

Je m’appelle Nicolas Grobov, je suis né un 24 août 1992 à Pontoise, dans ce Val-d’Oise gris et vivant où les dimanches se partagent entre les cris des terrains municipaux et l’odeur de la pelouse humide. Le football, je ne l’ai jamais quitté. Il a rythmé mes semaines, mes saisons, mes hivers boueux. J’ai joué dans des équipes où le vestiaire servait aussi de débarras, où les chasubles sentaient le vécu et où les rêves se mêlaient à la poussière des ballons usés. D5, D4, parfois D3 : c’est là que j’ai appris la patience, la frustration, et ce que veut dire “tout donner” pour rien d’autre qu’un bout de victoire.
Mais moi, je ne me voyais pas finir sur un terrain de district. J’avais cette idée tenace, presque absurde : devenir entraîneur. Pas un grand nom, pas une star médiatique, juste un type sur un banc, à chercher comment faire mieux jouer onze gars. J’ai commencé petit, évidemment. Les U15 du coin, les U17 d’un village voisin, des gamins qui te regardent avec des yeux pleins d’envie avant d’oublier ton discours dès que le ballon roule. Mais ça, ça me plaisait. Le travail invisible, la progression lente, le sentiment d’ensemencer quelque chose dans le chaos.
Je crois que tout a vraiment basculé quand j’ai compris que je passais plus de temps sur Football Manager qu’à regarder les vrais matchs. À force de bâtir des histoires virtuelles, des carrières impossibles, des épopées européennes nées dans des pays où le foot est presque un secret, j’ai fini par me demander : et si c’était moi, pour de vrai ?
Je ne suis pas naïf. Je sais qu’à trente-trois ans, avec mon petit CV de district, personne ne va m’offrir un banc en Ligue 1. Mais il y a d’autres routes, d’autres horizons. Des endroits où le foot se vit dans le silence des montagnes ou dans les échos de stades minuscules. Des pays où le coach étranger intrigue plus qu’il ne dérange. J’ai vu des offres passer, des noms d’endroits que peu sauraient placer sur une carte : Andorre-la-Vieille, La Massana, ou encore Bellinzone, Wil, Chiasso… Des destinations discrètes, presque anonymes, mais qui me font rêver.
Alors j’ai pris une décision. Quitter la routine, les entraînements du mercredi soir sous les lampadaires, les discussions sans fin sur les grosses équipes autour d’un café. Tenter le coup, ailleurs. Là où personne ne m’attend. Là où je pourrai recommencer à zéro, un carnet à la main, des idées plein la tête, et cette obsession : faire jouer une équipe à mon image.
Je ne sais pas encore où je poserai mes valises peut-être quelque part entre les sommets enneigés et les vallées oubliées du foot européen. Mais une chose est sûre : cette fois, ce n’est pas une partie sur un écran. C’est la mienne.
je vais suivre et voir ce que tu propose cette fois
Curieux de voir où tu vas poser tes valises cette fois
Affaire à suivre
Une intro qui donne bien envie, je vais te suivre dans cette aventure !
Le carnet vole. Il est tout sauf ordinaire cet entraîneur ![]()
C’est le dearh note ![]()
Merci de votre suivi ! On va essayer de changer de format et aller sur du romancier plus que du screen etc
Allez je m’ajoute à la liste des lecteurs !
Pareil, je suis l’aventure ![]()
Je n’ai jamais aimé les dimanches soir. Ce moment suspendu entre la fin d’un week-end de football et le retour à une vie sans saveur. Les crampons nettoyés, le sac dans le coffre, la lumière qui s’éteint sur le terrain. Et puis le silence. Celui qui te rappelle que t’as trente-trois ans, pas de diplôme d’entraîneur, pas de certitude, juste un rêve un peu flou.
J’étais assis sur le vieux canapé du salon, une tasse de café froid entre les mains. Mon père lisait le journal, comme toujours. Le papier bruissait, le tic-tac de l’horloge rythmait la pièce. Et moi, j’ai lâché la phrase sans vraiment y réfléchir : « Papa, je crois que je vais tout arrêter. »
Il a levé les yeux, lentement, comme s’il venait d’entendre une hérésie. « Arrêter quoi ? » Mon regard s’était dirigé sur lui. « Tout. Le taf, les entraînements, tout ce bordel. J’ai envie de partir. Essayer autre chose. »
Il a refermé le journal, calmement. Ce geste-là, je le connaissais. C’était le signal d’une discussion sérieuse. « Et tu veux faire quoi ? » Il me posait la question, mais au fond, je le savais, il connaissait déjà la réponse. « Entraîner. Pour de vrai. Pas juste des jeunes en district. Partir à l’étranger s’il le faut. J’en peux plus de stagner ici. »
Il a esquissé un sourire fatigué. « Tu crois qu’on vit de ça, toi ? Tu veux finir à courir derrière des gamins dans un pays où tu connais personne ? » Je poussais un soupir, las, mais conscient que je devais m’expliquer. « C’est pas une question d’argent, papa. C’est… c’est une question de sens. »
Silence. Il s’est levé, a marché jusqu’à la fenêtre. Dehors, la pluie commençait à tomber, fine et grise. « Ton grand-père disait toujours que le travail, c’est pas censé te rendre heureux. C’est censé te nourrir. Le reste, c’est du luxe. » Il y eut un silence, assez long avant que je ne réponde. « Mais si je continue comme ça, je meurs à petit feu. J’ai besoin d’essayer. Même si je me plante. »
Il m’a regardé longuement, le regard à la fois inquiet et tendre. « T’as toujours eu la tête dure, toi. Depuis gamin, t’écoutes que ton instinct. Mais le monde, il s’en fout de tes rêves, Nico. Il t’attend pas. »
Je n’ai rien répondu. Parce que je savais qu’il avait raison. Et pourtant… c’était plus fort que moi. Cette idée d’ailleurs, cette envie de banc, de vestiaire, de nouveau départ. Mon père a soupiré, puis a ajouté, presque dans un murmure : « Si tu pars, fais-le bien. Pas comme un fuyard. Comme un homme qui choisit. »
Il a rouvert son journal. Le tic-tac de l’horloge a repris sa place. Moi, je regardais la pluie tomber, en pensant qu’elle devait bien tomber aussi quelque part sur des terrains que je n’avais jamais vus. Peut-être en Suisse, peut-être en Andorre, peut-être même sur les îles Feroes ou ailleurs, là où les rêves prennent la forme d’un ballon.
Ce soir-là, j’ai compris que je ne cherchais pas seulement un club. Je cherchais une raison d’y croire encore.
Tout quitter pour se lancer à cœur ouvert dans l’inconnu…
J’aime beaucoup ton style.
Je suis pas trop d’accord avec le papy, le travail peut aussi émanciper, être une passion en plus de permettre de te nourrir, d’avoir un toit. Il peut permettre de vivre et non plus de survivre. ![]()
Il a le sens de la formule le p’tit Nicolas
Chouette début je vais suivre ça ![]()
Je suis de la partie également !
J’ai passé les deux semaines suivantes à bricoler un CV qui tienne la route. Pas celui qu’on dépose à la mairie ou à l’intérim, non. Un CV d’entraîneur. J’y ai mis mes expériences de district, mes licences amateurs, mes stages passés à faire des échauffements sous la pluie pour des gosses de quinze ans. J’ai ajouté un paragraphe pompeux sur ma « philosophie de jeu », histoire de donner un peu de corps à l’ensemble. “Pressing haut, transitions rapides, esprit collectif.” Ça sonnait bien, sur le papier.
Le problème, c’est que personne n’en voulait, de mon papier.
J’ai envoyé plus de cinquante mails. Des clubs suisses de 2e ligue interrégionale, des Andorrans au nom imprononçable, des équipes de bas de tableau au Luxembourg, en Slovénie, en Lituanie… Même une académie à Malte. Chaque fois, j’y croyais un peu. J’imaginais déjà l’entretien en anglais approximatif, la promesse d’un vestiaire étranger, d’un accent nouveau autour de moi. Mais la plupart du temps, il n’y avait rien. Pas même un accusé de réception. Le silence numérique, glacé, impersonnel.
De temps en temps, un mail revenait, poli mais sec :
« Merci de votre intérêt, mais nous avons choisi un profil plus expérimenté. »
Le genre de phrase qui finit toujours de la même manière : bonne continuation.
Je commençais à douter. Pas de mes compétences (j’en avais peu, mais elles étaient réelles) plutôt de ma légitimité. Qui étais-je pour prétendre à un banc à l’étranger ? Un inconnu du Val-d’Oise avec trois saisons de district et un rêve plus grand que son réseau.
Alors j’ai tenté autre chose : j’ai commencé à écrire directement aux présidents, sur LinkedIn, sur Facebook, parfois même sur Instagram et TikTok. J’envoyais des messages sincères, maladroits, parfois traduits à la va-vite avec un anglais hésitant :
“Hello, I am a French coach looking for a new challenge. I believe in hard work and collective play. I would love to talk about your club’s project.”
Certains lisaient. La plupart ignoraient. Un soir, j’ai reçu une réponse d’un petit club andorran, le Sporting Club d’Escaldes. Le président me remerciait pour mon message et me disait qu’ils avaient déjà trouvé un entraîneur, mais qu’il gardait mon contact “au cas où”. Ce qui était drôle c’était que le président était français, un youtubeur répondant au nom de Vinsky et qui possédait déjà un club départemental dans les Yvelines. C’était rien, une phrase banale, mais j’ai ressenti un frisson. Pour la première fois, quelqu’un, quelque part, savait que j’existais.
Je continuais mes recherches tard dans la nuit. Les forums de coachs exilés, les sites d’offres sportives improbables, les pages d’académies africaines cherchant des bénévoles. Mon navigateur était devenu une carte du monde du foot oublié.
Et plus je lisais, plus je comprenais que ce milieu-là n’avait rien de romantique. Derrière les photos de stades enneigés ou de vestiaires en tôle, il y avait la précarité, les salaires dérisoires, les contrats verbaux. Certains partaient, ne revenaient jamais. D’autres tenaient trois mois avant de tout lâcher.
Mais bizarrement, ça ne me faisait pas peur. Au contraire. Ça me donnait envie d’essayer, de m’y frotter.
Un matin, alors que j’étais à moitié assoupi devant mon écran, un message est arrivé. L’expéditeur : FC Balzers. Petit club du Liechtenstein, jouant dans les divisions suisses. Le mail était court, mais clair :
“Monsieur Grobov, nous avons bien reçu votre candidature. Votre profil est atypique, mais intéressant. Seriez-vous disponible pour un échange visio cette semaine ?”
J’ai relu la phrase dix fois, le cœur battant. C’était peut-être rien. Peut-être une fausse piste de plus. Mais pour la première fois, le rêve prenait une forme concrète. Je suis resté un moment immobile, les mains sur le clavier. Le monde autour semblait suspendu. Et dans le silence du salon, une seule pensée me traversait :
Et si c’était le début ?
L’entretien avec le FC Balzers s’est tenu un mardi matin, à 10h précises. J’avais mis une chemise, chose rare, et rangé l’appartement comme si la propreté du fond d’écran pouvait influencer la décision. La connexion sautait parfois, mon micro grésillait. En face de moi, deux hommes : le président, lunettes carrées et sourire de façade, et un directeur sportif à l’air plus fatigué que convaincu.
Ils m’ont posé des questions convenues : mon parcours, ma philosophie, mes ambitions. J’ai tenté de paraître sûr de moi, sans trop en faire. J’ai parlé de jeu collectif, d’intensité, de travail invisible. Le président hochait la tête, le directeur prenait des notes. Puis il y eut ce moment suspendu, la question piège :
« Vous avez déjà encadré une équipe senior à l’étranger ? »
Silence. J’ai eu beau chercher une tournure honnête, la vérité s’imposait : non.
Et ce « non » a suffi. Le reste de l’entretien s’est déroulé par politesse, une danse lente et inutile. À la fin, ils m’ont remercié pour mon temps et promis de “revenir vers moi”.
Ils ne l’ont jamais fait.
Pas de colère, juste cette sensation de vide familière, celle des matchs perdus après avoir tout donné. J’ai passé la journée à tourner en rond dans le salon, à ressasser mes phrases, mes hésitations, la fatigue dans le regard du directeur sportif. Le soir, j’ai ouvert une bière tiède, seul, et j’ai failli tout arrêter.
Mais le lendemain, un mail est arrivé. L’expéditeur : PAE Chania, un club grec de secondedivision, basé à Chania en Crète. Le message, traduit maladroitement en anglais, disait :
“We are looking for a coach with motivation and new ideas. Your profile is interesting for our project. Would you accept a discussion?”
Je l’ai relu trois fois, incrédule. J’ai tapé le nom du club sur Google : un petit stade, tribune unique, gradins bleus délavés. Des photos d’entraînements sur un terrain à moitié grillé par le soleil. Rien de prestigieux, mais quelque chose m’a frappé : la lumière. L’idée que là-bas, tout serait différent…
Le premier échange s’est fait par mail. Le président, un certain Antonis Rokakis, écrivait un anglais rugueux mais chaleureux. Il m’a parlé du club avec une fierté presque touchante : une équipe soutenue par tout un quartier. Il voulait “un coach travailleur, qui enseigne la discipline et le respect”.
Je me suis revu à quinze ans, les crampons pleins de boue, écoutant un entraîneur parler de dépassement de soi sur un terrain municipal. C’était ça que je voulais retrouver : la sincérité du football sans artifices.
Une visio fut fixée trois jours plus tard. Cette fois, j’étais moins nerveux. L’écran s’est allumé sur le visage buriné d’un homme au t-shirt bleu, assis dehors, le vent faisant danser les feuilles autour de lui. Il m’a salué avec un accent épais :
« Kaliméra, Nicolas. You like Greece? »
J’ai souri.
« I’ve never been there, but I think I will. »
Il a ri, d’un rire franc. Puis il a parlé de son club, des entraînements sous 35 degrés, des déplacements pendant des heures, des joueurs qui voulaient mouiller maillot. J’écoutais, fasciné. Tout semblait rude, imparfait, mais profondément vrai. Et surtout, j’avais cette sensation qu’Antonis me souhaitait réellement. Quand il m’a demandé pourquoi je voulais venir, je n’ai pas réfléchi.
« Because I need to believe in football again. Not in the business, not in the fame, just the game itself. »
Il a hoché la tête, silencieux, avant de lâcher un simple :
« Maybe you fit here. Greeks like people who fight. I call you soon. »
L’écran s’est éteint, me laissant seul avec le reflet tremblant de mon visage. Je n’avais aucune promesse, aucun contrat, rien de concret. Mais pour la première fois, depuis longtemps, j’ai senti quelque chose bouger.
Un souffle. Une possibilité. Peut-être que le vent venait déjà de là-bas, de la mer Égée, où le football se jouait encore à la sueur, pas aux projecteurs.
Besoin d’un avis, chers lecteurs, j’ai changé le style de récit mais je voulais savoir si vous préférez que je continue ainsi ou si e reprends un style plus récit de partie ?
Au pire, agrémenter pourquoi pas de screens aussi ![]()
Moi, ça me va très bien! Même si je suis déçu que tu ne te retrouves pas au FC Blazers ![]()