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Ca y est, j’étais devant la porte du domicile de mes beaux-parents, tremblant, nerveux, essayant de se calmer avant de sonner à la porte. J’avais beau avoir passé cinq ans de ma vie en tôle, et fréquenté un milieu dur et froid, j’avais le cœur qui battait la chamade comme un gosse.
C’est parti, je me lance. La sonnette retentit, et j’attends sur le perron. J’entends des pas qui s’approchent, la porte s’ouvre, et soudain, je le vois, en face de moi. Il a beau avoir grandi, il a beau ressembler à un adulte, il est toujours pour moi mon petit garçon. Il me regarde avec les mêmes yeux que sa mère, et je dois me faire violence pour ne pas me précipiter et le serrer dans mes bras.
Je me présentais en tant qu’agent de joueurs, et demandais à voir ses grands-parents. Une fois les mondanités effectuées, j’exposais le but de ma venue. Je leur expliquais que j’avais vu jouer leur petits-fils, que je lui trouvais un certain potentiel, et que je souhaitais lui faire passer des tests afin de tenter de le lancer dans le monde professionnel.
Ma belle-mère était hésitante, expliquant que sa défunte fille avait toujours voulu voir son fils terminer ses études. Mon beau-père restait silencieux. Puis, il demanda à mon fils ce qu’il souhaitait réellement. Et ce dernier déclara tout de go qu’il voulais tenter sa chance pour n’avoir aucuns regrets. Mon beau-père me regarda, et me déclara qu’il laissait son petit-fils faire les tests, mais qu’en cas d’échec, il retournerait aux études.
Une fois parti, je cogitais un maximum pour trouver une solution. Je savais que depuis une dizaine d’années, le meilleur club du pays est le KF Skënderbeu Korçë, mais ce club est trop loin pour emmener mon fils y faire des tests. Idem pour le FK Kukësi, autre club important du championnat. J’appris que les deux clubs de la capitale évoluant en Première Division, à savoir le Partizani Tirana, le champion en titre, et le KF Tirana allaient organiser une sélection chez les moins de dix-sept ans la semaine d’après. J’avais donc sept jours pour tout faire pour que mon fils soit pris dans l’un de ces deux clubs.
Le jour J, je passais chercher mon fils afin de l’emmener sur le terrain municipal où allait se dérouler ses évaluations. Je profitais des cent kilomètres qui nous séparais de Tirana pour briefer mon footeux, de même que son grand-père, qui était venu avec nous. Avec sa taille, près d’un mètre quatre-vingt, et son physique costaud, il avait tendance à jouer au poste de milieu axial, mais avais également déjà evolué en tant que défenseur central. En le questionnant sur ses modèles, il me répondis que ses deux idoles depuis la Coupe du Monde 2018 étaient Kanté et Rakitic, et qu’en tant que fan du Milan A.C, il aimait beaucoup le style de Gattuso et Seedorf. Pas de grand poètes, mais au moins, il a une vision claire de se que doit être son rôle sur le terrain !!
Une fois arrivé u lieu de la selection, mon optimisme s’envola. Plus d’une centaine de jeunes joueurs étaient présent !! Pour une jeunesse désœuvrée et sans avenir, le football est un espoir de s’en sortir en gagnant de l’argent, et pourquoi pas de quitter le pays pour des cieux meilleurs. Je ne pouvais plus compter que sur le talent de mon gamin.
La matinée se passa entre tests physiques, techniques, et à la fin, les recruteurs sélectionnèrent environ vingt-cinq jeunes. Heureusement, mon fils en faisaient partie !! L’après-midi, les organisateurs firent d’autres exercices pour terminer dur une opposition à onze contre onze, en condition réelle, en faisant tourner les joueurs toutes les dix minutes pour pouvoir observer tout le monde.
Lors des passages de mon fils, je rongeais mon frein en compagnie de son grand-père, exultant lors d’un tacle réussi, rageant lors d’une perte de balle. A seize heures, le test était terminé. Certains jeunes se reposaient, d’autres s’hydrataient, et mon fils se tenait prêt de moi dans l’attente des résultats. En tant qu’agent, je lui avais remonté le moral en le félicitant pour ses performances, mais en tant que père, j’étais au supplice.
Le recruteur du Partizan Tirana appela trois joueurs, et celui du KF Tirana quatre. Dans les deux cas, le nom de mon fils était absent.
C’était la fin d’un rêve, et pour moi, l’avenir s’écroulait. Le seul moyen de me rapprocher de mon fils venait de s’envoler. Ce dernier prenait la nouvelle de façon stoïque, consolé par son grand-père, mais je sentais que cela le bouleversais, car je ne l’avais jamais vu autant heureux que sur ce terrain de football.
Alors qu’ils se dirigeaient vers la voiture, prêt à rentrer, et que je restais en arrière à ruminer mes pensées, un homme vint à ma rencontre …