Fuenteabilla, province d’Albacete dans la communauté autonome de Castille-La Manche.
Le 11 mai 1984.
Une lumière blanche au bout du tunnel m’attire de plus en plus. Des voix, des sons. Tous me sont familiers et m’encourage à me rapprocher de cette lueur qui m’aveugle complètement. Le temps passe et ce sont désormais des cris, des pleurs. Inconsciemment je marque une légère hésitation à rejoindre cet endroit dont je ne connais rien.
Les secondes passent, les minutes défilent. Je me sens de plus en plus attiré par cette lueur. Je ne peux toujours pas ouvrir mes yeux. Mais je ne peux pas non plus m’empêcher de me rapprocher de cette lumière blanche, comme pourrait l’être l’ouverture d’une grotte plongée dans l’extrême noirceur.
Les cris, les hurlements s’atténuent au fur et à mesure que le temps s’égrène. Les voix, les rires me sont familiers, je les ai entendu durant des mois. Etrangement les sons ne semblent plus résonner comme dans une bulle. Je les distincte parfaitement, comme s’ils étaient à côté de moi. Mais mes yeux refusent de s’ouvrir et je ne peux pas encore me rendre compte de ce que je suis en train de vivre.
Ca y est, j’y suis. Cette lumière a fini par m’attirer vers elle. Je n’ai pas pu résister, cette force invisible a fini par gagner ce combat perdu d’avance. Je ne sais pas ce qu’il se passe et suis totalement inconscient de ce qui m’entoure et pourtant je suis bien en vie. Je me sens comme libre, comme libéré de cet endroit où j’ai vécu durant des semaines entières. Au chaud, protégé de tout ce monde extérieur qui s’offre désormais à moi.
Mes yeux ne s’ouvrent toujours pas. J’aimerai les ouvrir, voir ce nouveau monde mais je n’y arrive pas. Mes pleurs fracassent désormais le silence ambiant. L’ambivalence de ces ambiances me perturbe davantage jusqu’au moment où je sens une chaleur qui ne m’est pas inconnu. Une douceur se blottit contre ma peau. Un corps chaud, une odeur familière et deux voix que je reconnais désormais parfaitement.
*-Bonjour mon petit Andres, bienvenue dans ce monde mon fils.
La voix de mon père m’apaise et me rassure instantanément. Je l’ai entendu tant de fois me parler au cours de ces neuf derniers mois.
-Bonjour mon petit amour.
La voix de ma mère est reconnaissable tel le soleil au milieu de la galaxie. Tant de foi j’ai entendu le son de sa voix. Le baiser qu’elle dépose sur mon front est chaud, doux, réconfortant.
Je ne comprends pas encore bien ce qu’il m’arrive, mais doucement je réalise. Mes yeux peinent encore à s’ouvrir après dans de temps dans l’obscurité.
Je venais de naitre, et j’étais prêt à me lancer dans ce monde si vaste, inconnu et comme chaque petit être venant au monde à la poursuite de mon destin.