Marie Dubois. Jon feuilletait le dossier avant d’aller taper à la porte de l’Inspecteur Henry. Marie est la seule à ne pas avoir disparu dans un quartier sordide. Ce qui donnait de l’ampleur à la théorie que son kidnapping n’avait rien de dû au hasard. Elle avait été enlevée pendant son jogging matinal ce qui là aussi, laissait penser que ses habitudes étaient surveillées. Elle avait été retrouvée le lendemain dans la zone industrielle abandonnée. La police avait reçu un appel anonyme. Le dossier mentionne que la possibilité que l’appel ait été passé par le meurtrier avait été étudiée. Mais le relevé d’empreinte sur le téléphone public n’avait rien donné. Ou plutôt, tellement d’empreintes ont été relevées qu’il était difficile de conclure quoi que ce soit. La vaste majorité des empreintes appartenaient à de petits trafiquants de drogue locaux, connus de la police. Et puis ces photos …. L’Aigle de Sang. Son dos avait été incisé, ses côtes séparées de sa colonne vertébrale et déployées comme les ailes d’un aigle. Jon décida de ne pas prendre ce dossier en particulier pour sa rencontre avec Henry. Nul besoin de lui rappeler visuellement ces évènements qui doivent être encore bien présents dans sa mémoire. Pauvre bougre. Jon ignorait quelle aurait été sa réaction s’il était un jour dans pareille situation. De quoi devenir fou, indubitablement.

Il cacha le dossier dans la boîte à gants et sortir de la voiture, se dirigea vers la vieille maison de brique rouge où l’Inspecteur était supposé vivre, et toqua à la porte. Un rai de lumière s’échappait du pas de la porte. “Inspecteur Dubois ?”. Jon entendit comme un grognement provenant de la maison. Il toqua à nouveau. “Henry ? Henry Dubois ?”. La porte s’ouvrit, lentement. L’homme qui apparut ne ressemblait en rien à ce que Jon imaginait. Son visage était hagard, de larges poches presques noires sous ses yeux marrons. Le blanc de ses yeux était rougeâtre, probablement à cause de surconsommation d’alcool. Ses cheveux n’avaient probablement pas vu un peigne depuis quelques mois. Il avait une moustache et des rouflaquettes extrêmement fournies mais son menton était glabre, comme s’il l’avait rasé très récemment. Il était torse nu et en surpoids considérable. Sa poitrine tombait au dessus d’un ventre incroyablement bedonnant. Des varices violettes tapissaient sa panse de manière presque artistique. Il ne portait qu’un simple slip qui étaient jadis blanc mais était désormais jaunatre et duquel s’échappait une odeur de vieille urine. Ses jambes étaient anormalement fines pour un homme de cette corpulence. Il dévisageait Jon avec un air mauvais. "Qu’es’ ti m’veux, tizot ?”. Jon sortit son insigne de sa poche et la brandit devant son interlocuteur. “Je m’appelle Jon Fedorovitch, je travaille pour la police”. Henry partit dans un rire gras.

- Hahaha, l’police ? Pffft, niqueuh’l’police repondit Henry avant de cracher une glaire verdâtre par terre.
- Hum, le commandant Marquart m’a, uh, enfin, vous demande votre aide pour …
- Ah tais-t-te, c’est c’fils ed’ pute hein ? Y’en a tué un’ aut’ ?
- Eh bien, euh, oui.
- Deux ans qu’j’pourris ichi déclara-t-il en désignant vaguement de la main l’intérieur de sa maison. Et enfin y s’rappele qu’j’existe ? Fouteux d’gins. J’ai pas b’soin d’lui moi.
-Non euh, effectivement. Mmh, ah c’est nous qui avons, eh, besoin de vous.
-Ti parle bizarre tizot’. Haha, l’vieux con y croit qu’y peut m’faire rev’nir en envoyant s’gamin ? Si y m’veut vraiment, y peut v’nir m’chercher lui même.
- Non mais c’est à dire que je, euh travaille sur l’affaire et qu’il m’a explicitement, hem, demandé de, ah, collaborer avec vous.

L’espace d’un instant, le regard de Henry se fit plus précis. Il regardait Jon droit dans les yeux. Comme s’il essayer de le sonder. Ses lèvres se firent plus fine. Mais toujours, la colère se lisait sur son visage. Il leva lentement la main vers le visage de Jon. Son majeur était tendu. “Ti l’vois, c’ti l’al ?” cracha-t-il avec un mouvement de menton vers son doigt tendu bien haut. “R’tourne chez Marquart, et dis-y d’se l’foutre au cul”. Il tourna le dos en claquant la porte.

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