Réponse aux lecteurs
@Sythax Mais pour une fois, il ne l’a pas eu 
@CaptainAmericka En fait, il sortait d’une intoxication alimentaire (comme il y en a au moins 5-6 par saison, à croire que les footeux aiment bouffer du moisi selon FM
) mais ça n’allait pas dans le récit 
@VertPourToujours j’en suis sûr également 
@alexgavi tu veux direct qu’il se barre? Tu veux en faire un mercenaire 
@celiavalencia Oui beaucoup de matchs nuls ce mois-ci… Ça fait perdre quelques places au classement 
Chapitre 61: Le match contre Tefana
C’est le grand jour. Celui de la confrontation contre l’AS Tefana, club de Ligue 1 Tahitienne. L’atmosphère est électrique dans le vestiaire de l’AS Taravao. Les joueurs enfilent leurs maillots, serrent leurs lacets, échangent des regards pleins de détermination. Garry se tient au centre de la pièce, balayant l’équipe du regard avant de prendre la parole d’une voix forte et assurée.
« Regardez-moi tous. Ce soir, on a une occasion en or. Personne ne croit en nous, personne ne pense qu’on peut battre Tefana. Mais vous savez quoi ? C’est parfait. Parce que nous, on sait ce qu’on vaut. Peu importe leur niveau, peu importe leur statut, ce sont des hommes comme nous. Regardez-les droit dans les yeux, et montrez-leur qu’on n’est pas là pour les admirer, mais pour gagner. On est capables de réaliser l’exploit. Je veux voir une équipe soudée, courageuse, qui se bat sur chaque ballon. Jouez avec le cœur, et quoi qu’il arrive, soyez fiers de vous. »
Les joueurs acquiescent en silence, absorbant les mots de leur coach. Certains se frappent la poitrine, d’autres échangent des tapes sur l’épaule. L’adrénaline monte.
Dans le tunnel menant au terrain, Teanuanua sent son cœur battre plus vite que d’habitude. A ses côtés, les joueurs de l’AS Tefana semblent imposants, sûrs d’eux. Il relève la tête et croise leurs regards. Il repense aux mots de Garry. Pas question de montrer le moindre signe de faiblesse.
Quand il franchit enfin la ligne blanche, il est frappé par la clameur du public. Les tribunes sont pleines, l’ambiance est bouillante. L’AS Tefana est l’un des clubs les plus populaires de l’île, et cela se ressent. Il sent la pression peser sur ses épaules. Ce n’est pas un match comme les autres. C’est un test, une épreuve, un moment qui pourrait tout changer.
Le coup d’envoi est donné sous une ambiance survoltée. Dès les premières secondes, l’AS Tefana impose un pressing étouffant. Le ballon circule rapidement entre leurs milieux de terrain, qui font preuve d’une maîtrise impressionnante. L’AS Taravao, elle, peine à mettre le pied sur le ballon.
Teanuanua, posté en pointe, observe impuissant la bataille qui se joue au milieu de terrain. Ses appels ne sont pas servis, et il n’a touché le ballon que lors du coup d’envoi. Il tente de presser les défenseurs adverses, mais la qualité technique de Tefana leur permet de relancer proprement et de maintenir la pression.
À la 13e minute, après une séquence de possession rapide, un ailier de Tefana déborde sur la gauche. Il efface son vis-à-vis et centre en retrait. L’attaquant adverse, libre de tout marquage, déclenche une frappe puissante qui vient heurter la barre transversale avant de franchir la ligne. 1-0.
Le stade explose. Les joueurs de Tefana se congratulent, sûrs de leur force. De leur côté, les joueurs de l’AS Taravao accusent le coup. Teanuanua serre les dents. Il savait que ce serait difficile, mais se sentir aussi impuissant est frustrant.
Mais ce but a un effet inattendu. Plutôt que de plonger l’équipe dans le doute, il sonne comme un réveil.
Petit à petit, Taravao prend confiance, se libère de la pression. Les passes sont plus précises, les déplacements plus fluides. Si Tefana domine toujours la possession, Taravao commence à exister dans ce match. Teanuanua, lui, se bat comme un lion face aux deux défenseurs centraux adverses. Ces derniers sont grands, costauds, et expérimentés. Mais Teanuanua ne se laisse pas intimider. Il leur pose des problèmes avec son jeu dos au but et sa vivacité.
Il obtient plusieurs coups francs après des duels rugueux. Pourtant, malgré ces opportunités, aucune ne se transforme en occasion franche.
À mesure que les minutes s’égrènent, le rythme s’équilibre. Taravao parvient même à se procurer quelques situations intéressantes, notamment sur une frappe lointaine de Victor captée par le gardien adverse.
L’arbitre jette un coup d’œil à sa montre et porte son sifflet à la bouche. Mi-temps.
Teanuanua souffle profondément en rentrant aux vestiaires. Le score est de 1-0 pour l’AS Tefana, mais Taravao a montré qu’il n’était pas venu ici en victime. Le combat est loin d’être terminé.
Dans le vestiaire, l’ambiance est tendue mais déterminée. Garry regarde ses joueurs un à un avant de prendre la parole :
« Vous avez vu ? Ils ne sont pas invincibles ! Mais si vous voulez aller les chercher, vous devez vous jeter dans la bataille. Ne soyez pas timides ! »
Victor, le brassard bien serré autour du bras, enchaîne immédiatement :
« Les gars, on joue ce match à fond ! Plus de hargne, plus de courage dans les duels ! »
Les têtes hochent en signe d’acquiescement. L’équipe sait que tout reste à jouer.
Le match reprend et, comme en première période, l’AS Tefana impose sa domination. Ils tiennent le ballon, font circuler rapidement et cherchent la faille dans la défense de Taravao.
À la 52e minute, un attaquant de Tefana profite d’un ballon en profondeur et se retrouve en duel avec le dernier défenseur. Il pousse son ballon et s’écroule après un contact. L’arbitre siffle immédiatement : penalty.
Le stade exulte. Teanuanua ferme les yeux une seconde, frustré. Il sait que seul Nino peut sauver l’équipe à ce moment du match. L’attaquant de Tefana prend son temps, pose le ballon calmement et recule pour sa course d’élan. Nino, lui, reste impassible sur sa ligne, concentré.
Le tireur s’élance. Il frappe à mi-hauteur sur la droite… Nino plonge et repousse le ballon magistralement avant de se relever très rapidement et de récupérer le ballon près de son poteau !
Les rares supporters de Taravao explosent de joie. Nino ne reste pas dans l’euphorie et ne perd pas une seconde. Il relève la tête et relance immédiatement le ballon à la main, loin devant, dans la course de Teanuanua.
Le jeune attaquant a déjà anticipé et sprinte. Il dépasse le milieu de terrain, efface un premier défenseur d’un crochet court, puis un deuxième d’un coup de rein. Il file vers le but, seul face au gardien.
L’instant est suspendu. Teanuanua arme sa frappe…
Le gardien adverse tend le bout des doigts et effleure le ballon. Celui-ci percute le poteau, roule le long de la ligne de but… avant qu’un défenseur ne surgisse pour dégager en catastrophe !
Les joueurs de Taravao lèvent déjà les bras, pensant que la balle est entrée. Mais non. Pas de but.
Teanuanua se tient la tête entre les mains. Si proche.
Cet énorme contre manqué restera la seule vraie occasion de Taravao dans cette seconde période. Le reste du match est une leçon de maîtrise de l’AS Tefana. Ils font circuler le ballon, empêchent toute relance propre, et jouent intelligemment pour garder leur avantage.
À la 73e minute, Teanuanua, exténué, voit son numéro s’afficher sur le panneau de changement. Garry a décidé de le remplacer par Eddy.
Le jeune attaquant quitte le terrain sous les applaudissements des supporters de Taravao. Il se dirige vers Eddy pour le checker… mais ce dernier, déjà très concentré, passe devant lui sans même un regard.
Garry accueille Teanuanua au bord du terrain, pose une main sur son épaule et le félicite :
« C’était du grand Teanuanua. »
Le match se poursuit, mais Taravao ne parvient pas à renverser la vapeur. L’arbitre siffle la fin du match sur un score de 1-0 pour Tefana.
Les joueurs de Taravao sont partagés entre fierté et déception. Ils ont tenu tête à un géant du football polynésien, mais ils savent qu’ils sont passés tout près d’un exploit.
Assis sur le banc de touche, Teanuanua fixe le tableau d’affichage. 1-0. Il soupire, pense à sa grosse occasion manquée, passe une main sur son visage encore perlé de sueur. Ils étaient si proches…
Après un dernier regard vers le terrain, il se lève et va saluer les joueurs adverses, serrant les mains les unes après les autres. Lorsqu’il arrive devant l’un des défenseurs centraux qui l’avait marqué tout le match, celui-ci lui donne une tape amicale sur l’épaule et le regarde avec un petit sourire fatigué.
« J’ai rarement vu un jeune me donner autant de mal. Tu as de l’avenir, toi ! »
Teanuanua esquisse un sourire, malgré la défaite. Ces mots résonnent en lui.
Quand il arrive devant le coach de Tefana pour le féliciter, quelque chose l’interpelle. Celui-ci ne relâche pas sa main immédiatement. Le regard du coach est intense, presque scrutateur. Puis il parle, d’une voix posée mais assurée :
« L’an prochain, il y a une place pour toi dans cette équipe. »
Teanuanua ouvre légèrement la bouche, surpris. A-t-il bien entendu ?
Le coach sort une carte de visite et la lui tend.
« Tu as mon numéro dessus. Fais ta saison tranquillement avec Taravao et appelle-moi vers mars-avril. On règle quelques détails et tu joueras pour Tefana. » Il marque une pause, le fixant droit dans les yeux. « Tu as le niveau de jouer en Ligue 1, je t’assure. »
Puis, dans un geste amical, il lui donne une tape sur l’épaule et passe son chemin, le laissant planté là, la carte de visite en main.
Un peu déboussolé, Teanuanua se dirige vers les tribunes, où Tevava l’attend, un sourire fier sur le visage. Son grand-père lui tend la main et le jeune attaquant la serre avec respect.
« Tu as fait un grand match, mon garçon. »
« Merci, Papy. »
Teanuanua lui tend alors la carte de visite.
« Le coach de Tefana me l’a donnée. Il veut que je joue pour eux l’an prochain… »
Tevava la prend et la regarde un instant, sans dire un mot. Puis, d’un geste presque cérémonial, il la glisse précieusement dans son porte-monnaie.
« On en parlera en temps voulu. Ce qui compte, c’est ton présent. »
Teanuanua acquiesce. Il sait qu’il peut lui faire confiance.
De retour au vestiaire, l’ambiance est lourde. Certains joueurs s’assoient en silence, d’autres passent une serviette sur leur visage pour masquer leur frustration.
Mais Garry ne laisse pas le silence s’installer trop longtemps. Il se place devant eux et frappe des mains pour attirer leur attention.
Les gars, je suis fier de vous."
Les têtes se lèvent.
« Aujourd’hui, on a montré qu’on pouvait rivaliser avec les meilleurs. C’est une défaite, oui, mais c’est une défaite où l’on apprend. »
Il marque un temps, balayant la pièce du regard avant de poursuivre.
« Si on joue comme ça toute l’année, la montée ne peut pas nous échapper. »
Un murmure d’approbation parcourt le vestiaire. La frustration est encore là, mais Garry a planté une graine dans leur esprit.
Teanuanua, lui, fixe le sol, pensif. Il sait qu’un tournant s’annonce. Mais avant de penser à l’avenir, il a une saison à jouer. Et il ne compte pas la rater.