Qui est Emma Hayes, nouvelle coach/manager de Palace ?
Sources
Emma Hayes rejects claims EFL job an upgrade on Chelsea Women | Football | The Guardian
Football Féminin - Infos - Hayes : "L'Angleterre a servi de phare dans la tempête" - FIFA.com
Que l’on se le dise, le football féminin doit encore être davantage médiatisé. Alors connaître Emma Hayes pour nous français est assez difficile. Mais le foot féminin commence à s’installer de plus en plus en Angleterre et il est (très) progressivement reconnu à sa juste valeur. Si bien que Hayes elle-même est désignée comme la « Guardiola » du football féminin. Serait-ce alors un fantasme de journaliste ou une description adéquate ?
Une pionnière du football féminin
Emma Hayes ne partage ni les idées tactiques, ni les caractéristiques capillaires (j’ai osé) de Guardiola, mais elle a pour autant commencé ses années de coach en 2008 (comme Guardiola), et c’est elle qui a « construit » l’image professionnelle du football féminin, à tel point que son Chelsea fut une inspiration pour les autres clubs de la WSL (la Women Super League).
Emma Hayes est intéressée par le métier de coach depuis ses 20 ans, malgré une carrière de joueuse bien lancée, mais soudainement arrêtée pour cause de blessures. Sa licence de coaching passée, elle commence sa carrière aux Etats-Unis, dans le club de Long Island Lady Riders, un club aujourd’hui au second niveau de l’échelon du soccer féminin. Après plusieurs passages à Iona College, à Arsenal en tant qu’adjointe de Vic Akers, puis au Chicago Red Stars, elle accumule logiquement de l’expérience et s’enrichit d’influences diverses. Son passage à Chicago est infructueux : mauvais résultats, un board peu patient, mais aussi un management hasardeux. C’est une expérience qu’elle retiendra d’ailleurs toute sa carrière, notamment dans son approche humaine qui a changé son approche à Chelsea quelques années plus tard : « Chicago was the best thing I ever did, because without that experience I wouldn’t be successful here (Chelsea) ». (« Chicago a été la meilleure chose que j’ai pu faire dans ma carrière, parce que sans cette expérience, je n’aurais jamais réussi ici »)
Chelsea l’accueille en 2012, une époque durant laquelle le football féminin anglais était encore à un niveau très pauvre, loin de ce que l’on connait aujourd’hui en WSL, particulièrement en comparaison avec le soccer aux États-Unis. Elle désigne même Chelsea comme une équipe « amateure ». Aucun problème, elle transformera le club, dans des conditions de travail basées sur l’exigence, l’apprentissage, l’investissement et le management qu’elle avait appris. Tournée vers l’identité anglaise et la jeunesse, son équipe progresse par le meilleur des moyens, d’abord les sirènes de la relégation qui a permis à l’équipe de se forger un caractère, puis la progression constante jusqu’à une première consécration : la qualification en Ligue des Champions pour la première fois de l’histoire du club en 2014. En définitive, c’est quatre WSL et deux WFA Cup entre les mains de la « bâtisseuse » et ce, grâce à un travail tactique et psychologique de fond très important.
C’est ainsi une entraîneuse qui privilégie l’investissement total de ses troupes dans un bon état d’esprit, un pragmatisme tactique et une capacité d’adaptation facile, sans pour autant garder une base saine : le schéma tactique ne signifie pas grand-chose pour elle, mais elle privilégie une bonne assise dans l’axe du terrain pour être solide défensivement, jouer dans la largeur avec un jeu assez direct et beaucoup de rythme exigé. Ce jeu de transition est redoutable en WSL et fonctionne de fait. Enfin, elle n’hésite pas à dépenser tout le budget mis à disposition pour faire progresser son équipe par tous les moyens, bien qu’elle sache travailler avec des moyens plus modestes.
Elle incarne ainsi une véritable figure de réussite dans le paysage du football féminin aujourd’hui et commence à acquérir une renommée nationale chez les hommes aussi. Elle reste investie dans la cause du football féminin pour une reconnaissance à égalité des hommes dans les performances, la valeur des résultats et du travail. Elle a notamment déclaré lorsqu’elle était liée au club de Wimbledon en League One : “The quality and achievements of all the females I represent, it’s an insult to them and the dedication, the commitment and the quality that they have that we talk about women’s football being a step down. I think that’s what I’m disappointed with, not being linked to a football job as a football coach, regardless of gender.”
« Pour toutes les qualités et les succès des femmes que je représente à travers ma fonction, c’est une insulte envers elles et envers leur engagement, leur investissement et leurs qualités lorsqu’on dit que le football féminin est inférieur. Je crois que je suis surtout déçue de cela, ne pas être liée à un poste d’entraineur de football quelque soit le genre. »