« Le métier d’entraîneur est plus épanouissant que celui de joueur »
Après une expérience intéressante au sein du staff albiceleste de Leo Scaloni, Pablo Aimar aspire à vite s’installer sur le bacn d’un club pour y développer ses idées.
Pablo Aimar peut entraîner une équipe professionnelle. Il a fini les cours d’obtention du diplôme d’entraîneur UEFA Pro. Il lui reste un examen à la rentrée. En attendant, l’ancien milieu de terrain du Valencia, âgé de 41 ans, s’occupe en faisant de l’équitation, une passion familiale, lui qui a acheté deux chevaux à son retour à Bueno Aires. Il roule aussi pas mal à vélo. Et surtout l’ancien coach de la sélection U17, réfléchit beaucoup au métier de coach, à ce qu’il veut mettre en place. Une chose transpire de cet entretien : son énorme envie de trouver un banc de touche cet été et de mettre en pratique ses idées.
« Comment avez-vous vécu le confinement ?
J’ai suivi à distance, depuis Bueno Aires, les cours pour mon diplôme d’entraîneur à raison de deux heures le matin et l’après-midi. Je me suis aussi ennuyé (rire). Cela m’a permis de réfléchir à ce que j’avais fait et à ce que je voulais faire. J’ai revu beaucoup de matches que j’ai dirigés avec les jeunes de l’Argentine. Cela m’a permis de cultiver mes idées en les faisant évoluer.
Dans quels domaines ?
Dans la préparation des entraînements avec de nouvelles approches pour élargir la palette de préparation physique, technique, tactique, du travail spécifique des postes, pendant la semaine de travail, en vue du match.
Comment jugez-vous la reprise des Championnats ?
C’est bien déjà que le foot ait repris. Après c’est bizarre sans spectateur. Je suis heureux de pouvoir revoir des matches. Aujourd’hui dans le football, c’est difficile de voir des choses différentes. Depuis la reprise, je trouve que ça manque de rythme un peu, d’intensité peut-être à cause de la chaleur. C’est plus lent donc tactiquement il faut s’adapter. C’est encore un long chemin, ici en Argentine par exemple le football n’a pas vraiment repris
« UN COACH QUI M’A MARQUÉ : Marcelo Bielsa »
Malgré cette saison particulière, y a-t-il des équipes qui vous plaisent plus que d’autres ?
Il y en a deux que j’apprécie regarder : L’Hellas Vérone, par ses moyens modestes, réussit à rivaliser, sans rester derrière et dans l’attente des fautes adverses. En Espagne, j’ai été impressionné par le Real Madrid depuis la fin du confinement et l’Athletic Bilbao qui propose presque un marquage individuel partout.
Vous appréciez le marquage individuel ?
Oui j’aime beaucoup et cela offre certaines possibilités. Après ça dépend aussi de l’adversaire et des joueurs dont tu disposes.
C’est un système que vous pourriez utiliser ?
Oui. Je l’ai fait parfois avec les jeunes albiceleste. Après face à une équipe très mobile, ce n’est pas toujours réalisable.
Avez-vous suivi les matches de Valence ? Qu’en pensez-vous ?
J’ai un peu regardé. Ils doivent avoir un gros mental. Je les trouve pas mal malgré tout les remous en interne.
Vous avez fini votre cursus d’entraîneur, vous êtes donc prêt à entraîner une équipe professionnelle…
Oui j’ai déjà entraîné avec les jeunes U17 argentins et assisté Scaloni avec les A et cela m’a donné encore plus envie de continuer.
Regrettez-vous d’y avoir signé pour votre première expérience plutôt que de prendre un club ?
Non pas du tout. Je ne pouvais de toute façon pas refuser à partir du moment où le sélectionneur m’avait appelé. D’autres entraîneurs n’avaient pas voulu y aller, c’était un moment très dur pour la sélection et il fallait préparé l’avenir. J’ai beaucoup appris en tant que joueur dans cette catégorie et c’est important pour moi de transmettre. Si je dois regretter quelque chose, c’est la façon dont on a joué les trois dernières rencontres.
C’est-à-dire ?
Sortir le ballon de derrière ce n’est pas toujours aisé avec des joueurs en difficulté… J’aurais pu faire autrement avec moins de prise de risque.
On en revient à votre envie pour 2020-2021…
Mon idée est de trouver un banc de touche cet été. J’ai envie de mettre en pratique ce que j’ai appris. De m’améliorer chaque jour, de devenir de plus en plus fort. J’aime ce métier, je me demande même si je ne vais pas l’aimer davantage que celui de joueur. Il est plus épanouissant. Je ne sais pas encore ce qui m’attends mais j’ai plusieurs pistes en Amérique du Sud et en Europe, il va falloir faire le bon choix.
C’est-à-dire ?
La sensation la plus belle c’est de voir ton équipe prendre du plaisir, de voir que les joueurs ont bien compris le message et que ce dernier est le bon pour mettre en danger l’adversaire. Je découvre cette sensation. Elle est magnifique.
Vous voyez-vous entraîner en Argentine ailleurs qu’a River ?
Je connais bien la plupart des championnats majeurs, je ne suis pas bloqué sur un pays ou un club en particulier même si je ne me vois pas entrainer le Boca Junior ou Villarreal par exemple. Il faudra qu’il y ait un partage sur la vision du projet, sur la composition de mon staff, sur la collaboration avec les autres composantes du club. Si un projet débute bien, il a de grandes chances de bien se finir.
Et le River Plate ?
Le River Plate ce n’est pas une réalité puisqu’il y a un entraîneur en place (Marcelo Gallardo). En plus c’est un grand ami à moi. Mon idée prioritaire aujourd’hui est d’entraîner et de bien le faire. Je veux continuer à développer mes idées sans regarder le nom des équipes.
Il y a un peu plus d’un an vous étiez encore l’entraîneur des moins de 17 ans de l’Argentine. Que vous inspire les départs précoces vers l’Europe de Adolfo Gaich, Bruno Amione, Nehuen Perez ?
Je les ai entraînés tous les deux en moins de U17 et en 19 et j’aurais aimé qu’ils restent plus longtemps en Argentine. Ils ont les qualités pour jouer en pro en Argentine et développer le football argentin. J’espère que les autres qui arrivent, comme Dario Sarmiento vont pouvoir s’y faire une place. Dario est un gros travailleur, un très bon joueur mais il semble proche de Manchester City.
Ces nouveaux départs témoignent d’un souci de gestion des jeunes au centre de formation en Argentine ?
Il y a beaucoup de talent après il faut les mettre en condition pour qu’ils arrivent en équipe première et y jouent. Le soucis principal c’est que les clubs argentins et même brésiliens n’ont pas les moyens des clubs européens, et ces derniers cherchent les talents de plus en plus jeunes. L’exode des talents est inexorable