Chap. 3 : Crazy Vinnie vs. El Loco Simeone
1/ : Trêve internationale.
Il y avait mon petit Fashanu sur lequel j’aimais bien grogner dessus. C’était quelque chose de voir Lukaku baisser les yeux en m’écoutant l’aboyer dessus. Je crois même qu’un jour, il m’a servi du « Oui, Monsieur. »… et puis j’ai découvert ce mec, Marcelo Brozovic. D’abord, tu entendais la musique :
et puis, après, tu voyais le mec arriver à bord d’une Rolls Royce, qui en jetait pas mal, il est vrai. A l’intérieur, Brozovic était accompagné de quatre croates qui te regardaient de haut.
Je suppose que c’est l’époque qui veut ça : un blanc millionnaire d’Europe de l’Est qui se la joue pimp du ghetto. Brozovic, le 16 novembre, ça sera son anniversaire : je lui offrirai du bling-bling : une chaine en or avec les initiales V.J.; ça peut être marrant.
J’avais entendu certaines choses sur lui. Lors du retour vers Milan, après la victoire contre la Sampdoria 6- 0, je l’invitais à prendre un verre. « Coach, est-ce raisonnable ? » « Fermes-là, tais-toi. L’un des meilleurs joueurs italiens, Marco Verratti, tu crois qu’il carbure à quoi ? Et puis vous jouez la Hongrie en sélection… ce n’est pas comme si vous jouiez le Brésil… » (Pour la petite histoire, la Croatie allait perdre 1- 0 en Hongrie. Brozovic, hors de forme, était resté sur le banc).
Que se racontent deux gentleman autour d’un verre ? Ils parlent d’histoires de famille. Marcelo avait comme moi deux enfants et une affection particulière pour eux et pour sa femme. Ca nous a beaucoup rapproché. Marcelo me demanda : « Et tu ne comptes pas te remarier ? » « Non, c’est fini ça. J’attends juste de retrouver ma Tanya dans le monde d’après. Après, je ne m’interdis pas de goûter la cuisine locale, mais sans affect. » Ayant dit cela, je vidais mon verre d’une traite et en repris un autre.
On a fini saouls comme des cochons. Sir David Platt, mon coordinateur offensif, dut même me sortir en me prenant par les épaules : « Merde, je n’avais pas signé pour ça. » juste avant que je vomisse sur ses godasses en daim. Je souriais : « Ca va mieux. Tires-toi maintenant. »
2/ : A la recherche d’un toit où crécher (Part. 2).
La seconde proposition fut la bonne, c’était sobre, dépouillé. Ca s’appelait « Precotto Stylish Corner » et c’était situé « via Bernardo Rucellai, Viale Monza ». Je ne comptais pas passer mon temps ici. Juste un coin fonctionnel où pioncer, m’isoler. J’avais exigé un lit une place qui devait m’être livré dans quelques jours. Bien que le lit deux places demeurait dans la chambre à coucher, je préférais aller sur le divan, installa le portrait de Tanya sur la table basse pas loin et m’effondrait comme une masse, perdue dans ses yeux.
« Bim… bim… bim… » Bordel, c’est quoi ce bruit ? Je regardais l’heure sur la montre Maserati, offert par le président du club.
« 1h 40, merde, c’est quoi ça ? » Je me levais, allais chercher dans un de mes sacs une batte de base-ball, inutilisable pour le sport, car trop petite pour ma stature - elle me servait de gourdin. Note à moi-même : relancer l’administration italienne pour mon permis d’armes.
J’ouvrais ma porte d’un coup, proche de cogner. Une petite voix hurla : « Putain, t’es qui toi ? ». D’abord je vis rien et puis je baissais la tête : un môme… six ans ? huit ? il me dévisageait crânement… et puis il s’est mis à sourire d’un coup : « Je te reconnais, toi. T’es l’entraineur de l’Internazionale, mon club préféré. J’ai ta photo sur ma carte Panini. » Je grimaçais. "Putain, gamin, j’ai faillis te fumer. Ils sont où tes parents ?
- J’ai pas de père et ma mère, elle est partie travailler.
- Travailler à cette heure ? C’est une pute, ta mère ?
- Et ta mère, c’est une…
- Who oh oh ! Du calme !
- Je mettrais bien mon nez dans sa ch…
- Putain, qu’est-ce qu’on t’apprend à cette âge ? Et puis, merde, arrêtes avec cette balle, je vais prendre un putain de croc de boucher, te la coller à 1m 50 du sol et tu vas le récupérer ton putain de ballon.
- Dis, tu pourrais m’avoir un autographe de Lautaro Martinez ?
- Pourquoi je ferais ça ? Tu me casses les couilles à taper le ballon sur ma porte d’entrée.
- Promis, je ne ferais plus ça.
- Comment tu t’appelles ?
- Angelo. "
J’ai eu des gamins. Le plus grand, il y avait une rupture entre nous. Il y a quelques années, il jouait pour l’armée britannique et a servi pour les Blues & Royals. J’aurais peut-être pû faire mieux. « Tu veux boire un truc, gamin ? » « Du whiskey avec une paille et du coca. » « Mais, putain !!! », hurlais-je.
Faudra vraiment que j’ai une discussion avec la mère.
3/ : Sports TV Présents : Live next ! Crazy Vinnie vs. El Loco Simeone !
3ème journée de championnat. Une victoire 5- 0 contre la Roma. Triplé de Lautaro et 3 passes décisives de Barella. Ah, Nicolo, 22 balais, une insouciance comme j’avais à l’époque… J’allais le découvrir et l’apprécier… mais, pour le moment, nous étions premier - 14 buts marqués - 0 encaissé. Mais, maintenant, place à la LDC.
La conférence de presse d’avant-match m’emmerda… Beaucoup plus de merdias anglais que d’italiens, soucieux de me provoquer afin d’arriver à leurs fins… Je ne fus pas loin de jeter l’éponge… Je me levais; c’état fini. Doigts d’honneur… demain, ils n’auront retenu que ça… mais personne n’en aura rien à foutre, c’est le jour du match.
Le terrain, maintenant. On m’a dit qu’El Loco Simeone était aussi taré que moi. Lors de l’inévitable et effroyable tour de fair-play où chacun serrait la paluche à tout le monde, je saisis la main de Simeone et j’appuyais virilement. Je vis ses phalanges blanchir. Son visage resta de marbre et puis, tout à coup, alors que je desserrais mon emprise, il reprit le contrôle et serra de toute ses forces. Il avait de l’emprise, l’animal. Ca promettait une bonne soirée.
Le premier fait de jeu est intervenu à la 4ème minute. Une touche à priori anodine de Candreva vers mon John Fashanu. Remise vers Candreva. L’Italien s’avance, s’enfonce. Lautaro & Lukaku aspirent les défenseurs vers eux en montant vers la surface de réparation… et soudainement, Candreva décale Sensi, qui d’un tir de 30 mêtres ajuste Oblak. Il n’y avait personne pour contrer Sensi. Je me retournais vers Simeone, mis mes deux doigts contre ma tempe, d’un signe qui voulait dire : « Ok, Chef ? Je suis bien là. »
Simeone demanda de durcir le jeu. Koke et Trippier furent rapidement avertis. Même si Madrid frappait au but, les gars étaient bien en place. On pouvait voir venir. A la 40ème, lors d’un dégagement précipité de notre défense, Gimenez négligea son coup de boule. Lors d’un 2 contre 2, la solution évidente était de décaler Lautaro… Sensi conserva le ballon malgré tout, s’enfonça; Felipe tacla dans le vide et Sensi ajusta facile Oblak au second poteau. 2- 0.
« Tu la ramènes trop, hermano. », me hurla dessus Simeone.
« Quand tu veux », lui répondis-je.
Au retour des vestiaires, malgré les colères de Simeone. le match s’enferma dans quelque chose de très ennuyeux. Jusqu’à la 72ème. Sur une action à priori anodine, Marco Parola se lança les deux pieds en avant sur Saul Niguez, qui passait son temps avec des passements de jambe à faire l’équilibriste.
« Carton rouge, l’arbitre, carton rouge, putain ! »
Le pressing de l’Atletico fut alors intense et les situations chaudes s’enchainèrent. J’eu beau gueuler; les mecs étaient vraiment recroquevillés sur notre camps… A la 88ème, une action brillante permit à l’Atlético d’y croire avec ce but d’Hermoso… mais nous avons fini par nous imposer 2- 1. « Sans rancune ? », je demandais à Simeone. Il me serra la main et me fit l’accolade sans un mot.
Quelques jours plus tard, pour la 4ème journée de championnat, déplacement à la Juventus. Défaite 2- 1. Carton rouge pour Vecino.
Les médias éclatèrent. « Après un début exceptionnel, les démons du coach salissent le jeu de l’équipe. »