:storygreen: :s4: Le génie de Ma’areva 🇵🇫

Putain la loose ! En voulant bien faire, c’est tout l’inverse qui s’est passé..

1 « J'aime »

Il s’est bien foiré Teanuanua ! Le capitaine va devoir faire bien bien mieux !
Tita sera le lot de consolation :sweat_smile:

1 « J'aime »
Te mau pahonoraa a te feia tai'o

@Lincoln6Echo Hum… sa réflexion est effectivement en cours :slight_smile: Et les Bleus, il en est tellement loin :joy:

@Tiien C’est le meilleur de l’équipe pourtant mais les stats sur péno sont désastreuses pour cet effectif :joy:

@Manthyz Et dans cet exercice, il la met au fond à chaque fois :sac:

@Sythax J’avoue :sac:

@CaptainAmericka ça lui arrive souvent, ça! Pas encore bien solide mentalement, le garçon!

@alexgavi Ou alors, le trouvant nul, elle le quitte pour se taper le sélectionneur :sac:

Chapitre 115: Un match à ne pas perdre

Trois jours plus tard, c’est l’heure de vérité. Tahiti affronte les Îles Salomon, un adversaire redouté. Sur le papier, c’est plus fort que le Vanuatu. Et le Vanuatu, justement, est déjà qualifié après une victoire 3-1 contre la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Une seule place en demi-finale reste à prendre dans ce groupe. Ce match, c’est presque une finale.

Les Îles Salomon, comme Tahiti, ont raté leur début de tournoi: un nul décevant contre la Papouasie-Nouvelle-Guinée (1-1). Les deux favoris du groupe sont au bord de l’élimination. L’enjeu est immense. Il faut jouer et ne rien regretter.

Teanuanua est de nouveau titulaire, et toujours capitaine. Il sait qu’il doit faire oublier son match précédent. Dans le vestiaire, il change de visage. Il harangue les siens. Il relaie les consignes du staff, encourage chacun individuellement, claque des mains, lève les poings. Il veut qu’on le suive, qu’on croie en lui.

Sur le chemin du terrain, les visages sont concentrés. Pas un mot… Juste la tension qui monte, comme un orage qui approche. Teanuanua est le premier à sortir du tunnel, juste derrière l’arbitre. Il jette un œil au public: environ 500 spectateurs. Ce n’est pas le Stade Pater Te Hono Nui, ce n’est pas un stade européen, mais c’est un match à enjeu. Et cela suffit à faire battre son cœur plus fort.

Face à lui, les joueurs des Îles Salomon sont sereins. Teanuanua repense à Godwin qui lui avait envoyé un message: « Tu vas voir, petit puceau, que les Îles Salomon vont vous écraser. »

Teanuanua ne l’a pas oublié.

Il serre la main de son homologue. Pas de mot. Pas de sourire. La guerre commence dans les regards.

C’est parti. Coup d’envoi donné par les Îles Salomon. Un match à élimination presque directe… Un match pour rester en vie dans ce tournoi. Un match pour montrer que Tahiti mérite d’aller plus loin.

Teanuanua avait vu juste: les Îles Salomon sont redoutables. Dès l’entame, ils imposent un pressing étouffant, chaque espace est verrouillé, chaque relance devient un risque. Et dès la 6e minute, le couperet tombe.

Teanuanua, sous pression au milieu de terrain, tergiverse une seconde de trop. Il perd le ballon… En trois passes rapides, millimétrées, les « Brésiliens d’Océanie » transpercent la défense tahitienne. Face à Heinere, leur attaquant ne tremble pas. 1-0…

Le silence de Teanuanua en dit long. Il sait que ce but est pour lui. Personne ne lui dit rien. Mais il le sait… Il donne le coup d’envoi dans un mutisme total, rongé par la culpabilité. Il a voulu en faire trop… Il a oublié la simplicité… Il a plombé son équipe…

Le premier quart d’heure est un supplice. Tahiti est acculé, privé de ballon, sans solution. Mais peu à peu, les joueurs des Îles Salomon lèvent le pied. Leur intensité retombe. Tahiti commence à sortir de son camp, à gagner du terrain, à respirer.

Mais malgré ces quelques sursauts, l’attaque est stérile. Et Teanuanua, lui, n’existe pas. Invisible entre les lignes, il ne touche pas un ballon dangereux. Les centres ne trouvent personne. Les appels sont rares. La mi-temps est sifflée sur ce score de 1-0. Logique…

Dans le vestiaire, Bruno Tehaamoana pose les choses, calmement d’abord. Il recadre, ajuste, donne des consignes claires. Il croit encore au renversement. Mais tout bascule quand Yannis Magnon, milieu de terrain et vice-capitaine, prend la parole : « Avec un véritable attaquant, ce serait beaucoup plus simple… Je te respecte, Teanuanua, mais tu joues trop dos au but. On a besoin d’un attaquant rapide, qui prend la profondeur, qui joue les duels aériens. Là, ça ne va pas. Ton profil ne colle pas avec notre adversaire. »

Un silence tendu suit ses mots. Teanuanua baisse légèrement les yeux, puis relève la tête. Il répond avec calme: « Je vais essayer d’adapter mon jeu au vôtre. »

Mais Yannis réplique aussitôt: « Tu ne peux pas. Ton jeu est ainsi fait. Mais surtout, j’ai du mal à croire que tu es titulaire en Ligue 1… Ou alors tu ne te donnes pas à fond ici. Et ça, ça me gêne vraiment. »

La tension devient palpable. Certains joueurs détournent le regard. D’autres opinent en silence. Bruno, visiblement agacé, tranche net: « C’est fini, vous deux. On reste solidaire. Teanuanua, tu restes sur le terrain. Mais il faut que tu montres plus. Beaucoup plus. Sinon je devrai te sortir, comme contre le Vanuatu. »

Teanuanua encaisse. Il serre les dents. Il a mal. Mais il ne dira rien de plus. L’heure est venue de répondre sur le terrain.

La remarque de Yannis a touché Teanuanua en plein cœur, blessé, piqué au vif, mais pas abattu. Quand le match reprend, il entre sur le terrain comme un autre homme. Pressing, appels, replacements défensifs: il donne tout. Et, chose précieuse, ses coéquipiers suivent. Emportés par l’intensité de leur capitaine, ils étouffent les Îles Salomon, incapables de ressortir proprement le ballon.

À la 54e minute, sur une touche jouée rapidement côté gauche, Tahiti combine bien. Yannis, excentré, prend sa chance dans un angle fermé. Sa frappe est puissante mais repoussée par le gardien… directement dans les pieds de Teanuanua. En deux touches, il élimine son vis-à-vis et enchaîne une frappe croisée, petit filet opposé. Égalisation: 1-1.

Il pourrait courir vers le public, sauter de joie, hurler. Mais non… Il va droit vers Yannis, le regarde droit dans les yeux, et lui tend la main: « Merci. »

Sur le banc, Bruno crie déjà: « Encore un! On garde le même rythme! »

Teanuanua lève les bras, rassemble ses coéquipiers et lance: « On continue, on les lâche pas! »

Mais Yannis, calme et froid, le tempère: « N’en fais pas trop. On sait ce qu’on a à faire. »

Tahiti pousse. L’équipe continue d’imposer un gros rythme. Mais malgré plusieurs occasions franches, le deuxième but ne vient pas. À la 63e, Dorian déborde et centre au point de penalty. Teanuanua tente un retourné acrobatique qui passe largement à côté…
« Contrôle et frappe, putain… » râle Dorian en levant les bras.

Sept minutes plus tard, Bruno décide de faire un changement. Il fait signe à Teanuanua. C’est fini pour lui…
Deux matchs, deux fois remplacé…

Teanuanua baisse légèrement la tête, s’approche de Yannis, lui tend le brassard sans un mot. Le vice-capitaine le prend, sérieux, concentré.
Bruno lui tape sur l’épaule: « Beau but. Tu as répondu présent. »

Mais ça ne suffit pas à consoler Teanuanua. Il s’installe sur le banc, les bras croisés, le regard vide. Il n’a pas envie de parler.

Sur le terrain, Tahiti continue d’y croire. Les occasions se multiplient, mais le score reste figé. Et à la 89e minute, c’est le cauchemar qui frôle l’équipe: contre des Îles Salomon, frappe puissante… sur le poteau. Le ballon revient dans les bras de Heinere.

Coup de sifflet final. 1-1…

Dans le vestiaire, le silence est pesant. Personne ne parle. Personne ne pleure. Tout le monde sait ce que cela signifie. Tahiti n’a plus son destin entre ses mains.

Pour passer, il faudra battre la Papouasie-Nouvelle-Guinée et espérer que le Vanuatu ne perde pas contre les Îles Salomon.

Bruno tente de trouver les mots, parle de dignité, de combat, de ne pas rentrer au pays la tête basse. Mais ce soir, personne ne l’écoute vraiment.

9 « J'aime »

Aie aie aie. C’est mal parti

1 « J'aime »

Le capitaine recadré par un coéquipier, ça craint un peu. Teanuanua va finir la compétition sur le banc à ce rythme :grimacing:
Il marque malgré tout, mais cause un but adverse. Faudrait un triplé contre la Papouasie pour se rattraper !

1 « J'aime »

Tea n’a malheureusement pas l’âme d’un capitaine… C’est encore bien trop tôt pour lui. Qu’il se concentre sur son jeu d’abord.

1 « J'aime »

Tea doit se motiver encore plus, il peut mieux faire !

1 « J'aime »

Tea est en train de nous faire une Godwin avec ses tentatives ratées de retourné. Et se faire remonter les bretelles par un coéquipier c’est mauvais.
Yannis voudrait être capitaine à la place du capitaine que ça m’étonnerait pas. Un poil de jalousie ?!

1 « J'aime »
Te mau pahonoraa a te feia tai'o

@Rhino Oui, il va falloir redresser la tête rapidement!

@alexgavi Il est dans une drôle de situation. Il est le capitaine et doit montrer l’exemple.

@CaptainAmericka Oui, il semble être ailleurs avec ce nouveau statut.

@celiavalencia Ha mais clairement! Il est très loin de son niveau.

@Lincoln6Echo De la jalousie? Ou il voit un capitaine dépassé par sa tâche?

Chapitre 116: Une difficile décision

L’entraînement touche à sa fin, la veille du dernier match de poule contre la Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’ambiance est morne, mais les gestes sont appliqués. Pas de rires, pas d’explosions d’énergie, juste la tension sourde qui plane, mêlée à la fatigue nerveuse.

Dans le vestiaire, Teanuanua tente de relancer un peu la flamme. Il parle, essaie d’insuffler de la détermination, de rappeler qu’il reste une chance: « On peut encore le faire. Ce n’est pas terminé tant que ce n’est pas joué. On est Tahiti. On représente quelque chose. »

Mais sa voix sonne creux. Quelques regards se lèvent, vides. Certains baissent la tête. Deux soupirs discrets s’élèvent dans le fond du vestiaire. Et puis plus rien. Teanuanua se tait. Il comprend. Il n’est plus écouté.

Il l’a senti hier soir, déjà… Quand les gars avaient organisé une partie de poker dans la salle commune… Rires, blagues, complicité… Et lui, seul dans sa chambre… Pas un message… Pas un mot… Il n’a pas de rancune. Juste cette impression amère d’être devenu un étranger dans son propre groupe. Il pense avec nostalgie au groupe U19 d’il y a deux ans avec Alessio et Nino.

Alors, une fois les crampons rangés et les douches prises, il prend une décision. Avant le briefing du soir, il frappe doucement à la porte de la chambre de Bruno Tehaamoana. Le coach est assis sur son lit, des notes étalées devant lui. Il lève les yeux, surpris.
« Tu veux quelque chose, Teanuanua? »

Le jeune joueur entre, referme doucement la porte. Son visage est fermé, calme, déterminé.
« Je viens rendre le brassard, mon statut de capitaine. »

Bruno fronce les sourcils.
« Qu’est-ce que tu racontes? »

Teanuanua insiste.
« Le brassard… Je veux plus l’avoir. Il est trop lourd à porter pour moi. J’arrive pas à… à… à fédérer. J’ai pas l’adhésion du groupe. Donnez-le à Yannis. Lui, il est proche des autres. Il saura faire. Il est un très bon meneur d’homme. »

Un silence s’installe. Bruno le fixe longuement, soupire en s’appuyant contre le mur.
« T’es sûr de toi? »

Teanuanua hoche doucement la tête, en silence. Le coach ne dit rien de plus que « Ok! Je note! C’est dommage… Mais je respecte ta décision. »

Teanuanua sort de la chambre en silence et retourne dans la sienne. Le couloir est vide. Demain, c’est peut-être son dernier match dans ce tournoi. Il ne sera plus capitaine. Mais il compte bien rester joueur et tout donner.

Le briefing commence, solennel, tendu. Dans la salle, tous les regards sont braqués sur Bruno Tehaamoana. L’enjeu est énorme. C’est le match de la dernière chance.

Le coach déroule les consignes d’avant-match puis s’arrête devant le tableau blanc. D’un geste lent, il place les noms des titulaires un à un. Et le nom de Teanuanua n’y est pas.

Personne ne réagit vraiment, comme si c’était attendu. Mais pour lui, c’est un coup de massue. Il baisse la tête, sent sa gorge se serrer. Et la suite vient l’achever.
« Le brassard ira à Yannis. »
La voix de Bruno est calme. Les applaudissements se font entendre. Teanuanua ne bronche pas. Il ne peut plus bouger. Chaque mot du briefing devient un bruit sourd, lointain. Les plans tactiques, les explications, les consignes… il n’entend plus rien.

Il a l’impression d’avoir tout perdu. Il n’aurait jamais dû venir. Il n’est pas à sa place ici. Il veut pleurer mais se retient.

Dès le briefing terminé, il quitte la salle sans un mot et monte dans sa chambre. Une fois seul, il appelle Tita. Sa voix tremble. Elle, essaie de le réconforter: « Tu seras le joker de luxe. Le coach doit avoir une idée derrière la tête, ne t’en fais pas. »

Mais ses mots l’agacent.
« Tu comprends rien. Rien du tout. Je veux pas être un joker. Je veux jouer, je veux commencer. C’est tout ce qui compte. »

Tita se braque. Elle se contente d’un: « OK. Bonne chance alors. »
Et elle raccroche.

Le silence revient. Il hésite, puis compose un autre numéro: celui de Manava.
« Tea? »

Sa voix douce traverse le téléphone comme un baume. Et tout de suite, il se sent un peu moins seul. Il lui raconte tout, sans filtre. Elle l’écoute, sans l’interrompre. Puis elle lui répond, avec une conviction simple:
« Ce n’est que l’équipe U19. Ta destinée est bien plus grande, Tea, et tu le sais. Je sais que tu deviendras un grand joueur. Je crois en toi. Ne te focalise pas sur ce match qui ne comptera pas beaucoup dans ta future grande carrière. »

Les mots sont justes. Il avait besoin d’entendre ça. Ils restent plus d’une heure au téléphone. Il sourit à nouveau. Elle le fait rire, même. Avant de raccrocher, il lui fait une promesse: « Si je marque demain… je penserai à toi. »

« Alors marque! » répond-elle avec un sourire dans la voix.

9 « J'aime »

Soit le coach a un plan, soit vraiment il est devenu le bouc émissaire de l’échec de Tahiti…

1 « J'aime »

Est-il joker ?
Va-t-il succomber à Manava ?

Vraiment ce genre de post qui pose plus de questions qu’il n’y répond :open_mouth:

1 « J'aime »

Alors !

Même s’il pense le contraire, il a fait le bon choix en délaissant le brassard ! Il se soulage d’une pression énorme.
Il débute sur le banc, entrera en cours de match et marquera un but important (deviendra-t-il le héros pour autant ??)
Il va donc penser à Manava. Ils se retrouveront et entameront enfin l’histoire d’amour tant attendu entre eux (n’oublie pas de faire une jolie haïtienne hein vu comment tu l’as décris :sac: )

Et enfin, toutes les Manava du puzzle s’emboiteront !

Tadaaaa !

1 « J'aime »

Décidément, j’ai l’impression qu’il fait tout de travers. Il perd l’adhésion de ses coéquipiers, perd celle de sa copine qui essaie pourtant de la rassurer, et il s’en va se réfugier dans la voix d’une autre.
Ça pue du le cul :sweat_smile:

1 « J'aime »

3 « J'aime »
Te mau pahonoraa a te feia tai'o

@Tiien réponse dans le prochain post :smiley:

@Sythax Le retour de Manava est intriguant, je l’avoue :smirking_face:

@CaptainAmericka Elle te va cette Manava?

@alexgavi ça pue le cul? :joy: Tu veux dire qu’il n’est pas fidèle notre Teanuanua? :sac:

@Manthyz C’est un peu ça :joy:

Chapitre 117: Pour une qualification

Le lendemain, le réveil est difficile. Les visages sont fermés au petit déjeuner. Teanuanua reste silencieux, seul à une table. Personne ne vient vraiment lui parler. Seul Stéphane, au moment de s’asseoir, lui adresse un léger signe de tête. Il lui répond d’un demi-sourire, sans mot. Dans le bus qui mène au stade, l’ambiance est tendue, presque lourde. Chacun s’enferme dans sa bulle. Les écouteurs vissés aux oreilles, les regards perdus dans le vide ou fixés sur la route. Teanuanua, les mains croisées sur ses genoux, regarde le paysage Samoan défiler sans vraiment le voir. Il ne pense plus à sa mise à l’écart. Ni au brassard, ni à sa fierté blessée. Il veut juste jouer, être utile, aider son équipe.

Dans les vestiaires, les derniers réglages sont donnés. Le coach distribue les consignes. Puis, juste avant de sortir, Bruno se plante devant ses joueurs. Il les fixe, un à un, avec intensité: « Ce match, c’est notre billet pour les demi-finales. On n’a plus le droit à l’erreur. Pas aujourd’hui. » Puis son regard s’arrête sur Teanuanua: « Et toi, sois prêt. Tu entreras, j’en suis sûr. Et quand tu entreras, fais-leur mal. » Teanuanua hoche simplement la tête, concentré.

Le coup d’envoi est donné. Tahiti entre bien dans le match, très bien même. L’équipe met du rythme, presse haut, pousse. Les Papous reculent et plient, mais ils ne rompent pas. Les occasions s’enchaînent, mais le but refuse de venir. À la pause, toujours 0-0. Dans le vestiaire, Bruno félicite l’intensité, mais réclame plus de tranchant, plus de précision. Il ne souffle aucun mot sur le score de l’autre match, entre le Vanuatu et les Îles Salomon, qui se joue en parallèle. Le suspense reste total.

À peine la seconde période commencée, Teanuanua est envoyé à l’échauffement. Il part en trottinant le long de la ligne de touche. Sur la pelouse, Tahiti continue de dominer, d’attaquer, sans concrétiser. À la 55e minute, Bruno se tourne vers son staff: « Va le chercher. » L’adjoint fait signe au préparateur physique qui le signale alors à Teanuanua qui court aussitôt vers le banc. Il enlève son chasuble, attrape son maillot, ajuste ses protège-tibias pendant que l’adjoint donne les consignes. Bruno lui parle dans le creux de l’oreille: « On a besoin de ton impact physique, de ta présence. Fais-les craquer. Et montre à ceux qui doutent de toi que t’es indispensable à cette équipe. »

À la 56e minute, le panneau lumineux s’élève. Le numéro 9 s’affiche. Teanuanua entre à la place de Stéphane, lessivé. Les regards sont braqués sur lui. Il ne tremble pas.

Yannis, le brassard bien accroché au bras, s’avance vers Teanuanua et lui tape dans la main, sans un mot, mais avec une intensité dans le regard. Le message est clair: on compte sur toi. Et il ne faut pas attendre longtemps pour que Teanuanua se fasse remarquer. Sur un corner mal négocié par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le ballon revient dans les pieds du Mangarevien, au milieu du terrain. Il se retourne d’un mouvement fluide et file droit vers le but. Un défenseur vient fermer l’axe, mais Teanuanua lève la tête. Il aperçoit Dorian lancé à toute vitesse côté droit. La passe est nette, précise. Dorian élimine deux joueurs sur un crochet et un accélération fulgurante, puis centre en retrait vers Teanuanua, désormais dans la surface. Il ne réfléchit pas. Il frappe de toutes ses forces. Le gardien touche le ballon, mais la puissance est trop grande. Le filet tremble. But. Tahiti ouvre le score.

Teanuanua ne court pas vers le public. Il ne cherche pas ses coéquipiers. Il lève un doigt vers le ciel. Et pense à Manava, à ce qu’il lui a promis. Elle croit en lui. Ce but, c’est pour elle.

Tahiti ne se relâche pas après l’ouverture du score. À la 65e minute, coup-franc obtenu côté gauche. Teanuanua s’en charge. Il vise le point de penalty. Le ballon est tendu. Cyril surgit, plus haut que tout le monde, et claque une tête imparable. Le ballon file au fond des filets. 2-0. Cette fois, tous les joueurs se précipitent vers le banc. L’euphorie est totale.

Mais à peine deux minutes plus tard, la Papouasie-Nouvelle-Guinée réagit. Sur une erreur d’inattention, ils réduisent l’écart. 2-1. Le match est relancé. Pas pour longtemps, car Tahiti, solide, discipliné, gère parfaitement la fin de rencontre. Le coup de sifflet final libère les joueurs: victoire 2-1.

Et pourtant… sur le banc, pas un sourire. Car tous savent. Le Vanuatu n’a pas fait le miracle. Les Îles Salomon ont gagné 2-0. Tahiti est éliminé.

Dans le vestiaire, Bruno prend la parole. Il félicite chacun, remercie l’engagement, le courage. Mais ses mots se perdent dans un silence pesant. Chacun encaisse à sa façon. Certains baissent la tête. D’autres fixent le sol, immobiles.

Le soir, à l’hôtel, alors que les couloirs sont déserts, Bruno toque à la porte de Teanuanua. Il entre et s’assoit au bord du lit. Un moment passe, silencieux. Puis il parle: « Je t’ai confié une mission trop lourde. Je m’en rends compte. Je voulais transmettre ce que j’ai vu en toi. Mais j’ai mal calculé… J’ai gâché ta dernière compétition avec les U19. Cette génération… elle n’a pas le niveau de la tienne. Pas celui des Nino, des Temehani, des Alessio, des Théo, des Aimé. Mais j’espère ne pas avoir gâché ton plaisir pour autant. »

Teanuanua le fixe, les yeux humides mais calmes.
« Coach… Ce tournoi, il m’a appris. Il m’a secoué, oui. Mais j’en sortirai plus fort. Les échecs comme ça, ça forge. Merci de m’avoir appelé. Merci de m’avoir fait confiance. Merci pour le capitanat. Vous êtes quelqu’un de très important pour ma carrière. »

Ils se tapent dans la main. Puis s’enlacent, comme un père et un fils. Un moment de vérité, un moment qui restera, malgré tout.

8 « J'aime »

Pas un tournoi qui restera dans les annales malheureusement

3 « J'aime »

Un bon dernier match, il peut s’appuyer là-dessus au moins.

1 « J'aime »

Il finit sur une bonne note, c’est toujours ça de pris. S’il pouvait toujours jouer comme ça, ce serait top !
Plus qu’un titulaire, est-ce qu’il ne serait pas plutôt un super sub ?

1 « J'aime »

À voir ce qu’il va faire maintenant et où il va aller !

1 « J'aime »
Te mau pahonoraa a te feia tai'o

@Rhino Un tournoi qui ne restera pas dans les annales car c’est Tahiti qui l’a eu dans le cul :sac:

@CaptainAmericka Exact, mais ça n’efface pas la déception de l’élimination…

@alexgavi Haaaa… La réponse dans quelques temps avec son club.

@Sythax Maintenant, il doit performer avec son club!

Chapitre 118: L’épreuve de Manava

Ce matin-là, tout le groupe U20 rentre à Tahiti. Le vol a été silencieux, pesant. Personne ne trouve les mots, personne n’a envie de s’amuser… L’élimination reste en travers de toutes les gorges. À l’aéroport, quelques familles attendent. Teanuanua aperçoit Moeata qui agite la main, et Tita, juste à côté d’elle. À peine a-t-il franchi les portes qu’elles se jettent dans ses bras. Pas un mot, juste un long câlin à trois!

Le soir, ils mangent ensemble, « en famille », comme pour retrouver un peu de chaleur après la froideur de l’échec. Teanuanua reste en retrait, sourit poliment, mais garde les yeux dans le vide. Après le dîner, de retour dans leur chambre, Tita tente d’ouvrir le dialogue: « Tu veux me raconter? Ce tournoi, tout ça… »

Mais il baisse les yeux.
« J’y arrive pas, Tita. Pas maintenant. »
Alors, il ne parle pas. Il la serre dans ses bras. Ils font l’amour, doucement, sans se précipiter. Ce n’est pas une victoire à célébrer, mais un besoin de se retrouver, de reprendre son souffle. C’est un refuge, pour lui, comme pour elle.

Le lendemain matin, Tita rayonne. Elle a retrouvé son amour. Et maintenant, elle se promet une chose: l’aider à se relever, à retrouver son élan, son sourire. Teanuanua ne parle toujours pas de la compétition. Mais il sourit un peu plus. C’est déjà ça.

Les jours passent. Chacun reprend son rythme. Teanuanua retourne travailler, Moeata reprend le chemin du collège et ses cours de clarinette. Cette année, elle a intégré un orchestre: une nouveauté qu’elle vit avec excitation. Elle apprend à jouer en groupe, à écouter les autres, à accorder ses notes à celles des autres.

Et lui, il a aussi repris le chemin du terrain. Les entraînements de l’AS Tefana ont repris. Il y retrouve les visages familiers, les anciens de la maison. Mais aussi quelques nouveaux:

  • Callum Lowe, un milieu néo-zélandais de l’Eastern Suburbs, discret mais efficace.
  • Jason Jones, défenseur central, solide, débarqué de l’AS Mataiea.
  • Et puis Yannis. Yannis Magnon… Celui avec qui il a partagé l’aventure U20… et perdu le brassard à son profit. Leur regard se croise. Pas de sourire… Pas de poignée de main… Teanuanua reste froid. Il n’a pas oublié… Il sait que Yannis non plus ne l’apprécie pas… Le respect est là, professionnel. Mais la confiance, non…

Côté départs, Godwin a quitté le groupe. Et Kavai’ei a signé à Bayonne, en National 3, en métropole. Une belle opportunité pour lui, qui va découvrir le continent Européen. Teanuanua le sait: beaucoup rêveraient d’une telle chance.

Mais pour lui, l’essentiel est là. Vatea est toujours là, fidèle, souriant, blagueur, vrai. Le groupe vit bien. Et le coach Vahirua ne lâche rien: toujours aussi exigeant, toujours aussi pointilleux.

Et il a raison: l’AS Tefana est championne en titre. Cette année encore, tous les regards sont tournés vers eux. C’est l’équipe à battre. Et Teanuanua, malgré les doutes récents, sait qu’il en fait partie.

L’effectif de l’AS Tefana

NOM POSTE NATIONALITE ÂGE AU CLUB DEPUIS (CLUB PRECEDENT) SELECTION
PITO Moana GB :french_polynesia: :france: 26 ans Formé au club /
DUCASSE Michel GB :french_polynesia: :france: 19 ans Formé au club /
PELLETIER Alexandre GB :french_polynesia: :france: 17 ans Formé au club /
TERIIEROOITERAI Vatea D (D) :french_polynesia: :france: 20 ans 2025 (AS Taravao) :french_polynesia: (U20)
MORALES Olivier D (D) :french_polynesia: :france: 18 ans Formé au club /
TUTEINA Farearii D (D) :french_polynesia: :france: 28 ans Formé au club :french_polynesia:
SIENNE Manatini D (C) :french_polynesia: :france: 24 ans 2023 (JT) /
VAEA Teiki D (C) :french_polynesia: :france: 31 ans 2025 (AS Dragon) /
TEHIO Mark D (C) :french_polynesia: :france: 30 ans 2020 (AS Pirae) :french_polynesia:
MARECHAL Patrick D (C) :french_polynesia: :france: 19 ans Formé au club /
JONES Jason D (C) / MD :french_polynesia: :france: 23 ans 2026 (AS Mataiea) /
HURI Hauragi D (G) / MD :french_polynesia: :france: 27 ans 2025 (AS Vénus) /
NAMUESH Ferdallas D (G) / MD :papua_new_guinea: 30 ans 2024 (Morobe Wawens, Papouasie-Nouvelle-Guinée) :papua_new_guinea:
OWENS Sinia MD :france: 22 ans 2022 (AS Monaco, France) /
MAGNON Yannis MD :french_polynesia: :france: 18 ans 2026 (JT) /
TEHAU Roonui MC / MOC :french_polynesia: :france: 26 ans 2025 (AS Vénus) :french_polynesia:
LOWE Callum MC :new_zealand: 25 ans 2026 (Eastern Suburbs) /
COUTURIER Jules MC / MOC :french_polynesia: :france: 19 ans Formé au club /
DELHAYE Simon MDC / MC :french_polynesia: :france: 17 ans Formé au club /
MOUGIN Nicolas MOD/ MOC :french_polynesia: :france: 18 ans Formé au club /
MANMIEU Gianni M (D) / MOD :new_caledonia: :france: 32 ans 2024 (AS Kunié, Nouvelle-Calédonie) /
MU François MOG / BT :french_polynesia: 31 ans 2023 (AS Dragon) :french_polynesia:
MARAETEFAU Honoura MOC / MOG :french_polynesia: :france: 24 ans Formé au club :french_polynesia:
ALICK Stanton MOD / BT :samoa: 28 ans 2024 (Central Coast, Iles Salomon) :samoa:
PAUTU Kahutia BT :french_polynesia: :france: 23 ans 2024 (AS Pueu) :french_polynesia:
JONES Jason BT :french_polynesia: :france: 23 ans 2024 (AS Mataiea) /
TEHAHE Teanuanua BT :french_polynesia: :france: 19 ans 2025 (AS Taravao) :french_polynesia: (U20)
VAHIRUA Pascal Entraîneur :france: :french_polynesia: 60 ans 2014 (réserve AJ Auxerre, France) /

Un dimanche, à une semaine de la reprise du championnat, Teanuanua ne met pas de réveil. Il émerge doucement vers 9h, chose rare chez lui. Dans la cuisine, Tita est déjà debout, concentrée sur le petit déjeuner. L’odeur du pain grillé flotte dans l’air. En s’étirant, il attrape son téléphone, les yeux encore à moitié fermés. Il a une notification: un message de Manava.

« Marathon de Sydney ce matin. Envoie-moi plein de bonnes ondes ! »

Il sourit. Cette fille est incroyable. Cinglée, même… Faire un marathon, déjà, il trouve ça dingue. Mais en enchaîner plusieurs par an? Il ne pourrait jamais.

Tita lui sert une tranche de papaye et quelques tartines, puis vient s’asseoir à côté de lui. Teanuanua allume machinalement la télé. En zappant, il tombe sur une chaîne sportive qui diffuse… le marathon de Sydney. Il laisse tourner par curiosité. Au 25e kilomètre, gros plan sur le groupe de tête féminin. Et là, il manque de recracher sa banane: Manava.
Au milieu des kényanes, éthiopiennes, somaliennes, une silhouette qu’il reconnaît immédiatement. Pas aussi fluide que les autres, pas aussi aérienne. Mais elle est là. Elle s’accroche. Elle donne tout. Et elle est la seule Polynésienne dans ce peloton d’élite.

« Tita! Regarde! C’est Manava! », dit-il, encore sous le choc.

Tita s’approche de l’écran, bouche bée.
« Elle, là? Elle est avec les pros là! »

La caméra bascule sur les hommes en tête de course. Frustré, Teanuanua attrape son téléphone et file sur le site officiel du marathon. Il trouve le suivi en direct des coureurs. Manava y est encore dans le top 10. Il voit les temps intermédiaires. Elle tient bon… jusqu’au 30e kilomètre, où l’écart avec les leaders se creuse. Elle ralentit… Mais reste 6e.

Teanuanua ne respire plus. Il prie intérieurement. Il veut qu’elle tienne, qu’elle ne lâche rien. Il ne sait pas exactement ce que valent les chronos féminins mondiaux, mais 2h30, ça lui paraît monstrueux. Il se met à espérer qu’elle y arrive. Peut-être… peut-être que ça passe.

Les kilomètres défilent. Manava tient la 6e place jusqu’au 40e. Là, une Japonaise la dépasse. Mao Uesugi. Elle chute à la 7e place. Il est déçu, mais il voit qu’elle donne tout. Il suit les chiffres en temps réel.
41… 42…
Elle approche de la ligne. Le compteur officiel tourne.
2h29…50… 51… 52…
Elle passe la ligne d’arrivée à 2h29 minutes et 59 secondes.

Teanuanua bondit de joie. Il explose littéralement dans le salon.
« Tita! 2h29 minutes et 59 secondes! C’est une malade! »
Il tape sur son téléphone à toute vitesse pour la féliciter. Il transpire, comme s’il avait couru à sa place.

Quarante minutes plus tard, Manava lui répond:

« J’ai décroché les minimas pour les championnats du monde dans un an! À une seconde près! Incroyable! Je serai la première Polynésienne au marathon des Mondiaux. Tea, je suis trop heureuse. J’ai un an pour rêver de ce championnat et m’entraîner. »

Il lit le message trois fois. Il n’en revient pas. Elle l’a fait.

Le lendemain, elle est la une du journal:
« Historique: Manava Vahimena qualifiée pour les Mondiaux à Pékin ! »

Sa photo, en pleine foulée, s’étale sur toute la première page.
7e au marathon de Sydney. 2h29:59. Première Polynésienne à se qualifier pour les championnats du monde d’athlétisme. La petite fille de Mangareva a bien grandi et, comme son frère Temehani, elle se met à tutoyer le haut niveau dans sa discipline

6 « J'aime »