Réponses aux lecteurs
@Manthyz bah quoi tu devrais ĂȘtre content ton joueur est deuxiĂšme ![]()
Le Portugal retenait son souffle depuis des semaines. Les rumeurs enflammaient la presse, les dĂ©bats de cafĂ©s sâĂ©tiraient jusque tard dans la nuit, les anciens joueurs multipliaient les prises de parole, et chacun y allait de sa conviction : AnĂbal GuimarĂŁes finirait-il par cĂ©der Ă lâappel de la Seleção ?
La réponse tomba un lundi matin, presque par surprise, dans un communiqué solennel publié par la Federação Portuguesa de Futebol.
Communiqué officiel de la FPF
« La FĂ©dĂ©ration Portugaise de Football est heureuse dâannoncer la nomination dâAnĂbal GuimarĂŁes au poste de sĂ©lectionneur national. AprĂšs un processus de rĂ©flexion et dâĂ©changes approfondis, lâentraĂźneur sâest engagĂ© pour une durĂ©e de trois ans, couvrant ainsi la prochaine campagne de qualification et la Coupe du Monde Ă venir. La FPF se rĂ©jouit dâaccueillir un technicien reconnu pour son sens tactique, son charisme et sa capacitĂ© Ă dĂ©velopper le football portugais. Nous espĂ©rons que ces trois prochaines saisons donneront lieu Ă de nombreux titres pour le Portugal, lui-mĂȘme et Vianense. »
Quelques lignes sobres, mesurĂ©es, mais derriĂšre lesquelles se cachait un vĂ©ritable tremblement de terre. Car AnĂbal nâĂ©tait pas un entraĂźneur comme les autres. Depuis Vianense, il avait bĂąti une rĂ©putation faite dâexigence, dâintransigeance, mais aussi dâun panache tactique qui avait fini par sĂ©duire lâEurope entiĂšre. Quâil choisisse finalement de rĂ©pondre Ă lâappel du Portugal sonnait comme une nouvelle Ă©tape dans une carriĂšre dĂ©jĂ mythique.
Deux jours plus tard, la grande salle de confĂ©rence de la Cidade do Futebol, Ă Oetexte en grasiras, Ă©tait pleine Ă craquer. Des camĂ©ras partout, des micros tendus de toutes parts, et une attente presque Ă©lectrique. Quand AnĂbal entra, accompagnĂ© du prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration, un murmure parcourut la salle. Le coach avait lâair calme, mais son regard ne laissait transparaĂźtre aucune lĂ©gĂšretĂ©.
Les premiÚres questions fusÚrent, prévisibles.
Mister GuimarĂŁes, quâest-ce qui vous a convaincu dâaccepter ce poste aprĂšs tant dâhĂ©sitations ?
AnĂbal esquissa un sourire bref avant de rĂ©pondre dâune voix posĂ©e :
« Jâai beaucoup rĂ©flĂ©chi. Je suis profondĂ©ment attachĂ© Ă Vianense, mais je savais aussi que le Portugal mĂ©ritait un projet clair, une idĂ©e forte. La fĂ©dĂ©ration mâa assurĂ© que je pourrais travailler avec mes convictions, sans compromis. Jâai senti que le moment Ă©tait venu. Je ne voulais pas avoir de regrets. »
Vint ensuite la question qui brûlait les lÚvres.
Comptez-vous vous appuyer sur vos joueurs de Vianense pour bĂątir la Seleção ? Certains y voient un risque de favoritismeâŠ
Le coach se redressa légÚrement, presque piqué :
« Le Portugal a un vivier immense. Je ne suis pas lĂ pour privilĂ©gier qui que ce soit. Ceux qui viendront en Seleção devront le mĂ©riter, point. Si des joueurs de Vianense sont appelĂ©s, câest parce quâils en auront le niveau. Sinon, ils resteront au club. Il nây aura aucun passe-droit. »
Un silence sâinstalla, avant quâune journaliste de la RTP ne prenne la parole.
Et que rĂ©pondez-vous Ă ceux qui Ă©voquent les tensions passĂ©es avec Afonso Ferreira, Belarmino Raimundo ou Vitoriano Pignatelli ? Tous les trois ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© proches du groupe Ă un moment donnĂ©, mais ils semblent aujourdâhui en froid avec vous. Comment comptez-vous gĂ©rer cela ?
Cette fois, AnĂbal marqua un temps. Il croisa les mains, rĂ©flĂ©chit, puis rĂ©pondit avec une franchise qui surprit lâassemblĂ©e.
« Je ne suis pas un homme rancunier. Ce qui sâest passĂ© appartient au passĂ©. Jâai toujours agi dans lâintĂ©rĂȘt de mes Ă©quipes, jamais contre un joueur. Si Afonso, Belarmino ou Vitoriano montrent quâils peuvent servir la Seleção, je serai le premier Ă les appeler. Mais je vous le dis clairement : la Seleção nâest pas un lieu de rĂ©conciliation personnelle. Câest un espace dâexigence. Les joueurs qui viendront devront prouver quâils en sont dignes, sur le terrain et en dehors. »
La phrase fit mouche. Les camĂ©ras captĂšrent le sĂ©rieux de son regard, la fermetĂ© de son ton. On sentait que, derriĂšre les rancunes supposĂ©es, AnĂbal ouvrait malgrĂ© tout une porte. Fine, mais bien rĂ©elle. Que le prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration se chargeait de ne pas maintenir trop ouverte indiquant que Belarmino et Afonso Ă©tait toujours sous le coup dâune enquĂȘte pour des paris suspect et nâĂ©tait de fait pas sĂ©lectionnable.
La confĂ©rence dura plus dâune heure. On parla du futur, des jeunes Ă intĂ©grer, de la pression mĂ©diatique, du rapport avec les clubs. AnĂbal rĂ©pondit avec une prĂ©cision clinique, parfois sĂšche, toujours claire. Lorsquâil se leva enfin, une pluie de flashs lâaccompagna.
Ce jour-lĂ , le Portugal venait de tourner une page. Avec AnĂbal Ă sa tĂȘte, la Seleção nâallait plus se contenter dâexister. Elle allait, une nouvelle fois, sâimposer comme une idĂ©e, une exigence. Et dans le regard du coach, certains croyaient dĂ©jĂ voir briller lâĂ©clat des grandes compĂ©titions Ă venir.
